Histoire des Chartrons

 

 

 

 

Ce sont d'abord les couches aisées de la société qui s'adonnent aux activités de plein air, comme la chasse à courre et la navigation de plaisance.

Ce sont ces mêmes Bordelais qui introduiront le lawn-tennis et le golf.

En 1897 est fondée la Société Athlétique de la Villa Primrose.

En 1901, le Golf-club Bordelais voit le jour à Caudéran.

A partir de 1899 l'Automobile-club Bordelais organise des épreuves.

Mais les courses de chevaux existaient au début du XIXe siècle.

 

Primrose

 

Un précoce printemps réchauffe la ville.

Au 12 de la rue Rolland, calme et provinciale, sont réunis dans les locaux du Jeu de Paume, nommé par les Anglais real tennis, une trentaine de Bordelais qui ont en commun leur bonne volonté et leur plaisir de jouer au tennis. A cette époque, en effet, on ne joue au tennis à Bordeaux que chez soi, sur les hauteurs de Floirac par exemple, dans les propriétés d'Edouard Lawton ou de Daniel Guestier. C'est une lacune qu'ils se proposent de combler, mais l'entreprise est rude puisque tout est à faire.

Cette première réunion met en place un comité dont Edouard Lawton est nommé président et auprès de qui on trouve d'autres noms connus de la bourgeoisie bordelaise, tels que de Luze, du Vivier, Piganeau, Pelleport, etc.

Ceci se passait le samedi 7 mai 1897. En relation étroite avec le Jeu de Paume, le lawntennis s'implante officiellement à Bordeaux. Notre club vient d'être fondé et porte le nom provisoire de "Société des Sports de Bordeaux". Le nom de Société Athlétique de la Villa Primrose sera proposé au comité, à la séance du 4 juin suivant, par Hermann Peyrelongue; le terme "athlétique" évitera l'impôt sur les cercles.

Deux terrains sont construits à Caudéran devant la villa Primrose que le Club vient de louer à M. Balaresque. C'est une vieille maison de style cottage anglais située au milieu d'un vaste parc planté de grands arbres, entourée d'autres propriétés. C'est la campagne, le club est aux champs !

En ces temps lointains, le tennis est uniquement pratiqué pour le plaisir, dans un cercle mondain restreint, entre gens de la bonne société. Quand on servait, on disait « Play » et le partenaire répondait « Ready ». On se retrouvait à l'heure du repas ou du thé, les hommes en pantalon de flanelle blanche, les femmes en longues jupes et chapeaux. Les vieilles photos jaunies du salon témoignent de cette époque insouciante et les grands chênes du parc se rappellent encore les jolies silhouettes en robes claires surmontées de vastes chapeaux enrubannés.

Les procès-verbaux des réunions de l'époque nous rappellent qu'un repas coûtait quinze centimes. On prévoyait en assemblée générale "l'habillement des ramasseurs de balles", celui du premier "couple valet et femme de chambre", ou bien encore des cuvettes et pots à eau pour le vestiaire des dames.

Les enfants n'étaient admis qu'accompagnés de leurs parents ou d'une nurse "qui paiera un franc, comme un étranger". Les membres pouvaient prendre leur repas au club "en amenant leur valet de chambre pour le service".

L'inauguration du club eut lieu le mardi 15 juin 1897. Un lunch réunit cent cinquante personnes à la villa. Le parc est décoré, la soirée douce. Tout est réussi, et l'on ne parle que du premier championnat de la S.A.V.P., projeté début juillet.

 

                                                                                Document photographique de la S.A.V.P.

Primrose en 1912

De gauche à droite : le marquis du Vivier, R. Flouch, Montariol, R. Bourguignon, Yves Le Quellec, Daniel Lawton, François Blanchy et M. Babin.

 

Autour des années 1900-1910, Primrose comprend environ 250 adhérents, mais on ne peut donner un chiffre plus précis car le Président Lawton avait créé une carte de famille qui sera aussi bien valable pour les parents que pour leurs enfants. Chaque postulant devant être présenté par deux parrains pour devenir membre permanent.

Primrose a dépassé très vite le cadre des activités tennistiques pour s'intéresser à d'autres disciplines sportives telles que le tir ou l'épée notamment, si on en juge par le calendrier des fêtes organisées chaque année par la Société. Mais le tennis demeure l'activité principale et la "Coupe de Primrose", qui fait l'objet d'un règlement dès 1902, se déroule régulièrement ensuite.

C'est ainsi que se créera ici une pépinière de champions dont les noms de pionniers sont encore dans toutes les mémoires : Paul Devès, Paul Buhan, le Marquis du Vivier, Albert de Luze (qui importa d'Angleterre le jeu de volée), le célèbre Jean Samazeuilh, champion de France en 1921 (suivi bientôt par François Blanchy, en 1923), leur maître à tous dans l'avancée au filet.

En 1909, Primrose est le cadre du premier National.

La grande guerre 14-18 interrompt un temps cette belle époque, puis la vie sportive continue.

En 1920, Jean Samazeuilh, François Blanchy, Daniel Lawton font partie de l'équipe de France aux Jeux Olympiques d'Anvers. Primrose est alors à son plus haut niveau.

 

                                                                                                          Document photographique de la S.A.V.P

Primrose en 1924

Debout de gauche à droite : Melles E. Tesnières, M. de Clouet, Germaine Samazeuilh, G. Audinet et M. Th. Lafon.

Assises : Melles M. Tesnières, M. Flouch, M. Broidequis, Mme André Flouch et Melle A. Tesnières.

 

En 1925, création d'une section Hockey. En 1937, création de clubs "filiales" devenus ensuite le Contry Club d'Arcachon, le S.C. Pyla et le T.C. Arbousiers. En 1933, création d'une section ping-pong. En 1939, création d'une section Volley-ball.

 

publié dans

 

le  19 juillet 1993.

 

La S.A.V.P., premier club de province, fait alors partie, au côté du Racing Club de France, du Stade Français et du T.C.P., du carré d'as des championnats nationaux interclubs.

Nous évoquerons le célèbre porte-voix du Colonel Homberg, qui dans les tournois scratchait les retardataires. Jean Lawton se souvient du jour où, arrivant juste à l'heure après le lycée, il lui avait dit : « Monsieur, il faut choisir entre travailler ou jouer au tennis ». Ainsi que les premières grandes joueuses que furent Mme André Flouch, Germaine Samazeuilh, Anna Cruse, Jacque­line Cantenat, qui tracèrent la voie à la belle équipe, plus près de nous, de Jeanine de la Giroday, Ma­rie-Antoinette Courtois, Micheline Batsalle, Nadine Blanchy, toutes très proches de la première série.

Les moments intenses qui ont marqué Primrose depuis l'origine de la création du club, ont été consignés dans le livre d’or. Il comporte la signature des plus grands joueurs et personnalités qui ont honoré Primrose en diverses occasions.

Qu'il nous soit permis, après avoir feuilleté ce document, de rappeler ici, les noms des Présidents successifs :

                              Jacques Chaban-Delmas est Président d’honneur de la S.A.V.P.

                              - Edouard Lawton                              1897 - 1923

                              - Benjamin Damas                             1923 - 1931

                              - Daniel Lawton                                  1931 - 1969

                              - Roland Journu                                 1969 - 1973

                              - Daniel Georges Lawton                   depuis 1973

On a beaucoup dit qu'il y avait à Primrose une atmosphère, une tradition... Les membres actuels s'en étonneront peut-être parce qu'ils n'ont pas connu l'ancien Primrose.

Comment oublier ceux qui en furent les gardiens complaisants, pleins d'attentions et de gentillesses, adroits, laborieux, diplomates, habiles dans l'art culinaire et dans celui de servir les solides et les liquides les plus raffinés : Aimé et Charlotte Pasquier, Elie et Philomène Lacan, Michel et Marie Etcheçahar !!!

Faites une petite enquête pour savoir ce que pensaient les joueurs et les champions des omelettes aux croûtons de Philomène et de Marie, et des apéritifs de Michel, et dites-moi combien de gaffes, de froissements et d'impairs ont été évités par la diplomatie aussi fine qu'attentive d'Elie Lacan ?

Edouard Bourdet, l'auteur à grand succès des années 1928-1940, ne l'avait-il pas pris comme modèle pour son personnage si savoureux d'Antoine dans "Le Sexe faible" ?

Nous nous rendions plusieurs fois par semaine dans ce lieu enchanteur. Nous nous connaissions tous. Nous étions entre nous. Nous étions chez nous.

Notre mère y retrouvait Marguerite Cruse, Nicole de Luze, Alix Teisseire, Odette Faure et bien d'autres amies pour bridger dans un salon sombre, enfumé, aux murs tendus de jute de couleur indéterminée, fanée par le temps, couverts de photos jaunies et de trophées qui nous fascinaient.

Dans un autre salon, notre père tentait une ultime feinte pour frapper André Labatut, premier escrimeur du moment.

D'autres jouaient au tennis. Plus loin l'équipe de hockey s'entraînait.

Les enfants s'acharnaient sur les balançoires et agrès, et sur un vieux court où nous arrivions à disputer des parties à huit ou dix de chaque côté du filet.

Nous avions tous un compte ouvert à la buvette ce qui fait que nous passions de longs moments au bar à discuter « let », « net », « set » et surtout du goûter qu'allait organiser Madame Rozès pour la communion de Ferdi

 

Publié dans

 

le 20 juillet 1993.