|
Le tir au pigeon vivant
Bien qu'il y ait eu à un certain moment, au Bouscat, sur un terrain qui sera racheté par le Golf, un tir au pigeon, ce sport se pratiquait surtout au bord de la mer. Il est maintenant interdit en France mais se pratique, je crois, encore en Espagne.
La compétition s'exerçait surtout hors de la saison de chasse. Elle était très onéreuse. Évidemment quand on gagnait on pouvait toujours se faire un peu d'agent, mais généralement il fallait éviter de trop fréquenter les tireurs de pigeon qui dépensaient énormément. Les soirées se passant à jouer au poker ou au chemin de fer dans les casinos. Il fallait avoir les moyens pour tirer le pigeon !
Les jeunes ne pouvaient pas suivre. Les droits d'entrée étant élevés. Il y avait une ambiance Pari Mutuel et les meilleurs fusils n'étaient jamais à l'abri d'un incident sur les dix oiseaux qu'il fallait tuer quand ils s'envolaient d'une des cinq boites disposées devant eux-mêmes. Les pourvoyeurs de pigeons savaient bien fournir pour éviter un barrage de meilleurs oiseaux très difficiles que l'on ne pouvait tuer. J'ai connu un trieur de pigeons, il se nommait Lavie, qui savait garder en réserve ses plus beaux oiseaux. Les plus rapides aussi, pour les fournir au moment voulu. Je l'ai vu pratiquer sur le champ de courses du Bouscat, mais surtout dans les villes d'eau : Aix-les-Bains, Royan, Arcachon, La Baule, Monte-Carlo, et j'en passe.
Ces compétitions favorisaient de nombreuses rencontres internationales et les fusils bordelais, comme les Lawton, docteur Lefèvre, les Calvet, Durand Dassier, Auschitzky, Bourgès rivalisaient avec le duc d'Ayen et le comte de Tudert.
Je me souviens d'un soir où un joueur, tireur de pigeon, avait trop perdu au chemin de fer et où je lui ai acheté pour mille francs son fusil afin qu'il puisse continuer à jouer le lendemain. Je l'ai encore et il me sert beaucoup.
© Jean Lawton