Histoire des Chartrons

 

 

 

 

L'escrime

 

Le président Eugène Buhan, par son intelligence avertie des choses de l'escrime, sa souriante amabilité et ses hautes relations parisiennes et bordelaises, a contribué pour une large part à la mise sur pied d'équipes qui se sont distinguées tant en France qu'à l'étranger.

Hélas, je n’ai pas trouvé, dans les archives communales ou départementales, dans les salles d’armes, et même à la Fédération, de comptes-rendus sur les échanges sportifs de l’époque.  

Alors, à défaut de grives, on mange des merles. Voici le compte-rendu d'un gala offert en 1927 :

Une nombreuse assistance se pressait dans la salle Franklin délicatement aménagée et fleurie. De très jolies femmes, dans d'élégantes toilettes, rendaient la réunion plus étincelante et plus lumineuse et la sévérité des habits noirs faisaient mieux ressortir leurs belles épaules nues.

L'intermède artistique apportait le gracieux concours d'artistes pour qui retentirent les acclamations les plus chaleureuses et de puissants bravos. Melle Marcelle Stach, de l'Opéra de Nice, à la superbe chevelure, ravit dans "Manon". M. Alban, du Grand-Théâtre, obtint un rappel bien mérité. L'Orchestre symphonique du 114e régiment d'infanterie fut longuement applaudi.

Les assauts mirent en présence le professeur Duverdier, de Bordeaux, contre M. Jouhaut, professeur à Arcachon ; M. Barbe, maître au 190e d'artillerie, contre Tromber, amateur de Lyon, champion international ; M. Lacaze, professeur à Paris, contre Labatut, très en forme. L'équipe de l'Epée de Gascogne était représentée par Olivier Jaubert, Robert Lafon, Frank Auschitzky et Edmond-Bernard Beaumaine.

La leçon de fleuret donnée par le professeur Lacaze à Melle de La Girodaye, sa svelte et souple élève, moulée dans un costume en velours noir, recueillit toutes les admirations.

Après le gala, nous dit « La Vie Bordelaise », Mme Jaubert réunissait les escrimeurs, 10 rue Saint François. Son coquet petit hôtel Louis XVI présentait un aspect féerique. Dans la tiède atmosphère des salons garnis de fleurs, les jolies toilettes rehaussaient encore le charme du décor. Pour la jeunesse, le souper fût servi dans la serre, minuscule Trianon aux plantes vertes, à la petite grotte abritant dans son eau claire des poissons japonais. Et pour l'autre jeunesse - plus ancienne - la grande salle à manger offrait aux yeux émerveillés une inoubliable vision. Toute la gamme fleurie serpentait sur les napperons, au milieu des aiguières, cristal ancien, service de vieux saxe, candélabres d'argent, arrangés avec le goût le plus fin et le plus averti.

Le champagne a coulé à flots et la gaieté la plus fine, les conversations les plus étincelantes n'ont cessé de briller. Très tard, la danse reprit quelques peu ses droits, et les premiers feux du soleil caressaient les flèches de Saint-Michel quand les dernières autos disparurent.

 

Publié dans

 le 23 juillet 1993.