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Nos familles se sont alliées en décembre 1994 par le mariage de Jean Baptiste Nény avec Delphine Auschitzky.

 

 

LES NÉNY  
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Nous avons, semble-t-il, retrouvé la maison-souche.

 

Elle existe toujours et elle se situe à Virlet, une petite commune du Puy-de-Dôme. Il s’agit d’un moulin qui aurait été construit au XIIIe siècle, si l’on en croît le livre de l’abbé Peynot qui situe sa construction dans ces années.

 

L’importance économique des moulins, à eau fut reconnue dès le début du Moyen-âge ; ils furent d’abord les instruments de puissantes communautés religieuses, puis des seigneurs, seuls capables de construire ces édifices coûteux, attirant la clientèle paysanne circonvoisine qui y venait moudre son grain contre redevance. Souvent seigneurs et religieux s’alliaient dans l’entreprise. Dès le Xe siècle, les féodaux avaient réussi à imposer à leurs sujets l’obligation d’utiliser exclusivement le moulin seigneurial. Devenu banal, comme le four ou le pressoir, il procurait un revenu constant à son propriétaire. Seul détenteur du droit d’eau, le seigneur contrôlait désormais une partie de l’activité économique dans la banlieue de son domaine et veillait jalousement à ce que quiconque n’y établisse une machine concurrente.

 

Dans la coutume, fixée par écrit en 1411, la lieue de moulin est égale à quinze mille pieds, soit environ quatre kilomètres et demi. Elle englobait donc largement le territoire d’un grand nombre de petites seigneuries. Dans les fiefs plus vastes existait la possibilité d’édifier, en dehors de la banlieue, des moulins "privés", non banaux. Cependant leur construction restait soumise à l’autorisation du seigneur. Dans une seigneurie où la population était abondante ces moulins de particuliers trouvaient assez facilement du travail ; en effet la coutume prévoit que si le grain déposé au moulin banal n’est pas moulu dans les trois jours, passé ce délai, son propriétaire peut l’emporter à moudre au moulin de son choix.

 

On peut avancer, provisoirement et sous réserve d’investigations plus approfondies dans la documentation, que la banalité de ces moulins ne paraît pas avoir été monolithique.

 

Le meunier du moulin banal faisait serment au seigneur d’entretenir le moulin et de ne pas gruger la clientèle. Il devait sous peine d’amende exposer sur la "poquerie", bâti supportant les meules et sous lequel on garde les sacs de farine, le boisseau à la mesure de la seigneurie, et se servir exclusivement de celui-ci. Au moment de la prise à bail, l’état des meules était constaté. Chaque meule comprenait deux parties : la "souche du seigneur" et le "moulage de service", c’est-à-dire la partie travaillante des meules. Cette dernière était mesurée et estimée. A la fin du fermage, le meunier devait rembourser au seigneur l’usure de la meule.

 

Qu’ils soient banaux ou non, tous les moulins étaient soumis à certaines impositions royales. Ainsi, par exemple, la charge de Contrôleur et réformateur général des moulins à bled du Pays et Duché d’Anjou était tenue par Jean Bain en 1767. Il avait engagé Pierre Legrand, sergent royal du comté de Vihiers, comme commis, pour visiter le sud de la Loire : ... à la charge par luy de faire la visite desdits moullins, a eau et a vent,... et y veiller affin qu’ils ne soient point en contravention aux arrêts et déclarations de sa majesté ; d’y percevoir aussy, chacun an, les droits qui y sont deubs et attachés, à raison de cinq sols par chaque meulle, trois livres par chacun moullin basty a neuf qui n’aura pas payé les droits, ainsy que cinq sols par chacun marc du douzième de boisseau, antiennement appelé l’escuelle, ou crosle...

 

En sus de ces impositions royales le meunier doit, naturellement, le cens au seigneur et parfois, à certains particuliers, des rentes assises sur le moulin, instituées à l’occasion d’un partage, d’un emprunt, d’une vente. Rares sont les meuniers, à partir de la fin du XVIIIe siècle, qui connaissent des difficultés financières. A la charnière des cycles de la production des grains et de la consommation, on les accuse de tous les maux et, non sans quelques raisons parfois, de profiter malhonnêtement de leur situation. Depuis longtemps, on est occupé des moyens de procurer des soulagements aux pauvres... ; ne conviendrait-il pas avant tout de tâcher de connaître les causes qui donnent lieu à l’affreuse misère dont nous sommes tous les jours les tristes témoins. Personne n’ignore que le libertinage, l’yvrognerie et la fainéantise ne soient une de ces causes, mais nous en connaissons une autre qui y contribue singulièrement, et à laquelle, malheureusement, on ne fait pas assés d’attention, la voici : l’article 25 de notre coutume assujettis tous les meuniers à rendre treize boisseaux de farine pour douze boisseaux de froment ; par un ancien usage, qui fait à peu près loi actuellement, il paroit qu’il y a eu une convention tacite de se contenter de douze pour douze, pour tenir lieu de frais de voiture. Mais qu’arrive-t-il ? Le meunier rend tout au plus dix pour douze au journalier et au pauvre particulièrement ; ces malheureux n’osent pas se plaindre du larcin qu’on leur fait, parce que vers la fin de l’hyver, ils ont recours à ce meunier, qui, par l’éxédent qu’il a pris de son juste salaire, les y force ; alors profitant de leurs besoins, il leur prête du grain qu’il convertit en farine, et exige au moins quatre sols par boisseau, audessus du prix courant ; le moment de la récolte arrive, ne perdant pas de vue sont débiteur, il se fait payer en nature, et prend leur grain à quatre sols par boisseau audessous de la juste valeur. Le malheureux se prête à toutes les infâmes manœuvres du meunier, parce qu’il prévoit que l’année suivante il sera encore forcé d’avoir recours à lui... Ainsi s’exprimait, en 1788, Philibert Gabriel Trouvé, curé de Lenay près de Montreuil-Bellay, dans un mémoire adressé à la Commission intermédiaire d’Anjou. Le mythe populaire du meunier voleur repose donc sur quelques fondements de vérité et déjà au XVe siècle on avait interdit l’usage des archures carrées (coffres en bois entourant les meules) qui laissaient s’accumuler dans leurs angles une grande quantité de farine que le meunier s’appropriait indûment. Comptant les boisseaux de mouture à rendre au client, il n’omettait pas, dit-on, d’enfoncer largement son pouce dans la mesure gagnant encore quelques grammes de farine.

 

Tous les meuniers ne furent certes pas voleurs ; pourtant les méfaits de quelques-uns et l’aisance d’un bon nombre d’entre-eux, à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle, contribuèrent à forger dans le populaire l’image du meunier rusé. S’il fréquentait journellement Marianne et les paysans qui s’en venaient porter le grain au moulin, il comptait également les notables dans sa clientèle. Il était familier des chiffres et des écritures. Il se mariait en général dans sa coterie, dédaignant les alliances dans la paysannerie. Roturier mais non asservi, ni gueux ni bourgeois, il était au centre de la sphère villageoise. A l’instar de son moulin, point remarquable de la topographie paroissiale à l’égal du château et de l’église, il était l’artisan incontournable de la phase de transformation des céréales. Sa maîtrise des éléments, eau et vent, ses compétences techniques, la monumentalité et la complexité de sa machine, renforçaient encore le respect teinté parfois de méfiance et de crainte qu’on lui vouait.

 

Mais revenons au Moulin Nény :

 

C’était, pensons-nous, un moulin de berge. Il enjambait le coursier dans lequel tournait la roue, et est dit "à cheval". Entraînée par les eaux du Bouron, sa roue, d’un diamètre inférieur à 2 m, était en bois et se situait dans la lignée des roues traditionnelles, œuvres de charpentiers locaux.

 

Habituellement, sur les petits cours d’eau, sur les ruisseaux, la faiblesse du débit et son irrégularité interdisaient l’usage de ce type de roue ; il fallait alors créer une retenue, un bassin, qui constituait une réserve énergétique et une chute qui permettait de profiter de la pesanteur de l’eau pour animer la roue. Pour ce moulin, il n’a pas été nécessaire de construire le barrage habituel pour en permettre le bon fonctionnement. A son amont, l’exceptionnelle abondance des sources d’eau vive pouvait alimenter d’un bout à l’autre de l’année ce petit moulin, même  en période de sécheresse estivale.

 

Tous les ruisseaux auvergnats étaient peuplés d’installations de ce genre et la carte de Cassini, de la seconde moitié du XVIIIe siècle, montre les centaines d’étangs aujourd’hui presque tous disparus qui les animaient.

 

Dans biens des cas, en raison du nombre des moulins implantés sur le même ruisseau, l’eau venait à manquer l’été malgré la retenue, et il fallait alors attendre que le bassin se remplisse pour travailler. Certains chômaient pendant plusieurs mois de l’année. Souvent le meunier, ou le seigneur propriétaire du moulin à eau, faisait construire à proximité de celui-ci un moulin à vent qui prenait le relais lorsque l’eau manquait.

 

Le Moulin Nény a subi des transformations au cours des siècles et c’est ainsi qu’il s’est retrouvé avec une partie habitable pour le meunier aux alentours du XVIe siècle.

 

Mais à la fin du XIXe siècle il cessa toutes activités. Aujourd’hui, adapté au confort moderne, il est transformé en « chambre d’hôtes ».

 

Ce vieux moulin datant du Moyen-âge donne un charme particulier à cette région si attachante d’Auvergne.