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Nos familles se sont unies en octobre 1886 par le mariage de Jean Mérillon avec Marguerite Auschitzky.

 

 

 

LES MÉRILLON  
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Henri Mérillon écrit :

 

Les Mérillon de Bordeaux sont originaires d’Ossun, village du pays de Bigorre, situé à proximité de Lourdes.

Le premier ancêtre connu y est né en 1590. Pendant près de deux siècles, notre nom patronymique n’était pas MÉRILLON mais MENGINOU, puis PETIT-MENGINOU. Ce n’est qu’en 1780 que Jean Petit-Menginou (1753-1840), maire d’Ossun et roulier, décida de se faire appeler, manifestement pour des raisons commerciales, Jean MÉRILLON l’Aîné[1].

Alors que son fils aîné[2], Jean-Pierre, (né en 1788) développe, à Pau, l’affaire de roulage, son frère puîné, Auguste (1795-1867), mon arrière-grand-père, part à Bordeaux, vers 1820, pour y créer une succursale : l’Entreprise Mérillon & Cie, assurant « les roulages ordinaires et accélérés avec des fourgons pour Lyon, en quatre jours et demi, et Bayonne en trois jours, les marchandises étant assurées contre l’incendie ! »

En 1828, il se marie avec Louise Debessé qui meurt après la naissance de sa deuxième fille (1831). Celle-ci, nommée Marie, épousera Armand Seignouret et, une de leurs filles, deviendra la femme de Joseph Samazeuilh, banquier bordelais, oncle du compositeur et critique musical bien connu, Gustave Samazeuilh.

Auguste Mérillon diversifie ses activités. Il devient conseiller municipal de Bordeaux et il le restera plus de trente ans ; il est l’un des fondateurs en même temps qu’administrateur du Dépôt de Mendicité, de la Caisse d’Epargne et du Mont de Piété ; il contribue à l’établissement de la succursale de la Banque de France ; enfin, durant douze ans, il sera juge au Tribunal de Commerce[3].

Il se remarie en 1837 avec Jeanne Louise, dite Ninette, Pelauque-Béraut (1812-1894), fille d’un de ses amis intimes, Jean-Baptiste Pelauque-Béraut (1784-1852) et de Jeanne Boyer (1793-1855). Les Pelauque-Béraut sont des robins de Condom dans le Gers. Anoblis au début du XVIIIe siècle, ils sont seigneurs du château de Béraut[4]. En 1789, Jean-Marie Pelauque-Béraut, le père de Jean-Baptiste, devient député du Tiers Etat de la sénéchaussée du Condomois. Il participe à Versailles aux Etats Généraux. Ultérieurement, après un séjour aux Antilles, avec Rochambeau Fils, dont il est le secrétaire, il est, dans des circonstances mal élucidées, dépossédé de son château. Il s’installe alors à Bordeaux où sa femme, Thérèse Rocques, a de la famille. Elle est en effet la petite-fille de Stanislas Dirouart (1699-1761), ancien directeur du Commerce de la Guienne et premier consul de la Bourse de Bordeaux[5]. En 1800, par décision du Premier Consul Bonaparte, Jean-Marie est nommé sous-préfet de Lesparre, et deux ans après, secrétaire général de la préfecture de la Gironde. C’est donc à Bordeaux que son fils Jean-Baptiste termine ses études. Après son mariage, en 1811, avec Jeanne Boyer, il devient secrétaire en chef des Hospices de Bordeaux, poste qu’il conservera jusqu’à sa mort. Erudit, archéologue, peintre, dessinateur, il est aussi passionné par la culture des arbres et des fleurs.

Son épouse était la fille du grand faïencier bordelais Jean-Baptiste Boyer (1754-1827), le collaborateur puis le continuateur d’Hustin, et la nièce du général Boyer ami de Napoléon.

Les grands-parents maternels de cette même Jeanne Boyer,  Antoine Barade (1728-1790) et Marguerite Lohobiague (née en 1734) sont à l’origine de la parenté des familles Auschitzky et Mérillon. En effet, une autre de leurs filles, Jeanne Thérèse Barade (née en 1770), tante de Jeanne Boyer, mariée en 1801 à Pierre Sourget (1770-1847), fut la mère d’Eugénie Sourget (1802-1897), qui épousa, en 1829, Charles Auschitzky (1797-1873)[6]. Enfin l’ascendance basque, assez lointaine, de Jeanne Boyer a été confirmée ; il est maintenant acquis que Marguerite Lohobiague, sa grand-mère, descend en ligne directe de Joannis I de Lohobiague, décédé en 1649, capitaine de corsaires basques[7].

Ainsi donc, en 1837, Jeanne Louise Pelauque épouse Auguste Mérillon. Pour ce natif d’Ossun, certes du pays de Bigorre, pour ce Bordelais de fraîche date, ce fut une union, sinon inespérée du moins assez heureuse. Il est vrai que son assise financière devait être conséquente, en tout cas jusqu’au développement des chemins de fer. C’était en outre un homme intelligent et de caractère. Mon arrière-grand-mère était réputée pour son élégance, sa distinction, son affabilité. Bonne musicienne, elle chantait à ravir. Après la mort de son mari, elle a fait preuve d’énergie et c’est elle qui, en intervenant, en 1887, auprès du conseil municipal de Bordeaux, a obtenu que la cité Mérillon devienne la rue Auguste Mérillon « afin d’honorer cet homme de bien »3.

Quelques années après ce mariage, naissent en 1851, Jean, mon grand-père, et en 1852, Daniel mon grand-oncle. Ces deux frères[8], bien que très dissemblables, resteront unis.

En février 1870, au nom de l’Empereur Napoléon III, le diplôme de bachelier ès lettres est conféré à Jean. Après sa licence en Droit et un stage à la banque Mérillon Aîné à Pau, il s’investira dans une affaire de vins qui subira les conséquences de la crise de la fin du XIXe siècle. Il sera soutenu, dans cette période difficile, par son épouse Marguerite Auschitzky (1869-1932). C’est la fille de sa cousine germaine Jeanne Meaudre de Lapouyade, dite Mimi (1846-1943), issue de l’union d’Hector Meaudre de Lapouyade (1805-1891) et de Mathilde Pelauque-Béraut (1817-1886), la sœur de Jeanne Louise[9]. C’était aussi la fille de Paul Auschitzky (1835-1869), fils de Charles Auschitzky, dont il a déjà été question et que Mimi avait épousé en 1866. A la tête d’une grosse entreprise de riz en Birmanie, Paul meurt prématurément, à Akyab, victime du choléra, alors que son épouse était repartie à Bordeaux, pour y accoucher de son deuxième enfant, Marguerite. Celle-ci ne connaîtra donc pas son père, qui laissera à sa femme, heureusement, une grosse fortune, dont sa fille bénéficiera.

En assurant, pour son compte, le courtage de vins fins auprès d’une clientèle aisée, surtout étrangère, en particulier du nord de l’Europe, Jean Mérillon (1851-1924) retrouve l’aisance financière et… pas mal de temps libre ! Il peut ainsi se consacrer, et avec quel talent, à la peinture, l’aquarelle et la céramique, mais aussi à la lecture, surtout d’histoire ancienne. C’est un esprit large et tolérant. Mélomane, il aime autant Wagner que la musique de chambre française que l’on jouait chez les Samazeuilh. Il découvre en 1900 le pays basque, ignoré bien sûr des bordelais, mais aussi, à l’époque, des parisiens. En 1905 il achète à Ciboure une propriété, Ama-Baïta, dont il entretiendra, avec amour, le jardin. Un des grands bonheurs de son épouse fut d’y recevoir tous ses enfants, six au total. C’est en août 1924 qu’il meurt subitement.

Le parcours de Daniel Mérillon (1852-1925) est bien différent. Devenu avocat, il s’engage aussitôt dans la vie politique. Bénéficiant , sans doute, des relations de son père, mais aussi servi par ses talents d’orateur, il devient conseiller municipal de Bordeaux, adjoint au Maire, conseiller général et, en 1885, à l’âge de 35 ans, il est élu député de la Gironde. En 1886, il épouse Cécile Marcilhaud de Bussac dont le père était président du tribunal de Bordeaux. Au Parlement, il se fait remarquer par son activité au sein de la commission de l’Armée dont il fut un rapporteur zélé. Manifestement, il mettait tout en œuvre pour poser des jalons solides d’une carrière politique, mûrement envisagée et ardemment désirée. Malheureusement pour lui, au renouvellement de la législature, il ne réussit pas à se maintenir battu par la bourrasque du boulangisme.

Après cet échec, durement ressenti, il entre probablement par la grâce de la politique, dans la magistrature debout. Il est vite appelé au Parquet de la Cour de Cassation dont il franchit les échelons tout en étant secrétaire de la commission de l’Armée. Procureur général en 1917, il requiert le bannissement à l’encontre de Malvy en assimilant le défaitisme de ce dernier à un crime de forfaiture. A la fin de sa carrière, il est nommé premier président honoraire de la Cour de Cassation. Il était grand croix de la Légion d’honneur.

Ses qualités intellectuelles hors de pair, son indéniable entregent, expliquent cette réussite professionnelle. Mais servi par son extrême facilité de travail, son emploi du temps était celui d’un dilettante. Ainsi le bridge tenait une grande place dans sa vie, occupant très tardivement de nombreuses soirées. Il se rendait régulièrement au Tir National et, là encore, par son aisance et son autorité naturelle, il prit de plus en plus de responsabilités qui le conduisirent à la présidence de l’Union Internationale des Sociétés de Tir. Malgré toutes ces activités, cet homme attentif aux autres, était très empressé, en n’importe quelle circonstance, à rendre service. A la fin de sa vie il partagea son temps entre Paris et Nontron, en Dordogne, où sa femme avait des propriétés, tout en saisissant les occasions de retrouver son frère et sa belle-sœur, à Bordeaux ou à Ciboure. Il meurt en août 1925.

Quelques temps après le décès de son mari, Marguerite Mérillon quitte Bordeaux et vient s’installer à Paris, rue de l’Alboni, dans le 16ème arrondissement, avec sa dernière fille, Claude, née en 1912. Elle y retrouve sa belle-sœur Cécile Mérillon, qui meurt en 1930 ; sa fille aînée Nadia (1897-1988), qui a épousé en 1919 son cousin germain Jean-Pierre Mérillon (1894-1963), Auditeur à la Cour des Comptes ; un de ses fils, Marc (1890-1975), marié à Germaine Maugenest (1895-1973), et qui après avoir fait l’Ecole Polytechnique de Zurich deviendra directeur de société ; enfin sa nièce Ginette Mérillon (1887-1962), mariée depuis 1905 à Jean Carnot, ancien élève de l’Ecole des Mines de Paris. Son fils Gérard (1888-1974), qui restera célibataire, est au Maroc, contrôleur des domaines du gouvernement chérifien. Son fils aîné, Robert (1887-1987) est consul de France à Tanger avec son épouse Marguerite Dubourg (1900-1993). En effet, après de brillantes études à Paris, il a passé avec succès le Grand Concours des Affaires Etrangères. Mais la réussite de ses enfants n’atténuait encore que partiellement la douleur ressentie par ma grand-mère à la suite du décès, en 1915, de son fils Henri, âgé de 23 ans, abattu au cours d’une mission de reconnaissance aérienne. C’est en 1932 que son décès surviendra. Quelques années après, en 1935, Claude Mérillon épousera Bernard Henry.

 

Ainsi, des Mérillon, il ne reste plus à Bordeaux, que la rue Auguste Mérillon et leur tombeau, pieusement entretenu, à la Chartreuse !

 



[1] - La décision prise par Jean Petit-Menginou de se faire appeler Jean Mérillon fut la sienne. En revanche,  son frère Jean (1754-1787) a gardé le nom de Menginou, associé, après son mariage, au patronyme Bouette, le nom de sa femme, et dont des descendants vivent à Ossun, Tarbes et Pau.

[2] - Jean-Pierre Mérillon (né en 1788) est à l’origine de la branche aînée des Mérillon d’où sont issus : les Mérillon dits de Pau qui créèrent la banque Mérillon Aîné et construisirent cette splendide demeure d’allure italienne, appelée Sorrento, bien connue des Palois, branche dont il ne persiste aucun descendant depuis la mort de Pierre Mérillon, chevalier de l’ordre de Malte en 1990 ; et les Mérillon d’Ossun dont plusieurs furent les maires de cette localité et qui se sont alliés à diverses familles de la région : les Detroyat, Planté, Meaudre de Lapouyade, Caillebar, Durand-Dastes, Boisseau de Chevigny, Louit ; les petits-enfants d’Armand Mérillon (1865-1923), Joseph, Antoine, Armand vivent dans le Sud-Ouest.

[3] - Je dois ces précisions aux Archives Municipales de Bordeaux que je remercie.

[4] - Maurice Meaudre de Lapouyade, cousin germain de ma grand-mère paternelle, Marguerite Mérillon, a rassemblé des documents concernant les Pelauque-Béraut, dans un livre qui m’a été confié par mon père.

[5] - Les "Dirouard, bourgeois et marchands de Bordeaux". A Bordeaux, chez J. Brière en 1930, par Maurice Meaudre Lapouyade. 82 pages.

[6] - Hubert Auschitzky a publié de nombreux ouvrages sur les Auschitzky de Bordeaux et sur l’origine de cette famille.

[7] - C’est grâce à la ténacité d’Hubert Auschitzky et à la compétence d’Alfred Lassus, historien des corsaires basques, que les recherches ont abouti.

[8] - Beaucoup de renseignements concernant les Mérillon ont été glanés dans des cahiers rédigés par Robert Mérillon vers 1980.

[9] - "Les Meaudre 1270-1902", par Maurice Meaudre de Lapouyade, avocat à la Cour de Bordeaux, 303 pages, imprimé sur les Presses de G. Gounouilhou, MDCCCCII.

     "Les Meaudre 1902-1968" par Daniel Perie, 98 pages, Bordeaux MCMLXVIII.

     Ces deux ouvrages peuvent être consultés à la Bibliothèque Municipale de Bordeaux.