LE RETOUR A GAILLAC
La légende
Ses biographes ont écrit qu’il avait démissionné par conviction légitimiste, à l’arrivée de Louis-Philippe en 1830. C’est faux ! Jamais Augustin de Vialar n’a été légitimiste. Ses convictions politiques nous semblent aussi floues que celles de son grand-père.
Après avoir servi sous Charles X, nous verrons plus loin qu’il a rencontré, en tête-à-tête, Louis-Philippe à deux reprises. Nous verrons aussi qu’il a joué, du temps des Orléanistes, un rôle politique, tout d’abord dans le Tarn, puis en Algérie.
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En outre, dans le texte qui suit, dû à Emile Barthès, pages 201-202 de son ouvrage « Eugénie de Guérin, d’après des documents inédits », jamais son nom n’est indiqué :
« Gaillac, renfermait depuis la Révolution de Juillet, un groupe de familles nobles formant une société distinguée et choisie : Les Boisset-Glassac, les Compayré-Camboula, les Gélis, les Sainte-Colombe, les Puységur, les Rey de Saint-Géry. Tout ce « peuple de bannis » et de fidèles serviteurs de la Royauté légitime faisaient de Lisle un des principaux centres carlistes du Tarn. ».
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De retour à Gaillac, il va méditer sur sa formation intellectuelle, sur l’enseignement des humanités classiques, qui associent la grandeur de la Grèce à ses colonies d’Asie, de Sicile, d’Italie et le rayonnement de Rome à son emprise sur l’univers méditerranéen.
Il réfléchit aux expansions géographiques des temps modernes, d’où tirent leur rang, prééminent ou prédominent, l’Espagne, la Hollande et l’Angleterre, de qui Lamartine évoquera la puissance, deux ans plus tard, en 1834, à la Chambre des Députés, dans un discours célèbre qui a dû enchanter Augustin, dans le plein accord des pensées. « L’Angleterre, dira Lamartine, a jeté ses bras gigantesques sur toutes les mers et sur les quatre parties du monde ; elle a donné de l’emploi à toutes ses forces, des carrières à toutes ses activités ; elle a répandu sa langue, ses moeurs, son esprit, sa domination morale... Elle a enchanté des peuples qui perpétueront son nom et son influence. »
Dans une telle vue prospective, qui est la sienne bien avant 1834, Augustin de Vialar est attiré par l’Orient, qui, depuis l’expédition d’Égypte, fascine les jeunes gens de son âge, tel Dupré de Saint-Maur, futur colon d’Algérie, qui a voyagé, à travers l’Europe, jusqu’en Russie et, à travers la Méditerranée jusqu’en Égypte et à Jérusalem.
C’est sur cette même route d’Égypte que le hasard des navigations va conduire Augustin de Vialar à Alger, où se fixera son destin, où il entrera, comme le dit le Livre d’or de l’Algérie[1], dans la « Pléiade des gentilshommes qui ont conquis leurs plus beaux quartiers de noblesse par un courage à toute épreuve, une énergie, une virilité souvent digne d’un meilleur sort et qu’on doit sans cesse rappeler à la nouvelle génération pour qu’elle y puise, aux heures d’épreuves, un exemple et un patriotique encouragement ».[2]
La réalité
Dès son injuste révocation de la Magistrature, intervenue en 1830, Augustin n’aura plus qu’une pensée, se justifier et la réintégrer au plus vite. Pour cela il reste à Paris, chez son grand-père le baron Portal.
Mais de longs mois s’écoulent. Alors, par diversion, il se rend assez régulièrement à Gaillac, où il va retrouver une activité, celle d’adjoint au maire, Joseph Rigal. Il est intéressant de noter que ce dernier avait apporté son adhésion aux nouvelles idées généreuses de Louis-Philippe.
Nous remarquons cependant, à l’étude du cahier des délibérations, qu’il est souvent absent des réunions, se faisant porter : « malade ».
Dans le chapitre suivant, nous verrons qu’il se joint à la délégation venue de Gaillac, faire allégeance à son Roi.