Appendices Vialar

 

 

 

FORT DE L’EAU

Aujourd’hui Bordj El Fiffan

 

En 1835, Augustin de Vialar fut délégué par la Société Coloniale pour aller, à Paris, défendre les droits de la colonisation naissante. Retenu par des vents contraires pendant dix jours dans le port de Mahon, il en profite pour demander à M. Costa, son ancien camarade, en ce moment secrétaire du Gouverneur de Mahon au département de la police, si on ne trouverait pas dans cette île des cultivateurs qui voudraient aller à Alger. Costa affirme que l'on pourrait trouver autant de familles qu'on voudra ; l'aubaine est inattendue ; Vialar écrit, de Mahon même, au Président de la Société Coloniale, les conditions qui suivent :

 

« Les frais de voyage ne s'élèveront qu'à deux piastres environ et les seuls engagements que vous aurez à prendre seront de leur assurer du travail et de leur donner à cultiver des terres, dont ils partageront les produits, après que vous leur aurez fait les avances indispensables, qu'ils vous rembourseront ; à ces conditions, vous trouverez cent familles.

M. Costa m'a assuré que le gouvernement espagnol ne mettrait aucun obstacle au départ de ces cultivateurs qui, quoique laborieux, ne peuvent trouver dans cette île des moyens de subsistance. »

 

 

LES PREMIERS MAHONNAIS

 

 

C'est de ce moment que date l'exode des Mahonnais, qui vont rendre de si grands services au développement de la culture maraîchère dans les environs d'Alger.

Dès 1833 déjà, le baron de Vialar qui exploitait une propriété à Tixerain, puis à Kouba, au lieu dit "le Ravin", une étendue de plus de 180 hectares, y installa les premiers Mahonnais, alloua à chacun d'eux une métairie, quatre bœufs, deux mulets et huit ares de terrain. La partie irrigable servait aux cultures potagères, le reste aux céréales.

Grâce aux soins diligents des Mahonnais, la propriété du baron fut vite transformée.

Les ayant vus de près et à l'œuvre, il a de leurs aptitudes, de leurs mœurs, de leur activité une connaissance approfondie. Aussi, se propose-t-il d'améliorer leur condition.

Ces Mahonnais ont fait souche, ils sont à l'étroit dans ses propriétés. Il leur faut plus d'espace. Les plus intelligents d'entre eux parcourent la plaine et le Sahel, afin de jeter leur dévolu sur un coin de terre où ils pourront se fixer définitivement.

Leur choix s'arrête sur la limite de la zone des terrains militaires réservés au Fort de l'Eau, sur la route qui va de la Maison Carrée à la ferme de la Rassauta.

 

 

FORT DE L’EAU

 

 

A cet endroit s'élevait un rocher abrupt au sommet duquel le pacha Mohammed Kurdogli fit jeter, en 1556, les bases d'un fort pour mieux surveiller l'entrée de la baie d'Alger.

A l'intérieur même du bâtiment est creusé un puits qui donne une excellente eau potable. C'est pourquoi les Français, à leur arrivée en Algérie, dénommèrent Bordj el Kiffan d'une façon plus heureuse et plus expressive : Fort de l'Eau.

En janvier 1847, trois de ces Mahonnais, Fedelich Juan, Marquez Mathieu et Juan Barbé, adressent à la Direction de l'Intérieur une supplique où ils sollicitent l'autorisation de s'établir collectivement au lieu précité. L’administration ne mit aucun empressement à répondre.

Alors le baron de Vialar écrivit personnellement une lettre au Ministre de la Guerre pour lui recommander les Mahonnais et lui faire savoir qu'il les prend sous sa protection.

Cette lettre parait un programme. Elle contient des vues remarquables et suggestives sur la colonisation, les moyens à employer pour retenir et attacher d'une façon définitive les colons venant de France ou d'ailleurs. Nous la reproduisons dans toute son originalité.

                               

 

 

                                                          

« Mustapha-Supérieur, le 1er mars 1847

Monsieur le Ministre,

Plusieurs cultivateurs illettrés me prient de leur servir d'interprète auprès de vous et de vous recommander une pétition qu'ils ont adressée, il y a près d'un mois, à M. le Directeur de l'Intérieur.

L'objet en est grave, la demande est fondée, il serait avantageux pour le pays qu'elle fût favorablement accueillie sans retard  ; je n'hésite pas, quoique étranger à l'entreprise proposée et quoique, à certains égards, je dusse y être contraire, à essayer d'attirer votre examen et votre bienveillance sur cette pétition.

La population agricole des environs d'Alger se compose principalement de Mahonnais. Ils ont quitté en grand nombre leur île avec leurs femmes, leurs enfants et ont peuplé et cultivé presque tout le massif d'Alger.

Tandis que les villages fondés par l’administration n'offrent que des cultures encore bien rares et plutôt onéreuses que productives pour les concessionnaires qui y ont été placés, les Mahonnais, plus sobres, plus habiles dans la petite culture, ont trouvé le moyen de vivre dans l'aisance dans les propriétés des autres européens et de leur payer des fermages assez élevés. Ce sont eux réellement qui ont doté le massif de la culture et de la vie.

Environ cinquante chefs de famille habitant depuis un grand nombre d'années l'Algérie, tous cultivateurs acclimatés, tous fermiers gênés par le prix très élevé des terres qui leur sont louées, demandent une concession à l’administration.

Ils sollicitent d'être placés aux mêmes conditions que les concessionnaires des autres villages, au Fort de l'Eau, près la Maison Carrée, sur l'ancienne ferme de la Rassauta.

Jusqu'à présent, on n'a fondé de village qu'à l'aide de nouveaux venus, étrangers à la culture, au moins à celle pour laquelle on réussit en Algérie. Ce sont aujourd'hui des habitants de cette contrée, des Algériens qui entrent dans vos plans d'agglomération et qui s'offrent à se réunir dans un village qu'ils créeraient sous votre protection et avec votre assistance.

S'ils n'étaient pas sûrs de réussir, ils n'exposeraient pas à cette fondation et leur temps qui est précieux et leurs économies, ici, au soleil de l'Afrique et l'existence de leurs familles.

Ce serait la première fois peut-être qu'un village agricole serait fondé en Algérie dans des conditions assurées de succès. Il se ferait sans doute en privant plusieurs propriétaires de leurs meilleurs ouvriers. Mais, ce n'est pas une considération qui puisse arrêter lorsqu'il s'agit de faire une chose utile et de procurer le bien-être à plus de trois cents personnes.

Vous avez deux moyens, Monsieur le Ministre, d'établir une population française en Algérie : c'est d'y faire venir des Français ; c'est d'y rendre Français les Européens qui y sont déjà ou y arriveraient. Ce dernier moyen ne réussira qu'en traitant ceux-ci avec la même bienveillance, avec la même faveur que les Français de naissance et en ne distinguant les hommes que par leur degré d'utilité et de moralité.

Sous ce point de vue et sous celui du progrès agricole, la demande des Mahonnais est une bonne fortune. Je la soumets avec confiance à votre sollicitude éclairée.

Je suis avec respect, Monsieur le Ministre, votre humble et obéissant serviteur. »

 

Comme il le fait remarquer, le baron n'a aucun intérêt à l'entreprise. Il poursuit simplement en philanthrope le double but de développer la culture maraîchère dans les environs d'Alger et procurer à trois cents personnes un peu d'aisance et de bien-être. Le projet, si simple en lui-même, ne devait pourtant se réaliser que bien plus tard.

L’administration locale était toute disposée à la création d'un village agricole, mais c'était une bien grave question que celle d'établir en bloc, à un endroit déterminé, une colonie exclusivement composée d'étrangers.

Le grand et ardu problème de la naturalisation en masse, avec toutes ses conséquences, se posait déjà.

Les difficultés d'un autre ordre allaient éclater : lenteur des bureaux, résistance et hostilité de L’administration militaire, créance de Mir, changement non seulement du Ministère, mais encore du régime.

Toujours est-il que, dès le début, on eut dans les hautes sphères le vif désir de voir le petit centre se créer.

Le ministre de la Guerre, Trezel, lui répond le 19 mars, que des instructions ont été données au sujet de l'établissement au Fort de l'Eau d'un certain nombre de familles mahonnaises. Effectivement, par le même courrier, il transmet au Gouverneur Général la lettre suivante :

 

« Le 20 mars 1847

Monsieur le Gouverneur Général,

Environ cinquante familles mahonnaises, qui habitent depuis longtemps l'Algérie, ont adressé, il y a près de deux mois, à M. le Directeur de l'Intérieur, une demande à l'effet d'obtenir du terrain sur le domaine de la Rassauta, vers le Fort de l'Eau, et de constituer sur ce point un petit centre de population.

Cette demande mérite une sérieuse considération ; les Mahonnais sont généralement d'excellents colons ; ils sont très étendus dans la petite culture et leurs habitudes de travail, d'économie et de sobriété les font presque toujours réussir. C'est une des populations les plus actives et les plus utiles de l'Algérie ; ce sont les Mahonnais qui ont cultivé presque tout le massif d'Alger et ils approvisionnent pour ainsi dire à eux seuls de légumes et de fruits les marchés de la ville.

Il n'est pas douteux qu'en accordant aux familles dont il s'agit quelques secours de peu d'importance pour leur premier établissement, le village qu'ils veulent créer ne soit promptement en voie de prospérité. Ce village sera d'une grande utilité pour l'alimentation d'Alger ; il sera, en outre, très avantageusement placé au Fort de l'Eau, d'où les colons pourront faire transporter par mer, en peu de temps et à très peu de frais, leurs denrées à Alger. Quelques familles de pêcheurs, qui ne manqueront pas de s'établir sur ce point, faciliteront encore ces transports.

Les terrains qui avoisinent le Fort de l'Eau ne sont compris ni dans le territoire du village des Aribs, ni dans les terrains mis à la disposition de L’administration militaire pour l'établissement d'un parc ; il n'y a donc aucun inconvénient à placer sur ce point les familles Mahonnaises.

Ces familles se sont mises sous le patronage de M. le baron de Vialar ; j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien inviter M. le Directeur de l'Intérieur à se rendre au Fort de l'Eau, accompagné de ce propriétaire et de quelques principaux Mahonnais, afin de déterminer les terrains à affecter à cette utile création.

Cette question résolue, les terrains nécessaires devront immédiatement être remis par le Domaine à la Direction de l'Intérieur et M. le Directeur de l'Intérieur soumettra, de son côté, sans aucun retard, en Conseil supérieur d'administration, les bases sur lesquelles il convient de constituer le petit centre dont il s'agit.

J'attache un vif intérêt au prochain établissement des familles mahonnaises au Fort de l'Eau et j'ai l'honneur de vous prier, en conséquence, de vouloir bien veiller à la prompte exécution des présentes instructions. »

 

A Alger, à cette époque, on était autrement placé qu'à Paris pour étudier et élucider les questions algériennes ; l'expérience démontre qu'il ne faut rien précipiter. Voilà pourquoi le maréchal Bugeaud, gouverneur général, répondit prudemment au ministre :

 

« Alger, le 30 mars 1847

Monsieur le Ministre,

J'ai reçu votre dépêche du 20 mars, relative à la demande formée par cinquante familles mahonnaises de s'établir auprès du Fort de l'Eau.

Je suis tout à fait d'avis d'accueillir la proposition des cinquante familles mahonnaises. Je comprends l'utilité de constituer sur ce point un centre de population dont la ville d'Alger pourra retirer de précieux avantages pour son alimentation. Je sais que les Mahonnais sont très étendus pour la petite culture, qu'ils sont sobres et bons travailleurs ; c'est un élément qu'il ne faut point négliger et qui doit réussir, surtout dans le voisinage des villes, où leur industrie est nécessaire.

Si ces familles voulaient immédiatement s'établir sur le point indiqué sans demander aucune subvention à L’administration, je les y placerais sur-le-champ ; mais si elles demandent à être établies aux mêmes titres et conditions que les familles que nous avons installées dans les villages du Sahel et de la plaine, vous savez, Monsieur le Ministre, ce que ces familles nous ont coûté.

Vous dites dans votre lettre qu'on pourrait installer ces familles avec quelques ressources de peu d'importances : pour peu qu'on donne à chacune d'elles quatre ou cinq cents francs, par exemple, en matériaux, cela formera tout de suite une somme considérable ; or, vous savez que nous n'avons presque rien à donner comme secours à la colonisation et que vous avez déclaré vous-même, dans votre exposé des motifs des crédits extraordinaires, que, désormais, il ne serait plus donné de subventions aux familles des colons.

Je suis convaincu, Monsieur le Ministre, et je crois de mon devoir de vous le signaler en passant, que vous serez obligé de revenir sur votre décision ; car, sans cela, vous ne feriez de la colonisation qu'à pas de tortue.

Mais, en attendant, comment faut-il faire pour aider les cinquante familles mahonnaises ?

Au surplus, je vais charger M. le Directeur de l'Intérieur de réunir ces familles, s'il peut les découvrir, en l'absence de M. le baron de Vialar actuellement à Paris ; et si elles veulent s'établir à leurs frais, en attendant les secours que, plus tard, vous pourrez peut-être leur donner, je les installerai sur les lieux.

Recevez, etc. »

 

Le Ministre, en lisant cette dépêche, écrivit en marge, d'une main fébrile, cette phrase lapidaire : « Les familles seront établies sans subvention, ou on leur refusera la concession" » 9 avril 1847.

Ainsi, pour une simple question d'argent, on renoncera au beau rêve de voir s'élever le village agricole que le Ministre, lui-même, jugeait d'une grande utilité.

Pour mieux préciser sa pensée, ce ministre répondit au duc d'Isly :

 

«  A cette occasion vous me témoignez le désir que je revienne sur la détermination prise de ne plus accorder en général de subventions aux colons et vous demandez quelle sera la quantité de secours que je serai disposé à accorder aux Mahonnais dont il s'agit.

Il est dans mes intentions d'autoriser la dépense de quelques travaux de terrassements et nivellements sur l'emplacement qui aura été choisi pour l'assiette du hameau et je vous prie de m'adresser à ce sujet une proposition régulière.

Mais c'est là seulement ce que j'ai entendu par les légers secours à accorder aux Mahonnais, car, l'insuffisance des ressources budgétaires ne permet pas de leur en attribuer d'autres.

Et je me verrai à regret dans la nécessité de laisser leur projet sans suite s'ils en subordonnaient la réalisation à l'allocation de subventions en argent ou en matériaux que le vœu des Chambres m'oblige à restreindre le plus possible. »

 

Cette intransigeance ministérielle s'explique. On avait jusqu'alors dépensé pour la colonisation à pleines mains. Les résultats n'avaient pas été en corrélation avec les sacrifices imposés.

Les colons arrivés d'Europe obtenaient un lot à bâtir dans un village et une concession rurale, le tout nu. On leur accordait, en outre, une subvention en matériaux : d'autres faveurs leur étaient faîtes qui portaient la dépense de l’Etat pour chaque famille à 1 200 francs.

Comme au Fort de l'Eau devaient s'établir cinquante familles, il aurait fallu une somme de 60 à 70 000 francs. C'était lourd !

Les Mahonnais futés, habilement conseillés par des gens intéressés, émirent des prétentions inadmissibles : outre une subvention en argent ou en matériaux, chaque colon exigeait qu'il lui fut accordé une concession de vingt cinq hectares au moins.

C'est le moment de nous arrêter un instant pour faire connaissance avec les mœurs, les habitudes de ces Mahonnais qui vont compter dans la suite parmi les auxiliaires les plus précieux de l'œuvre colonisatrice entreprise par la France en Algérie.

Disons tout de suite qu'aucun colon d'une autre race ne vaut ces hommes endurcis qui ont fait de Fort de l'Eau un des plus charmants endroits de la côte.

Généreux et hospitaliers, les Mahonnais réservent toujours une place à leur table à un compatriote nouvellement débarqué. On voit régulièrement des familles très pauvres héberger pendant de longues semaines un ou plusieurs arrivants. Par contre, les nouveaux venus ne restent pas oisifs, ils aident leur hôte en se rendant utiles à la maison ou aux champs jusqu'à ce qu'ils aient trouvé eux-mêmes à s'employer d'une façon définitive.

Mais ce qui frappe le plus dans le caractère mahonnais, c'est la continuité de l'effort vers un but invariable.

Ils ne sont pas aussi civilisés que les Français, cela est certain, mais ils sont plus laborieux et plus méthodiques.

Ils sont aussi moins exigeants.

Les terrains qui avoisinent le Fort de l'Eau ne sont compris ni dans le territoire du village des Aribs, ni dans les terrains mis à la disposition de l'administration militaire, il n'y avait donc aucun inconvénient à placer sur ce point leurs familles.

Avec la mer, tout contre, le transport et l'arrivage des denrées se fera dans de meilleures conditions, et la bonne brise rafraîchissante sera d'un effet salutaire.

Autre avantage : En s'établissant à cet endroit, si on ne peut tout de suite construire des maisons d'habitation, les bâtiments du fort serviront d'abri, ce sera autant d'économisé. L'économie, comme la frugalité, ne font-elles pas partie du patrimoine mahonnais ?

Au point de vue de la salubrité, l'emplacement est, on ne peut mieux désigné, il est abrité par une ligne de collines contre les vents du Sud et les marais de Sidi Aïssa et offre, par conséquent, pour une agglomération, plus de sécurité que tout autre point de la Rassauta. On pourra travailler et habiter en plein champ sans avoir rien à redouter.

Pour y accéder, deux chemins existent déjà, l'un allant directement de Maison Carrée au Fort de l'Eau, l'autre se détachant au pied des collines du Sahel de la route du Fondouck, passant par la Rassauta. Ce dernier, quoique moins direct, pourra servir plus utilement pour l'exploitation des terres.

Enfin, considérations extrêmement importantes, les nouveaux venus trouveront de l'eau en assez grande quantité, de la pierre à bâtir, du bois à brûler et sous les broussailles les bonnes terres desquelles ils attendent le bien-être et l'indépendance.

Si ces Mahonnais ne sont pas instruits, s'ils n'ont aucune notion de la nature géologique du sol qu'ils convoitent, ni des variations du climat, ni de la position géographique où ils briguent s'établir, ils ont de la terre nourricière une expérience profonde et une étonnante intuition naturelle de tout ce qui rapporte, de près ou de loin, au développement de la petite culture.

Les pourparlers, un moment interrompus, reprennent. Le baron de Vialar ne reste pas inactif, il parlemente avec ses protégés et parvient à ce qu'ils consentent à accepter des concessions d'une étendue plus restreinte.

Finalement, le 2 juin 1847, les intentions des pétitionnaires permettent de suivre l'instruction de l'affaire et un projet est soumis par le comte de Guyot au Conseil supérieur de l'administration.

Malheureusement, par décision ministérielle, une nouvelle répartition est faite de la terre de la Rassauta entre les Aribs et l'Intendance militaire.

Il nous faut ici ouvrir une parenthèse. On avait concédé, en 1835, au prince de Mir, à la Rassauta ou mieux à Ras el Outà (tête de la plaine), l'haouch el Bey et deux autres domaines attenants à l'ancien Beylick, le tout d'une étendue de deux mille hectares.

Le prince de Mir, élégant, décoratif, aventureux et aventurier, à l’imagination ardente, avait pris part, comme général, à la Révolution de la Pologne.

Déçu dans ses espérances, dénué de toutes ressources, il vint s'établir en Algérie. Ses manières aristocratiques séduisirent le gouvernement local, qui lui abandonna l'immense domaine précité.

Il put, ainsi, réaliser un emprunt dépassant 110 000 francs.

Grâce à ses largesses et à son magnifique uniforme de général qu'il revêtait souvent, le prince de Mir acquit un grand prestige sur les arabes des environs. Aussi, essaya-t-il de mettre son influence au service de la culture de ses terres. Plus romanesque qu'agriculteur, le fameux prince ne put tirer des charrues indigènes que de fort maigres revenus. Ses dépenses exagérées hâtèrent sa ruine.

Traqué par des créanciers sans scrupule, il quitte le pays. N'ayant pas rempli ses engagements, la déchéance de sa concession est prononcée ; elle fait retour au domaine de l’Etat. La ferme, les terres, toutes les dépendances n'en restèrent pas moins grevées d'une hypothèque de 129 à 130 000 francs au profit des créanciers.

Le gouvernement du roi, qui devait de la reconnaissance aux Aribs, leur aliéna une partie des biens du prince.

Les Aribs venaient des environs d'Aumale. Ils avaient quitté leur pays d'origine pour louer des terres dans la Mitidja. Pendant l'insurrection de 1839, ils montrèrent beaucoup de fidélité. On les récompensa en leur gratifiant la meilleure partie de l'haouch El Bey. L'autre portion, d'une superficie de 800 hectares, toute recouverte de broussailles et de palmiers nains, devait être destinée aux Mahonnais.

Mais on a compté sans l'Intendance militaire qui réclame des superficies telles, pour le pacage de sa réserve en bétail ou viande sur pied, qu'elles absorberaient tout le cantonnement laissé libre par les Aribs. C'était abusif.

Sans doute, il est nécessaire que les terres affectées au parc de l’administration militaire soient suffisamment étendues, quelles remplissent les meilleures conditions pour fournir des fourrages abondants et sains ; mais il eut été regrettable que la totalité disponible du domaine lui fût toute attribuée.

Le maréchal Bugeaud, lui-même, pensait avec raison qu'il était de bonne politique d'en réserver une certaine étendue pour la colonisation. C'est conformément à ses vues que 400 hectares furent mis à la disposition de la Direction de l'Intérieur pour être concédés soit à des capitalistes, soit à de petits cultivateurs.

Suit un ultime échange de correspondance entre le Maréchal et le Ministre.

Ce dernier a heureusement plus à cœur le développement de la colonisation que l'immense parc souhaité par l'Intendance militaire.

Le duc d'Aumale remplace le maréchal Bugeaud et adopte un nouveau mode d'alimentation pour l'armée.

Il décide simplement que ce bétail sera placé chez les propriétaires : du coup, les huit cents hectares deviennent disponibles et sont remis au Service de la Colonisation pour être affectés à l'emplacement de Fort de l'Eau.

Toutes les difficultés paraissent aplanies pourtant de nouveaux problèmes administratifs vont surgir. Alors les Mahonnais, las d'attendre, s'abandonnent au désespoir. Tandis que de petits colons ou des capitalistes venus de France, attirés par cette pensée que l'évacuation publiquement annoncée de la Rassauta, par l’administration militaire, allait ouvrir un champ à leur activité et leur procurer de splendides bénéfices. Beaucoup ont déjà acheté le matériel d'exploitation nécessaire. L'interdit qui frappe la colonisation est pour eux aussi une cruelle déception. Ils regrettent avec amertume le long voyage, les démarches infructueuses. Dégoûtés, aigris, ils s'en vont ailleurs utiliser leurs capitaux et leurs bras.

La remise totale des terrains occupés par l'administration militaire s'effectue enfin (31 mars 1849). Ordre est donné de disposer immédiatement des terrains assignés au territoire du village de Fort de l'Eau et de procéder à l'installation des familles mahonnaises destinées à le peupler.

 

Vingt-huit mois se sont écoulés depuis les premières démarches du baron.

 

 

LE MONUMENT DE FORT DE L’EAU

 

 

Dans sa séance du 16 décembre 1929, le conseil municipal de Fort-de-l’Eau décidait l’érection, dans cette localité, d’un monument au baron de Vialar, qui en fut le fondateur. C’est sur la proposition de M. Gstach que cette décision fut prise. A ce moment, un autre monument devait être élevé ; c’était celui de M. Gueirouard, le créateur de la station balnéaire.

Pour ne pas entraver le comité de ce monument, il avait été décidé que l’on ne poursuivrait l’œuvre entreprise pour le baron de Vialar que lorsque le monument de Gueirouard serait terminé. L’inauguration de ce monument eut lieu le 24 mai 1930.

Rappelons les faits :

M. Gstach s’exprimait ainsi :

 

« Le conseil municipal a décidé d’élever un monument à M. Gueirouard : il ne pouvait être inspiré qu’en donnant une preuve de reconnaissance à ce grand entrepreneur qui a créé, avec ses propres moyens, la plus belle station balnéaire de l’Afrique du Nord. Une omission a été faite et, je suis sûr, Messieurs, que vous aurez à cœur de la réparer. Je veux parler de celui qui a créé Fort de l’Eau : le baron de Vialar.

Un conseil municipal a déjà donné son nom à une des rues du village, comme le nom de Gueirouard a été donné à une autre des rues de la station.

Le baron de Vialar, venu en Algérie en 1833, c’est-à-dire trois ans seulement après la conquête, parcourut les environs d’Alger et ne tarda pas à se rendre compte qu’il existait des terres très riches, propres à toutes cultures et pouvant convenir à l’établissement d’un grand nombre de familles. Il dépensa plus d’un million de sa fortune personnelle en achats de terres sur de nombreux points ; mais, pour rendre les terres productives, il fallait de la main-d’œuvre.

En 1835, M. de Vialar fut délégué par la Société coloniale pour aller à Paris défendre les droits de la colonisation naissante, parce qu’il existait à ce moment, au Parlement, un courant hostile à l’Algérie, que l’on parlait même d’abandonner : il rechercha donc en France des travailleurs, ne réunissant qu’à en amener seulement quelques-uns, du Languedoc, son pays natal.

Au retour, retenu par des vents contraires pendant dix jours dans le port de Mahon, il en profita pour demander à M. Costa, son ancien camarade, à l’époque secrétaire du gouvernement de Mahon pour le département de la police, s’il n’était pas possible de trouver dans cette île des cultivateurs désireux de se rendre en Algérie. M. Costa lui donna l’assurance qu’il serait facile d’y trouver autant de familles qu’on en voudrait.

L’aubaine était inattendue : M. le baron écrivit alors de Mahon au président de la Société coloniale pour lui soumettre les propositions suivantes :

Les frais de voyage ne s’élèveraient qu’à deux pesetas, la société s’engageant seulement vis-à-vis des travailleurs à leur donner des terres dont ils se partageraient le produit. A ces conditions, ajoutait M. de Vialar, vous trouverez cent familles.

Ce dernier, qui possédait toutes les terres de l’Harrach au Hamiz, fit d’abord venir une quarantaine de familles auxquelles il donna des terrains. Il les pourvut de l’outillage nécessaire et leur fournit même des avances. Ces nouveaux venus, s’apercevant bientôt qu’ils arriveraient à vivre aisément, écrivirent à leurs familles et à leurs amis pour les inviter à venir les rejoindre. C’est de ce moment que date l’exode des Mahonnais qui vont rendre, par la suite, de si grands services à la colonie naissante, en développant la culture maraîchère dans les environs d’Alger.

Les anciens de Fort de l’Eau peuvent encore trouver le nom du baron de Vialar sur leurs titres de propriété. M. Ausone de Chancel, qui a écrit la biographie du baron de Vialar, nous rapporte qu’à ses funérailles, en 1868, accoururent une vingtaine de ses protégés de Fort de l’Eau, ayant à cœur d’apporter un dernier témoignage d’estime et d’affection à celui qu’ils aimaient, disaient-ils, comme un père.

A notre tour, n’avons-nous pas le devoir, comme ces premiers colons, de témoigner notre reconnaissance à ce grand précurseur de la colonisation de ce pays ?

Je propose donc au conseil municipal d’élever un monument à celui qui a créé Fort de l’Eau, tout comme nous avons décidé d’en élever un à celui qui a créé la station balnéaire.

Je suis certain que mes collègues de cette assemblée composée en majeure partie des fils de ces premiers colons, accepteront avec enthousiasme la proposition que j’ai l’honneur de leur soumettre pour honorer la mémoire du baron de Vialar, qui a permis à ces pionniers de la première heure de faire de notre centre l’un des plus beaux fleurons de l’Algérie. » 

 

Le conseil municipal adopta à l’unanimité la proposition de M. Gstach et décida d’inscrire, pour sa participation, une somme de 2 000 francs sur le budget primitif.

Le conseil désigna, en outre, pour faire partie de la commission active, M. Gstach, en qualité de président, M. Lambotin comme secrétaire, M. Petitjean comme trésorier, qui assisteront tous les membres du conseil municipal.

L’assemblée pria, en outre, M. le Gouverneur général, M. le Préfet, M. le Sénateur et MM. Les Députés de l’Algérie, tous les représentants aux diverses assemblées algériennes, M. le Maire de Fort de l’Eau et ses administrés de bien vouloir accepter la présidence d’honneur de ce comité1.

 

L’inauguration

Le 10 juin 1934, dans la coquette cité fut inauguré le monument élevé à la mémoire du baron de Vialar, et fêté les anciens combattants de la localité. Ce fut à la fois un hommage rendu à un des premiers pionniers de la colonisation française en Algérie, ainsi qu’aux anciens combattants qui luttèrent pour la continuité de cette œuvre.

En un mot, on salua les efforts, le courage, l’esprit d’abnégation des héros de deux générations.

Pour la circonstance, Fort de l’Eau avait revêtu sa plus belle parure. Dans la grand’rue, les oriflammes claquaient joyeusement au souffle de la douce brise. Dans ce cadre charmant, fait de verdure, bordé par la mer frangée d’argent, ses habitants nous firent apprécier leur exquise hospitalité.

 

Au monument aux morts.

A 11 heures, à l’entrée de la ville, s’étaient assemblés les membres de la section des anciens combattants de Fort de l’Eau. A eux s’étaient joints des représentants des sections de Rouiba, Cap Matifou, Aïn Taya, Maison Carrée.

Précédé des drapeaux et des musiques, des ″Enfants de Fort de l’Eau″ et des sapeurs-pompiers de Maison Carrée, le long cortège s’ébranle pour aller déposer des gerbes de fleurs au pied du monument élevé à la mémoire des cinquante-cinq enfants de Fort de l’Eau morts pour la France.

La cérémonie fut courte et émouvante.

.... (Suit la description de la manifestation et le banquet)...

 

A la mémoire du baron de Vialar.

A 16 heures, eut lieu au milieu d’une grande affluence, l’inauguration du monument élevé à la mémoire du baron de vialar, créateur du centre de Fort de l’Eau.

Dû au ciseau du sculpteur Alaphilippe, premier prix de Rome, le buste du grand pionnier a été placé place de la République.

Sur la stèle de granit les mots suivants sont gravés :

 

AU BARON DE VIALAR

(1799-1866)

La population reconnaissante

Fort-de-l’Eau (1934)

 

Parmi les nombreuses personnalités assistant à cette cérémonie, nous avons reconnu : M. Roy, conseiller de préfecture, représentant M. le Gouverneur général de l’Algérie et M. le Préfet d’Alger ; MM Raoul Zévacco, délégué financier ; François Pons, maire de Fort de l’Eau ; Sintès, maire d’Aïn Taya ; Rosfelders, maire de Cap Matifou ; Bénéjean, maire de Reghaïa ; Lambolin, président du Comité ; Roget, Simo, membres ; Alzina, adjoint au maire d’Aïn Taya ; M. Alaphilippe, auteur du monument ; MM Liurens, adjoint au maire de Fort de l’Eau ; le chanoine Roux, curé de la paroisse de Galand, président de l’Institut de musique populaire ; Bergeaux, Kerdavid, Lefèvre, Blanc, Palmarini, Socias, Torrès, Marquès, Planellès, Narat, et les descendants du baron de Vialar, MM Jacques et André de Vialar, et Mme et M. Maxime de Vialar, avocat à la Cour d’Appel d’Alger.

 

Discours de M. Lambotin.

En remettant officiellement le monument à la municipalité de Fort de l’Eau, M. Lambotin, président du Comité, prononça le discours suivant :

 

« Il ne m’appartenait pas de discourir à l’occasion de l’inauguration de ce monument. L’honneur en revenait au dévoué et regretté président du Comité, M. Gstach. Mais une courte et implacable maladie l’a terrassé en quelques jours, en janvier 1933, et l’a privé de la joie de contempler ce monument dont il avait fait la commande quelques jours avant de mourir. En cette circonstance j’adresse à sa mémoire un souvenir ému et attristé. Je ne puis faire mieux que de rappeler en quels termes choisis et élevés M. Gstach avait présenté sa motion au Conseil municipal dans sa séance du 16 décembre 1929 :

 

... (voir plus haut), puis il poursuit :

 

Monsieur le Maire,

Au nom du Comité, en mon nom personnel comme président de ce comité, j’ai l’honneur de remettre à votre bonne garde ce monument. Gardé par vous, il sera, j’en suis sûr, le symbole de la reconnaissance, je ne dis pas d’une partie de la population, mais de la population tout entière de la région envers celui qui fut le grand pionnier de la colonisation dans la contrée.

J’adresse les meilleurs remerciements des membres du comité à M. le Gouverneur général, à M. le Préfet, à MM les secrétaires généraux, aux élus du département, à MM les délégués financiers et conseillers généraux, aux maires de Fort de l’Eau et des localités avoisinantes, à tous ceux qui nous ont aidé dans notre tâche, aux généreux souscripteurs, à M. Alaphilippe, statuaire, 1er Grand Prix de Rome, qui a si bien modelé le buste du baron Portal et si bien rendu sa physionomie. Enfin, pour terminer, à MM les musiciens de la vaillante société ″Les Enfants de Fort de l’Eau″ toujours sur la brèche et qui répondent toujours « présents » quand il s’agit de re­hausser l’éclat d’une cérémonie. »

 

 

 

De gauche à droite : André, Jacques et Maxime de Vialar, avec, au milieu Gabrielle de Vialar ;

derrière le groupe, un de ses petits-fils.

 

Discours de M. François Pons.

M. François Pons, maire de Fort-de-l’Eau, prit à son tour possession de la tribune pour remercier le comité :

 

« C’est avec une joie profonde que j’assiste à la réalisation d’une œuvre qui, depuis longtemps, hantait nos esprits et nos cœurs.

Il nous appartenait, en effet, d’honorer d’une façon moins concrète que par nos pensées reconnaissantes, la mémoire de celui qui créa de toutes pièces, avec l’aide de nos ascendants, l’un des plus brillants joyaux du littoral algérien.

Avant de poursuivre, qu’il me soit permis d’adresser un souvenir ému à la mémoire de notre excellent ami et collègue, Gstach, promoteur de ce monument et premier président du comité, que la mort nous a ravi avant qu’il n’ait eu la satisfaction bien méritée de voir son désir exaucé.

M. Lambotin, son digne successeur, a su conduire a bien cette œuvre et aboutir enfin grâce à sa persévérance, à sa ténacité, grâce aussi, il faut le dire, au concours dévoué de ses collègues du comité.

Monsieur le Président, Messieurs les membres du comité, je vous félicite et vous remercie.

Je ne pourrais rien ajouter à ce que vous venez de dire, Monsieur Lambotin, de là vie et de l’œuvre de notre bienfaiteur, de celui à qui nous devons cette contrée où pour la plupart, nous sommes nés, où nos aïeux repo­sent dans la satisfaction du devoir accompli.

Je me dois cependant de souligner le geste combien éloquent de la foule qui nous entoure, venue nous apporter son hommage et payer publiquement au baron de Vialar sa dette de reconnaissance.

Je m’incline respectueusement devant les descendants de M. de Vialar qui ont bien voulu répondre à notre invitation et être les témoins des sentiments profonds qui nous animent tous, au souvenir du créateur de Fort de l’Eau.

Je salue et remercie M. le Gouverneur général et M. le Préfet, ainsi que toutes les autorités élues ou fonctionnaires, qui ont bien voulu répondre à notre appel et honorer de leur présence cette manifestation du souvenir.

J’adresse également mes remerciements aux représentants de la presse qui ne nous ont jamais ménagé leur concours éclairé.

Et maintenant, M. le Président du Comité, au nom de la Municipalité, je prends possession de ce monument élevé à la mémoire de M. le baron de Vialar.

Soyez assuré que sa conservation sera rigoureusement assurée afin que se perpétue dans les générations futures le souvenir du bienfaiteur de Fort de l’Eau. »

 

Puis, M. Roy, parlant au nom du Gouverneur général de l’Algérie et du Préfet d’Alger, et M. Raoul Zévacco, délégué financier, firent l’éloge du baron de Vialar. Ils analysèrent son œuvre féconde. En terminant, ils saluèrent sa mémoire et félicitèrent les réalisateurs du monument, lequel montrera aux générations futures l’exemple et le souvenir d’un homme d’action. D’un grand français.

Après cette cérémonie eut lieu un vin d’honneur auquel assistèrent organisateurs et invités.

Le soir, sous un éclairage féerique, de nombreux couples élégants tournoyèrent joyeusement au rythme donné par l’excellent orchestre des ″Enfants de Fort de l’Eau″2.

 

 

LE CENTENAIRE DE LA CRÉATION DE FORT DE L’EAU

 

 

 

Soixante cinq années plus tard la population a plus que quintuplé. Fort de l'Eau est non seulement resté un centre important de culture maraîchère mais elle est aussi devenue une station balnéaire réputée. Des ouvrages de terrassement ont permis de tracer des rues larges et un front de mer. On peut compter plus de quarante cinq villas, un casino et un hôtel somptueux. Inondé de soleil et de lumière, enguirlandé de plantes exotiques aux senteurs exquises, mollement caressé par la mer, Fort de l'Eau peut aisément soutenir la comparaison avec ces merveilleuses stations qui s'étendent tout au long de la côte d'azur.

Pour y parvenir, Français et Mahonnais ont souffert, peiné et espéré ensemble.

Pour marquer cet anniversaire, ils ont organisé une grande manifestation. Voici, parmi d'autres, le compte rendu de ″ La Dépêche Algérienne″ :

 

 

Fête de la fondation du village3.

Dimanche dernier, le village était en fête et glorifiait ses origines.

On sait que, grâce aux instances de M. le baron de Vialar, 45 familles mahonnaises obtinrent en 1849, du gouvernement français une concession de cinq cents hectares à Fort de l'Eau.

De cette région inculte et déserte, les Mahonnais ont fait un des joyaux du littoral algérien ; leurs cultures maraîchères sont aussi belles que productives et ont donné à cette contrée une valeur considérable.

De ces 45 familles, il reste un survivant âgé de 87 ans, qui a été toute sa vie un exemple de travail et de probité. A la demande du Conseil municipal, le gouvernement de la République lui a décerné la croix de chevalier du mérite agricole.

La municipalité avait organisé pour la remise de cette décoration une réunion à laquelle étaient conviés notre délégué financier, notre conseiller général et les petits-fils du baron de Vialar.

A 3 heures, le maire, entouré de son Conseil municipal, conduisaient les invités à la nouvelle salle des fêtes où la musique les saluait de la Marseillaise.

Le maire fit ensuite l'éloge de Jacques Pons et M. Altairac, conseiller général, officier de la Légion d'honneur, attachait à la boutonnière du vétéran de la colonisation, les insignes de chevalier du mérite agricole. La France prouvait ainsi une fois de plus qu'elle sait trouver et récompenser le mérite, sans distinction de race et de natio­nalité.

M. de Chéon faisait ensuite l'historique de la fondation de Fort de l'Eau et rendait hommage aux robustes tra­vailleurs qui avaient fécondé de leurs sueurs ce sol conquis par la vaillance de nos armes.

MM Altairac et Zévacco prirent successivement la parole pour rendre hommage à Jacques Pons et remercier la municipalité de les avoir associés à cette fête de famille.

M. de Vialar, fils de l'ancien protecteur et ami des Mahonnais d'antan, dans une allocation pleine de finesse et de souvenirs émus, rappela le rôle de son père dans la colonisation de l'Algérie et faisait des vœux pour le développement et la prospérité de Fort de l'Eau.

Enfin, M. Jean Pons, fils du nouveau chevalier, témoigna sa reconnaissance à la France et à tous ceux qui avaient pris part à cette manifestation.

Un champagne d'honneur était ensuite offert chez M. Jacques Pons, à la santé duquel les coupes se choquèrent avec la cordialité la plus parfaite.

Bonne journée pour le Fort-de-l'Eau.

 

 

MAHON N’A PAS ÉTÉ OUBLIÉ PAR SES FILS

 

Allons maintenant à Mahon :

 

 

 

 

Mais pourquoi mentionner KOUBA et non FORT de L’EAU ?

Parce que le baron de Vialar a embauché les premiers Mahonnais pour sa propriété de KOUBA, avant qu’il ne décide de créer avec eux et pour eux FORT de L’EAU.

 

Tandis que Mahon donnait le nom de Fort de l’Eau à l’une de ses artères.

 

 

Dans l’avenue du même nom, des boutiques rappellent Fort de l’Eau :

 

 

 

MAINTENANT REVENONS AU BARON

 

 

Son nom qui à une époque était un drapeau, fut nommé, en 1848, membre du Conseil municipal et adjoint au maire d'Alger. C'est alors qu'il s'employa à provoquer ou à faciliter la création ou le développement d’autres centres qui lui doivent une partie de leur prospérité.

Quand le Gouvernement de Napoléon III songea à organiser les Conseils généraux dans la Colonie, le choix du baron de Vialar s'imposa. Il fut, pendant longtemps, président de l'Assemblée départementale ainsi que président de la Chambre consultative d'agriculture. Pour récompenser ses éminents services, L’administration supé­rieure lui conféra, en 1859, le grade d'officier de la Légion d'honneur.

 

Augustin de Vialar, à la fin de sa vie

 

Il avait près de 70 ans, lorsqu'il s'éteignit à Alger, le 18 août 1868, dans son immeuble de la rue de Nemours, entouré du respect et de la sympathie de tous.

Il meurt ruiné, ayant, dans un dernier geste de seigneur, donné aux pauvres les vestiges de son élégance, une cape somptueuse. Geste dont on parlera longtemps dans les vieilles familles d’Alger.

Le maréchal Mac-Mahon, gouverneur général, le général Wimpfen, commandant la division, suivirent le cortège à la tête d'une foule immense et recueillie. On éprouvait l'impression que l'Algérie venait de perdre un homme qui l'avait passionnément aimée, qui l'avait servie avec une clairvoyance et un dévouement sans limites. Borély de la Sapie prononça sur la tombe une remarquable et touchante oraison funèbre. Le 23 août 1868, Ausone de Chancel publia dans l'Akhbar un long article résumant la vie et les vertus de celui dont la mort était un deuil pour la colonie.

 

Tombe d’Augustin de Vialar au cimetière de Saint-Eugène (Alger)

 

Le Conseil Municipal voulut, à son tour, apporter son tribut d'admiration et de reconnaissance au grand pionnier de la colonisation, en donnant à l'une des rues de la ville le nom de Vialar.

Enfin, comme suprême et digne hommage à lui rendu, le Gouvernement Général décida d'appeler Vialar une commune du Sersou.

 

Le nouveau centre, comme pour se montrer digne du nom qu'il porte, a vite pris un rapide essor, grâce à l'énergique et persistante activité de ses premiers occupants.

Par décret du 11 mars 1909, ce centre est devenu chef-lieu administratif de commune mixte.

Cinq agglomérations de population européenne et cinq douars, Liébert, Burdeau, Bourlier, Victor-Hugo, Hardy, Beni-Maïda, Beni-Lente, Rouabah, Beïzid, Ammari, rayonnent autour, en donnant a cette région une admirable extension.

C'est dans ce Sersou qu'on a pu, en moins de sept ans, créer cinq villages très prospères, tripler la population européenne, donner à la terre une plus-value qui atteint les plus hauts prix et obtenir de la colonisation un progrès qui dépasse toute espérance.

C'est le plus bel éloge que l'on puisse faire du génie colonisateur de la France. 7

 

÷

 

Augustin de Vialar est mort en 1868 et plus de cent cinquante années se sont écoulées depuis l’arrivée des premiers Mahonnais en Algérie.

 

Le temps inexorablement s'est écoulé.

L'Algérie Française, aujourd'hui n'est plus.

Et l'oeuvre du Grand Baron et de ses descendants, là bas en cette terre redevenue inhospitalière, est effacée de la mémoire des nouvelles générations.

 

 

 

Mai 1962.

La démolition, sur ordre du Gouvernement algérien, du monument élevé à Boufarik, à la gloire de nos premiers colons.

 

÷

 

Pourtant un Historien algérien raconte encore cette épopée  (Il a souvent puisé dans nos ouvrages mais jamais notre nom n’a été cité… C’est la rançon du modeste biographe que je suis !) :

 

 

J’ai relevé son (…mon) texte  sur  Internet :

http :/users.antrasite.be/ppoisse/Documents/bordelkiffan.htm

Le voici :

 

Bordj El Kiffan

 

 

Introduction.

 

C’est au début du 5ème siècle que les Barbares foulèrent le sol des côtes algériennes embellies par plusieurs siècles de civilisation. Genséric, avec ses Vandales chassèrent les Romains. Ses successeurs se virent évincer à leur tour par l’empire d’Orient. Et bien après, l’Afrique fut envahie par les Sarrasins. Ces nouveaux maîtres s’affaiblirent par leurs divisions. Destructeurs par goût, ils infestèrent les côtes de la Méditerranée. Après quelques siècles d’une domination qui ramena la barbarie, ils furent dépassés par les Turcs, encore plus barbares qu’eux. Le grand seigneur turc, pour conserver ses conquêtes, établit des gouverneurs appelés Deys et Beys.

Nous avons dit que les Romains, l’empire d’Orient, les Vandales et les Arabes avaient été successivement maîtres de cette côte. De toutes les régences qui la composent, la première et la plus puissante est celle d’Alger. Elle donna asile aux Maures chassés d’Espagne sous Ferdinand et Isabelle. Les Espagnols pour arrêter les brigands firent une irruption en Afrique au commencement du seizième siècle et assiégèrent Alger qui se soumit à un tribut. Mais bientôt les Algériens furent délivrés par le corsaire Barberousse.

Charles Quint arriva à Alger le 30 octobre 1541 et sa flotte, battue par grand mauvais temps et commandée par André Dorin, alla mouiller dans le golf de Yamentafoust (Borj El Bahri).

Charles Quint monta avec plus de 500 navires, 12 500 marins et 24 000 soldats, mais la grande expédition d’octobre 1541 se termina par un désastre. Charles Quint lui-même avait pris le commandement des forces de débarquement. Une attaque des Algérois sur les plages du fond de la baie fût repoussée avec rudesse, ramenée tambour battant à la porte d’Azzoun.

La tempête en Méditerranée, terrible par sa soudaineté, mit la flotte en grand péril et en jeta une partie au rivage. Les équipages furent massacrés. L’armée sans vivre battit en retraite à terre jusqu'à la pointe de Bordj El Bahri, faisant des prodiges. Sous une pluie incessante et en rembarquant à grand peine. Cet échec retentissant de Charles Quint renforça la position des Turcs dans la régence de l’Algérie.

D’autres vestiges historiques, beaucoup plus anciens, existant encore à Bordj El Kiffan construit pour la défense de la côte et de la baie d’Alger, pouvant révéler l’histoire de Bordj El Kiffan ont été détruites par les occupants pendant le défrichement des terres.

Au 16ème siècle (octobre 1541) Bordj El Kiffan a vu à cette époque une victoire éclatante des troupes algériennes qui poursuivaient le long de la côte le reste de l’armée ennemie avec, à sa tête, l’empereur Charles Quint qui gouvernait une grande partie des pays d’Europe.

Avant 1830 toutes les terres étaient cultivées par les tribus autochtones. Après l’occupation française, le colonialisme français s’est acharné à déposséder les paysans de leurs terres. Des méthodes arbitraires : confiscation de bien, refoulement dans les montagnes, contraintes, répressions et autres vexations avaient été employées dès la signature du traité de Tafna. Ces pratiques, rappelant celles des barbares faisaient fuir les vrais propriétaires de leurs terres pour s’installer à l’intérieur du pays dans les Etats de l’Émir Abd el Kader.

Pendant plusieurs années l’insécurité a régné dans toute la région, le mécontentement des populations dépossédées a provoqué en 1870 des soulèvements dans toutes les plaines environnantes.

Parallèlement, les occupants installèrent sur les terres de Bordj El Kiffan, qu’ils ont nommé Fort de l’Eau 300 familles de Mahonnais avec 6 hectares chacune et 72 familles de Harkis avec 1 hectare chacune.

En 1853 des ouvriers mahonnais travaillant au service du baron de Vialar, dans sa propriété de 180 hectares, au lieu-dit Le ravin près de Nouba, avec d’autres de Ténès, compatriotes éparpillés dans les environs d’Alger, parcoururent de concert la plaine et le Sahel afin de jeter leur dévolu sur un coin de terre et pouvoir s’y fixer.

Ces Mahonnais qui avaient fait souche étaient à l’étroit dans la propriété du baron de Vialar. Il leur fallait plus d’espace. Leur choix s’arrêta sur la limite des terrains militaires réservés à Fort de l’Eau, sur la route qui va de Maison Carrée (El Harrach) à la ferme de la Rassouta.

Par décret impérial du 11 janvier 1851 fut créé le centre de colonisation de Fort de l’Eau.

22 août 1853, création de la commune de plein exercice de la Rassouta.

Fort de l’Eau devenait commune de plein exercice le 2 juin 1881.

 

Fort de l’Eau.

Au milieu du rivage s’élève un rocher abrupt au sommet duquel le pacha turc Mohamed Kurdogli fit jeter en 1556 les bases d’une forteresse pour mieux surveiller l’entrée de la baie d’El Djazair, mettre la ville (Alger) à l’abri des coups de marins, et faire obstacle surtout aux tentatives audacieuses comme celle essayée par Charles Quint auparavant.

Au milieu de cette courbe grandiose que forme la baie d’Alger, Fort de l’Eau a été créée près du fort turc « Bordj El Kiffan » (le fort des coteaux). Ce fort, encore intact, a été bâti par Ojafor Pacha en 1561 (989 de l’hégire). Sa construction a durée 25 ans.

En 1880, Fort de l’Eau était peuplé d’un millier d’habitants. Il en compte en 1922 environ 4 000.

Sa situation géographique est particulièrement heureuse. Placée dans la partie inférieure d’un grand arc, Fort de l’Eau recueille directement les brises marines venant du Nord.

Du haut des faibles éminences qui surplombent la côte, Fort de l’Eau offre le plus joli panorama qu’on puisse rêver.

 

La nuit à Fort de l’Eau.

Une à une les étoiles piqueront le firmament d’une goutte de lumière. Les feux d’Alger successivement s’allument, pareils à des petits astres clignotant. Les bruits du jour, lassés s’apaiseront. Vous entendrez seul, le léger clapotis des vagues mourant dans la douceur infinie du soir.

La baie d’Alger, merveilleux écrin d’émeraudes, sertit la blanche ville dont les maisons et les édifices éblouissants escaladent les collines jusqu'à Bouzaréah.

 

Boulevard Front de mer.

De l’INAD aux dernières villas, sur une longueur de 700 mètres, un superbe boulevard, comme une immense terrasse, dominant de plusieurs pieds la mer captive, épousant les méandres du littoral, longeant la ligne si immense des villas, le boulevard Front de mer constitue un observatoire original d’où l’on découvre entièrement le cadre incomparable de la baie d’Alger dans toute sa splendide étendue. On peut suivre, du boulevard, les ébats des baigneurs, les jeux des vagues, le coloris des horizons changeants, comme seraient des décors et les coulisses.

Chacune des villas de la Station (Marsa) a un caractère et un style particuliers.

Le créateur (GUERROUARD) ancien maire de Fort de l’Eau s’attache à mettre une parfaite harmonie. Il bâtit trois grandes rangées de villas impeccablement alignées. En arrière du boulevard Front de Mer, deux avenues sont si bien ombragées que l’on croirait marcher sous de longues voûtes.

Elles limitent la première zone. Elles sont pour la plupart bâties à un étage, flanquées de tourelles gracieuses leur donnant des airs de petits châteaux.

Au bout de la station, un pittoresque chemin, longeant la mer, conduit au Bois des Pins. Là-bas sur les dunes aux tamaris sévères, aux broussailles épaisses, le vent entretient dans les arbres une éternelle chanson, douée comme une musique lointaine, si lointaine embellie des mille bruits de la mer.

 

Monographie de Bordj El Kiffan.

Le rivage de la mer était considéré de tout temps zone militaire, ce qui justifie la présence du fort de Bordj El Kiffan construit pour la défense de la côte et de la baie d’Alger.

 

Période de 1954 à 1962.

Après tant d’années d’humiliation et à l’image de tant de régions d’Algérie, la commune de Bordj El Kiffan, afin de permettre à notre pays de retrouver sa dignité, entrait dans le combat libérateur.

Parmi la population dépossédée par l’occupant, des cellules clandestines du FLN se sont constituées et passèrent à l’action. C’est ainsi qu’un centre de soins et de repos a été créé à la ferme BEN OUNICHE sise à la Rassauta. En 1956, après un dur combat qui s’est déroulé à la ferme Benneraba, devait tomber héroïquement le commandant Ali Khodja sous les coups des forces d’occupation.

 

Population de Bordj El Kiffan.

·      Recensement du 31 octobre 1954 : 13 146

·      Recensement du mois d’avril 1966 : 24 428

·      Recensement du mois d’avril 1976 : 45 391.

 

Les quartiers.

·      La station est le premier quartier de Bordj El Kiffan. Chaque demeure avait un puits.

·      Le premier bureau de poste était au Régal.

·      L’église était à proximité de l’APC.

     (l’APC actuelle est une nouvelle construction. L’ancienne APC a été démolie).

·      Les Algériens habitaient la colline St Aise, Sidi Ahmed et tribu Mahmoud.

·      Les Aribs sont les habitants de l’ancienne Béni Mered.

·      Bouaza est le premier habitant de Fort de l’Eau.

·      Il y a une voie ferrée.

·      La maison du Ozy, au Hamuz, se trouve sur la route qui va au chemin de fer, à gauche (il est écrit villa du Bey).

·      La ferme Rassauta se trouve au domaine de Sultane.

·      Le fort était sur une île avec un pont-levis.

·      De la clinique à la mosquée, c’est un verger de mandarines.

·      La salle des fêtes était un jardin de pommes de terre.

·      Le Lido a été créé en 1933.

·      La Djenina (Tamaris) a été créée en 1932.

·      Le Stamboul a été créé en 1940.

·      La Base navale (aujourd’hui devenue SNTR) est située à 5 Kms au nord-est de Bordj El Kiffan. Sa construction fut achevée en 1918. Elle s’inscrivait dans un projet de reconstruction qui a dû être abandonné.

 

Docteur Shaw

(Navigateur anglais)

Tamentefoust est un cap un peu élevé où les turcs ont bâti, du côté qui regarde Alger, un petit château fort destiné à la défense d’une rade fermant la côte. Il existe encore des ruines de la même étendue que celles de Tipaza.

El Harrach (Docteur Shaw)

Rivière plus considérable que le Mazafran. On passait autrefois sur un pont qui n’était pas éloigné de la mer. Des historiens disent que l’on trouve sur ses bords les mines de SASA. Quartier autrement appelé le vieux Alger, mais Shaw n’a pas découvert ces ruines.

Le pays situé sur les bords de ces rivières, c’est-à-dire entre les montagnes de l’Atlas et la mer, est cultivé par les tribus Rassauta qui habitent près du Hamiz ; par les tribus Dergana et les tribus Marcheda, qui campent près de la Boudoua et de la Corso. Et par les Dejelli, les Béni Hamid et les Adreva qui se trouvent entre les Issers et le Bouberak.

 

Sources : Léo Barbes (Histoire de l’Algérie).

Sarrasins, Musulmans d’Europe et d’Afrique au moyen âge.

Vandale : personne qui détruit ou détériore des œuvres d’art ou des choses de valeur.



1 - Jo. CAMPS., « L’Écho d’Alger » du 15 juin 1954.

2 - Michel Raineau, « L’Echo d’Alger » (du 11 juin 1934).

3 - "Dépêche Algérienne" du 28 novembre 1912.

4 - Extrait du « Bulletin de la Société de Géographie d'Alger et de l'Afrique du Nord » (2ème Trimestre 1911).