Dynastie des Vialar

 

 

 

Baron Alfred de VIALAR

(1845-1926)

 

 

 

Confirmé dans les titres et majorat par décret du 27 décembre 1879.

 

Il semble malgré tout, qu'Alfred soit le reflet fidèle de la personnalité paternelle. Il est celui qui demeura attaché à cette terre, celui que les musul­mans placent, eux, dans la succession d'Augustin, leur ami, leur frère.

Alfred est ce qu'on nomme un "arabisant distingué". Les musulmans le surnomment "le Ma­ra­bout" et il jouit d'une telle estime auprès d'eux qu'on fait appel à lui pour régler  le moindre des différents.

La droiture, l'ascendant d'Alfred de Vialar sont tels sur ceux qu'il approche que le gouver­neur général lui-même, l'amiral de Gueydon, tient compte de ses conseils lors de l'insurrection de 1871. Il faut croire que le respect éprouvé à l'encontre du baron est bien grand dans le "bled" puisque sa propriété de la Chiffa ne sera pas une seule fois livrée aux incursions rebel­les.

 

Patricot et ses deux moulins

Alfred de Vialar a épousé Berthe Alexandrine Patricot le 11écembre 1873 à Mustapha. Elle est la fille d'un ingénieur des Ponts et Chaussées.

A la demande de Bugeaud, Patricot a tracé la route carrossable qui longe la mer à l'ouest d'Al­ger et se dirige vers l'Oranie.

Au cours d'une de ses inspections à cheval, l'ingénieur, après avoir traversé la Vallée des Con­suls (nous sommes seulement en 1835) parvient sur un plateau broussailleux qui sur­plombe la mer. Deux petits moulins à vent s'étirent sur la rocaille. Ils appartiennent à un chevrier arabe et servent à moudre le grain de tous les fellahs des environs.

L'endroit plaît immédiatement à Patricot qui l'achète et devient propriétaire de toute cette par­tie du littoral algérois.

On va quelquefois chasser ou pêcher aux environs de ces deux moulins. M. Henry Beauvais écrit à ce sujet : "Ce rocher des Deux-Moulins était un vivier surpeuplé où le moins initié des pêcheurs faisait figure d'un Saint Paul sur la mer Morte".

Ce véritable paradis demeurera longtemps désert. Il appartiendra aux Vialar de le sortir du néant.

 

Berthe Patricot

La baronne Alfred de Vialar, que l'on disait "intelligente, dynami­que, amie des arts et des let­tres", présidait la haute société algéroise dès les premières années de la IIIe République. Pour mériter une invitation dans ses salons - c'est alors une véritable consécration que se dis­pute chaque algérois bien nés - on irait jusqu'à entreprendre les douze travaux d'Hercule.

Les Vialar reçoivent indifféremment dans leurs domaines de Musta­pha supérieur, de Ba­raki, ou de Tixeraïne.

De brillants attelages y conduisent leurs hôtes au cours de sorties qui demeurent encore de vé­ri­tables aventures. La mode n'est pas alors aux deux petits moulins. Jusqu'au jour où M. Louis Tirman, gouverneur général depuis 1881 et habitué des réceptions de la baronne, évoque ce coin de littoral où les pique-niques, pense-t-il, seraient plus divertissants. M. Tirman a ses rai­sons : il aime la pêche à la ligne à en mourir et se voit peut-être déjà en train de jouer les saint Paul en question.

 

M. Tirman et sa canne à pêche

Aussitôt dit, aussitôt fait...

Les habitués des soirées étincelantes des Vialar reportent, dès lors, toute leur attention mon­daine vers les moulins de l'ingénieur Patricot, que l'on avait oubliés depuis bien long­temps. Les conducteurs de phaétons ont mené leurs coursiers vers ce plateau du bord de mer. Là, on s'exclame, on s'esbaudit, ont s'emballe évidemment. On loue enfin le génie qui a eu cette idée, et qui déjà a préparé son attirail de pêcheur.

Les messieurs en redingote qui, au cours de ces sorties, aiment à jouer "les gros bras", vont jusqu'à retrousser leurs manches pour étendre une toile de tente entre les moulins et proté­ger leurs compagnes froufroutantes, des rayons d'un soleil implacable.

On installe, à même le sol, des nappes brodées ; on déballe de grands paniers d'osier ; on en sort des morceaux de victuailles. En un mot : on pique-nique...

M. Tirman lui, ne quitte plus les rochers et semble faire corps avec sa canne à pêche qui est devenue le prolongement naturel de ses deux bras. Chaque fois qu'il en a envie, il dit : "Allons voir nos deux moulins !".

De ces deux moulins aux "Deux-Moulins" il n'y a qu'un pas.

Le baron y fait aménager une petite maison qui recevra tout ce beau monde en été. Chacun, parmi la bonne société d'alors, de l'imiter en faisant construire son petit cottage, son "cabanon".

Les "Deux-Moulins" se hérissent de constructions de toutes sortes et se voient de plus en plus fréquentés durant l'été. Bientôt, le petit tortillard qui emprunte le littoral ouest y fera une halte.

 

Les Deux-Moulins sont définitivement consacrés.