ADRIEN SOURGET
Adrien Sourget est né à Bordeaux le 31 mars 1823. Par son père, Jean Sourget, il descend d'une ancienne famille établie depuis la fin du XVIe siècle, dans la petite ville de Meilhan (Lot et Garonne). Son père exerça à Bordeaux la profession de courtier en vins et a laissé les plus honorables souvenirs dans le négoce bordelais.
Par sa mère, née Caussourd-Remusa et arrière petite-fille du baron de Gascq, Adrien Sourget appartient également à une des familles dont la magistrature et les lettres, en notre province de Guyenne, peuvent être fières au plus juste titre.
C'est à cette origine que faisaient allusion les paroles de M. Louis Boué, président de l'Académie des Sciences, Belles-lettres et Arts de Bordeaux, s'adressant à M. Sourget, le jour de sa réception dans la docte assemblée : "Le Président Gascq, votre trisaïeul et le nôtre...". M. de Gascq fut, en effet, un des fondateurs de l'Académie de Bordeaux.
Entré dans le commerce dès sa sortie du collège de Juilly, en 1840, Adrien Sourget fut de bonne heure appelé à prendre part aux affaires publiques. Membre de l'administration municipale de Bordeaux à plusieurs reprises, il fut adjoint délégué à la division de l'instruction publique et des beaux-arts, sous l'administration de M. H. Brochon (de 1860 à 1862) et sous celle de M. de Pelleport (de 1873 à 1875).
Elu membre du tribunal de commerce, il y siégea de 1871 à 1884 ; puis il entra peu de temps après à la chambre de commerce, dont il fait partie depuis 1886.
Ces diverses fonctions n'empêchaient pas Adrien Sourget de donner aux choses de l'art, et en particulier à la musique, les soins les plus fervents et les plus dévoués. Un talent d'amateur qui lui avait ouvert, dès son entrée dans le monde, les salons où le chant était le plus à l'honneur, lui permit plus d'une fois de prêter un concours actif à des concerts de charité dont le souvenir n'est pas encore effacé de toutes les mémoires, et lui donna l'occasion d'être admis dans la famille distinguée à laquelle il eut plus tard le bonheur de s'allier par le mariage.
Le nom de Santa-Coloma, si étroitement associé à celui de Sourget en tête des œuvres si populaires de celle qui fut longtemps la Muse bordelaise, dit assez combien ces deux êtres, dont l'union intime et parfaite dura près d'un demi-siècle, apportaient de zèle et de passion du culte de l'art. Ayant une telle compagne à ses côtés, Adrien Sourget consacra tout naturellement la plus grande partie de sa vie aux institutions artistiques qui fleurissent aujourd'hui à Bordeaux. Nommé en 1855 secrétaire général de la Société de Sainte-Cécile, et vice-président en 1868, il contribua puissamment par ses aimables qualités, qui complétaient si bien celles du président d'alors, au développement de cette société. Il en est devenu le président en 1875.
Cinq ans après, en 1880, il était nommé président de la Société des Amis des Arts de Bordeaux.
A la tête de ces deux sociétés, Adrien Sourget, grâce au concours des hommes intelligents et dévoués dont il a la bonne fortune d'être entouré, a vu ces belles et utiles institutions prendre d'année en année un développement qui permet de les classer aujourd'hui au premier rang de leurs spécialités respectives.
Tout le monde connaît l'importance acquise par l'école gratuite de musique de la société de Sainte-Cécile, devenue le Conservatoire de Bordeaux, et l'éclat de ces beaux concerts populaires qui constituent l'un des éléments les plus attrayants de la vie bordelaise.
C'est avec non moins d'intérêt que nos concitoyens accueillent ces remarquables expositions des Amis des Arts, aussi profitables aux professionnels qu'aux dilettantes de la peinture et à la masse du public, qui y trouve les moyens de former ou de développer son goût et ses connaissances artistiques.
Notons enfin qu'Adrien Sourget, comme président du Cercle des Arts, a organisé une série de soirées dramatiques et musicales qui ont permis aux membres de ce cercle d'apprécier le talent d'un certain nombre d'artistes éminents français ou étrangers.
Ces diverses occupations artistiques n'ont pas été tellement exclusives qu'elles n'aient permis à Adrien Sourget de se consacrer, à l'occasion, à des œuvres d'un caractère plus sévère, telles que la Société Archéologique, qu'il a présidée en 1884 et en 1887, après avoir publié différents travaux dans ses "Annales". Il s'occupa aussi d'œuvres d'utilité publique, comme membre de la Société d'Agriculture de la Gironde, qu'il présida de 1892 à 1894, et où sa qualité de propriétaire du beau vignoble de Château Cormeil (île du Nord) lui donnait tout naturellement accès.
Nommé Chevalier de l’ordre de Charles III d'Espagne en 1861, Officier d'Académie en 1847, Chevalier de la Légion d'honneur en 1875, Adrien Sourget a reçu, en 1894, la décoration du Mérite Agricole à la suite du Congrès des Banques Populaires et Agricoles qui fut tenu à Bordeaux, sous sa présidence.
Adrien Sourget fait partie de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux depuis 1888. Il a été nommé vice-président de cette Compagnie pour l'année 1897, et en sera le président en 1898.
La simple énumération des faits qui précèdent dit assez ce qu'a été la vie d'Adrien Sourget. Nous ajouterons au risque de blesser sa modestie, que le savoir et les aptitudes variées du bordelais dont nous donnons aujourd'hui le médaillon s'allient aux qualités les plus exquises du cœur et de l'esprit, à l'aménité la plus grande, et font de lui le dilettante, l'homme du monde le plus distingué, le plus sympathique, le plus universellement estimé du night-life bordelais.
« Le Médaillon Bordelais ». Archives de la Bibliothèque Nationale