BORDÈRES-SUR-L’ECHEZ (Hautes-Pyrénées)
Les restes de la plus importante Commanderie du Midi doivent-ils disparaître ? Ces restes, ces vestiges qui ont traversé neuf ou dix siècles doivent-ils crouler ? Une modeste grange templière faisant suite au donjon municipal a déjà disparu… ″Le Vieux Logis″ de Bordères-sur-l’Echez mérite sûrement d’être préservé. Hélas…
Cette vieille demeure bigourdane porte encore sur ses frontispices
la marque des Templiers et des Frères de l’Hôpital, les Chevaliers de Saint
Jean de Jérusalem qui prirent jusqu’à
Voici un raccourci historique de cette Commanderie :
Gaston de Béarn, comte de Bigorre, fit don aux Templiers, de
Le bois voisin qui était leur propriété porte encore le nom de ″bois du Commandeur″. Tous les Tarbais et les cavaliers du pays le connaissent.
Le 7 février 1149 le destin de Bordères se fixa ce jour-là. En la salle d’armes du château de Lourdes, Pierre de Marsan, comte de Bigorre, à ses côtés la comtesse Béatrix sa femme, Centulle son fils, et ses principaux chevaliers, en présence de Bernard abbé de Lescale-Dieu, donnait sa ville et son fief de Bordères aux Templiers, représentés par Pierre de Rosère, maître en Provence, et Arnaud de Villeneuve chevalier de l’Ordre.
La ville s’érigea en Commanderie au confluent d’un canal venant de l’Adour et de l’Echez ; leur château s’érigea en un quadrilatère aux murailles énormes. On voyait encore naguère, derrière le cimetière, de gros pans de murs renversés qu’on appelait alors ″Lou Castet″. Au Levant, non loin de là, subsista longtemps la vieille prison mitoyenne du cimetière. A l’Orient, près d’un chemin côtoyant le canal, la grange du commandeur ; il en reste un tour d’angle, aujourd’hui diminuée, qui porte son toit pointu comme un casque enfoncé. Ces bâtiments servent actuellement d’épicerie, de boulangerie, mais ils se continuaient vers la mairie actuelle qui avait aussi son clocheton. Le modernisme et la vétusté l’ont fait disparaître.
Des vieux bâtiments se continuaient et il en reste ″Le Vieux Logis″.
Les cloches de leur ancienne église sont conservées et continuent à sonner pour les Borderais du haut du clocher du village.
Mais comme au passé, ne rôdent plus jamais avec leurs longues robes et leurs grands manteaux blancs, les chevaliers du Temple, ni ceux noirs ou roussâtres des sergents et écuyers avec une belle croix blanche.
Seules leurs âmes semblent éternellement rôder et protéger encore Bordères.
Si Bernard fit un portrait assez réaliste des Templiers : cheveux tondus, poils hérissés, souillés de poussière, noirs de fer, noirs de hâle et de soleil, voilà les Templiers.
Ils aimaient les chevaux ardents et rapides, sans parure ni bigarrures, sans harnais ni caparaçons. « Pas étonnant que nous ayons ici la célèbre race des anglo-arabes… si énergiques et adroits, et mondialement connus ».
Guerroyer contre l’infidèle, protéger les pèlerins, rendre les routes plus sûres, telles étaient leurs missions. Mais en plus on leur confiait l’or avant de partir au loin… et peu à peu ils devinrent les premiers banquiers de l’Europe. Banquiers si riches et si puissants qu’en France leur trésor et celui de l’Eglise ne firent qu’un ; de même celui des rois, de Philippe Auguste à Philippe le Bel, eut une histoire commune avec ce trésor des Templiers, pour leur plus grand malheur…
Entraînés par la sympathie populaire et la beauté du site, les Templiers firent de Bordères une des plus importantes Commanderie du Midi.
Ses archives parlent de donation faite en 1205 par Gaston de Béarn. Plus tard, sa veuve, la comtesse Pétronille, entourée de sa cour en la demeure de l’évêque de Tarbes, donna le droit de Haute Justice sur le territoire de Bordères.
Un parchemin raconte : « En 1248, une importante Assemblée était réunie dans le cloître de l’église de Tarbes, autour de l’Evêque Arnaud-Raymond de Coarraze et de son chapitre, du Sénéchal P. de Bordeilles de Pelegry et de Lavedan, d’Arnaud vicomte d’Asté, et d’Auger de Sarrignac juge en la cour de Bigorre, du frère abbé de Saint-Savin, de Philippe prieur de Maubourguet, d’Augier de Loïc prieur de Bénac, des chevaliers Boson, Tizon, Fornadge des Angles, A . de Chérag de C. de Serres ; tous réunis pour entendre Auger seigneur d’Ossun, reconnaître publiquement que jadis son père et son aïeul avaient donné aux Templiers de Bordères l’église et la grange d’Ossun. Il reconnut avoir péché pour les avoir voulu reprendre par la force et ce faisant, les restitua ce jour au comte d’Orlex, commandant de Bordères.
En 1251, même cérémonial. C’est le puissant et fier baron Arnaud de Lavedan qui restituait le village de Baussaest (Pintac) jadis donné à l’Ordre par son aïeul Arnaud d’Aragon…
Parmi tant de noms illustres, un de Montesquieu fut commandeur à Bordères.
Vers 1307, les preux chevaliers de Saint-Jean prirent la suite des Templiers après leur inique condamnation à Auch, en 1307, où ils périrent avec leur commandeur Bernard de Montaigut et tous les Templiers de Bigorre (leur procès dura 7 ans).
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Templier : Ce nom par delà les siècles reste lourd de chevalerie et d’épopées, d’ésotérisme et de secrets, d’incertitude et de mystère… Le mystère de leur fortune.
Dépendant de Bordères, Ly-Saint-Sauveur était sous leur obédience ;
on y fabriquait l’or du Temple… Il paraît qu’à
Nos derniers Commandeurs, les frères de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, eurent titre de chevaliers en 1130 par Innocent II en récompense de leurs exploits militaires contre les musulmans… (Cette maison conserve les traditions ! Mon beau-père le général Meynier reprit le Fort de Djeanet aux Serrousis, une secte de musulmans farouches ennemis de nos bons amis les Touareg).
Pour les frères de l’Hôpital la prise de Rhodes en 1310 leur fit donner le nom de chevaliers de Rhodes ; celui de chevaliers de Malte s’ajouta en 1330 après la donation de l’Île par l’empereur Charles V.
Près de Bordères
En 1323 Bernard de Trébons vint planter son étendard sur le
donjon de Bordères. Les chevaliers de Malte restèrent céans jusqu’à
Après de nombreux siècles et de nombreuses vicissitudes nous avons hérité d’un petit débris de tant de gloires et de richesses disparues.
Il reste de leurs granges templières, avec un certain cachet du passé, ″Le Vieux Logis″ de Bordères-sur-l’Echez.
Pour sauver ces vieux murs, cette immense toiture en perdition, les réparations devenant de plus en plus urgentes… J’ai pris, non mon rouet et ma quenouille ! Mais, seulement, mes pinceaux, et pour sauver ces vieilles pierres je peins des bouquets, les bouquets pour le souvenir, enfin ce qu’il en reste.
M. Meynier de
Depuis que ce texte a été écrit, ″Le Vieux Logis″ a été vendu à la commune.