Alliances Gisclard

 

 

 

 

BESSOULET

 

 

 

 

Jean Jaurès avait épousé une demoiselle Bois dont le père était originaire de l'Aveyron, négociant en épicerie. Les malicieux disaient "marchand de fromages". Au reste ferme Républicain.

La mère de cette demoiselle Bois était née Gisclard. Elle était la fille d'un ancien maire de Villefranche d'Albi.

La famille Gisclard possédait, à un kilomètre cinq cents de cette bourgade, une propriété de campagne appelée Bessoulet, grande de cinquante hectares, avec une maison en briques et en pierres schisteuses du pays, recouverte d'un crépi d'un jaune indécis. Le rez-de-chaussée - il n'y avait pas de cave - comportait huit fenêtres au midi, trois vers l'est, l'autre façade étant adossée aux bâtiments de la ferme. Le parc était très beau, des cèdres immenses, des tilleuls, une allée imposante de soixante-dix châtaigniers qui s'en allait vers une vue admirable de la vallée du Tarn.

Jean vit sur les Lices, la fille, Louise, âgée de dix-sept ans, la trouva belle et s'en épris. Belle, elle l'était, surtout selon les canons de l'époque. Brune, grande, une demie tête de plus que Jean qui avait un mètre soixante-huit, dans des corsets rigides, son éclat était proverbiale à Albi.

Suivant un mot qui nous a été conservé, on venait au chef lieu "pour voir la cathédrale et Mademoiselle Bois".

Jean RABAUT. "Jean Jaurès". Editions Perrin.

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D’après un inventaire daté de 1798, nous apprenons que la famille Gisclard possédait déjà toutes les terres entourant la maison qui sera plus tard celle de Jaurès (la métairie de Bessoulet elle-même ne figurant toutefois pas dans la liste de ses biens).

 

La maison était séparée depuis fort longtemps de la propriété terrienne qui l’entourait. Cette dernière a été achetée par une famille du nom d’Azam qui la cultive depuis des années.

 

Le château de Bessoulet appartient maintenant aux communes de Carmaux pour deux tiers et de Saint-Benoît de Carmaux pour un tiers. Ces dernières l’ont acquises suivant acte administratif du Préfet du Tarn en date du 7 décembre 1955, modifié par acte rectificatif de Me Picard, notaire à Carmaux, en date du 15 juillet 1959.

Le département du Tarn en était propriétaire pour l’avoir acquise suivant acte de Me Malphette, notaire à Albi le 8 et 17 novembre 1950, de Mme Eugénie, Marie, Madeleine Jaurès, veuve de M. Robert, Louis, Jules Chapelain. Mme Chapelain en était propriétaire pour l’avoir recueillie dans la succession de sa mère, Mme Marie Antoinette Louise Bois veuve de M. Auguste Marie Joseph Jean Jaurès, décédée en son domicile du 96 rue de la Tour Paris XVIe, le 11 mars 1931 et dont elle était l’héritière unique.

Mme Bois veuve Jaurès en était elle même propriétaire pour l’avoir recueillie dans la succession de sa mère dont elle était seule et unique héritière : Mme Marie Philippine Gisclard, veuve de M. Jean Eugène Bois, décédée à Bessoulet, commune de Villefranche d’Albigeois, le 8 février 1920.

Bessoulet fait, depuis le premier mars 1974 l’objet d’un bail de location entre les communes de Carmaux et de Saint-Benoît-de-Carmaux, propriétaires d’une part et le Syndicat Intercommunal à vocation multiple des communes du canton de Villefranche d’Albigeois, locataire de l’autre.

Ce bail, initialement de trente ans renouvelables est passé à 35 ans renouvelables à expiration.

La partie de la propriété dite "Château du Domaine de Bessoulet", faisant l’objet de cette location comprend :

·    La maison de maître qui forme la branche sud-ouest de l’ensemble des bâtiments de la propriété cadastrée section D du cadastre de Villefranche sous le n° 445 pour 2a, 02ca et sous le n° 446 pour 29ca.

·    Le parc situé devant la maison orientée sud-ouest, cadastrée section D du même cadastre sous le n° 443 pour une contenance de 90a, 08ca.

·    Une parcelle de terrain cadastrée sous le n° 428, section D, d’une contenance de 82ares, 54ca.

Tous ces renseignements proviennent de la lecture de l’original du contrat de bail entre les communes concernées.

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Au sujet de Jaurès et de Bessoulet, Max Gallo semble s’être laissé prendre au romantisme de l’écriture. Ou bien il n’a jamais mis les pieds à Bessoulet (ce que je crois) ou bien il a fait un usage abusif de la licence poétique. Son récit est néanmoins fort intéressant :

p. 59 : « La maison est grande et domine la vallée du Tarn »… En fait, le point de la rivière la plus proche est à 6 km à vol d’oiseau et cinq lignes de crête et six talwegs les séparent. Peut-être fait-il référence au fait que, par temps clair, on peut y entrevoir Albi, à 15 km de là, à travers la trouée d’un petit ruisseau appelé le Lezert.

« On y accède par une glorieuse allée bordée de châtaigniers séculaires. C’est la dot. »… Les châtaigniers n’existent plus, ils auraient été détruits par une maladie, il y a bien des années et je ne suis pas sûr qu’ils aient marqué l’accès à la maison. Le fait que la propriété ait constitué la dot peut être exact, mais Marie, Philippine Gisclard, veuve Bois, mère de la mariée, en est bien demeurée la propriétaire jusqu’à son décès sur place en 1920. Peut-être y avait-il alors un système de donation-partage comparable à ce qui se pratique aujourd’hui ? Ou, tout simplement, un testament dont on considérait l’exécution comme acquise ?

p. 118-119 : « Madame Veuve Jaurès vient passer quelques jours. Elle fait, rayonnante au bras de son fils, quelques promenades dans le parc jusqu’au bord du Tarn »… Cette dame devait avoir une bonne santé et jouer avec aise de ses robes longues et corsets car, par le chemin le plus court, il y a 18 km, aller et retour, pour aller jusqu’au Tarn à partir de Bessoulet. Pour ces deux textes, il est certain que Gallo s’est inspiré du  "Jean Jaurès" écrit par Jean Rabaut.

Jean MOLINIÉ.