L'ABNÉGATION DU PASTEUR LUTHÉRIEN DANIEL FORT, BEAU-PÈRE DE FRIEDRICH AUSCHITZKY
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SUSCEPIT ISRAEL pour soprano 1, soprano 2 et alto.
Königsberg
Königsberg, c'est-à-dire le Mont du Roi, est une ville forte. A 650 km au nord-est de Berlin et à 1 700 km de Paris. Sur le Pregel, à 15 km de la Baltique ; par 54° 42' de latitude au nord, et 18° 9' de longitude à l'est. Elle était peuplée de 100 000 habitants en 1850.
Fondée en 1255 par 1’Ordre teutonique, la ville de Königsberg devint rapidement un des premiers centres de commerce de la Baltique. La Réforme y fut adoptée en 1523. La famille royale y chercha refuge en 1806, après l'entrée des troupes françaises à Berlin. Königsberg renferme quelques monuments remarquables. En voici la description :
Le château, fondé au XIIIe siècle par Ottokar, roi de Bohême, a servi de résidence aux grands maîtres de 1’Ordre teutonique, puis aux ducs de Prusse. Les bâtiments, qui existent encore aujourd'hui, datent du XVIe siècle. C'est dans l'église du château que Frédéric Ier se couronna lui-même et prit le titre de roi de Prusse, en 1701. Les bâtiments actuels du château sont dominés par une haute tour, au sommet de laquelle on monte par un bel escalier de 255 marches. Sous l'église, s'étend une salle appelée Moskovitersaal, parce que le margrave Albert y reçut les ambassadeurs du grand-duc Michel. La cathédrale, consacrée à Saint Adalbert, est un intéressant édifice gothique dont la fondation remonte à 1332. On voit à l'intérieur le monument en marbre du margrave Albert de Brandebourg et les tombeaux de plusieurs chevaliers de 1’Ordre teutonique. Kant, l'auteur de "La Raison Pure", est enterré sous le porche. Une statue en bronze lui a été érigée près du château. La maison de ce grand philosophe est désignée à l'attention publique par l'inscription suivante : « Emmanuel Kant a habité cette maison depuis 1793 jusqu'au 1er février 1804 ».
Son université est florissante. A la fin du XVllle siècle, près de 400 étudiants y suivent des cours.
Kant, que ses parents destinaient à la carrière de pasteur, y étudia la théologie de 1740 à 1745. Dès qu’il eut obtenu le diplôme de maître es arts à l’université de Königsberg, il résolut de se vouer à l'enseignement, et, après avoir passé quelques temps comme précepteur dans une famille, il fut attaché à l'université en qualité de privatdocent (répétiteur), obtint bientôt la chaire de mathématique, qu'il changea peu après contre celle de métaphysique, et devint dès lors le centre d'une école qui rayonna dans toute l'Allemagne. toute sa vie s'écoula dans cette situation modeste qu'il sut rendre éminente, et ce n'est qu'en 1793 qu'il renonça à sa chaire, lorsqu'il se sentit trop affaibli par l'âge. Il en fut temporairement recteur, en 1786 et en 1788.
Il semble certain que cet éminent allemand ait été maître de notre ancêtre Friedrich et de Marianne Auschitzky car les dates sont concordantes.
Du XIIIe siècle à 1945, la région de Königsberg fut allemande et partie intégrante du territoire des Chevaliers teutoniques et de leurs successeurs, les ducs et les rois de Prusse. Aujourd'hui, la région de Kaliningrad est une région (oblast) de la Russie, enclavée entre la Lithuanie et la Pologne. Elle est séparée du reste de la Russie.
La quasi totalité de la population allemande d’avant la Seconde Guerre mondiale fut, soit évacuée ou se réfugia en Allemagne durant le conflit ; soit tuée ou déportée en Sibérie après 1945.
Elle fut remplacée par des populations venues de l'URSS, principalement de Russie. Et les Russes y installèrent une de leurs plus fortes bases navales.
Sa capitale est appelée Kaliningrad en souvenir d’un des premiers dirigeants soviétiques.
Récemment, la région de Kaliningrad s’est déclarée port franc (exemption des taxes d’importation et d'exportation pour les sociétés locales) mais, comme tous les territoires à l'ouest de Moscou, elle reste très lourdement militarisée.
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Cette ancienne cité de Prusse va tenir un rôle de première importance dans l'histoire de notre famille puisque c'est là que Marianne Fort va faire, en 1796, la connaissance de Friedrich Auschitzky avec lequel elle fondera peu après un foyer.
Le Professeur Joseph Kohnen, du Centre universitaire de Luxembourg, membre de l'Institut Grand-Ducal, historien de Königsberg, nous écrivait en juillet 1995 qu'à Kaliningrad toutes les archives avaient été égarées pêle-mêle à la fin de la guerre. Qu'il n'y avait presque plus sur place de documents civils ou autres. Il pensait que quelques brides fragmentaires restant de l’ancien Geheimes Staatsarchiv seraient peut-être à Wilna ou à RÌga. Ne sachant pas à quel Institut s'adresser, il ajoutait que ces recherches demanderaient énormément de temps et de patience. Néanmoins, pour tenter d'en savoir plus nous avons consulté : l'Evangelisches Zentralarchiv in Berlin (Kirchenbuchstelle) ; Geheimen Staatsarchiv Stiftung Preußischer Kulturbesitz ; le Consistorium der Französischen Kirch zu Berlin ; HV Deutscher Hugenotten-Verein e.V. et le Deutschen Zentralstelle für Genealogie à Leipzig.
Et le miracle s'est produit. Les Geheimes Saatsarchiv Preußischer Kulturbesitz, à Berlin, ont retrouvé dans les existants du Ministère d'Etat (EM) à la Section Principale XX (Archives historiques de l'Etat de Königsberg), dans la série 72 (Königsberg/Eglise), en n° 50, le dossier concernant la nouvelle mission de Daniel Fort. Elles en ont retiré les pièces les plus importantes qui nous ont été communiquées par microfilm. Elles constituent un dossier d'une centaine de pages. Nous n'en reproduisons qu'une faible partie, mais nous tenons les originaux à la disposition de ceux qui voudraient en savoir plus.
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Courant 1760 (et non en 1761 comme il est écrit dans Geschichte der Franzöhlchen Kolonie in Brandenburg-Preußen), durant la guerre de Sept Ans - en pleine occupation russe - Daniel Fort est arrivé à Königsberg pour assumer la tâche de pasteur à la place de Jacques Duplan qui, le 27 novembre 1759, avait été assassiné par les Russes. Nous reviendrons plus loin sur ce crime.
Le Gouverneur russe, Nikolaus v. Korff l'a autorisé à s'y fixer, bien qu'il provînt de Berlin, la capitale de l'ennemi.
Daniel Fort devint ainsi sujet et fonctionnaire russe. Mais il dût jurer fidélité à l’impératrice Elisabeth.
Altesse Sérénissime, Toute Puissante, Grande Dame et Impératrice Elisabeth Petrowna, Souveraine de tous les Russes. Très Clémente Dame.
Le pasteur français Daniel Fort, convoqué ici, venant d'ailleurs, pour remplacer le défunt pasteur français local, Jacques Duplan, et déjà confirmé dans sa charge par son gouvernement impérial local, est donc venu ici récemment et il est entré en fonction avec l'aide de Dieu. Il faut maintenant qu'il prête serment de fidélité comme nécessaire.
Nous avons donc voulu demander très humblement auprès de Votre Majesté Impériale, quand et par qui doit être reçu le serment de fidélité du dit pasteur Fort ; selon quel ordre nous agirons en toute humilité, en tant que.
Pour le Consistoire de l'Eglise française réformée locale.
Königsberg le 26 février 1761.
Lafont, pasteur modérat, etc.
le Serment de Daniel Fort :
ICH ENDES UNTER SCHRIEBENER SCHWERE ZU GOTT DEM ALLMACHTIGEN EINEN [..........] LICHEN EYD, DAß lCH lHRO KAYSERL. MAJESTAET ELlSABETH PETROWNA, SOUVERAINEN BEHERSCHERIN UND SELBSTHALTERIN ALLER REUßEN UND DERSELBER HOHEN TROHNFOLGER lHRO KAYSERL. HOHEIT DEM GR0ßFÜRSTEN PETER TEODOROWITZ. IN ALLEN STÜ(K)EN TREU UND GEHORSAM SEYN. DERO NUTZEN UND BESTES AUF ALLE WElSE BEFORDERN, SCHADEN ABER UND NACHTEIL ABWENDEN, AUCH WENN MIR DAVON ETW AS BEKAND WERDEN SOLLTE, SOLCHES GETREULICH ANZEIGEN, ALLER VERDACHTIGEN UND U NERLAUBTEN CORRESPONDENZ MICH GANTZLICH ENTHALTEN, UND DIESEM EYDE S0 TREULICH NACHLEBEN WILL, WIE lCH ES VOR GOTT UND SEINEM STRENGEN GERICHT VERANTWORTEN KAN. S0 WAHR MIR GOTT HELFE, UM CHRISTl WILLEN AMEN !
Visiblement, celui qui a écrit le serment de Daniel Fort ne maîtrisait pas l’allemand. Ci-dessus son texte en clair dont l'orthographe et la syntaxe n’ont pas été corrigées . Ci-après, la traduction française.
Je soussigné, jure par Dieu tout puissant fidélité et obéissance en tout à Sa Majesté Impériale Elisabeth Petrowna, Souveraine régnant sur tous les Russes, et à l’Héritier de la Couronne de Celle-ci, Son Altesse Impériale le Grand Duc Peter Teodorowitz, de donner en toutes choses la préférence à ce qui est à Leur avantage et pour Leur plus grand bien, d’écarter d’Eux tout dommage et désavantage, et si cela venait à ma connaissance de le rapporter fidèlement, de renoncer entièrement à toute correspondance suspecte et non autorisée, et de mener une vie aussi fidèle à ce serment que je pourrais le justifier devant Dieu et son sévère jugement.
Avec l’aide de Dieu.
Pour l’amour du Christ. Amen !
Daniel Fort
J’ai reçu le serment ci-dessus à la date d’aujourd’hui, de Monsieur Daniel Fort, pasteur réformé de la paroisse française locale, ce que j’atteste par la présente.
Königsberg, le 12 mars 1761
Samuel Lafont
Ce serment a été prêté en ma présence.
Lieutenant von Riesenkampf
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Il appartenait déjà à la troisième génération des Fort nés en Allemagne, pour lesquels la France n'était plus la patrie ennemie qui les avait contraints à l'exil à l'étranger, mais le pays auquel ils s'intéressaient avec une grande ouverture d'esprit. Il souffrit sans cesse de ce dilemme. Désormais il était Russe aux yeux de la loi, mais il se sentait Français et dans ces deux pays il passait pour un étranger.
la colonie française de Königsberg
L'inauguration de l'église réformée française eue lieu le 29 juillet 1736 en présence du roi. Ce fut une grande fête, d'autant plus que la colonie célébrait à cette occasion le cinquantième anniversaire de sa fondation.
Le pasteur du Plessis prit la parole (psaume 5. Moïse 12. versets 5 et 6). Après la fête on baptisa son fils, dont les parrain et marraine furent le roi et la duchesse de Rolstein. L'après-midi, le pasteur Ancillon prit la parole, rappelant que le coût de la construction de l'église avait été de 18 687 thaler.
En 1740, on construisit, à droite et à gauche de l'église, les deux maisons des pasteurs. En même temps, fut aménagé un cimetière pour la communauté. Jusque là ses morts étaient enterrés dans le cimetière de l'église réformée allemande.
En 1764, la communauté acquit une autre maison, avec un grand jardin, pour y loger douze veuves ou autres femmes dans le besoin. L'installation servit de modèle, beaucoup plus tard, au pensionnat de la communauté française et à son hôpital. La pension à verser aux pensionnaires, au début, était très minime. Elle fut portée à 160 mark sur requête du pasteur Roquette. Un logement sera loué et renflouera la caisse de l'église, car la fondation ne disposait pas de capital.
A partir de 1814, les enterrements en ville à côté de l'église, furent interdits et l'Etat donna un autre emplacement devant la Königsthor (Porte Royale). Pour 4.000 mark, on construisit en plus, une chapelle des morts où l’on pouvait dire, en cas de mauvais temps, une prédication pour les défunts.
Jusqu'en 1817, l'office n'était célébré qu'en français. Ensuite on introduisit un office, toutes les quatre semaines, en allemand. Mais à partir de 1831, ce fut le contraire. Seul l’office du quatrième dimanche était en français. En 1883, l'église comptait environ 300 âmes.
Daniel Fort fut pasteur de l'église réformée française de Königsberg de I759 à I804.
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Peut-être, est-il d'intérêt d'ajouter, avant de terminer, qu'à plusieurs reprises cet important ensemble communautaire a été enlevé par la force.
Une première fois, par les Russes qui occupèrent la ville, au début de 1758. Ils se servirent notamment des écoles comme hôpital militaire, après la bataille de Künendorf, pour leurs prisonniers.
Une autre fois, en 1807 l'église servit d'hôpital militaire aux Français et, en 1813, à nouveau aux Russes.
En 1758, les pasteurs et directeurs prirent en main, dans cet hôpital provisoire, les soins et obtinrent pour les malades, par quêtes, une somme de 3 250 mark.
Leur service de samaritain fut bien mal récompensé puisque le 17 novembre 1759 le pasteur Jacques Duplan et trois anciens seront assassinés.
Nous n'avons pas retrouvé les documents relatant ces assassinats. Par contre, nous possédons maintenant un important échange de correspondance, relatif aux émoluments à maintenir à la veuve de Duplan, entre l'impératrice Elisabeth Petrowna, le gouverneur russe Nikolaus v. Korff, la Chambre de Guerre et des Domaines, et le Consistoire de l'église Française.
l'école du consistoire français de Königsberg
C’est en 1766 que commence dans la colonie française la polémique au sujet de l’emploi de la langue maternelle française, alors que presque tous ses membres sont nés en Allemagne et ont grandi en milieu allemand. Daniel Fort, qui lui-même n’écrit plus le français sans fautes, fait partie des farouches défenseurs de notre langue et s’indigne de l’attitude d’un maître de chapelle qui, au lieu de « mieux » et « Dieu », chante « mio » et « Dio ». En 1787 il fondera une école pour garçons et filles afin d'entretenir spécialement l'enseignement de la langue française.
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Cette école française se trouvait dans des locaux ecclésiaux, sur le Schiesen Berge (la montagne penchée). Elle fut fermée en 1823. On gardât une école élémentaire pour garçons jusqu’en 1832, tandis que celle des filles devenait une école privée pour les filles dirigée par le pasteur Bocard (à partir de 1834, par le pasteur Détroit et en 1853, par le pasteur Lorenz Roquette).
Décès et succession de Daniel Fort
Le 27 mars 1804, Daniel Fort, âgé de 74 ans, décède. Geschichte der Franzöhlchen Kolonie in Bmndenburg-Preußen précise qu'il est mort en chaire pendant l'office qu'il céIébrait, ce qui est inexact. En réalité, il a eu le 25 mars 1804, en chaire, une attaque d'apoplexie, et il s'est éteint le 27 à 19 heures.
Nous avons retiré des archives de Berlin les documents qui suivent :
Sire,
Notre Eglise vient de faire la perte sensible d'un pasteur respectable par ses talens, son caractère & son zèle pour le bien public, dans la personne de Monsieur Fort, mort d'une attaque d'apoplexie, le 27 du courant, à 7 heures du soir. Nous lui payons tous le juste tribut de nos regrets ; & le souvenir de son long ministère nous accompagnera dans la tombe.
Nous nous voyons obligés, par ce triste événement, de supplier très humblement Votre Majesté
« Qu’Elle daigne. le plus promptement possible, nous mettre à même de remplacer le Digne Pasteur, que nous venons de perdre.
Et comme la santé du Pasteur Schlick est très faible, nous osons prier Votre Majesté de permettre au Pasteur Lacanal de Bergholtz de venir l'assister durant la vacance.
Nous l'aurions demandé en qualité d'adjoint de nos Pasteurs, si la mort du Défunt n’avoit pas prévenu les démarches, que nous avions entamées, il y a quatre mois avec lui & que nous aurions faites en Cour à ce sujet.
Votre Majesté, connoissant. comme nous, le mérite incontestable du dit Pasteur Lacanal, ne fera que lui rendre justice en le notant, comme Elle se le propose sans doute, sur la liste d'élection qu'Elle daignera nous envoyer. & nous ôsons ajouter, que nous regarderons cet acte de justice comme une nouvelle marque de la Bienveillance dont Elle nous honore.
Kœnigsberg en Prusse
le 28 mars 1804
Le Consistoire de l'Eglise françoise
Suivent 7 signatures. La première étant : Schlick, pasteur. Secrétaire.
EPILOGUE
Cette abominable suite d’errance, de misère, d’humiliation, de souffrance et de lutte inégale en terre étrangère bientôt va prendre fin.
Le cercle se referme, et les Fort ayant quitté la France à la fin du XVIIe siècle par conviction religieuse, y retourneront au XIXe - toujours animés de la même foi - en la personne de Carl-Ulrich Auschitzky, leur descendant direct.
Aujourd’hui, la quasi totalité d’entre nous n’appartient plus à leur religion. Mais nous prions le même Dieu.
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Carl-Ulrich (devenu Charles) s’établira à Bordeaux où il fera souche. C'est le premier de la lignée des Auschitzky, dont l'histoire pendant plus d'un siècle et demi va se confondre avec celle de leur ville.
Derrière lui, il laissera à Berlin, à Magdebourg, à Königsberg et ailleurs, de proches parents.
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Trois cents ans se sont écoulés depuis l'établissements des premiers Fort en Allemagne , dix générations nous en séparent aujourd’hui. Leurs descendants sont devenus de bien lointains cousins. Certains existent toujours. Ainsi, nous venons de retrouver à Warschau (Allemagne) la postérité d'Esther Fort, comme aussi à Sceaux, dans les environs de Paris, Isabelle d’Allens qui descend en ligne directe de Pauline, la sœur de Charles. Nous ajouterons, au sujet de cette dernière, que sa mère est née Saige, et qu’elle a passé son enfance avec ses grands-parents bordelais, que nous connaissions bien, dans leur hôtel de la rue Esprit-des-Lois (qui fut longtemps la somptueuse résidence du Préfet de la Gironde)... Le monde est bien petit et la généalogie vous réserve toujours des surprises. Enfin, le 5 août 2002, Hans-Uwe Graf von Schweinitz, de Budendorf, en Suisse, nous écrit que lui aussi descend des Fort, plus exactement de Marthe, fille de Jean-Louis et de Marie Fort !
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N'anticipons pas, notre Histoire n'en est qu’à ses débuts.