ROSENTHAL
D’après Alix Lamey qui y a habité, le château Rosenthal aurait été construit en même temps que le 70, quai des Chartrons, soit en 1765/1766.
Qui a construit Rosenthal ? Le premier propriétaire mentionné par Henri Ferrière est Gabriel Ferrière 1747-1828, il l’aurait alors construit à 19 ans. Le Jean indiqué par Alix Lamey, pourrait être le père de Gabriel : Jean Ferrière 1704-1779.
Le deuxième propriétaire fut Pierre Stanislas Ferrière 1780-1835, neveu de Gabriel.
André Ferrière 1817-1879, fils de Pierre Stanislas est le troisième propriétaire, il le reçu de son père. Après sa mort.
Son épouse, née Marie-Louise Pohl, devint la quatrième propriétaire. Elle y passa régulièrement tous les étés du 1er mai au 1er novembre, et, la plupart de ses enfants et petits-enfants venaient y passer de longs séjours. Elle y mourut le 1er juillet 1901. Rosenthal étant dans l’indivision fut vendu le 5 mai 1902 par Henri Ferrière 1852-1934, mon grand-père. Chacun des huit enfants vivants reçut 4.000 fr.
Voici la description d’Alix Lamey :
« Ce n’était pas vraiment un château, mais une vaste demeure campagnarde de style hollandais, en brique rose. Architecture qui avait plu à Jean Ferrière, au cours de ses voyages nordiques, d’où son nom hollandais de « Vallée des roses ». La famille, comme ceux du pays prononçaient Rosintal. Le côté de la maison donnait sur la route même de Bordeaux au Carbon-Blanc, séparée de la Garonne par une large dune de sable. Au temps de la jeunesse de ma mère, au moment des grandes marées, la Garonne atteignait la route et baignait le rez-de-chaussée de la maison. Devant celle-ci s’étendait un vaste jardin anglais, et derrière, un jardin potager. Puis un beau bâtiment très long, aux portes-fenêtres de pur style Directoire. L’orangerie bordait le potager. Dans cette orangerie était conservé un antique vélocipède qui avait servi à amuser l’oncle Robert.
La maisonnette de la famille Justin Miotte prolongeait la grande maison. Sur le côté droit, un long mur d’enceinte avec un portail à colonnes carrées, toujours ouvert, réplique du portail d’entrée, donnait sur un verger où mûrissait tous les fruits de France et même des fruits d’Orient par deux arbres vigoureux et très prospères, l’un de figues violettes, l’autre de grosses figues vertes. Au de-là du verger commençait l’étendue d’un vignoble bordelais.
L’une des originalités de la maison était son entrée principale à la hauteur du premier et seul étage. On y accédait par un double escalier en fer à cheval qui aboutissait à un élégant et large perron. La maison était presque aussi longue que large, si bien que de chaque côté du couloir un très grand nombre de vastes pièces pouvait accueillir une famille nombreuse. Une terrasse coiffait la partie centrale de la maison.
Comme tout possesseur d’une vigne, de temps immémorial, les Ferrière du 70, quai des Chartrons, chaque année, le 1er mai, quittaient la ville et venaient s’installer à Rosenthal jusqu’au 1er novembre. Les divers propriétaires de ces vignobles, rejoignaient femmes et enfants du samedi soir au lundi matin. Ils s’occupaient alors de leur vigne. »
J’ai retrouvé le titre de cette propriété, il y a une trentaine d’années. Ma femme et ma fille Nicole ont pu parler avec une vieille paysanne, qui devait être une fille de la famille Miotte. Elle se rappelait fort bien de la famille Ferrière et particulièrement de ma mère. On devinait encore le perron et deux beaux palmiers. Je n’ai pu retrouver la photo qui alors aurait été prise, c’est bien dommage.
Depuis, tout fut rasé. Il ne reste plus aucune trace de cette magnifique propriété.
J’ai retrouvé dans l’album de ma mère une photo de la façade. Elle est assez sombre, mais donne une idée de la bâtisse.
Nos parents y ont passé des jours heureux. Ils s’y retrouvaient entre cousins tous les étés. Ma mère nous en parlait avec nostalgie.
Yves Teisseire. Extrait de La Généalogie de la famille Ferrière.