Sources et bibliographie Danglade

 

 

 

THE PIRATE CONTRACT AND CAPITAINE DANGLADE

 

 

 

C’est Jean (devenu John) Louis Armand Danglade, fils cadet de Jean-Baptiste Danglade et de Marie Lissabe qui est à l’origine de cette troisième branche.

Il est né à Bayonne le 21 avril 1801. Le 18 février 1824 il épouse Anna Maria Beebe. Il décède à Vevey, chez sa fille, le 25 juillet 1870

 

 

                The "NATIONAL HISTORICAL MAGAZINE", published by the National Society Daughters of the American Révolution. July 1941

 

                Traduction et commentaires.

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 


 

TRADUCTION

 

LE CONTRAT DE CORSAIRE ET LE CAPITAINE DANGLADE

 par Nellie P. Waldenmaier

 

L'histoire de la participation de Jean Lafitte dans la bataille de la Nouvelle-Orléans, publiée en mars, nous amène à réfléchir sur une autre histoire de corsaires qui est expo­sée dans cet article sur la famille Danglade de Bayonne, en France, et plus tard en Amérique.

Ne vous êtes-vous jamais demandé, assis dans une grande gare de la ville, observant  la foule se déplaçant, ce que chacun de ces hommes et femmes avait eu pour le petit déjeuner et à quoi ils pensaient au juste ? Si vous avez eu cette curiosité normale, alors, avez-vous été un peu plus loin dans vos divagations mentales et avez-vous deviné les personnalités innombrables représentées dans ce flot  ? 

Il est accommodant, il est grognon ! Elle doit être intelligente, mais elle semble stupide ! Il paraît hon­nête, mais je n'aurais pas confiance en son compagnon !

Si vous avez des connaissances, même superficielles, en biologie, vous savez que les animaux et les plantes peuvent être croisés jusqu'à obtenir des sujets pratiquement identiques. Parmi ces gens, cependant, il n'y a pas une telle uniformité.

Nous pouvons évaluer la race d'un homme, dans des limites et avec un degré d'exactitude indubitable. En Amé­rique ces limites sont étroitement circonscrites. Notre creuset natio­nal a amalgamé tant d'éléments divers, en quatre cents ans, qu’il a créé une lignée presque imprévisible. Cependant, ce flot humain, dans chaque gare, est le résultat inévitable de n'importe quel élé­ment qui a été mis, en premier lieu, dans le creuset.

Une des nombreuses facettes de l'intérêt porté à l'étude de la généalogie est la découverte de ce qui est entré dans le creuset et de ce qui en est sorti. Quand cet intérêt est stimulé par une connaissance per­sonnelle des nombreux membres d'une famille donnée et par une documentation peu commune sur ses origines, le résultat est particuliè­rement édifiant.

R

Une telle combinaison d'intérêts existe à un degré remarquable dans le cas de la famille Danglade.

Parmi les nombreux documents français séduisants que nous avons sous la main existe un passeport, émis en mars 1831 par le consulat français à la Nouvelle-Orléans. Valable pendant un an, il montre la preuve d'une utili­sation importante pendant cette période. Le pliage constant a séparé le tout en huit parties, mais, en joignant ceux-ci ensemble et en lisant des deux côtés on apprend qu'il a été employé par John Louis Armand Danglade de Bayonne, en France, pour trois allers et retours de la Nouvelle-Orléans à son pays natal, tout ceci en 1831. Un visa déclare qu'Armand était retourné à la Nouvelle-Orléans comme passager. Sur la marge figure sa des­cription. Il avait vingt-neuf ans, mesurait un mètre soixante-treize, avait des cheveux et des cils châtains, des yeux bruns, un front haut, un nez pointu, la bouche moyenne, le menton rond et un visage ovale.

Avec ce passeport, qu’il a payé dix piastres (dollars), il a reçu, en outre, une quittance pour la somme de vingt francs couvrant son passage, et une deuxième pour la somme de six francs dix sous pour son embarquement à bord, au départ du Havre.

John Louis Armand Danglade a du être importateur de marchandises étrangères, mais il n’y a aucune preuve positive sur cette hypothèse. Nous savons qu'il avait été dans ce pays avant ses voyages à partir de la Nou­velle-Orléans parce que son fils, Théophile, est né à Cincinnati en 1826.

Avant 1831, le trafic des bateaux à vapeur sur le Mississippi et les rivières de l'Ohio était comparative­ment nou­veau, mais il était, déjà un facteur important pour le dévelop­pement commercial des états atlantiques centraux. De Pittsburgh, de Cincinnati et de Louisville à la Nouvelle-Orléans, par le bateau à vapeur, le voyage était luxueux. John Louis Armand Danglade, quand il allait faire du commerce dans la Nouvelle-Orléans, rencontrait sans aucun doute les marchands qui descendaient la rivière sur des bateaux très modernes. Alors qu’il remontait la rivière, il a fait la connaissance de Nancy Beebe, des « Beebes du Connecticut », qui s’étaient déplacés avec cette grande vague, en suivant l’ouverture de la section de la réserve de l’Ouest en vue de la colonisation. Puis, il l’a épousé.

John Louis Armand Danglade et Nancy se fixèrent au sud-est de l’Indiana. Ils y bâtirent une maison et fondèrent une famille.

Le 20 avril 1840, à Vevay, Danglade est devenu un citoyen naturalisé des Etats-Unis.

R

Quand l'ancêtre immigrant, fondateur d'une progéniture maintenant si diverse, est arrivé de France en Amérique, il a apporté avec lui, avec prudence, une copie certifiée de sa propre naissance.

 

L’extrait de naissance.

Extrait du registre des naissances de la ville de Bayonne en l’An 10 du quatrième Brumaire et le Sixième de la République Française.

Acte de naissance de Jean Louis Armand Danglade, né le 2 de ce mois, à six heures du matin, fils de Jean-Baptiste Danglade, capi­taine de navire et de Marie Lissabe, sa femme, vivant dans cette ville, rue des Basques, de sexe de masculin. Pour témoin, Jean Louis Claverie, âgé de cinquante ans, sieur, résidant à Bardos, dépar­tement des Basses Pyrénées, oncle maternel de l'enfant. Le deuxième témoin, Françoise Lacase1, âgée de vingt-sept ans, femme de Martin Danglade, négociant en vins, résidant dans la même ville, tante paternelle de l'enfant. Sur la requête faite par moi sur Jean-Baptiste Danglade men­tionné ci-dessus, le père de l'enfant, j'ai copié ce certificat qui a été signé par le père et par les témoins.

Copié par moi selon la loi. Maire de la Ville de Bayonne, agissant en  fonctionnaire pu­blic de l'état civil.

 

L’inspection prudente de ce certificat révèle une information considérable quant au contexte de la famille de John Louis Armand Danglade. Son père était capitaine de navire, son oncle maternel "un mon­sieur", et son on­cle paternel, un négociant en vins. Est indiquée le nom de la rue : rue des Basques. Com­bien de nous connais­sent la rue exacte où notre ancêtre immigrant est né ? John Louis Armand a évi­demment prouvé, non seulement sa propre identité, mais aussi celle de son père.

Un dernier passeport émis à Philadelphie a été conservé. Il est d’un intérêt particulier parce que c'est un passe­port français, prove­nant de ce pays. On peut lire :

 

Passeport la République française

Relations Commerciales avec les Etats-Unis de l'Amérique.

Charles Louis Fourcroy, Commissaire des Relations Internes Commerciales pour les Etats de la Pennsylvanie et pour Delaware en Philadelphie.

Selon la déclaration faite à moi ce jour dans le bureau du commissaire en chef par M. Jean-Baptiste Danglade, capitaine en chef du bateau « La Joséphine » se dirigeant vers Bordeaux, représentant la Na­tion Française, en l’an 1802. Je prie tous ceux qui peuvent être concernés de permettre le libre passage de M. Jean-Baptiste Danglade, origi­naire Bayonne dans les Basses Pyrénées, allant à Bordeaux, sans lui donner aucune entrave ou permettre à quelqu'un d’autre de lui donner n'importe quelle contrainte. Ce passeport est valable pendant trente jours après le départ des Etats-Unis.

Donné à Philadelphie le 9 Brumaire de la première année de l'Empire, avec un cachet du bureau du Com­mis­saire

Le Commissaire Fourcroy

 

John Louis Armand a conservé un rouleau de parchemin, joliment dessiné de la main de son père, qui est son certi­ficat d'adhésion dans l'ordre maçonnique et une déclara­tion d'adhésion comme maçon dans la loge de l'Arc Royal. Il a conservé aussi le brevet de son père comme enseigne de la Marine Française. 

De nombreux connaissements attestent que Jean-Baptiste Danglade, sur une longue période d'années, a dirigé des navires marchands faisant du cabotage sur les côtes françaises, et aussi des navires corsaires navigant jusque dans les colonies espagnoles, particulièrement jusqu'à Saint-Domingue2.

 

Pierre et Jean Laffite

 

Le capitaine Pierre Laffite est le dernier des flibustiers. Un homme difficile à cerner, un mystère pour ses biographes. Trois pistes sont proposées par Guillot de Suduiraut :

 

·       Origine bordelaise. Né en 1772, il se serait marié à Saint-Jean-de-Luz le 21 décembre 1793 avec Sabine d’Amespil, dont il aura une fille, Marie-Anne, le 5 juin 1797.

Il disparaît pour réapparaître en 1804 à la Nouvelle-Orléans avec son frère Jean, né en 1782 à Bordeaux. Ils arrivent avec deux bateaux piratés. Il s’y établit maître d’escrime, ayant paraît-il servi dans l’armée impériale. Cette terre découverte par Cavelier de La Salle en 1682 et bapti­sée ainsi en l’honneur de Louis XIV, venait d’être rétrocédée aux Etats-Unis en 1802. A l’époque l’état civil n’était pas regardant et les émigrés français arguaient d’une naissance no­ble dans des contrées imaginaires difficilement contrôlables.

Ne craignant pas la bigamie, il épouse en Louisiane, vers 1810, Françoise Sel l’Etang dont il aura plusieurs enfants. Il est mort à Crevecœur, dans le Missouri, en 1837.

Mais, d’après les archives de la Louisiane, il y a un hic. C’est bien en 1804 que Pierre Laffite était à la Nouvelle-Orléans. Or, il n’aurait quitté la grande armée qu’en 1810 avec le grade de capitaine.

·       Origine basque. Peut-être Biarritz, bien que l’acte de naissance de la jeune Marie-Anne née

 à Saint-Jean-de-Luz en 1797 porte que le père est né à Bayonne !

Ce Pierre, marinier, quitte la France pour les Antilles en 1795. Il est notaire à Sainte-Lucie, franc-maçon et planteur de café ; il y épouse Anne Rose Kéleni Delord qui lui donnera huit en­fants. Il meurt à Sainte-Lucie en 1838.

Il est troublant qu’il ait eu lui aussi un frère Jean, né à Biarritz en 1783.

·       Enfin une troisième piste, celle d’un Pierre-Antoine Laffite, né à Port-au-Prince en 1799 et

 mort en 1884 aussi à Crevecœur en Missouri. Il avait de plus un frère Jean né en 1782.

Quel est le bon ? L’enquête est ouverte.

Laffite conserve une certaine aura en Louisiane, surtout qu’une légende veut qu’il ait enterré des barres d’or sur cette côte. Il s’agit d’un aventurier qui, après une carrière d’escrimeur en Nouvelle-Orléans rassembla les pirates fuyant Saint-Domingue et Cuba s’exilant en Amérique en 1809. Commandés par un Basque nommé Laffite, ils fortifièrent une île, Barataria, dans le golfe du Mexique. Base de départ de nombreux méfaits. En 1814, le gouverneur de la Louisiane met à prix la tête de Laffite pour 500 dollars. Laffite, lui, offre 15 000 dollars pour la tête du gouverneur ! Il possédait une for­tune d’un million de dollars.

Le gouverneur envoie un détachement commandé par un familier du flibustier pour s’emparer de Barataria et des bandits. Malheureusement celui-ci tombe dans une embuscade ; neutralisé, il est renvoyé à ses mandants.

Il fallut une flotte pour s’emparer de l’île, mais pas des pirates qui migrèrent sur une autre île vers Glaverstone. Depuis, un parfum de mystère règne sur Laffite et sa bande.

Byron s’empara de cette histoire pour établir le portrait de Conrad dans son poème « Le Cor­saire ».

Rectoran eut cette formule lapidaire : « le flibustier est un conquistador ». 

 

 

Une carte du port d’Hispaniola, ou de Saint-Domingue, explique à un navigateur comment entrer dans ce port.

Saint-Domingue est la ville principale de l'île. Elle dispose d’un port très spacieux. Il est assez profond pour l’entrée et la sortie des bateaux entièrement chargés. Un bateau peut être amarré près du rivage pour prendre le fret, on a seulement besoin de mettre une planche sur le côté du cargo, face au rivage.

Pour entrer dans Saint-Domingue3, se diriger directement vers le château sur un mile. Vous disposerez de quinze brasses. A bâbord, une colline, à tribord, un fortin. Vous ne pouvez pas vous tromper. Les fortifications de cette ville sont les suivantes : à droite, se trouve dissimulé parmi les arbres le dit fortin à six canons, et contre lui, à l'est, une église, ou cloître, appelée Notre Dame de Besaria, et un bastion de douze canons avec une parade verte. Du même côté, à un mile et demie à l'est, se trouve une fortification de vingt canons. 

Alors vous arrivez au château avec sa flèche plate dans laquelle il y a vingt canons. Quatorze d'entre eux sont en cuivre. Et c’est là. Là où il y a une tour ronde, qu’est l’endroit du débarquement. Du côté de la mer il n'y a aucune sorte de danger. La description des fortifications nous rappelle que la piraterie était particu­lièrement répandue dans les eaux espagnoles pendant plus de deux cents ans. C'était là que4 sont issus les mots "boucanier" et "flibustier". C'était là que les nations, ayant besoin de marins peu scrupu­leux, venaient les recruter. Dès 1670, un traité connu sous le nom de "Traité de l'Amérique" a été signé entre la Grande-Bretagne et l'Espagne pour met­tre fin au boucanage. Mais ce n’est qu'un siècle plus tard que le drapeau noir a cessé de flotter sur les bateaux naviguant dans les belles eaux de l'ouest de l’Inde. Beau­coup de ces souvenirs sont des contes à figer le sang où aucun quartier n’était donné ni demandé. Dans les récits de piraterie, un juriste comme Blackstone dit :

"Il (le pirate) a renoncé à tous les bénéfices de la société et du gouvernement, et s'est réduit lui-même à l'état sauvage de la nature en déclarant la guerre contre toute l'hu­manité. Chaque communauté a un droit selon la règle d'autodéfense pour infliger cette punition ce que chaque individu dans un état de la nature aurait autrement le droit d’agir pour n'importe quelle violation de sa personne ou de sa propriété. "

Lorsque les pirates étaient capturés en mer, on les pendait au mat d’artimon sans procès et sans prêtre. Le capitaine Danglade a dû mesurer l’atrocité de cette punition, au­trement comment aurait-il pu posséder un con­trat qui est une preuve si évidente de la méchanceté des vagabonds de mer aussi diaboliques ? 

De tous les documents qui ont été conservés dans la famille Danglade, au cours d’un siècle et demie, aucun ne retient l'attention ou n’excite l'imagination aussi fortement que ce contrat. C’est un agrément entre les par­ties, c'est une déclaration claire, concise qui pare à toute éventualité sauf à celle qui peut évidemment surgir, à savoir la capture des corsaires eux-mêmes. En voyant qu'une telle éventualité serait la fin, il était, bien sûr, inutile de l’évoquer. Ce contrat, couché sur une feuille d’excellente qualité, de cou­leur bleu pâle, d’environ quatorze pou­ces de long par huit large, est écrit en un excellent français.

     

Le contrat

Entre les citoyens composant l'équipage du bateau corsaire français « l'Eugénie » Capitaine Hermand et les ci­toyens Dumas et Hermand, armateurs et propriétaires du dit corsaire.

Article I.

Les dépenses de l’armement et de l’approvisionnement seront à la charge des armateurs.

Article II.

La croisière sera dirigée entièrement par le capitaine.

Article III.

Quoiqu’il arrive, les prises seront partagées moitié pour l’équipage, moitié pour les propriétaires ; personne ne sera capable de mettre de côté n'importe quelles marchandises, que ce soit en argent, bijoux, ou tout ce qui peut être trouvé.

Tout d'abord, quand un bateau est capturé, avant toute autre chose, il y est pris ce qui est partagé entre les propriétaires et l’équipage, le montant des salaires de l'équipage pendant la croi­sière.

Article IV.

Dans le cas où n'importe quel membre de l'équipage devrait cacher une partie du butin,  et ce serait prouvé, il perdra sa part du butin.

Article V.

La prise sera vendue à une comptabilité et, en cas de quelque marché particulier, l'équipage peut nommer un de ses membres pour sauvegarder ses intérêts.

Article VI.

En cas de débarquement, soit dans un pays neutre, soit dans un port français, l'équipage est obligé à faire tout le travail nécessaire au déchargement du bateau sans reven­diquer une paie supplémentaire ou des dédomma­gements, et le temps du débarquement ne doit pas être compté comme la course.

Article VII.

Subordination et obéissance entre échelons seront scrupuleusement observées et, si quelqu'un de l'équipage formante conflit ou une sédition, il sera puni selon la loi.

Article VIII.

N'importe quel homme qui abandonnera le navire corsaire pendant la course sera déclaré déserteur et perdra sa part de la prise et aussi la partie offerte pour le salaire contre lequel il aurait eu une revendication.

Article IX.

En cas d'un engagement ceux qui sont blessés dans le combat et qui sont hors combat pendant la course au­ront, en plus de leur part, une demie part, telle une donation de la totalité de la prise et, s'il est prouvé qu'il est mis hors de service pour toute sa vie et qu'il ne puisse plus gagner sa vie, il lui sera accordé huit cents gour­des prises des reve­nus bruts du butin, n’incluant pas sa part. La revendication d'un homme pour une telle dona­tion sera établie selon enquête verbale et le verdict sera signé en deux exemplai­res par un représentant de l'équi­page et un repré­sentant des propriétaires.

Article X.

S'il est trouvé que le principal de la prise est composé d’armes, tels des mousquets, des pistolets, des sabres, ceux-ci appartiendront au navire corsaire qui aura le droit de prendre d'abord ces objets qui lui sont nécessai­res.

Article XI.

Celui qui apercevra le premier un bateau qui sera capturé, aura une demie part en donation en plus du bénéfice de la prise.

Article XII.

Le pillage ne sera pas permis sur un bateau pris sans résistance.

Article XIII.

Il sera attribué au commissionnaire, selon la tradition, cinq pour cent pour la vente du butin.

Article XIV.

En cas de tempête, une expédition privée sera conduite dans le port. L'équipage sera obligé à rejoindre le navire corsaire, si le capitaine décide que c'est nécessaire, de peur de perdre leur part du butin ; leurs dépenses pour l'expédition seront payées à partir des recettes du butin.

Article XV.

Quand ils vont aborder un bateau le premier de l'équipage à sauter à bord aura, en plus de sa part, une demie part comme donation.

Article XVI.

Toutes les dépenses encourues dans la prise d'un butin seront retenues sur les recettes brutes.

Article XVII.

Dans le cas où le navire corsaire coulerait dans un combat et que le bateau ennemi devient un butin, la coque du bateau susmentionné et l'équipement appartiendront à l’armateur à titre d’indemnité pour le navire corsaire.

Article XVIII.

Il sera attribué au capitaine du navire corsaire 2-½ % sur chaque prise. Ce pourcentage étant basé sur le brut.

Article XIX.

N'importe quelles avances faites à l'équipage seront défalquées de la première prise.

Article XX.

On permettra à l'équipage de partager comme suit :

Capitaine du navire                              6 parts

Deuxième Lieutenant                          4

Lieutenant                                              3

Capitaine du butin                                2

Chirurgien                                              2

Secrétaire                                               1

Maître de l'équipage                             2

Deuxième maître d'équipage            1

Charpentier                                            2

Capitaine de Bras (armes)                 2

Canonnier                                              1-1/2

Maître du bateau                                  1-1/2

Marins                                                     1

Volontaires                                             3/4

Mousses                                                 1/2

Aide steward                                         1-1/4

Cuisinier                                                1/14                                                                      

 

Le message secret

Ensuite, il y a le mémorandum qui est écrit sur un débris de papier ancien d’environ trois pouces, en français, le tout si archaïque qu'il a une atmosphère tout à fait palpable.

 

Dans le jardin de la grande maison il y a un tamarin, dans le tronc duquel il y a quatre clous en forme de croix. C'est en ce lieu qu'il y a sept mille pièces de monnaie d'argent. À l'entrée de la barrière il y a une souche d'arbre près duquel il y a une grande pierre. C'est l’endroit où il y a trois mille pièces de mon­naie d'argent. Sous le seuil de la grande maison il y a neuf mille pièces de monnaie d'or5.

 

Supposez-vous que le trésor a été déterré ? 

John Louis Armand Danglade, le fils du capitaine de navire corsaire, a épousé Nancy Beebe. Parmi les enfants de ce couple notons Theophile qui a été capitaine durant la guerre civile. Il  servait dans le Corps Médical. Et il a épousé Sarah Ann Pleasants, une descendante directe de ce Quaker vaillant du Comté de Bucks, Pennsylvanie, qui a subi l'exil de la Pennsylvanie à Winchester, Virginie, plutôt que de violer sa conscience en aidant la Révo­lution. Ainsi le melting-pot bouillonne.

Par une étude de famille telle que les Danglade nous venons d’avoir une meilleure compréhension de ce que cela signifie d’être un Américain. 

Notre succession est si mélangée qu'il est possible de choisir le meilleur dans chacune de nos nombreuses lignées en développant l’individualité avec une force plus impor­tante, ce qui n’aurait pas été possible sans une telle diversité d’origines.

 

NOTE DE L'AUTEUR : avec le privilège de lire les divers manuscrits des Danglade ci mentionnés, je me suis en­dettée avec Mlle Annette Danglade, la petite-fille de John Louis Armand et de Nancy Beebe Danglade.

SOURCE : publié dans le « National Historical Magazine » - DAR juillet 1941

 

RÉFLEXIONS SUR CET ARTICLE

 

1- Lire LACAZE.

2 - Nous référant aux passeports retrouvés, nous pouvons avancer qu’à plusieurs reprises, Jean-Baptiste à traversé l’Atlantique afin d’évacuer ses compatriotes de Saint-Domingue vers Bordeaux. Ceci s’explique par un écrit d’Onésime Reclus, indiquant que presque toutes les familles nobles du Sud-Ouest, du pays de la basse Dordogne, de la Garonne et  de l’Adour, avaient des parents ou des amis à Saint-Domingue. C’est certainement au cours d’une de ces traversées qu’il a été fait prisonnier par les Anglais. Il sera libéré le 15 février 1812.

Un peu d’histoire !

Le 28 mars 1790, l’Assemblée nationale française décréta que, dans ses colonies, les mulâtres et les noirs affranchis seraient appelés au rang de citoyen et jouiraient des mêmes droits que les blancs. L’île de Saint-Domingue fut alors profondément troublée ; les colons voulaient bien s’affranchir du régime colonial et conquérir leur indépendance administrative ; mais ils refusèrent de partager leurs avantages avec les hommes de couleur, et même avec les affranchis de la classe noire. Ceux-ci se révoltèrent. Les esclaves se joignirent à eux, et bientôt l’île entière fut en feu. En 1793, les agents de la France abolirent l’esclavage, et, l’année suivante (1794), la Conven­tion ratifia cet acte. Mais les colons, appelant à leur secours les Anglais et les Espagnols, s’emparèrent d’une partie du territoire de Saint-Domingue. Alors Toussaint Louverture, chef noir, chassa les armées étrangères, et finit par se rendre maître de la partie de l’île qu’avait possédée jusque-là l’Espagne, et qui venait d’être cédée à la France par le traité de Bâle (1795). Il se fut volontiers contenté du titre de gouverneur à vie de la colonie de Saint-Domingue, comme le qualifiait la consti­tution du 9 mai 1801, élaborée par une assem­blée centrale qu’il avait formée lui-même de dix membres, trois mulâtres et sept blancs et qu’il avait soumise ensuite à l’élection des départements ; mais le gouvernement consulaire français ne voulut pas sanctionner cet acte. C’est pourquoi, en 1801-1802, Bonaparte envoya son beau-frère, le général Leclerc, avec 20 000 hommes, reprendre Haïti et y rétablir les choses sur l’ancien pied. Leclerc, s’étant emparé par surprise de Toussaint Louverture, l’expédia en France où il mourut en 1803. L’arrestation et la captivité de ce chef exaspé­rèrent les noirs et les mulâtres, qui se soulevèrent sous la direction de Pétion et de Dessalines et forcèrent les Français d’évacuer l’île. Ils proclamèrent ensuite l’indépendance du pays, lui rendirent son nom d’Haïti, et élurent Dessalines gouverneur général à vie, avec le pouvoir de se choisir un successeur. En avril de la même année s’accomplit le massacre des Français qui étaient demeu­rés dans le pays après l’évacuation de l’armée de Leclerc. Dessalines en revendiqua la gloire et la responsabilité personnelle. L’année ne s’était pas écoulée que le nouveau gouverneur général se faisait proclamer empereur sous le nom de Jacques Ier. Dessalines, tyran fantasque et sanguinaire, lassa bientôt ses sujets par les caprices de son despotisme. Il fut assassiné. A sa mort, Christophe prit provisoirement en main les rênes du gouvernement ; mais bientôt le général Pétion se fit proclamer à Port-au-Prince président de la république haïtienne.

D’année en année, de mois en mois, de semaine en semaine, l’île avait perdu tous ses blancs, car ceux qui échappèrent aux combats ou aux surprises se dispersèrent de tous côtés ; les uns passèrent le canal du Vent et s’établirent à Cuba ; d’autres préférèrent les Antilles de langue française, la Dominique, Sainte-Lucie, la Guadeloupe, la Martinique ; beaucoup allèrent former le fond de la population créole de la Trinité ; quelques-uns partirent pour la Louisiane ; d’autres enfin regagnèrent la France.

Nous ne pouvons retracer ici les mille épisodes de cette lutte poursuivie durant des années. L’hostilité des Espagnols et des Anglais.

Clé. André Berthelot, agrégé d’histoire et de géographie, maître de conférences à l’Ecole des Hautes-Etudes.

3 - Cette description des lieux, très éloignée de la réalité, est bien romanesque !

4 - L’auteur semble maintenant confondre la ville de Saint-Domingue et  Basse-Terre, située dans l’île de la Tortue, à quelques 270 km de là.

L’île, que nous avons évoquée dans le chapitre 183, est située au N.O d’Haïti dont elle dépend. D’une surface de 500 km2, c’est un ovale allongé de l’O.-N.-O. à l’E.-S.-E., un rocher presque in­abordable, hanté d’oiseaux, riche en guano et phosphate de chaux, avec des pentes cou­vertes d’une végétation tropicale. Au S. est le petit port  de Basse-Terre.

 

 

L’île de la Tortue a été rendue fameuse au commencement du XVIIe siècle comme lieu de rendez-vous et refuge des boucaniers et des flibustiers. On y trafiquait des peaux d’animaux tués à la chasse, et l’on y récoltait un tabac renommé. L’établissement des boucaniers français de l’île de la Tortue fut le point de départ de la conquête française de Saint-Domingue. Plus tard on y interna les lépreux.

A l’époque de Jean-Baptiste Danglade, cette île n’avait plus d’intérêt stratégique ou commercial.

Clé. Ch. Delavaud. Inspecteur du service de santé de la marine.

 

NOTA. Alors ne s’agirait-il pas plutôt de l’île de Barataria. Le XVIIe siècle fut l’âge d’or des pirates dans l’océan Atlantique. Au XVIIIe siècle, ils étaient peu nombreux et pourchassés par les puis­sances maritimes. Les derniers à avoir atteint une certaine notoriété dans le golfe du Mexique furent les frères Lafitte évoqués plus haut, et leur bande de Baratarians (du nom de la baie de Barataria dans le delta du Mississipi). C’étaient d’anciens corsaires français devenus flibustiers puis pirates au cours des guerres de l’époque napoléo­nienne, puis de celle d’indépendance des pays d’Amérique Latine. Fuyant Saint-Domingue et Cuba, ils se fixèrent à Barataria en 1809. Cette île possède un port commode pour les petits bâtiments. Ils fortifièrent l’île qui servit de base pour de nombreux mé­faits.

5 - Maintenant, la légende devient réellement passionnante !... Et si c’était vrai ?