Histoire Danglade

 

 

 

LES RETROUVAILLES

 

BARDOS

Dimanche des familles descendant de marins corsaires se retrouveront autour d’une bonne table.

 

A table moussaillon !

 

 

 

A l’initiative de M. Robert Millox, une grande réunion de famille sera organisée ce dimanche 30 juin à Bardos, où se retrouveront les cousins descendants des familles Lordon, Lissabé, Danglade et Dirasse, originaires des maisons Lissabe et Burgues. Si certains résident au Pays Basque, en Bretagne ou en Auvergne, d’autres viendront de plus loin : de l’Indiana, de la Floride ou encore du Canada.

Ce repas fédérateur, qui se tiendra dans les salles du château, sera l’occasion d’évoquer les souvenirs des ancêtres. Bardos, paroisse rurale principalement habitée par des laboureurs et des artisans (60 en 1995) a aussi vu partir beaucoup de ses jeunes dans la marine. Ce qui fut le cas pour celles-ci. De très longues recherches (plus de quarante ans) entreprises par M. Alfred Lassus sur la famille Dirasse l’ont bien montré. En remontant l’arbre généalogique, il y a retrouvé une branche qui naquit à Lissabe : huit frères et sœurs nés en début 1700 et dont quatre partirent dans la marine.

 

Dominique Lissabe

Né à Bardos le 27 février 1724, capitaine de navire et de corsaires, il lui fut confié en 1757 le commandement d’un navire corsaire à Bordeaux, la Nouvelle Saxonne (200 tonneaux, 16 canons et 153 hommes d’équipage). Capturé par les Anglais il fut ramené au port de Plymouth et l’équipage fait prisonnier.

Son état de semi-liberté lui valut de vivre des moments romantiques et d’épouser le 18 février 1761 Ann Armstrong. Libéré en 1763 il revint à Bordeaux où il ne resta pas longtemps. La mer était sa raison de vivre... Il décéda sur sa goélette la Manon le 1er août 1791 à proximité des îles Saint-Pierre et Miquelon où il fut inhumé.

Revenues au village natal, trois de ses filles, Hélène, Marie-Pauline et Jeanne, vécurent à la maison Lissabe où elles décédèrent.

 

Jean-Baptiste Danglade

Né en 1774, fils de Jean-Léon Danglade (né en 1736, capitaine de navire, officier sur des navires corsaires au cours de la guerre de Sept Ans, puis officier au service du Roi pendant la guerre d’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique), épousa Marie, une autre des filles de Dominique de Lissabe, en mai 1800. Capitaine de navire durant le Ier Empire puis en 1807 commandant du corsaire le Iéna.

Il fut fait prisonnier par les Anglais durant quelques années et libéré en 1812. Il décéda en avril 1814. A sa mort sa veuve revint vivre chez ses sœurs à Bardos.

 

Ce sera une journée riche en souvenirs mais trop courte pour évoquer un tel passé.

Dominique Rinaldi.

publié dans  le 27 juin 2002.

 

Les retrouvailles des cousins descendants des capitaines corsaires Lordon – Danglade – Lissabe

 

 

 

Le temps de la réflexion.

Jean Marc, notre jeune cousin, est émerveillé par le travail de bénédictin d’Alfred, notre généalogiste familial. Dominique, mon fils, estime que l’on ne peut pas laisser dans l’oubli ces aïeux exhumés du passé et suggère sans plus attendre une rencontre des cousins. Les précédentes, septembre 1978 et septembre 1983, il ne faut plus tarder. Nous pensons qu’en 2003, ces retrouvailles pourront avoir lieu.

Hippolyte, le sage aîné : « Pourquoi temporiser ? C’est tout de suite qu’il faut faire ça. »

 

La généalogie et ses découvertes :

Alfred a commencé ses recherches il y a 42 ans et elles se poursuivent. En effet, la présidente de Généalogie et Histoire des Familles Pays Basque Adour Maritime mit en rapport notre chercheur avec Hubert, la famille Danglade prenait un visage, il découvrait la branche Danglade, il la connaissait mais aujourd’hui elle prenait un visage d’actualité.

Un aïeul bayonnais puis bardostard, a pris la nationalité américaine, une nouvelle piste s’ouvre (Voir Bulletin du Cercle Généalogique : Ascendance d’Alfred Lassus n° 29, 30, 31 et 35).

 

A table moussaillon !

Le journal Sud-Ouest du 27 juin 2002, dans un article fort documenté, présentait les retrouvailles des cousins issus des familles Lordon, Danglade, Lissabé et Dirasse. Fallait-il les annoncer ? Nombreuses sont les rencontres de ce genre, mais un enfant de Bardos, capitaine corsaire, à la vie bien remplie, dans notre famille cela change tout. Un barbostard, le seul peut-être à avoir cette notoriété, cela a permis au journaliste de faire un bon article de presse.

 

La rencontre.

Nous n’avons pas failli à la tradition, la journée a commencé par une messe d’action de grâces. Le parvis de l’église était le lieu privilégié et informel pour nous retrouver. Les badges aidèrent bien, les cousins découverts la veille entraient dans le cercle des connus, instants chaleureux. Ils venaient, pour la majorité du Pays Basque, mais aussi de Bordeaux, Clermond-Ferrant, Aurillac, La Flèche, Le Mans, Paris dont certains avaient voyagé de nuit ou pris l’avion le matin, il fallait être à l’ »heure pour la messe et les Canadiens : Marie, Marie-Cécile et Robert, quant à Eloïse, « sa pauvre santé » m’a-t-elle écrit, lui imposait de rester en Floride.

« Vous êtes Robert ? Je suis Hubert, mon épouse Maïten, mon fils Bertrand, ma petite Philippine, mon cousin Michel et mon neveu Rémi. Vous avez là, la représentation de la branche Danglade nouvellement découverte. – Très heureux de vous accueillir parmi nous. » Heureux instant des retrouvailles.

La cloche teinte, l’office va commencer. Les chants basques nous rappellent nos racines. Monsieur le curé s une homélie chaleureuse et élogieuse rappellera les liens qui unissent les familles Lordon, Danglade, Lissabé et Dirasse. Messe suivie avec beaucoup de ferveur, que de souvenirs tournaient dans nos têtes.

 

La photo.

Comme il est d’usage, nous fixâmes pour la postérité notre cousinage. Qu’il nous fallut du temps pour rejoindre à quelques mètres de l’église le lieu de pose. Le photographe patienta, puis fixa cet instant de bonheur. Nous gagnâmes le château lieu de nos agapes.

 

Qui est qui ?

L’accueil, dans la grande salle du château pour simple qu’il fut, n’en fut pas moins précis, comment étions nous cousins ? Un grand tableau de cousinage permit à chaque présent de retrouver ses liens à partir d’une génération appelée ici, la première dont le mariage fut célébré en 1769, tout devint plus clair.

Des groupes se constituèrent dans préséance chez nos enfants et petits-enfants, les aînés avaient leurs places réservées.

Animateur de cette journée, je tins un propos de bienvenue. Marc, le fils d’Alfred fit les présentations « physiques », eut un mot de reconnaissance pour les disparus, ce fut un moment de souvenirs et d’émotion.

Hubert rappela nos ascendances capitaines corsaires et indiqua l’adhésion possible à l’ADCC (Association des Descendants de Capitaines Corsaires).

 

Le repas.

Un déjeuner de très bonne qualité nous fut servi. Antton, en fin connaisseur, m’avait indiqué la blonde d’Aquitaine pour le faux filet, ce fut une excellente viande. Les conversations étaient animées, chaleureuses et joyeuses. Des histoires familiales furent échangées, des souvenirs, des précisions aussi…

Un basque, un béret. Deux basques, une partie de pelote. Trois Basques, une chorale : il y eut des chorales. Un cousin expatrié dans les Landes (Rémi Danglade) nous fit un instant goûter aux charmes de la Gascogne, je vous assure que ce ne fut pas un sacrilège ! Anita, sa fille Hélène et sa nièce Chantal, soliste du groupe choral Xaramella, nous interprétèrent la berceuse basque Ene Pottolo, avec beaucoup de sensibilité. Le silence s’établit, nous communions avec nos racines. 

Les conversations reprirent, nous avions tant de choses à nous dire. Que devenait la petite classe, les 6-12 ans ? Ils ont mangé, joué, un ballon fit leur bonheur, leur entente fut parfaite. Miracle du cousinage ?

 

Au revoir.

L’horloge annonçait 17 heures, quelques-uns uns pensaient au retour, la perspective d’une longue route les obligeaient à la séparation. Nous chantâmes « Ce n’est qu’un au revoir cousins ». La soirée ne s’arrêta pas là pour autant.

 

Retour aux sources familiales.

Burgues, où se sont succédés depuis 1734, les descendants de la famille Dirasse, nous accueillait. Quatre générations vivent actuellement sur la propriété : Hilaire et Joséphine, Solange et Antton, Patricia et Hervé, Sylvain, Nicolas et Jérémie prendront à leur tour la relève. Alfred nous indiqua dans le temps les vicissitudes de la famille à Bardos. Hilaire nous fit part de ses modernisations et leur évolution. Des récits précisèrent des situations, on se raconta encore le passage des Anglais. Nous admirâmes la douceur du paysage, on fixa encore sur la pellicule ces instants heureux.

Lissabe, vénérable demeure du XIIIe siècle, réaménagée au XIVe et XVe siècles, le temps ayant fait sournoisement son œuvre, elle a été rasée pour faire place à une bergerie ultramoderne. Il reste de cette époque une partie de la façade de ce qui fut la ferme, ce qui en reste a fière allure, fenêtres à meneaux et porte cintrée. Mon épouse avait gardé, dans sa mémoire de petite fille, le souvenir d’un haut lieu familial, je découvrais quant à moi ce qu’il en restait. Edifiée sur un des sommets de la commune, le point de vue est admirable, on aperçoit : la mer, la forêt landaise, les flèches de la cathédrale de Bayonne, la Rhune, la chaîne des Pyrénées, et par très beau temps le Vignemale. Mon beau-père me disait : « Robert vous verrez Bardos est une belle campagne ». J’eus un souvenir ému. Les réalités de la vie qui continue sont là., La bergerie, l’étable ont la marque de Solange et d’Antton, Patricia et Hervé assurent déjà la relève. Ders réminiscences d’un passé que je croyais oublié ramenèrent à ma mémoire : « Ta tradition ne consiste pas à faire servilement ce qu’ont fait les anciens mais à faire ce qu’ils auraient fait s’ils avaient été à notre place. « La tradition est une supériorité que si elle se renouvelle ». Les derniers rayons de soleil donnaient à cette nature une vision paradisiaque.

 

La journée s’achève.

La soirée devait se terminer à Burgues où le repas du soir nous attendait. Au fur et à mesure que la nuit s’avançait, les aînés se retiraient discrètement. Nos jeunes quadra et quinqua exultaient. Je devais assurer « l’ouverture » de la route vers Bayonne pour les cousins canadiens, à 23 heures je les pressais de quitter les lieux. Ils avaient vécu intensément cette journée, envisager la séparation leur était pénible, il a bien fallu s’y résoudre. Il y avait entre eux une telle connivence, une telle symbiose.

 

Quelle journée !

Quand la prochaine rencontre ?

Deo gracias.

 

Notre organisation :

La mise en œuvre de nos retrouvailles fut assurée par une cousine et deux cousins. La réussite de la journée nous semblait dépendre de la répartition des tâches qui s’articulaient ainsi :

-          Recenser les participants possibles et probables.

-          Déterminer le lieu de la rencontre pour nous, le berceau familial eu égard la personnalité de quelques aïeux.

-          Choisir le traiteur, étudier les prestations, apprécier les locaux de la réception.

-          S’informer des usages locaux.

-          Préciser la participation des personnalités locales, curé, maire…

-          Etablir un budget prévisionnel outre le prix du repas, tous les frais annexes, courriers, papeterie, menus, déplacements…

-          Réaliser et expédier le courrier d’invitation et d’inscription.

-          Recevoir les inscriptions, les classer par génération et branches.

-          Etablir le tableau de cousinage des participants, qui est qui.

-          Préparer un mot d’accueil et de mise en relation des participants, surtout s’il y a des participants qui ne se connaissent pas.

-          Prévoir le placement à table, selon la coutume et l’usage pour les aînés, laisser libre les jeunes quinqua et quadra… le mélange des générations peut-être envisagé, ne pas créer de contraintes.

-          S’assurer ? Est-ce bien utile ? Mutualiser les risques, on peut y réfléchir, dans le cas de grands groupes et coûts élevés, assurance annulation ?  

 

Publié dans le Bulletin « Généalogie et Histoire des Familles Basques – Adour Maritime ».