Alliances libournaises

 

 

 

Liste de nos aïeux

leurs emplois, leurs femmes, selon les plus anciens mémoires

 

1 - Michel Proteau épousa Louise Guillemon et eut un seul fils nommé Mathurin Proteau.

2 - Mathurin Proteau, bourgeois et marchand de Libourne, épousa Peyronne Gauffreteau, demoiselle, en l’année 15... ; son portrait est sur la porte de la chambre haute. Il eut pour fils Pierre Proteau.

3 - Pierre Proteau eut trois femmes ; nous sortons de Marie Paty, de Guitres, demoiselle, qui eut pour fils Henry Proteau. Le contrat de mariage est de l’année 1556. Son portrait est chez M. Gombaud-Picot.

4 - Henry Proteau épousa Marguerite Darriet, de Bordeaux, mourut le 4 octobre 1620 âgé de 65 ans, et eut pour fils Gaston Proteau.

5 - Gaston Proteau, commissaire de marine pendant trente ans, eut trois femmes : nous sortons de Marguerite Rodard. Il fit son testament le 14 octobre 1644 et mourut le 19 mars suivant. Il eut pour fils François Proteau.

6 - François Proteau épousa Catherine Quentin, de Bordeaux, fut avocat du roi au Présidial de Libourne pendant trente ans, ayant été reçu au mois d’août 1655. Il mourut le 30 mai 1690, âgé de 63 ans, ayant résigné sa charge à son fils, Jean-François Proteau. Catherine Quentin mourut au même âge que lui un an après.

7 - Jean-François Proteau naquit le 14 janvier 1657, épousa demoiselle Isabeau Piffon, fut reçu avocat du roi le 13 mars 1689, exerça sa charge pendant trente-six ans et mourut en 1735. Il eut pour fils Vincent I Proteau à qui il résigna sa charge en 1722, après avoir obtenu du roi, comme son père, des lettres de conseiller vétéran. Il fut également, pendant trente ans, subdélégué des intendants de Bordeaux, maire de Libourne en 1700.

8 - Vincent I Proteau naquit le 30 janvier 1694, marié le 30 janvier 1733 à demoiselle Marie-Thérèse Fontémoing, fille de Matthieu Fontémoing et de Françoise Piganeau ; avocat du roi en 1722. Vendit sa charge à M. de Saint Rémy en 1755. Il eut trois garçons et quatre filles : l’aîné, mort au Cap Saint Domingue, lieutenant au régiment de Foix, le second négociant et le troisième abbé.

9 - Le second, nommé Gaston Proteau, marié le 1er février 1769 avec demoiselle Marie Aymen, de Castillon, n’a point eu d’enfant mâle, mais six filles :

a- Anne I Proteau, mariée à M. Saint Fort Lassinne, propriétaire, décédée sans enfant.

b- Jeanne-Julie Proteau, mariée en 1791 à Guillaume-Thomas Lemonnier, négociant, né à Rennes le 19 décembre 1764, établi à Libourne en 1787. Guillaume-Thomas Lemonnier fut conseiller municipal en 17988, adjoint au maire de 1800 à 1815. Il a eu six enfants dont quatre décédés en bas âge et deux mariés. Savoir :

b’ - Jeanne-Zélie Lemonnier, mariée en 1819 avec M. Alphonse Laforest, négociant, d’où un fils nommé également Alphonse, marié à demoiselle Dudion, et de ce mariage est née Ermance-Marguerite, décédée le 13 janvier 1851.

b’ - Gabriel-Emile Lemonnier, marié à demoiselle Marie Rey. Ils ont eu deux enfants : Guillaume-Emile Lemonnier, né le 22 juin 1826, négociant, et Pierre-Jean-Marie Lemonnier, né le 24 décembre 1829.

c- Anne II Proteau, mariée à M. Lescure-Montremblan, morte sans enfant.

d- Jeanne-Aimée Proteau, décédée fille.

e- Jeanne seconde-Adelaïde Proteau, également décédée fille.

f- Jeanne-Delphine Proteau, mariée à M. Izambert aîné, décédée sans enfant.

 

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Notam fac mihi viam in qua ambularem quid ad te lenani animam meam

 

Jour de ma naissance.

Je, Jean François Proteau, premier né du mariage de François Proteau et Catherine Quentin, mes père et mère, naquis dans la présente ville de Libourne le 14 janvier 1657.

 

Baptême.

Je reçus l’eau du baptême dès le lendemain de ma naissance et la cérémonie me fut faite dans l’église de Saint Jean le 8ème du mois de septembre 1658. J’eus pour parrains mon oncle Quentin et mon cousin Decombes, et pour marraine ma tante Proteau.

 

Mes études.

Mon père me fit faire mes études au collège des Jésuites à Bordeaux, c’est-à-dire la cinquième, la quatrième, la troisième, la seconde et la rhétorique ; à l’égard de la philosophie, mon père me la fit faire à Saint Emilion, où venait d’arriver un habile professeur nommé le père Ducourneau, avec plusieurs condisciples.

Enfin, j’eus tout à fait achevé mes études à l’âge de 20 ans.

 

Avocat.

Le 16 décembre 1677 je fus reçu avocat au Parlement séant alors à Marmande.

 

Mon premier mariage.

Le 30 mai 1684 je fus marié avec Jeanne Limouzin, fille de défunt Jean Limouzin, et d’Eléonore Brun, vivante dans ces temps là.

Par le contrat du dit mariage, qui fut fait de concert avec mes père et mère, la dite Eléonore Brun, et Guillaume Limouzin, oncle de ma dite épouse et lieutenant criminel au siège présidial, mon père me résigna sa charge d’avocat du roi et me fit don et donation d’un de ses biens situé sur la paroisse de Fronsac, appelé Monges et Dauphine, et comme la dite donation excédait de trois mille livres ce que mes père et mère avaient l’intention de me constituer dans ce temps là, il fut convenu par le dit contrat que sur la dot ainsi constituée à mon épouse, il en reviendrait trois mille livres à mon père, moyennant quoi, il s’engagea de fournir en son propre à tous les frais des provisions de la dite charge à moi désignée ; ce qui fut ensuite exécuté de part et d’autre. Par le même contrat de mariage, la dite Eléonore Brun constitua six mille livres de dot pour sa fille mon épouse, outre sa promesse verbale de lui en donner beaucoup davantage avant sa mort.

Mon père m’ayant donc résigné sa charge d’avocat du roi, il me permit de me transporter à Paris pour obtenir moi-même une expédition de mes provisions et pour tâcher en même temps d’obtenir en sa faveur des lettres d’honneur du Roi, attendu ses trente années de service dans les fonctions de la dite charge, dont la preuve était bien certaine dans le certificat des officiers du Présidial, qu’il me remit.

 

Mon voyage à Paris.

Je partis donc pour Paris le 14ème du mois de mars 1685, ayant trouvé place pour cet effet dans le carrosse de voiture à Blaye.

J’eus pour compagnons dans le dit carrosse MM de Pichon, fils aîné du Président à Mortier, de Nogaro chanoine de Bayonne, de Broca de Casteljaloux, Hocard de Paris, et Bethon de Bordeaux.

- De Blaye au Petit Niort, dîner. C’est à cinq lieues de Blaye.

- Du Petit Niort à Pons. C’est à cinq lieues du Petit Niort.

- De Pons à Saintes, dîner. C’est à 4 lieues de Pons, et c’est là où passe la Charente.

- De Saintes à Ecoyeux, coucher. C’est à 3 lieues de Saintes.

- D’Ecoyeux à la Ville-Dieu, coucher. C’est à 4 lieues de la Ville-Dieu. On y dîne aussi quoiqu’on y ait couché.

- De Saint Léger à Chenay, buvette. C’est à 3 lieues de Saint Léger.

- De Chenay à Lusignan, coucher. On y dîne aussi quoiqu’on y ait couché. C’est à 7 lieues de Chenay.

- De Lusignan à Poitiers, coucher. C’est à 5 lieues de Lusignan et c’est là où passe le Clain.

- De Poitiers à Châtellerault, dîner. C’est à 7 lieues de Poitiers, et c’est là où passe la Vienne.

- De Châtellerault au Port de Pile, coucher. C’est à 4 lieues de Châtellerault, et c’est là que passe la Creuse.

- De Port de Pile au Mantelan, dîner. C’est à 4 lieues du Port de Pile.

- De Mantelan au Fau, coucher. C’est à 3 lieues de Mantelan, et c’est là que passe l’Indre.

- Du Fau à Amboise, dîner. C’est à 5 lieues du Fau, et c’est là que passe la Loire.

- D’Amboise à Ecure, coucher. C’est à 5 lieues d’Amboise.

- D’Ecure à Blois, buvette. C’est à 5 lieues d’Ecure.

- De Blois à Saint Dié, dîner. C’est à 4 lieues de Blois.

- De Saint Dié à Cléry, coucher. C’est à 5 lieues de Saint Dié.

- De Cléry à Orléans, dîner. C’est à 6 lieues de Cléry. La Loire passe aussi à Orléans.

- D’Orléans à Toury, coucher. C’est à 10 lieues d’Orléans, mais entre Orléans et Toury la buvette se fait à

  Retenay, dangereux endroit.

- De Toury à Etampes, dîner. C’est à 10 lieues de Toury.

- D’Etampes à Chartres, coucher et dîner avant que d’en repartir. C’est à 6 lieues d’Etampes.

- De Chartres à Sceaux, buvette. C’est à 6 lieues de Chartres.

- En arrivant à Sceaux, nous y vîmes un beau carrosse arrêté, et comme nous passions à côté du dit carrosse, le

  cocher demanda à haute voix si j’étais dans le coche, ce qui nous ayant surpris tous. Je lui demandais pour-

  quoi nous faisait-il cette question, et à qui il appartenait. A quoi il répondit qu’il était le cocher de M. de Rodarel

  qui, ayant appris que je devais me rendre à Paris par le coche, lui avait ordonné de venir m’attendre à Sceaux

  et me prier de sa part de quitter le coche pour achever mon voyage dans son carrosse, ce que je crus devoir

  faire en effet, pour ne point déplaire à M. de Rodarel, proche parent de mon père et son bon ami. Il était

  conseiller à la Cour des Aydes de Bordeaux et lieutenant général de la Maréchaussée de France. Marié à

  Paris, où il demeurait depuis quelques années, dans la rue Neuve Saint Méry.

- De Sceaux à Paris, il n’y a que 2 lieues.

Mon arrivée à Paris fut le 25ème mars 1685, où je passais mon temps fort agréablement pendant tout le séjour que j’y fis. Disposant même d’un carrosse de mon cousin de Rodarel tout autant de fois qu’il jugeait que cela pouvait me faire plaisir.

Mes provisions de la dite charge d’avocat du roi me furent expédiées le 13 du mois de mai, et les lettres d’honneur pour mon père, le 23 du même mois de mai 1685.

 

Mon retour de Paris.

Je partis de Paris sur la fin dudit mois de mai avec M. Feillade, mon ami, et ce par le coche d’Orléans, au lieu du coche ordinaire, afin de suivre une autre route.

- De Paris à Sceaux, buvette.

- De Sceaux à Chartres, dîner.

- De Chartres à Etampes, par la vallée du Tréfou, coucher.

- D’Etampes à Angerville, buvette.

- D’angerville à Toury, dîner.

- De Toury à Artenné, buvette.

- D’Artenné à Orléans, coucher. C’est à 34 lieues de Paris.

- D’Orléans à Blois, et ce par la Loire, dans un bateau couvert, couché, après avoir passé à Beaugency et à

  Saint Dié, où nous avions déjeuné et dîné. Blois est à 17 lieues d’Orléans.

- De Blois à Tours, toujours par la Loire, couchés après avoir passé à Ecure et à Amboise où nous avions dé-

  jeuné et dîné. Tours et à 16 lieues de Blois.

- De Tours à Saumur, coucher, après avoir passé à Langeais, Cordres? (sans doute faudrait-il lire Chinon) et

  Montsoreau, où nous avions pris nos repas. Saumur est à 17 ou 18 lieues de Tours.

- De Saumur à Montreuil, buvette. C’est à 3 lieues de Saumur, où nous nous étions débarqué pour prendre des

  chevaux.

- de Montreuil à Touars, dîner. C’est à 4 lieues de Montreuil.

- De Touars à Foy la basse, coucher. C’est à 4 lieues de Touars.

- De Foy la basse à la Chapelle Seguin, dîner. C’est à 5 lieues de Foy la basse.

- De la Chapelle Seguin à Fontenay le Comte, coucher. C’est à 6 lieues de la Chapelle Seguin.

- De Fontenay le Comte au quai de Beluyre, buvette. C’est à 3 lieues de Fontenay le Comte.

- Du guet de Belluire à Marans, dîner. C’est à 2 lieues du guet de Belluire.

- De Marans à La Rochelle, couché. C’est à 4 lieues de Marans. Le Père Simon Roux et le Frère Fabien, reli-

  gieux Récolets, qui avaient été consensuels à Libourne, nous ayant vu à La Rochelle, nous régalèrent dans

  leur couvent et nous firent voir tout ce qu’il y avait de curieux, ce qui nous obligea à y rester deux jours.

- De La Rochelle à Rochefort, couché. C’est à 5 lieues de La Rochelle. Nous y vîmes MM Boussier, enseigne de

  vaisseau, et Ferrand, scribe de vaisseau, qui nous firent voir tout ce qu’il y avait de curieux, et de plus M.

  Boussier nous donna un magnifique repas au son des aubois et violons.

- De Rochefort à Royan, couché. C’est à 7 lieues de Rochefort.

- Royan à Lormont, par une barque que nous prîmes sur le bord de la mer, couché au dit lieu de Lormont, et le

  lendemain nous en partîmes et arrivâmes à Libourne avant l’heure du dîner, ce qui fût au mois de juin.

 

Ma réception en la charge d’avocat du Roi.

Au commencement du mois de novembre suivant, je me transportais à La Réole, où dans ces temps-là le Parlement faisait sa résidence. J’y fus reçu en la dite charge d’avocat du Roi et prêtais le serment ordinaire en pareil cas, le 17ème du mois de décembre 1685, dans la Grande Chambre, après avoir été examiné dans la seconde des Enquêtes, et je fus installé au banc des Séné chaux dans la Grande Chambre de l’audience par M. le Doyen du Parlement.

 

Mon installation.

A mon retour de La Réole, je fus installé en notre Présidial, tant dans la Chambre de l’Audience que dans la Chambre du Conseil. Ce qui fut le 8 janvier 1686.

Après quoi mon père fut installé dans l’une et dans l’autre Chambre du Présidial en qualité de conseiller d’honneur.

 

Mes enfants du 1er lit.

Ma femme, Jeanne Limouzin, mourut le 16 octobre 1689, après avoir reçu tous les sacrements, et quoique notre mariage n’eut duré que cinq années quatre mois et demi, cependant j’eus d’elle huit enfants, garçons et filles, car en trois fois elle s’accoucha de deux à chaque couche, et d’un à chacune des deux autres. Desquels huit enfants il en mourut sept bientôt après leur naissance.

 

Mort de ma belle-mère Eléonore Brun.

Ma belle-mère, Eléonore Brun, veuve de M. Limouzin, mourut le 28 mai 1690, et comme mon cher père était aussi mourant dans ce temps-là à cause de quoi je ne pouvais le quitter pour aller faire souscrire ma dite belle-mère de ce qu’elle m’avait promis au-dessus des 6 000 livres de constitution qu’elle avait faite à sa fille, mon épouse, par le contrat de notre mariage, mes beaux-frères et belles-soeurs profitèrent de mon absence pour lui faire faire un testament à leur avantage seulement.

 

Mort de mon père.

Mon cher père mourut le lendemain, c’est-à-dire le 29 mai de la dite année 1690, après avoir reçu tous les sacrements. Il était âgé de 63 ans le jour de sa mort. Et comme il me faisait la grâce d’avoir beaucoup de bonté pour moi, il m’en donna de bonnes marques en diverses occasions, et même un moment avant sa mort, car ne pouvant plus parler, il me serra la main. Il mourut d’une pleurésie.

 

Mort de ma mère.

Ma chère mère, Catherine Quentin, mourut le 20ème juin 1691, après avoir reçu tous les sacrements, aussi bien que mon père. Elle était pareillement âgée de 63 ans.

 

Mes frères et soeurs encore en vie.

Dans le temps de leur décès, nous étions trois frères et trois soeurs, savoir : moi Jean-François, Vincent II, Jean, Jeanne, Catherine et Marie I Proteau.

Les biens de l’hérédité consistaient savoir, en un bourdieu métairie et tuilerie dans la paroisse de Fronsac, au lieu appelé Monges ou Dauphine. Plus en un bourdieu et métairie dans la palu d’Arveyres, et finalement en un bourdieu et métairie dans la paroisse de Cubzac, sans compter une maison paternelle située dans la présente ville de Libourne rue Saint Emilion, les meubles et la charge d’avocat du Roi.

 

Mon second mariage.

Le 3ème février 1692, je me mariai en secondes noces avec Izabeau Piffon, fille de défunt Arnaud Piffon, et de Philippe Bouyer, vivante dans ce temps-là. J’avais encore alors une fille du premier lit, âgée de six ans. Elle mourut au moi d’août 1693.

Ma dite belle-mère, Philippe Bouyer, constitua en dot à sa fille, mon épouse, savoir : la maison que nous occupons. Laquelle maison étant en mauvais état et menaçant ruine, du côté surtout qui est joignant à la rue Ste Cécile. J’y fis faire de mon chef toutes les réparations nécessaires, de nouveaux planchers, et même un célier au bout de la cour, dont partie sert d’écurie et l’autre pour les bûches et fagots, car avant cela nous ne pouvions mettre le bois que dans la cave.

Plus, ma belle-mère constitua à ma dite épouse la somme de cinq mille livres en argent, comme il paraît sur le contrat du 19 janvier 1692, passé par Roy, notaire royal.

 

Mort de ma belle-mère.

Ma dite belle-mère mourut au mois de juin 1701, sans avoir fait testament ni donation. En sorte que les biens délaissés tant par elle que par Arnaud Piffon, son mari, sont restés également partageables entre leurs enfants. Son dit mari étant pareillement décédé sans avoir fait aucune disposition de ses biens.

 

Mort d’un de mes deux beaux-frères.

Au temps du décès de ma dite belle-mère, mon épouse, sa fille, avait deux frères. L’un desquels, capitaine au régiment de Cheuron, mourut à Huningue sans avoir été marié.

 

Mon autre beau-frère.

François Piffon, seul beau-frère qui me reste, naquit le 24 juin 1658. Son parrain fut François Piffon, son grand-père, et sa marraine fut Marie Bayard, sa tante.

 

Mon épouse.

Izabeau Piffon, mon épouse, naquit le 28 septembre 1661. Son parrain fut Nicolas Bouyer, conseiller au Présidial, son oncle, et sa marraine fut Ysabeau Deymier, sa tante, femme d’Arnaud Chaperon, alors maire de Libourne.

 

Mes enfants du second lit.

J’ai eu six enfants de mon dit second mariage, garçons et filles, de tous lesquels quatre sont morts. Les deux qui nous restent sont Vincent III . et Marie II Proteau.

Mon dit fils Vincent Proteau naquit le 30 janvier 1694. Son parrain fut mon frère le cadet, et sa marraine fut ma belle-mère Bouyer de Piffon.

Ma dite fille, Marie Proteau, naquit le 10 août 1696, sur les dix heures du soir, et comme les parents auxquels nous l’avions destiné pour être tenu à baptême se trouvèrent absent, nous la fîmes tenir par deux de nos domestiques, sans retardement, dans la crainte où nous étions qu’elle expirât bientôt. Ce fut le curé Descayrac qui la baptisa dès le lendemain. Cependant, grâces à Dieu, elle s’est toujours bien portée depuis.

 

Commission à moi donnée pour faire la police des grains dans les juridictions du Fronsadais et du Coutradois.

Le 15 septembre 1693, M. de Besons, conseiller d’Etat et intendant en la Généralité de Bordeaux me fit l’honneur de me commettre pour faire la police des grains dans toutes les paroisses des juridictions du Fronsadais et du Coutradois, et pour cet effet de faire visite dans toutes les maisons des particuliers de quelque qualité et condition qu’ils fussent, et ce, en exécution de la déclaration du roi du 5ème du dit mois de septembre portant règlement sur ce sujet à quoi j’eus soin de satisfaire et d’en dresser des procès-verbaux que j’envoyai d’abord, après toutes ces visites, à M. de Besons, dont il fut bien content.

 

Mon établissement de subdélégué et ensuite en titre d’office.

Après le décès de M. de Besons, M. de La Bourdonnaye, aussi conseiller d’Etat, fut d’abord intendant en la dite Généralité de Bordeaux et me fit l’honneur de m’établir son subdélégué pour Libourne et les juridictions de Saint Emilion, Castillon, Puynormant, Puisseguin, Lussac, Monbadon, Parsac, Montagne, St Georges, Laubardemont, Bomales, Coutras, Fronsac, Cadillac, Asques, l’Isle, Tarnès, La Rivière, Savignac, Gistres, Montravel, Cadarsac,Vayres et six paroisses voisines, quoique la juridiction de Créon, savoir Izon en Prévoté, St Germain-du-Puch, St Quentin, Nérigean,Génissac et Molon ; le tout faisant le nombre de cent dix-neuf paroisses dans l’étendue de cette subdélégation.

Quelques années après, le Roi ayant créé en titre d’office formé et héréditaire un conseiller subdélégué des intendants dans chaque lieu du royaume où il en avait été établi jusqu’alors par commissions, laquelle création fut faite par édit du mois d’août 1704, le sieur Jacques Dumas, président et lieutenant général au siège Présidial de la présente ville de Libourne, se transporta d’abord à Bordeaux pour tacher d’acquérir la charge de subdélégué au département de Libourne, par préférence à tout autre, et dans cette vue, sachant que le sieur Arnaud était chargé de faire la recette de la finance de toutes les dites charges dans la province au profit pour lui de deux 56 sols pour livre, le dit sieur Dumas fit et signa sa soumission sur le registre du dit sieur Arnaud à la somme de vingt mille livres et deux sols pour livre pour l’acquisition de la dite charge, a quoi de mon côté je ne pensais point.

Cependant M. de La Bourdonnaye qui m’a toujours fort honoré de ses bontés et qui ne voulait ici d’autre subdélégué que moi, me fit l’honneur de m’écrire la lettre dont copie ci-après :

 

A Bordeaux, ce 13 May 1704

Il a plu au Roy, Monsieur, de créer en titre d’office les emplois de subdélégués. L’envie que j’ay de vous conserver dans celuy que vous exercez m’oblige à vous inviter de l’acquérir. Je vous envoy l’Edit de création, vous verrez que le revenu en sera bien considérable. Si vous y voulez penser, je m’employerai avec bien du plaisir pour vous en faire avoir la préférence, et même pour en faire modérer la finance en votre faveur. Je vous prie de me mander votre résolution, elle seroit favorable si vous vous faisiez autant de plaisir de demeurer dans cette place que je m’en feray de vous y maintenir.

Je suis, Monsieur, etc.

signé : de La Bourdonnaye

 

Aussitôt après, je me transportais à Bordeaux pour tacher d’obtenir une modération considérable, autrement le prier de me dispenser d’acquérir cet office, mais je fus très satisfait de ses obligeantes et gracieuses manières.

Enfin, il obtint de la Cour, dès le commencement du mois de juin, une modération en ma faveur à la somme de huit mille livres et deux sols pour livre de celle-ci, nonobstant la soumission du dit sieur Dumas à la somme de vingt mille livres et deux sols pour livre, et ce qui fâcha beaucoup tant le dit sieur Dumas que les sieurs d’Agincourt et Arnaud à cause de la perte qu’ils faisaient.

Copie de ma réponse :

 

Monseigneur,

Si vous avez quelque penchant à me maintenir votre subdélégué, j’ay un désir extrême à servir le Roy et le public sous vos ordres ; et puisque vous m’offrez si obligeament la préférence et même une modération en ma faveur, je tacheray donc, Monseigneur, de profiter de ma bonne fortune, je feray agréablement tout ce que vous voudrez ; mais je vous supplie de ne vouloir que ce que je pourray faire ; mes facultés ne sont pas grandes et je ne sçay point encore le montant de la finance, ny quelle modération vous voulés bien me procurer.

J’ay l’honneur d’être avec un très profond respect, Monseigneur, etc.

A Libourne, le 18 May 1704

 

Ces deux partisans associés de douze cents livres pour les deux sols pour livre par le rejet de la soumission du dit sieur Dumas.

Après donc la dite modération obtenue en ma faveur, je fis soumission, laquelle M. de La Bourdonnaye trouva à propos de signer aussi bien que moi pour éviter qu’il ne survint aucun changement par l’adresse des dits sieurs d’Agincourt et Arnaud, ce qui fut le 14 du dit mois de juin 1704. La copie de ma dite soumission est ci-après :

 

Je soussigné, Jean François Proteau, avocat du Roy au Présidial de Libourne, jusqu'à présent subdélégué de Monseigneur de La Bourdonnaye, Intendant de Bordeaux, promets payer à Mr Anthoine d’Agincourt, chargé par Sa Majesté du recouvrement de la finance qui doit provenir de la vente des offices de Conseillers du Roy, subdélégués des Seigneurs Intendans des provinces et généralités du Royaume, créés par Edit du mois d’avril dernier pour jouir des droits, gages et privilèges portés par led. édit la somme de huit mille livres pour la finance de l’office de subdélégué de Monseigneur l’Intendant en la Généralité de Bordeaux dans la ville de Libourne, dont le département comprendra sous le bon plaisir de Monseigneur de La Bourdonnaye, lad. ville et banlieue de Libourne, la paroisse de Pommerols et les juridictions de St Emilion, Castillon, Montraud? Et Guitres, ensemble les juridictions de Vaures, Laubardemont, Puisseguin, Montagne, Lussac et toutes les autres juridictions  et paroisses du Puynormand qui sont de l’Election de Bordeaux, le Fronsadois, la juridiction de Coutras, et les paroisses de l’Entre-deux-Mers voysines de Libourne scavoir : Motton, Génissac, Cadarsac, Nérigean, St Quentin, St Germain du Puch, et Izon ; dans laquelle ville de Libourne et département ainsy réglé autour d’icelle, il ne pourra être établi aucun autre subdélégué, comme aussy je promets payer la somme de huit cents livres pour les deux sols pour livre de lad. finance, revenant les d. sommes ensemble à celle de huit mille huit cents livres, laquelle je payerai sçavoir un tiers à la délivrance des provisions, un autre tiers six mois après et le tiers restant encore six mois après, à quoy je m’oblige, à peine d’y être contraint par les voyes et ainsy qu’il est accoutumé pour les affaires de Sa Majesté. Au surplus, de payer les frais de quittance de finance pour l’obtention des provisions, élisant pour cet effect mon domicile en la maison du Sr Jean Piffon, bourgeois et marchand de cette ville, y demeurant rue des Argentiers, où je consens tous actes être faits pour raison de ce comme en mon propre domicile en parlant de my. Fait à Bordeaux le 14ème juin 1704, signé Proteau, Arnaud, pour duplicata au dit La Bourdonnaye.

 

Mes provisions du dit office furent expédiées à Paris le 10 août de la dite année 1704, et les ayant ensuite reçues par le premier ordinaire, je me rendis à Bordeaux, les fis voir à M. de La Bourdonnaye et fus d’abord après par lui reçu dans les dites offices comme appert par l’acte de réception du 23 du dit mois d’août 1704, de lui signé et qu’il eut la bonté de me remettre.

Le 29 du même mois, je fus installé au Présidial, et sans frais, en exécution de l’édit de création des dites offices de subdélégué, et à l’ordonnance de M. de La Bourdonnaye rendue en conséquence.

En 1707, M. de La Bourdonnaye ayant obtenu du roi permission de quitter l’Intendance de Bordeaux pour celle d’Orléans beaucoup moins éloignée de ses terres, M. de Lamoignon de Courson fut choisi pour venir prendre sa place à Bordeaux, lequel nouvel intendant a aussi toujours eu la bonté de me combler de gracieusetés.

 

Suppression des Offices de subdélégués, et mes intérêts réduits au denier 50.

Par édit du mois d’août 1719, toutes les charges créées depuis le 1er janvier 1689 ayant été supprimées, comprises celles de subdélégués, la liquidation des trois que j’avais dans ce cas là, savoir : les deux de substitut adjoint aux enquêtes réunies à ma charge d’avocat du roi, et celle de subdélégué en fut faite à Paris le 15ème février 1721, savoir des deux de substitut adjoint à la somme de deux mille cinq cent quatre-vingt douze livres, et celle de subdélégué à la somme de neuf mille six cents livres, le tout ensemble montant à la somme de douze mille cent quatre-vingt douze livres en principal, dont je serai remboursé quand il plaira au Roi. Cependant l’intérêt en fut réduit au denier cinquante pour chaque année dans tout le royaume, jusqu'à leur remboursement, en sorte que les dits intérêts au denier 50 montent pour chaque année, savoir pour mes deux offices de substitut à 51L 16s 9d, et pour l’office de subdélégué à 192L, le tout faisant seulement deux cent quarante-trois livres seize sols neuf deniers d’intérêt, dont je suis payé chaque année dès que l’état du Roi est arrivé à Bordeaux.

 

Continuation de mes fonctions de subdélégué.

En 1720, M. de Lamoignon de Courson ayant quitté l’Intendance de Bordeaux, M. de Boucher fut mis en sa place, lequel tout comme les autres, ne voulut point d’autre subdélégué que moi.

 

Mon repos.

Cependant, en 1723, étant dans la soixante-septième année de mon âge, et de temps en temps indisposé à cause des fatigues et embarras de la subdélégation, je priais M. de Boucher de vouloir bien par ces raisons-là

avoir la bonté de me dispenser de cet emploi, étant dans un âge à ne devoir plus songer qu’à mon repos. Je lui envoyais en même temps copie des lettres d’honneur que le Roi venait de me faire la grâce de m’accorder après la résignation que j’avais faite à mon fils de ma charge d’avocat du roi. Sur quoi, M. de Boucher eut la bonté de me faire ce plaisir, et ensuite de me faire l’honneur de m’envoyer une obligeante lettre et même un certificat de mes services :

copie de la dite lettre, datée du 25 mars 1723

 

Ce sont les motifs contenus dans votre lettre, Monsieur, qui m’ont porté à vous décharger du fardeau de la subdélégation ; au reste, soyez persuadé qu’en toutes occasions je rendray des témoignages favorables de vos services, et vous feray tous les plaisirs qui pourront dépendre de moy. J’en ay eu beaucoup en voyant les lettres d’honneur qui vous ont été accordées, lesquelles doivent vous causer beaucoup de satisfaction, en voyant vos services honnorés de pareils témoignages. Je suis, Monsieur, etc.

signé : Boucher

 

copie du dit certificat, daté du 2ème d’avril 1723

 

Claude Boucher, chevalier, seigneur des Gouttes, Hebecourt, Sainte Geneviève et autres lieux, Conseiller du Roy et ses Conseils, Conseiller d’honneur au Parlement de Bordeaux, Président honoraire en la Cour des aydes de Paris, Intendant de Justice, Police et Finance en la généralité de Bordeaux.

Nous certifions à tous ceux qu’il appartiendra que le Sr Proteau, cy devant avocat du Roy au Présidial de Libourne et Subdélégué dans la sénéchaussée de lad. ville, s’est acquitté avec zèle et fidélité de l’exécution de tous les ordres que nous luy avons donné an lad. qualité de subdélégué, concernant le service du Roy et celuy du public, depuis le temps que nous sommes Intendant de la généralité de Bordeaux jusqu’au mois de mars dernier, que sa santé ne luy ayant plus permis de continuer les mêmes fonctions, nous l’avons déchargé de lad. commission. En foy de quoy, nous luy avons donné la présente attestation. Fait à Bordeaux le 2 avril 1723.

Signé : Boucher

 

copie de mes dites lettres d’honneur datées du 27 septembre 1722

 

LOUIS, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à nos amis et féaux, Consers les gens tenans notre cour de Parlement à Bordeaux, Sénéchal de Guienne ou Lieutenant général et gens tenans le siège Présidial de Libourne, salut.

Notre ami et féal Conseillé Jean François Proteau, avocat pour nous en la dite sénéchaussée et siège Présidial de Libourne, nous ayant rendu pendant près de trente-six années de service en la fonction du dit office, duquel il a été pourvu le 13 mai 1685, et auquel il a été reçu le 17 décembre de la même année, depuis lequel temps il en a fait les fonctions à la satisfaction du public et a été honoré de la subdélégation des sieurs Intendants de la dite province et de plusieurs commissions pour notre service : voulant faire connaître la satisfaction que nous avons de ses services, nous avons agréé la résignation qu’il a faite de son dit office en faveur de Vincent Proteau son fils que nous avons pourvu le 13 juin 1721 et qui y a été reçu le 5 mai dernier 1722. Et pour ne pas priver le public de l’expérience et de la capacité que le dit Proteau père s’est acquise dans l’administration de la justice pendant tant d’années qu’il a soigneusement employées au devoir de sa charge, et lui de en continuer les honneurs, ainsi qu’ils furent continués à François Proteau, son père, par lettres du 23 mai 1685, lorsque le suppliant fut pourvu du dit office, savoir faisons que voulant favorablement traiter le dit Proteau et lui donner une marque d’honneur, de l’avis de notre très cher et très ami oncle le Duc d’Orléans, régent, nous lui avons permis et accordé, de notre grâce spéciale, permettons et accordons par ces présentes, signées de notre main de continuer de se dire et qualifier en tous actes et partout ailleurs notre Conseiller Avocat pour nous en la dite Sénéchaussée et siège Présidial de Libourne, nonobstant la résignation qu’il a faite et les provisions que nous avons fait expédier du dit office au profit du dit Vincent Proteau, son fils, et sa réception ; voulons et nous plaît qu’il ait entrée, rang, séance, voix délibératoire au dit siège comme Conseiller du jour de la réception, et jouisse des mêmes honneurs, prérogatives et exemptions, privilèges, franchises, libertés dont il a eu [....] jouit et jouissent les autres Conseillers honoraires du dit Présidial, à condition toutefois qu’il n’y ait que deux Conseillers honoraires sans la même séance du dit Présidial et que si les dits Proteau père et fils viennent à opiner ensemble, leurs voix se trouvant uniformes ne seront comptées que pour une seule, et sans que le dit sieur Proteau père puisse prétendre aucun gages, épices, ni droits, ni précéder le doyen des Conseillers du dit Présidial. Nous mandons que vous ayez à faire enregistrer ces présentes et leur contenu pour que le dit Proteau en jouisse et use pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchements contraires. Car tel est notre plaisir.

Donné à Versailles le 27ème jour du mois de septembre, et de notre Règne le huitième.

Signé au bas : LOUIS, et au-dessous : Par le Roy, le duc d’Orléans, Régent et présent, puis signé : Phélypeaux.

 

Mes dites lettres d’honneur furent enregistrées (sur) les registres du Parlement le 24ème avril 1723, par arrêt du Parlement en date du même jour, et furent aussi enregistrées (sur) les registres du Présidial le 26 du mois de mai de la dite année 1723, par jugement de la Cour Présidial du 25 du dit mois de mai. Les déclarations des dits enregistrements sont signées au bas de l’original des dites lettres d’honneur, savoir par Roux, greffier du Parlement, et par Rivière, greffier du Présidial.

Le 8ème du mois de juin de la dite année 1723 je fus installé au Présidial, en exécution de mes dites lettres d’honneur, immédiatement après le Doyen des Conseillers, tant dans la chambre du Conseil que dans celle de l’audience.

Il est à remarquer que dès que les sieurs Vacher et Decazes (écrit ici : Cases), conseillers, eurent appris que dans mes dites lettres d’honneur il y avait un article portant que j’aurai rang, séance et voix délibératoire comme un conseiller du jour de ma réception, formèrent une opposition à mon insu sur le Registre à ce que je fusse installé immédiatement après le doyen, et écrivirent à M. le Garde des Sceaux en leur faveur, sans que j’en sache rien. Mais ils en eurent le démenti par la réponse que leur fit M. le Garde des Sceaux, adressée en général aux officiers du corps du Présidial, de laquelle réponse il me fut accordé par d'autres officiers du corps de prendre copie et même de l’opposition qu’avaient inutilement faite les dits sieurs Vacher et Decazes. Enfin, j’entre souvent au Palais, tant dans la chambre du Conseil que dans celle de l’Audience, où j’ai toujours rang et voix délibératoire, immédiatement après le doyen des conseillers.

 

Fausse accusation et fort inutile.

Le sieur Jacques Dumas, président et lieutenant général en notre siège, toujours fort chagrin d’avoir inutilement tenté plusieurs fois d’être subdélégué, tant par commission avant l’édit de création de ces sortes de charges, que depuis, nonobstant sa soumission de la somme de vingt mille livres et deux sols pour livre, s’avisa en 1704 ou 1705 d’engager secrètement, soit par présents ou autrement, le sieur Gombaud-Pontus, conseiller en la Cour des Aydes, presque toujours habitant de la présente ville, de tâcher de trouver moyen de me faire destituer du dit emploi de subdélégué ; aussi le dit sieur Gombaud-Pontus s’attacha beaucoup à tacher de trouver de faux moyens pour pouvoir y parvenir. Enfin, il crut en avoir trouvé un, qui fut celui d’avoir obligé le nommé Piron, habitant de la paroisse de Saint-Denis, à déclarer par acte reçu par devant Joseau, notaire, demeurant dans la paroisse de Bonzac en Fronsadais, que moyennant la somme de 60 livres, qu’il m’avait donnée, je l’avais exempté d’être soldat de milice quoique le sort lui fut tombé. Bientôt après, M. de La Bourdonnaye, intendant, auquel une copie du dit acte avait été envoyé sans que je sache rien du dit acte ni du dit envoi, passa dans cette ville pour le département des tailles et quoiqu’il fut bien persuadé que je n’étais point capable de commettre une pareille action, il eut preuve de cette fausseté, soit par l’attestation de la remise que j’avais faite du dit Piron au sieur de Villensagne, capitaine au régiment du Soissonnais, chargé de prendre les milices de ces quartiers, soit autrement, aussi, voulant que le public fut persuadé de ses sentiments en ma faveur, et de cette fausse accusation, dès qu’il fut monté dans son carrosse, vis-à-vis la maison d’Arnioux, hôtelier de la Grande Rue, où il avait dîné, il me tendit sa main et me serra la mienne, parce que dans ces temps-là étaient présents les officiers du Présidial en robe, plusieurs gentilshommes et nombre d’autres habitants de cette ville, y compris les maires et jurats. De quoi les dits sieurs Dumas et Gombaud furent bien mortifiés.

Trois après, ou environ, ce qui fut le 2ème du mois de septembre 1708, le dit Piron se rendit en cette ville où il fit une déclaration de ce qui en était véritablement, et ce, pour la décharge de sa conscience, par acte devant notaire, dont copie ci-après :

 

Aujourd’huy, 2e du mois de septembre 1708, par devant moy, Notaire Royal à Libourne, soussigné, présens les témoins bas nommés, a été présenté Jean Piron, habitant du village de Frappe, paroisse de St-Denis-de-Piles, juridiction de Laubardemon en Puynormand, lequel pour la décharge de sa conscience et rendre témoignage à la vérité, a dit qu’en l’année 1704 ou 1705 le sort luy étant tombé pour servir en qualité de soldat de milice à la décharge de lad. paroisse, il seroit allé chez luy quelques jours avant qu’il deut partir, et auroit fait vente de cinq brasses de terre en pred à Jean Mousset, pour la somme de 60L qu’il prit en vue de s’en servir aud. service, et le jour avant qu’il ne deut partir pour led. service, ayant aperçu Mr son Capitaine sous les couverts de cette ville, lequel étoit chargé de luy pour sa conduite au régiment, il l’auroit accosté, et l’auroit prié de luy donner son congé, qu’il luy donneroit la somme de soixante livres, ce que led. capitaine auroit accepté, et luy auroit compte lad. somme sur le champ, lequel luy auroit ensuite dit de se retirer et qu’il ne seroit pas inquiété à raison dud. service, et le lendemain led. capitaine partit avec les autres soldats de milice. Quelques temps après au mois de juillet de l’année 1705, M. de Gombaud-Pontus, conseiller du Roy en la Cour des Aydes de Guienne, étant allé aud. village de Frappe chez le Sr Barbe, il auroit envoyé chercher par led. Sr Barbe led. Piron, lequel étant allé devant luy, led. Sr de Gombaud luy demanda s’il n’avoit point donné d’argent à Mr Proteau subdélégué de Mgr l’Intendant pour qu’il ne marchat pas au service, et luy ayant répondu qu’il ne luy avoit rien donné, il luy répartit que s’il ne disoit pas avoir donné vingt écus aud. Sr Proteau, qu’il le fairoit pandre ou mettre aux galères, et led. Piron luy ayant toujours dit comme il est vray qu’il ne luy avoit rien donné, voyant que led. Sr de Gombaud luy vouloir toujours faire dire ce qu’il n’avoit pas fait, il sortit de la maison dud. Sr Barbe. Et le lendemain led. Sr de Gombaud luy ayant mandé de se rendre chez luy, et y étant allé, il luy auroit fait les mêmes menaces de le faire pandre ou envoyer aux galères s’il ne disoit pas avoir donné lad. somme aud. Sr Proteauu, ce qu’il fit par la crainte de l’exécution des menaces qu’il luy faisoit de l’ordre disoit-il de Mgr l’Intendant, et déclara contre la vérité par acte retenu par Jodeau, notaire Royal avoir donné lad. somme de 60L aud. Sr Proteau, et que moyennant icelle il avoit obtenu sa décharge de la milice ; et quelque temps après led. Sr de Gombaud luy presta un boisseau de bled. S’est ce qu’il déclare véritable pour la sureté de sa conscience. Dequoy et de tout ce dessus, led. Piron m’a requis acte que luy ay octroyé.

Fait et passé à Libourne led. jour, dans mon estude, ès présences du Sr Léonard Sicart, bourgeois et marchand et ancien jurat de la présente ville, Sr François Lespinasse aussy bourgeois et marchand d’icelle, y habitant, et de Nicolas Gounin, serrurier habitant de la paroisse de St Denis, témoins connus, à ce appellés et requis. Lesd. Sieurs Sicard et Lespinasse ont signé et non les. Gounin et Piron pour ne scavoir de ce interpellés par moy.

Controllé à Libourne par Chaperon, qui a reçu dix-sept sols huit deniers.

Signé : Malescot, notaire Royal

 

Ainsi, il paraît que le dit Piron fit une bonne action de venir déclarer de cette manière la vérité de ce qui en était.

Quand à moi, cela ne me servit à rien parce que M. l’Intendant avait été convaincu de la fausseté de la dite accusation, ce qui avait même fait augmenter ses bontés pour moi ;.

 

Commission du Roy Louis XIV.

En 1709 je fus assez heureux d’être nommé commissaire par le Roi pour faire la visite des magasins, greniers et autres lieux où il pourrait y avoir des grains dans la généralité de La Rochelle, en ce qui est du ressort du Parlement de Bordeaux, et pour l’exécution du contenu dans les déclarations des 27ème avril, 7ème et 14ème mai précédant. Ce fut par une déclaration du Roi en date du 18ème du mois de juin 1709 que j’eus l’honneur d’être nommé commissaire par Sa Majesté pour le quartier ci-dessus, et que tout comme moi, M. de Ségur, lieutenant du maire de Bordeaux, Brousse président au Présidial de Sarlat, Duquesne lieutenant-criminel au siège de Nérac, Meurice lieutenant-criminel en l’élection de Dax, Roger lieutenant-général en la sénéchaussée de Limoges, de Poissac président au Présidial de Tulle, et Dubois lieutenant particulier à Brive, furent nommés commissaires également par la dite déclaration, et ce pour les quartiers de Bordeaux, Bayonne, pays de labour, Marsan, Tursan et Gabardan.

 

Copie par extrait de la déclaration du Roi portant entre autres choses nomination de nous huit :

 

LOUIS, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Par notre déclaration du 27ème avril dernier, nous avons ordonné qu’il seroit procédé par ceux qui seroient par nous commis à la visite des magasins, greniers et autres lieux où il pourroit y avoir des grains, à l’effect de vérifier les déclarations qui en auront été faites, et dresser des procès verbaux de la quantité des grains qui s’y trouveront depuis, et par autre notre déclaration du 7ème du mois de may, nous avons expliqué avec plus d’étendu le pouvoir et les fonctions des d. commissaires ; à quoy nous avons ajouté par celle du 14ème du même mois l’interprétation de quelques articles sur lesquels il s’étoit formé plusieurs difficultés, et comme pour avancer l’exécution desd. déclarations, et procurer à nos sujets le soulagement que nous avons lieu d’en espérer, il est nécessaire de nommer pour remplir lesd. fonctions de commissaires des personnes intelligentes, affectionnées à notre service et zélées pour le bien public. A ces causes et autres à ce nous, nommons, de l’avis de notre Conseil, et de notre certaine science, pleine puissance au autorité Royale, nous avons par ces présentes, signées de notre main, commis et commettons pour la généralité de Bordeaux etc.., les sieurs de Ségur, etc.. et pour la généralité de La Rochelle, en ce qui est du ressort du Parlement de Bordeaux, le sieur Proteau, avocat du Roy au Présidial de Libourne ; pour par lesd. commissaires travailler à l’exécution de nos déclarations du 27 avril, 7 et 14 may derniers dans lesd. généralités à l’effet de quoy chacun desd. Sieurs commissaires se transportera incessamment dans les lieux qui lui sont distribué assisté d’un greffier qui sera par luy commis et après en avoir pris et reçu le serment en tel cas requis, pour faire les visites par nous ordonnées, et généralement tout ce qui sera nécessaire pour l’entière exécution de nos d. déclarations, circonstances et dépendances, le tout d’office et sans qu’ils soient obligés de se servir du ministère de nos Procureurs, ny d’en commettre ; ce qui aura lieu pareillement à l’égard des officiers ou autres qu’ils pourront subdéléguer, suivant l’article 9 de notre déclaration du 7 du mois de may. Voulons que tous les procès verbaux et informations qui seront faites par eux, ou par ceux qu’ils commettront, leurs ordonnances et généralement toutes les procédures qui seront faites en exécution des présentes soient exemptées de la formalité du controlle et du sceau, et puissent être écrites sur du papier commun et non timbré, comme aussy que les huissiers ou sergens qui seront employés par les susd. Commissaires puissent donner tous exploits, assignations et faire tous actes nécessaires dans l’étendue desd. généralités encore qu’ils n’eussent pas ce pouvoir par les titres de leurs charges. Enjoignons conformément à notre d. déclaration du 7 may dernier à tous juges et officiers, soit de nous ou des Srs hauts justiciers de prêter main forte à l’exécution des ordonnances desd. Sieurs commissaires, ou de leurs subdélégués, même aux prévots des maréchaux, vice-baillis, vice-sénéchaux et autres officiers de Maréchaussée, de les assister en personne, ou de leur envoyer tel nombre d’archers de leurs compagnies qu’il sera nécessaire, toutes les fois qu’ils en seront par eux requis. Voulons que lesd. Commissaires nommés par les présentes soient et demeurent dispensés de prêter nouveau serment pour l’exécution desd. présentes, attendu celuy qu’ils ont prêté pour l’exécution de leurs charges. Si, donnons en mandement à nos amis conseillers et gens tenans notre Cour du Parlement de Bordeaux que ces présentes ils ayent à faire lire, publier etc..

Donné à Versailles le 18ème jour de juin, l’an de grâce 1709 et de notre règne le 67ème.

Signé : LOUIS

Et plus bas, par le Roy, Philiipeaux. Vu au Conseil Des Marets.

 

Après lecture, etc. la Cour ordonne que sur le reply de la déclaration du Roy, etc... ouy et ce requérant, le Procureur Général du Roy, pour être exécuté selon sa forme et teneur, conformément à la volonté de Sa Majesté, et que copies d’icelle ensemble du présent arrest, düement collationnées par le greffier de la Cour, seront envoyées dans toutes les Sénéchaussées du ressort, à la diligence dud. Procureur Général, pour y être fait pareille lecture, publication et enregistrement, à la diligence de ses substituts, auxquels enjoint de certifier la Cour dans le mois des diligences par eux faites.

Fait à Bordeaux en Parlement, le 8ème juillet 1709.

Signé : Dalon, Premier Président .

Collationné : Signé Roger, greffier.

 

Extrait de la déclaration du Roi qui règle le pouvoir et les fonctions des commissaires qui seront nommés pour faire les visites et vérifications nécessaires en exécution de la déclaration du 27 avril dernier, donnée à Marly au mois de mai 1709, (en)registrée en Parlement le 27 mai 1709.

 

LOUIS, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, etc...

 

Article 1er de lad. déclaration

Que les commissaires qui seront par nous nommés, se transporteront incessamment chacun dans la généralité pour laquelle nous les avons commis pour y faire une visite générale dans tous les greniers, magasins et lieux indiqués par lesd. déclarations, dont l’extrait signé du greffier de chaque baillage ou sénéchaussée leur sera remis à cet effet entre les mains, ou par les dénonciations secrètes qui leur en seront faites, ou aux officiers des lieux, et dans tous les autres endroits où ils auront avis qu’il peut se trouver des bleds ou autres grains ; enjoignons à tous les particuliers chéz lesquels ils feront lesd. recherches, comme aussy à tous supérieurs, procureurs et principaux officiers des communautés laïques et ecclésiastiques, séculières et régulières, même aux abbesses, prieures et autres supérieures des communautés et couvens de filles, de leur ouvrir les portes de leurs maisons et de se faire assister dans la visite des maisons et monastères des communautés ecclésiastiques séculières et régulières de telles personnes constituées en dignité ou office ecclésiastique qu’il plaira à l’évêque du lieu, ou à son vicaire général en son absence de commettre à cet effet, nonobstant tous privilèges, et exemptions et sans y préjudicier en autre cause. Permettons auxd. Commissaires en cas de refus ou résistance de la part de ceux qui auront les grains chéz eux, de procéder par bris et rupture de portes, dont ils dresseront procès-verbaux et informeront d’office, s’ils le jugent à propos.

 

Article 2

En procédant auxd. visites, lesd. Commissaires marqueront exactement la quantité de chaque espèce de grains qu’ils auront trouvé en gerbes ou battus ; distingueront autant qu’il sera possible ceux qui seront de différentes récoltes, feront estimer s’il est nécessaire les grains qui seront en gerbes et mesurer ceux qui seront battus en présence du propriétaire s’il est trouvé sur le lieu, sinon de deux habitans dud. lieu, qui signeront avec lesd. Commissaires, et s’ils ne scavent pas signer, il en sera fait mention.

 

Article 3e

Ordonnons à tous marchands de bleds, leurs facteurs ou commis, et à tous blatiers de représenter auxd. Commissaires lorsqu’ils en seront requis leurs registres, livres de comptes, marchés, lettres de voiture et autres pièces concernant leur commerce.

 

Article 4e

Pourront lesd. Commissaires informer concurremment avec les juges ordinaires de toutes contraventions aux ordonnances et arrêts de règlement sur le fait des bleds, et notamment à nos déclarations des 31 aoust 1699 et 27 avril dernier, ensemble de toutes les fraudes, monopoles, marchés, sociétés et conventions illicites et de tous autres abus et malversations commises tant par les marchands, fermiers, laboureurs, blatiers, et autres qui vendent des grains, que par les meuniers, boulangers, mesureurs, fermiers de droits de minage, levage, stellage, et autres de semblable nature et leurs commis ou préposés pour la perception desd. droits.

 

Article 5e

Leur permettrons de faire porter sur le champ aux marchés et exposer en vente le tout ou partie des bleds et autres grains appartenans à ceux qu’ils trouveront en contravention, pour y être vendus en telle quantité et pendant le nombre de jours de marchés qu’ils croiront convenable, et ils en feront consigner le prix entre les mains de personnes solvables, sauf à être ensuite statué sur la confiscation dud. prix, ainsy qu’il appartiendra.

 

Article 6e

Pourront pareillement lesd. Commissaires faire arrêter et emprisonner ceux qui seront accusés desd. abus et malversations dans le fait des bleds, leurs fauteurs et complices, procéder à leur interrogatoire après lequel ils pourront les faire mettre en liberté si la matière y est disposée, ou les renvoyer aux lieutenants-généraux des baillages et sénéchaussées du ressort, pour être par eux jugés, ainsy qu’il appartiendra, suivant la rigueur de nos ordonnances et de la déclaration du 27 avril dernier.

 

Article 7e

Tiendront la main à ce que les marchés soient suffisamment garnis et régleront par provision la quantité de bleds ou autres grains que chacun de ceux qui en ont et qui ne seront tombés en contravention sera tenu d’envoyer successivement aux marchés, en retenant pour luy la quantité qui sera jugée suffisante par lesd. Commissaires.

 

Article 8e

Ils auront soin de faire délivrer aux juges ordinaires de chacun des lieux où se tiennent les marchés un état signé d’eux, des marchands, laboureurs et autres personnes des lieux circonvoisins qui doivent y apporter leurs grains, contenant la quantité de bled qu’ils porteront auxd. marchés, dans l’ordre qui y sera marqué, à la marge desquels états les greffiers et mesureurs desd. lieux auront soin de marquer la quantité qui aura été effectivement apportée à chaque marché, sans que lesd. juges ou greffiers puissent exiger aucuns droits pour raison de ce, Nous réservons de pourvoir à leurs salaires ainsy que Nous le jugerons à propos.

 

Article 9e

Lesd. Commissaires pourront commettre et subdéléguer telles personnes qu’ils jugeront à propos pour aller dans les lieux où ils ne pourront se transporter eux-mêmes, y dresser des procès-verbaux et informer seulement ; et en cas que ceux qui seront par eux commis n’ayent pas déjà fait serment à Justice, ils le recevront d’eux avant que de leur délivrer leur commission ou subdélégation.

 

Article 10e

Auront lesd. Commissaires entrée et scéance immédiatement après le lieutenant-général, ou celuy qui présidera en son absence, et voix délibérative dans les Baillages et Sénéchaussées de leur département lors des jugemens qui se rendront sur leurs procès-verbaux, s’ils estiment devoir y assister.

 

Article 11e

Voulant en outre qu’ils puissent recevoir toutes plaintes, mémoires et dénonciations qui leur seront faites contre les juges et officiers des lieux, tant de Nous que des Sieurs hauts justiciers pour fautes et abus commis dans ce qui concerne le commerce et la police des grains, informer sur lesd. plaintes et même d’office contre lesd. Officiers, à la charge par eux d’envoyer les informations qu’ils auront faites avec les autres pièces servantes à conviction, sy aucunes ont été remises entre leurs mains aux greffes de nos Cours de Parlement, chacun dans ce qui est de son ressort, pour y être pourvu sur la réquisition de nos Procureurs Généraux, ainsy qu’il appartiendra.

 

Article 12e

Toutes les ordonnances qui seront rendues par nos commissaires dans le cours et exercice de leurd. Commission seront exécutées nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans y préjudicier.

 

Article 13e

Enjoignons à nos Baillis, Sénéchaux ou leurs lieutenants, aux Prévots des Maréchaux et leurs lieutenants, aux Maires et Echevins, Consuls, Jurats, à tous autres nos juges et à ceux des Srs hauts-justiciers d’assister et accompagner lesd. Commissaires partout où besoin sera lorsqu’ils en seront par eux requis et de leur prêter main-forte ; et à tous huissiers, archers et sergens de mettre à exécution leurs mendemens et ordonnances, sans qu’il soit besoin d’obtenir aucune permission ny [....] pour cet effet, à peine d’interdiction.

 

Article 14e

Voulons au surplus que notre déclaration du 27 avril dernier soit exécutée selon sa forme et teneur, et en y ajoutant : ordonnons que tous ceux qui ont des farines seront tenus d’en déclarer précisément la quantité dans les déclarations qu’ils feront des grains à eux appartenans, s’ils ne les ont pas encore faites, d’en faire une nouvelle pour les farines dans la forme et sous les peines portées par notred. déclaration.

 

Article 15e

Défendons sous les mêmes peines à toutes personnes de quelque état et condition qu’elles soient de prêter leurs maisons, granges, greniers et autres lieux pour resserrer et cacher des bleds ou autres grains et des farines et fraude de notres. Déclaration du 27 avril dernier, et des présentes ; Ordonnons pareillement sous lesd. peines à tous propriétaires, fermiers, receveurs, locataires, concierges de châteaux ou de maisons et autres lieux qui ont ou auront des grains ou des farines, appartenans à d’autres personnes, de déclarer en la forme prescrite par notre déclaration les noms de ceux auxquels lesd. grains et farines appartiennent, et seront les déclarations ordonnées de nouveau par notre présente déclaration faites dans huitaine à compter du jour de la publication qui en sera faite dans chaque Baillage et Sénéchaussée de notre Royaume, et envoyées avec les autres déclarations faites en exécution de notre déclaration du 27 avril dernier au greffe desd. Baillages et Sénéchaussées, en cas qu’elles ayent été reçues par des juges subalternes de leur ressort ; Si donnons en mandement à nos amis et féaux les gens tenans notre Cour de Parlement de Bordeaux que ces présentes ils ayent à faire lire, publier et registrer, et le contenu en icelles garder, observer et éxécuter selon leur forme et teneur, car tel est notre plaisir ; en témoin de quoy nous avons fait mettre notre scel à cesd. présentes ;

 

Donné à Marly le septième jour de may l’an de grâce 1709 et de notre règne le soixante-dixième.

Signé : LOUIS

et plus bas, par le Roy, Philipeaux. Vu au Conseil, des Mar, etc.

 

Extraits des registres de Parlement

Après que lecture et publication a été judiciairement faite par le greffier de la Courbde la déclaration du Roy qui règle les pouvoirs et les fonctions des commissaires, etc... le Cour ordonne etc...

Fait à Bordeaux en Parlement le 27 may 1709.

Mr Dalon, premier président ; collationné et signé : Roger

 

Le 19 du mois de juillet suivant je partis donc de Libourne pour l’exécution des ordres du Roi, et cette commission dura soixante-trois jours, car il y avait dans la dite généralité de La Rochelle près de cinq cents paroisses de la juridiction du Parlement de Bordeaux, toutes lesquelles par conséquent composaient le département qui m’était assigné. J’avais à cheval trois personnes avec moi, savoir le Sr Martial Dumas qui me servait de greffier et qui est à présent lieutenant-général de Police ; Yvon Geneuil qui me servait de palefrenier et mon laquais.

J’eus le bonheur d’être traité fort gracieusement de MM les gouverneur et intendant de ces quartiers-là, qui étaient MM de Chamilly et de Béguon.

Et comme il m’eut fallu bien du temps pour faire la visite dans un aussi grand nombre de paroisses, je réservais pour moi les villes et autres principaux lieux et nommais pour mes subdélégués, sa voir les Srs Lortic-Dumaine procureur du Roy de l’amirauté et subdélégué de M. de Béguon dans l’élection de Marennes, pour faire la visite dans les juridictions de Mornac, Saujon, Royan, Coses, Mortagne, Cosnac et Mirambeau : Thirac procureur du Roy au siège de Rochefort pour la principauté de Soubise ; Vallin avocat du Roi au même siège pour Marennes et l’Isle d’Aluert ? ; et Dalidet bailly de Soubise pour l’île d’Oléron ; lesquels tous quatre s’acquittèrent bien de ce que je leur avais recommandé et m’en rendirent compte.

Enfin, ma dite commission me valut mille livres qui me furent comptées avant mon retour par ordre de M. de Béguon en conséquence des ordres qu’il en avait lui-même et de plus M. Des Marets contrôleur général des finances lui fit savoir qu’il fallait y ajouter six cents livres.

Il est à remarquer qu’arrivant dans la ville de Saintes je tombais fort malade d’un coup de soleil, aussi crut-on tout comme moi que j’en devais bientôt mourir ; alors M. de Gasc président au Présidial et Subdélégué  de M. de Béguon vint me dire que si je pouvais guérir, ce serait par la voie du Sr Moreau le plus habile des quatre médecins de Saintes et que pour cet effet, il l’allait envoyer chercher. Un moment après le dit Sr Moreau étant donc venu m’examina et reconnut qu’effectivement soit par la peine que j’avais à respirer, ou autrement, c’était d’un coup de soleil que je me trouvais dans un aussi dangereux état. Mais, me dit-il, le seul remède pour en guérir et même bientôt était de fumer, ce que je fis sans retardement dès que M. de Gasc ou lui m’eurent présenté une pipe chargée, ou bien que je le fis moi-même, car je ne m’en souviens pas bien, je fumais donc, et fus guéri. Ce médecin reconnu pour fort habile m’assura que le plus sur remède pour guérir d’un coup de soleil, ou pour en éviter une maladie était de fumer au plus tôt, ce que j’ai toujours fait depuis, et me porte fort bien grâces à Dieu, jusqu'à présent 12 août 1727.

 

Une aventure à Saint Jean d’Angely.

Faisant mes visites des grains et des farines dans la ville de St Jean d’Angely, une chose me surprit bien ; voici le fait :

Comme j’avais trouvé chez un particulier trois cents boisseaux de grains au-dessus du nécessaire pour sa provision, je donnais une ordonnance portant qu’à peine de confiscation et d’amende, ce particulier serait tenu de faire porter au marché tel et tel jour les dits 300 boisseaux de grains pour y être vendus au public en présence de telles et telles personnes, et ce au prix courant dont il me serait d’abord après donné des certificats ; dès que j’eus fait rendre publique ma dite ordonnance, le Président Robert me vint trouver dans mon auberge et me pria fort instamment de révoquer ma dite ordonnance attendu, me dit-il en secret, qu’il était associé avec ce particulier pour faire avec lui un profit considérable sur les grains dont le prix augmentait considérablement chaque semaine ou mois, de laquelle société, me dit-il, personne ne pouvait avoir connaissance par les mesures fort secrètes qu’il avait prises avec ce particulier.

Je lui répondis qu’en honneur et en conscience je ne pouvais m’empêcher de faire ponctuellement exécuter ce que j’avais ordonné sur ce sujet ; enfin, il eut beau redoubler ses prières, je n’en voulus rien faire ; et que je ne révélerais point son secret pour lui éviter des affaires fâcheuses ; le dit Sr Robert est mort depuis ; je restai huit ou neuf jours dans la dite ville où le pauvre peuple jetais beaucoup de feuilles de laurier devant moi lorsque je passais dans les rues.

 

Subdélégué, tant des gouverneurs que des intendants.

Outre l’honneur que j’avais d’être le subdélégué de MM de Besons, de La Bourdonnaye, de Lamoignon et de Boucher, intendants, MM les commandants généraux pour le Roi dans cette province, m’ont fait celui de me donner quantité de commissions dans ces quartiers, de l’exécution desquelles ils m’ont paru toujours bien contents par leurs réponses aux comptes que je leur ai rendues. Les dits commandants et gouverneurs étaient MM de St Ruhe, de Larray, de Sourdis, de Montrenal et de Berwik. J’ai leurs réponses.

 

Lettres de grâce par moi obtenues en faveur d’un de mes beaux-frères.

En 1708, mon beau-frère Piffon, le capitaine dans le régiment de Rosières, n’ayant pu se retenir par un premier moment de vengeance contre un déserteur qui l’avait frappé d’un coup d’aiguillon, le tua sur le champ d’un coup de pistolet, de quoi il fut fait une information dans le Fronsadais où arriva cette aventure, et mon beau-frère fut décrété de prise de corps ; de quoi mon dit beau-frère m’ayant instruit, je l’obligeais de se tenir bien caché en tel ou tel endroit et lui ai (dit) que comme M. le Maréchal de Montreuil, commandant général pour le Roy dans cette région, avait beaucoup de bonté pour moi, j’allais me rendre auprès de lui à Bordeaux, espérant qu’à ma très humble prière il voudrait bien avoir la bonté de faire bientôt venir des lettres de grâce sur le fait en question.

Dès que j’eusse donc rendu mes très humbles respects à M. de Montreuil, il me dit fort gracieusement qu’il allait écrire à M. de Chamillart pour le succès de cette affaire, ce qu’il fit donc, et même avant que sa lettre fut cachetée il m’en fit donner copie par un de ses secrétaires, telle que ci-après :

 

Copie d’une lettre écrite à M. de Chamillart par M. le Maréchal de Montreuil le 1er décembre 1708.

 

Il y a Monsieur, un capitaine d’infanterie dans le régiment de Rosières, nommé Piffon, qui ayant rencontré un de ses soldats qui avait déserté depuis près de deux ans le voulut obliger de le suivre : le soldat qui se crut criminel n’en voulut rien faire de façon qu’il se porta à l’extrémité de donner un coup d’un gros aiguillon qu’il tenait sur la tête du capitaine qui, ne pouvant se contenir, luy lacha un coup de pistolet qui l’a tué.

Comme cet officier est beau-frère d’un subdélégué de M. de La Bourdonnaye qui mérite par ses services quelque protection, et que d’ailleurs c’est un garçon qui est en état de continuer à bien servir, il se jette à vos pieds pour vous prier de luy procurer sa grâce, qui doit être d’autant plus facile à obtenir qu’il a déjà contenté la partie civile.

Si vous avez agréable, Monsieur, de l’honorer de votre protection, je vous supplie de vouloir ordonner que sa grâce soit entérinée par le Conseil de guerre affin de lui sauver les frais et la longueur qui pourroient l’empêcher de rejoindre son régiment avec une parfaitement belle recrue.

J’ay l’honneur d’être très parfaitement, Monsieur, votre très humble, etc...

 

Je joins à cette lettre les informations de cette affaire.

Les lettres de grâce ayant donc été accordées pour mon dit beau-frère par les mouvements que M. le Maréchal de Montreuil voulut bien avoir la bonté de se donner à ma très humble prière, et bientôt après mon dit Sr de Montreuil les ayant reçues, il me fit l’honneur de me l’écrire :

 

Copie de la lettre à moi écrite par M. le Maréchal de Montreuil le 24 janvier 1709.

 

J’ai reçu les lettres de grâce du Sr Piffon, votre beau-frère, Monsieur, qui sont telles que vous les pouviez désirer puisque Mr de Chamillart a bien voulu à ma prière obtenir qu’elles fussent entérinées par le Conseil de guerre. Je croy donc que dès que les passages seront devenus libres vous ne devez point perdre de temps à vous rendre icy avec luy après que vous l’aurez obligé à satisfaire la partie civile qui est comme vous scavez un préalable indispensable ; je suis fort aise de vous donner en cette occasion une marque de ma protection et de l’estime que j’ay pour vous.

 

Signé : Le Maréchal de Montreuil

 

Peu de jours après l’enregistrement en fut fait au Château Trompette, et de plus les officiers nous régalèrent.

 

Ma décharge d’une taxe.

Au commencement de l’année 1710, ayant été taxé de la somme de 900L et 2 sols pour livre et ce pour la confirmation de la comptabilité de mes quatre offices d’avocat du Roi, de substitut adjoint aux enquêtes et informations tous les deux réunis, à celui d’avocat du Roi et de subdélégué et le Sr Fossier de Lestard m’ayant envoyé une garnison pour le paiement de la dite somme, j’envoyais aussitôt ma requête à M. de Lamoignon, notre intendant, par laquelle je le suppliais de m’en décharger tant à cause que dans ce temps-là je ne me trouvais point en état de payer une telle somme qu’à cause de mes continuels attachements au service du Roi et du public, presque toujours en exécution de ses ordres. D’abord après, je fus par lui déchargé de la dite taxe et ordonna la levée de la dite garnison.

  

Mes armoiries enregistrées à l’Armorial Général.

Mes armoiries enregistrées à l’Armorial Général, je reçus un parchemin le 14 juin 1697, peintes et figurées en la manière ci-après :

 

Escu des Armoiries reçues à la Grande Maîtrise et enregistrées à l’Armorial Général pour M. Maître Jean-François Proteau, Conseiller du Roy et son avocat au Siège Présidial de Libourne, demeurant dans lad. ville.

Qui porte de gueules charge d’un portique d’argent surmonté de trois étoiles d’argent à cinq pointes.

 

Mon élection de Jurat.

Au mois de juillet de l’année 1699, le lieutenant-criminel de notre Présidial, accompagné de la majeure partie des prud’hommes de l’hôtel de ville m’étant venu prier d’agréer que je fusse élu jurat, je voulus bien y consentir ; leur espérance était que je pourrais faire cesser les cruelles manières du Sr Croisier envers le pauvre peuple et plusieurs autres gens ; le Sr Croisier était maire en titre depuis environ huit années.

Je fus donc élu jurat le 21ème du mois de juillet de la dite année 1699 à la pluralité des voix et le Sr Bernard Dumas avocat et l’un des prud’hommes fut aussi en même temps élu.

Cependant, comme le dit Sr Croisier était fort fâché de l’élection qui avait été faite de ma personne, et que le dit Sr Dumas attendu qu’il avait été jurat une autre fois et non pas moi, prétendit devoir occuper la première place, et de plus, disait-il, qu’il avait été reçu avocat plus tôt que moi et qu’il était actuellement prud’homme, il arriva que le dit Sr Croisier, de concert avec lui, forma opposition à ma prestation de serment et déclara se rendre appelant de l’élection qui venait d’être faite de ma personne, sans considérer qu’ayant l’honneur d’être officier du Roy, la préséance m’était due ; sur quoi je donnais ma requête au Parlement, et en un mot, ils en eurent le démenti ; aussitôt après je prêtais le serment de premier jurat, dès que je leur eu fait signer l’arrêt rendu en ma faveur.

 

Destitution de l’office de maire en titre du Sr Croisier, et son remboursement.

L’année suivante, le public toujours fort mécontent de la continuation des mauvaises manières du dit Sr Croisier, obtint de la majeure partie des jurats, prud’hommes, et autres principaux habitants une assemblée générale pour le remboursement au dit Sr Croisier de sa charge de maire en titre ce qui réussit en effet par les bontés de Monsieur l’Intendant qui en obtint la permission du Roi, en sorte que la liquidation en ayant été faite bientôt après à la somme de vingt mille sept cent soixante-treize livres, nous les lui fîmes compter, malgré lui, sur les revenus de la communauté ; ce qui fut le 28 novembre 1700, et parut toujours jusqu'à sa mort très fâché de ce remboursement par le moyen auquel il se voyait privé de la dite charge dans laquelle il se plaisait extrêmement par diverses raisons.

 

Mon élection en la charge de maire autorisée nonobstant le procès qui m’en fut fait.

Deux jours après, c’est-à-dire le 30 du dit mois de novembre 1700, je fus élu maire, et d’abord après, le dit Sr Croisier toujours fort chagrin d’avoir été destitué, me suscita un procès, de concert avec le Sr David dit le Prophète, et quelques autres particuliers qui étaient ses adhérents, prétendant être bien fondés par deux raisons, savoir : 1- Croyant qu’un jurat actuellement en charge comme je l’étais dans ce temps-là ne pouvait point être élu maire ; 2- Croyant de plus que comme cette élection portait que j’en ferais les fonctions jusqu’au 25ème juillet de l’année 1703, c’est-à-dire pendant près de deux ans et huit mois, au lieu de deux ans seulement suivant l’usage, cette élection devait être déclarée nulle.

Quant à la première raison, elle était évidemment ridicule car dans le temps de la vacance de la mairie, un jurat peut fort bien être élu maire sans la moindre difficulté.

A l’égard de la seconde raison, ils furent trouvés mal fondés aussi, car quand les élections sont faites les jours accoutumés dans chaque communauté de ces quartiers, alors ce ne peut être que pour deux ans ; si ma dite élection avait donc été faite au mois de juillet suivant l’usage ordinaire en cette ville, ce n’eut pu être que jusqu’au même mois et même jour de l’année 1702. Mais comme ce maire en titre fut révoqué par un cas fortuit, non au mois de juillet, mais au mois de novembre 1700, les électeurs crurent avec raison pouvoir faire une nouvelle élection dans ce temps-là, comme ils la firent effectivement de ma personne, non pour sortir de charge au mois de juillet de la seconde année, parce qu’il aurait manqué quatre mois d’exercice en cette fonction, mais pour n’en sortir qu’au mois de juillet de la troisième ; enfin ils ne gagnèrent rien sur moi et malgré toutes leurs chicanes, j’eus le plaisir de l’emporter sur eux.

J’avais été confirmé dans ma dite charge de maire dès le 5ème décembre par M. de Monferrant, grand sénéchal de Guyenne, comme il paraît dans l’extrait ci-après :

 

Léon de Montferrant, chevalier, Conseiller du Roy en ses Conseils, Seigneur marquis de Landiras, vicomte d’Escouasse, Soudan de Latray, seigneur de etc... et Grand Sénéchal de Guienne, aux jurats de Libourne, salut. - Nous avons vu l’acte d’élection et nomination faite en votre hotel de ville du 30e du mois de novembre dernier des personnes de Mr Maître Jean-François Proteau, Conseiller du Roy et son Avocat en la sénéchaussée et Siège Présidial de la dite ville, et de etc... pour être l’un d’eux par nous confirmé dans la charge et dignité de maire de lad. ville, jusqu’au 25e juillet de l’année 1703, pour rétablir les choses dans l’état qu’elles étoient avant l’édit de création de lad. charge, conformément à l’arrest du Conseil d’Etat du 22e juin dernier ; à ces causes, scavoir faisons que étant bien et duement informé de la probité, suffisance et affection dud. Sr Proteau au service du Roy et du public, et qu’il est de la religion Catholique, Apostolique et Romaine, nous l’avons confirmé et confirmons par ces présentes en lad. charge de Maire de Libourne et Juridiction d’icelle pour icelle exercer jusques aud. jour 25e juillet 1703, avec tous les droits, honneurs, prérogatives et preeminences qui en dépendent ; Mandons à tous ceux qu’il appartiendra de l’admettre et reconnoître en lad. charge, ayant préalablement fait et prêté le Serment en tel cas requis et acoutumé devant lesd. Sieurs jurats ; En foy de quoy nous avons signé ces presentes et icelles fait contresigner par notre Secrétaire et cacheter su seau de nos armes ;

Fait en notre hotel le 5e jour du mois de decembre 1700,

Signé : Montferrant ; et plus bas, par Monsr Lamothe.

L’enregistrement en fut fait sur le registre de la Communauté.

 

Je fus donc maire toujours en exercice depuis le mois de décembre 1700 jusqu’au 25 juillet 1703.

Procès gagné contre le Sr Augereau.

 

Le 28ème de juin 1703, le Sr Matthieu Augereau ayant insulté et même donné un coup de coude à une des filles du Président Pipaud chez Mme de Champigny, où était alors une assemblée de plusieurs personnes qui en furent fort scandalisées aussi bien que moi, qui y était aussi, je le fis conduire en prison, et sur l’information qui en fut faite ensuite devant moi, à la requête de la dite Delle Pipaud, je le décrétais de prise de corps sur les conclusions du Procureur syndic ; duquel décret il fit appel au Parlement de concert avec les gens qui étaient d’une cabale ordinaire mais toujours fort inutile contre moi. Enfin, j’eus le bonheur de gagner encore ce nouveau procès avec dépens, dommages et intérêts, par arrêt rendu en tournelle le 28 août de lad. année.

Ce qu’ayant su, Mr Jarrigue, théologal du Chapitre de St Emilion, et que c’était le Sr David, dit le Prophète, qui s’était même de faire de secrètes convocations contre moi pour faire plaisir aud. Sr Croisier, il m’envoya qui sont en l’autre part, homme d’esprit âgé de soixante-dix ans.

 

Compliment à moi fait, en vers, par Mr Jarrige, théologal du Chapitre de Saint Emilion et ma réponse sur les mêmes rimes.

Vers de Mr Jarrige, à moi envoyés

 

Un bruit s’est répandu jusques dans nos campagnes

Que vous avez dompté de superbes geans

Qui pour vous écraser soulevoient des montagnes

Qu’ils ont fait avorter d’un rat logé dedans ;

L’orgueil impétueux du chef de ces titans

Couronne de lauriers votre heureuse conquête

Puisqu’il reste échoué sur des sables mouvans

Comme un pauvre vaisseau brisé par la tempête.

De trois doigts seulement vous luy tournez la tête

Comme un simple roseau au gré de tous les vents,

Ou pour mieux m’exprimer comme une girouette

Qu’un orage renverse au haut des batiments ;

La crainte avoit déjà saisy vos artisans,

Qui voyant le danger cherchoient une retraite

Mais vous chantez tout haut, bravant ces partisans :

Vuidez votre panier, notre vendange est faite ;

Chacun pour s’égayer leur donne une epithète ;

De fanatique humeur on doit traiter ces gens,

Comme ils étoient conduit par un mauvois Pro phète

Leur esprit ne conçoit que monstres et serpens.

 

Ma réponse à M. Jarrige, théologal âgé de soixante-dix ans, et sur les même rimes

 

Pour avoir sur le corps soixante dix...

campagnes,

Jarrige est homme encore à vaincre des

géans,

Le vol de son esprit surpasse les

montagnes

Son seul air fait juger d’un excellent

dedans ;

Pour moy, loin de dompter de superbes

titanes

J’ay fait sur quelques vains une aisée

conquête ;

Leurs vaisseaux repoussés sur des sables

mouvans

N’auroient pu résister à la moindre

tempête ;

Helas ils avoient une

tête

Qui tournoyait au gré des

vents

Comme fait une

girouette

Qu’un orage renverse au haut des

bâtiments

Que craignoient donc nos

artisans

Pour méditer une

retraite

Quand on veut réprimer de faibles

partisans

On peut dès le moment compter la chose

faite

Mais ne leur donnons plus de sensible

épithète

Car s’ils se sont conduits en orgueilleuses

gens

Maintenant abattus avec leur faux

Prophète,

Ils rampent comme des

serpens

 

R

 

Depuis ce temps-là, les dits Srs Croisier, David dit le Prophète, et autres adhérants sont décédés, à l’exception d’un seul qui est à présent un de mes bons amis.

Enfin, grâce à Dieu, j’ai gagné tous les procès qui m’ont été faits.

 

Prières fort inutiles du Conseil Politique pour que j’agréasse d’être continué Maire, et réponse fort obligeante de M. l’Intendant à moi faite sur ce sujet.

Dans le temps que j’étais sur le point de sortir de charge, je fus fort prié par la majeure partie de ceux qui composaient le Conseil Politique, de vouloir bien agréer qu’ils me fissent continuer maire, à quoi je leur répondis que je les priais de m’en dispenser.

Cependant leur persévérance dans les mêmes souhaits les obligea de différer pendant quelques jours de s’assembler pour la nouvelle élection qui était à faire, pendant lequel temps ils dressèrent une lettre qu’ils envoyèrent à M. l’Intendant sur ce sujet et comme ils s’en étaient gardés une copie laquelle ils me firent voir, j’en pris moi-même une copie et écrivit à M. l’Intendant quels étaient mes sentiments sur le fait en question, étant fort agréablement occupé à une exacte exécution de ses ordres en qualité de son subdélégué, à quoi il eut la bonté de me faire une obligeante réponse.

Ci-après est copie de la lettre du Conseil Politique écrite à M. l’Intendant :

 

Monseigneur,

 

Les réunions que sous l’honneur de votre protection il a plu au Roy d’accorder à cette Communauté des offices de Maire, Lieutenant de Maire et d’Assesseurs, et même de tous les offices de Police ont tellement [....] les esprits inquiets et procuré si grand bien dans la ville, qu’à la réserve de quelques officiers du Présidial qui s’efforcent encore mais inutilement à exercer du trouble parmi les Bourgeois, tout est tranquille maintenant, et la plus part de ces turbulans reconnaissent les fautes où le présidial les avoit engagés.

Ces officiers, Monseigneur, qui deuvoient borner leur ambition à la simple fonction de leurs charges et n’attendre d’autres honneurs que ceux que leur peut attirer leur mérite, voudroient se rendre à toute force les maîtres des employs Municipaux, et gesner en leur faveur la liberté des suffrages dans les élections consulaires.

Dans cette vue, Monseigneur, ils nous ont cy-devant fait divers procès injustes au Conseil et devant Mgrs les Intendants qu’ils ont tous perdus ; et toutes les fois qu’ils ont manqué leur coup, ils se sont efforcés d’anéantir l’authorité de la [...] nonobstant les concessions de nos Roys, et malgré les remontrances de trois ou quatre de leurs collègues dont la droiture les a plusieurs fois confondus.

Nous sommes bien en peine maintenant de trouver un sujet véritablement désintéressé pour remplir la charge de maire à la feste de la Magdelaine, jour auquel Mr Proteau doit finir son cours ; Nous vous protestons, Monseigneur, que nous ne sçaurions trouver son égal ; son zèle pour le service du Roy supérieur à celui de tous les sujets qu’on nous pourroit proposer, sa douceur et ses ménagemens pour le peuple dans la distribution de la justice et aux logemens des gens de guerre, le secours toujours utile qu’il a donné à cette communauté et sa bonne conduite dans toutes les affaires.

Toutes ces considérations Monseigneur nous font naître un désir universel de demander au Roy sa continuation ; Mais parce que nous ne pouvons l’entreprendre si plustot votre Grandeur n’a la bonté de nous en accorder la permission ; Nous avons recours à Elle pour le suplier très humblement de ne nous point refuser cette grace dans le temps présent ; non plus que celle de faire agréer la chose à Mr Proteau qui résiste toujours aux propositions que nous luy faisons sur cette matière ;

Nous ne trouvons que luy dont les manières sont capables d’accorder enfin le Présidial avec le Corps de Ville ; avant luy le Corps de Ville étoit luy même divisé jusqu'à plaider au parlement les uns contre les autres, et depuis qu’il est en charge, nous sommes tous unis au regret de ce corps là, qui pour pouvoir nous oprimer voudroit toujours nous voir en guerre.

Quand nous avons désire de pareilles continuations Sa Majesté nous les a toujours accordées ; ayes s’il vous plaît la bonté de jetter les yeux sur celle de 1671 cy jointe qui est la dernière que nous avons demandé sous la protection de Mgr. Aguesseau lors Intendant.

Nous espérons que Votre Grandeur nous accordera celle cy qui est bien plus necessaire à la Communauté que les précédentes, attendu les temps facheux et difficiles, et la grace de nous croire avec notre profond respect,

                Monseigneur,

vos très humbles et très obéissants serviteurs.

Ont signés :

Limousin, jurat et prud’homme ; David, jurat ; Siccard, jurat ; Trigant, procureur du Roy ; Trigant, secrétaire ; Soulignac, ancien maire et prud’homme ; Cassaigne, prud’homme ; Eynard, prud’homme ; Dumas, prud’homme ; Lafon, prud’homme ; Richon, prud’homme ; David, prud’homme ; Andraut, prud’homme ; et David Santillac, prud’homme.

 

Je trouvais ce discours un peu trop flatteur pour moi, ce qui pourtant ne m’empêcha pas de les remercier beaucoup de leurs manières aussi gracieuses.

Cependant, M. l’Intendant eut la bonté de m’accorder la grâce que je lui demandais de vouloir bien me dispenser de cette continuation, et ci-après est copie de son obligeante réponse :

 

J’entre dans vos sentiments, Monsieur, et je mande à l’hotel de ville que je ne veus point vous contraindre ; Il est glorieux pour vous de mériter l’employ qu’on vous offre, encore plus de le refuser ; et je vous estimeray davantage de sçavoir vous passer d’un employ Public que d’avoir sçu vous en acquitter ; les choses reviendront dans leur temps ; Je continueray cependant avec plaisir de vous charger de toutes les commissions qui regardent Libourne et les environs, je ne sçaurois les mettre en de meilleures mains ;

Je suis, Monsieur, etc..

Signé : de La Bourdonnaye

A Bordeaux, le 24 juillet 1703

 

Il est à remarquer qu’il avait été pris dans l’hôtel de ville, dès le 5ème du mois d’août 1702, une délibération précédante mais inutile, parce que dès le 30 du mois de novembre 1700 j’avais été élu maire et confirmé pour en faire les fonctions jusqu’au 25 juillet de l’année 1703, et ce par ordonnance de M. de Monferrant, Grand Sénéchal de Guyenne. Laquelle délibération m’ayant été remise je me la gardais parce que les monopoleurs ne pourraient nullement empêcher mon exercice de la dite charge jusque au dit jour 25 juillet 1703, pour les raisons ci-dessus.

De laquelle délibération, copie est ci-après :

 

Ce jourd’huy 5e du mois d’aoust 1702 en l’hotel et maison commune de la ville de Libourne, a été dit par le Procureur du Roy qu’il demeure averti que certaines personnes d’un esprit inquiet et vindicatif briguent pour se faire élire par authorité maires de cette ville ; et d’autant que pour l’interest du Roy et du public il est important d’éviter ces sortes d’élections, et qu’il est connu à toute la ville que Mr Proteau avocat du Roy au Présidial de la dite ville, à présent maire d’icelle a exercé lad. charge de maire avec approbation de tout le peuple, ayant marqué en toutes les occasions beaucoup de zèle pour le service de Sa Majesté et pour la conservation des droits des habitans ; led. Procureur du Roy estime qu’il leur seroit très avantageux si sous le bon plaisir de Sa Majesté, led. Sr Proteau étoit continué dans lad. charge de Maire pour le temps que la Magistrature trouvera à propos ; pareille chose ayant été faite en l’année 1671 en faveur de Mr de Laubardemont lors Maire de lad. ville en conséquence d’une lettre de cachet obtenue par la Magistrature ; ce qui l’oblige de requerir à ce qu’il sort délibéré que Mgr de La Bourdonnaye, Intendant en la province sera très humblement supplié de vouloir approuver la continuation dud. Sieur Proteau, et accorder à la Communauté l’honneur de sa protection auprès de Sa Majesté et nos seigneurs de son Conseil pour obtenir une lettre de cachet aux fins de continuer et maintenir led. Sr Proteau dans lad. charge de maire pour le temps qui sera jugé a propos par la Magistrature sans tirer à conséquence ny préjudice aux statuts et privilèges de lad. ville.

Signé : Trigant, Procureur du Roy.

 

Nous Jurats, seigneurs et gouverneurs, juges criminels et de police de lad. ville de Libourne, faisant droit du requis dud. Procureur du Roy, avons délibéré qu’en considération du zèle et affection que led. Sr Proteau a eu pour l’interest du Roy et du Public, et des services considérables qu’il a rendu à la Communauté, Monseigneur l’Intendant sera très humblement supplié d’approuver la continuation dud. Sr Proteau et d’accorder à lad. Communauté l’honneur de sa protection auprès de Sa Majesté et de nos seigneurs de Son Conseil pour obtenir la permission d’élire et continuer led. Sr Proteau dans la charge de maire pour le temps qui sera jugé à propos, sans tirer à conséquence, ny préjudicier aux statuts et privilèges de lad. ville ; à ces fins que la présente délibération sera remise à Monseigneur l’Intendant avec copie de la lettre de cachet accordée en faveur dud. feu Sr de Laubardemont en conséquence de laquelle il fut continué dans la charge de maire :

Fait à Libourne en l’hotel de ville led. jour 5e du mois d’aoust 1702.

Signés Limousin premier jurat, David jurat, Siccard jurat.

 

La délibération était inutile comme il est remarqué dans les pages 47, 48, 49 et 50.

 

Gages du Maire et honorifiques pour chaque année, et pour les autres officiers de l’Hôtel de Ville.

Gages du Maire pour chaque année et honorifiques, sçavoir :

Pour gages, deux cent cinquante livres

250

Plus, pour honorifiques, soixante livres

60

Plus, pour honorifiques en sel, vingt-huit livres

28

Plus, pour honorifiques en gâteaux, six livres

    6

 

 

Total, trois cent quarante-quatre livres

344

 

Gages pour chaque Jurat, etc.

Chaque année, sçavoir :

 

Pour gages, quatre-vingt douze livres

92

Plus, pour honorifiques trante livres

30

Plus, pour honorifiques en sel quatorze livres

14

Plus pour honorifiques en gâteaux, trois livres

   3

Total pour chaque jurat, cent trente-neuf livres.

139

et pour les quatre jurats ensemble

556

 

Gages du Procureur du Roy de la Communauté etc.

Chaque année, sçavoir :

 

Pour gages trois cent dix-huit livres

318

Plus pour honorifiques trante livres

30

Plus pour honorifiques en sel, quatorze livres

14

Plus pour honorifiques en gâteaux, trois livres

3

Total pour le Procureur du Roy trois cent soixante-cinq livres

365

 

Gages du Secrétaire de la Communauté

Chaque année, sçavoir :

 

Pour gages, deux cent cinquante neuf livres dix sols

259,10

Plus pour honorifiques, trante livres

30

Plus, pour honorifiques en sel, quatorze livres

14

Plus, pour honorifiques en gâteaux, trois livres

        3

Total pour led. secrétaire trois cent six livres 10 sols

306,10

 

Gages du Trésorier de la Communauté etc.

pour chaque année sçavoir :

 

Pour gages quatre-vingt dix-sept livres

   97

Plus, pour honoraires en sel, quatorze livres

   14

Plus, pour honoraires en gâteaux, trois livres

     3

Total pour led. trésorier cent-quatorze livres

114

_______

 

Enfin, le montant des gages du Maire, des quatre Jurats, du Proc. Du Roy, du secrétaire et du trésorier revient à la somme de mille six cent quatre-vingt cinq livres dix sols pour chaque année : 1 685,10

C’était ainsi l’usage pendant que j’étois en charge.

Plus, pour chaque valet de ville, gages trante-neuf livres ; et comme ils sont toujours au nombre de quatre, monte le tout pour eux chaque année cent cinquante six livres :                         156.

 

Laquelle somme jointe à celle de 1 685,10 cy-dessus, le tout revient à celle de dix-huit cent quarante-une livres dix sols pour tous les gages en général chaque année :                                 1 841, 10.

 

Comptes-rendus dépenses, recettes, revenus de la communauté et privilèges des habitants.

 

Comptes rendus par le Sr. Coustaud

trésorier de la Communauté pendant que

j’étois en charge de Maire.

 

Sa recette depuis le 25 juillet 1701

jusques à pareil jour de l’année 1702.

 

Maison marchande annage et traite foraine

510

Prévoté du sel

98

Droit de contage

129

Papegay à compte

64,10

Vince

2 450

Pié fourchu

2 002

Grenetage

800

Jardin de la ville

101

Reliqua du précedant trésorier

289,19,6

Provenus des sels non engagés

1 696

Présent du pié fourchu

1 200

Paillasses et matelas vendus

21,9

Amandes

105

Lods et ventes, comprise en amande du 30

  1 011,4,11

                                   Total

10 77,14,15

 

Sans comprendre 9 000L des sels engagés au

Sr. Fontémoing pour ayder au payement des

offices supprimés et réunis à la communauté.

 

Sa dépense depuis led. jour 25 juillet 1701

jusque à pareil jour de l’année 1702.

 

Pour mes gages, robe et chaperon de livrée

250

Pour les gages, robe et chaperon de livrée du Sr. Lesval, jurat

  92

-     -      -      - du Sr. Lafon, jurat

  92

-     -      -      - du Sr. Limousin, jurat

92

-     -      -      - du Sr. David, jurat

92

-     -      -      - du Sr. Trigant, Proc. Du Roy

318

-     -      -      - du Sr. Trigant, secrétaire

266,10

Pour les gages dud. Sr. Coustaud, trésorier rendant compte

  97,10

-     -      -      - de 4 valets de ville à raison de 39L pour chacun

156

Pour le Sr. Faute, avocat de la Communauté

  36

Pour le Sr. Bondouère, Proc. de la Communauté

30

Pour le Père Modéry, jésuite prédicateur de l’Avant en carême

160

Pour le Père Duverger, jésuite, prédicateur de l’Octave du St Sacrement

  30

Pour le repas de la veille de la Madelaine

100

Pour les honorifiques en flambeaux aux maire jurats etc.

200

Pour le Cordelier disant les messes dans la chapelle du Palais

    7,10

Pour les Cordeliers, suivant l’usage

30

Pour le Sacrifice de l’église paroissiale de St Jean

  40

Pour les souliers des 4 valets de ville, suivant l’usage

  60,16

Pour leurs chapeaux bordes, boutons et bas, suivant l’usage

  43,7,6

Pour leur nourriture

144

Pour les cierges, flambeaux pascals et autres, fournis aux églises suivant l’usage

178,9,6

Pour le Sr. Barada, régent du collège

100

Pour le payement de partie de la taille des bourgeois

2 000

Pour aumônes aux Cordeliers, et Récolets ; pour Molloy principal au collège, Limousin régent du collège, Robin horlogeur et Caillet sonneur de cloche en payement de leurs gages

594

Pour capital et intérêts à Dominique Giraud

  63,15

Pour un de mes voyages à Bordeaux député par la  communauté par délibération du 18 août 1701, au sujet des charges de Police

122

Pour un autre de mes voyages à Bordeaux

  35

Pour Jean et Lambert maçons pour leurs travaux et pierres fournies aux réparations de la Croix du marché

  24

Pour réparations faites au collège

  30

Pour voyages et droits de Martin, huissier etc.

  48,10

Pour deux voyages du Sr. De Lesval, jurat

  66

Pour les frais du pavé au port Bédignon

  44

Pour ferrures aux portes de la ville

    7,15

Pour le greffier du Sr. Thomas, député par Mgr l’Intendant pour le jaugeage des vins de haut?.

  20

Pour la saisie des vins de haut

  49

Pour les écritures par ordre de la Communauté au Sr. Rey

  10

Pour les intérêts de Mgr Limouzin, lieutenant criminel

400

Pour vitres au collège

    5,3

Pour avances faites par le Sr. Trigant Proc. Du Roy

34,10

Pour les [....] du collège

  51

Pour les imprimeurs, sur les ouvrages en imprimés

24

Pour autres avances faites par le Procureur du Roy

  58,18

Pour frais du vin saisy

    4,8

Pour voyages du Sr. Ferrand, Procureur

  13,15

Pour réparations à l’hôtel de ville

  16,19

Pour voyage du Sr. Trigant, Procureur du Roy

  20,10

Pour voyages du Sr. Lesral, jurat

110,4

Pour intérêts remboursés à l’hôpital

287

Pour mes voyages

  96,16

Pour le payement des ports de lettres, et paquets, vin distribué aux Présidents, grands chambriers, avocats et Procureurs Généraux et commissaires du Parlement qui ont passé dans cette ville ; charités faites aux soldats et pauvres honteux, et autres dépenses raportées dans les états arrestés par les Maire et Jurats le 4e mars et le 20e juillet de la même année 1702

1 123,2,9

Pour le vin et bouteilles distribués aux Maire, Jurats, Procureur du Roy, Secrétaire, anciens Maires et Jurats, Procureurs syndics, Secrétaire, Prêtres prébandiers et communautés religieuses, suivant l’usage, immédiatement après la réception du trésorier

90

Pour led. trésorier, qui a dressé le présent compte et en a fait les expéditions ordinaires après qu’il l’a rendu

  30

Pour le bois et chandelle a l’hotel de ville

_____273,6

Total de la dépense depuis le 25e juillet 1701 jusque à pareil sur l’année 1702. La somme de

  8 369,14,9

Sauf erreur de calcul, car après avoir recalculé le compte dud. trésorier ay trouvé que la dépensemontoit à somme d

  8 549 3,11

 

 

Comme aussy j’ay trouvé dans led. compte que la recette montoit la somme de

                  10 490,3

et que la depense devoit a la recette la somme de

   1 941 3,1

est-il dit au bas dud. compte.

 

 

Lequel compte est signé des Srs. Limousin, lieutenant du Maire,

Sicart jurat, François Trigant procureur du Roy, Michel Trigant

secrétaire, Etienne Matthieu ancien maire, Bernard Cassaigne

avocat, Martial Richon procureur, Jean Mathieu, Bernard

David et Charles Eynard, les six derniers etoient prud’hommes.

 

Le susd. compte fut rendu moy absent le 9e juillet 1703.

 

 

Autre compte rendu par led. Sr. Coustaud,

encore trésorier de la Communauté, et ce pour la

recette et dépense depuis le 25e juillet 17022

jusque à pareil jour de l’année 1703

 

        recette

 

Maison marchande

503

Courtage et prévoté du sel

160

Papegay

  80

Vinée

2 800

Pié fourchu

2 002

Grenetage

800

Jardin de la ville

126

Présent du pié fourchu, et ce pour l’année 1701            

1 200

     -     -     -     -                                       1700            

1 200

Reliquat de son compte de l’année           1702

                          1 700,3,12

Autre reliquat de son compte de l’année  1702

               638,15,6

Vente de bois et couchettes

     2,10

Autre vente de bois et couchettes

   12

Place donnée à fief nouveau près la porte St Emilion

   10

Vente de glace des glacières de la Communauté

   80,12

Lods et ventes

   12,10

Autres lods et ventes en 20 articles sur led. cpte       

1 329,7,8

     Total

                          12 907,5,9

 

Sans y comprendre les 9 000L des sels engagés au Sr.

Fontémoing, pour ayder à être employés au payement

des offices supprimés et réunis à la Communauté.                          

                                                                                                                      

Dépenses depuis led. jour 25e juillet 1702

jusques à pareil jour de l’année 1703.

 

Pour mes gages, robe et chaperon de livrée                                         250

Pour les gages, robe et chaperon de livrée au Sr.

Joseph Limousin, major et premier jurat                                                 92

Pour les gages, robe et chaperon de livrée

aud. Sr. David, jurat                                                                         92

-     -     -     - au Sr. Sicard, jurat                                                                      92

-     -     -     - au Sr. Barbotteau, jurat                                                            92

-     -     -     - au Sr. Trigant, Procureur du Roy                                           318

-     -     -     - au Sr.Trigant, greffier                                                           266,10

Pour gages et robe aud. Sr. Coustaud, trésorier                            97,10

Pour gages des quatre valets de ville                                                    156

Pour le Sr. Faute, avocat au Parlement                                                   36

Pour le Sr. Bondonère, Procureur au Parlement                                  30

Pour le prédicateur de l’Avant et Caresme                                           160

Pour le prédicateur de l’Octave du St Sacrement                                 30

Pour les messes dans l’hotel de ville                                                         7,10

Pour le sacristain de la paroisse de St Jean                                         40

Pour les repas suivant l’usage la veille de la

Magdelaine                                                                                                 100

Pour les Cordeliers, suivant l’usage                                                         30

Pour les honorifiques et flambeaux aux officiers

de la Communauté                                                                                   200

Pour 16 paires de souliers et carlures (parures)

aux 4 valets de ville                                                                                    60,16

Pour leurs chapeaux bordés et 4 paires de bas                                  43,5,6

Pour leur nourriture, également suivant l’usage                                  144

Pour flambeaux aux églises et au maire et jurats

suivant l’usage                                                                                            157

Pour les régents du collège, par augmentation                                     50

Pour le Sr. Matthieu Fontémoing, pour gratification

convenue en considération du prest qu’il s’étoit

engagé de faire à la Communauté pour parachever

le payement de la réunion des charges de Police                              512

Pour la veuve de George Fontémoing, en rembour-

sement d’un prest                                                                                      944

Pour le Sr. Péronin, en dépens                                                                 24

Pour le Sr. Nébaille, pour remboursement d’un prest                         15

Pour moy au sujet d’un voyage pour la Commu-

nauté                                                                                                              29

Pour flambeaux, poudre à canons et feu de joye par

ordres du Roy et de Mgr de Sourdis, au sujet de la

victoire remportée par les troupes de Sa Majesté sur

les ennemis en Italie et à la prise de                                                       51

Pour Brulatout, serrurier, au sujet de ses fournitures

et travaux                                                                                                       37

Pour intérêts deuts au Père Cyrille, Cordelier                                        10

Pour le Sr. Brossard, avocat de la Communauté                                    51,10

Pour poudre à canons et autres fournitures, faites

au feu de joye ordonné au sujet de la victoire

remportée en Allemagne par les troupes commandées

par Mr. De Villars contre les Impériaux                                                  47,19

Pour une saisie faite contre le Sr. Dumas, acheteur

de l’hopital                                                                                                     15

Pour moy au sujet de mes frais, avances et voyage                           89,17

Pour soldats de recrue, suivant les ordres du Roy                               36

Pour le Sr. Voysin, droguiste, fournitures aux

troupes                                                                                                          24

Pour le Sr. Lafargue, Procureur à Bordeaux, droits de

charge                                                                                                              7,4

Pour le Sr. David, avocat au Conseil en faveur de la

Communauté                                                                                              60

Pour les réparations de la charpante de l’hotel de

ville                                                                                                               550

Pour 9 milliers et 8 cents d’ardoises pour lad.

charpante                                                                                                   235,8

Pour le matelot et les portefais qui les ont portés                                 10,10

Pour [....], planches et autres bois nécessaires                                    190,17,8

Pour les couvreurs de lad. charpante et manoeuvres                          39,18

Pour autres fournitures faites pour lad. charpante                              264,8

Pour réparations aux murailles de l’hotel de ville

et fontaines                                                                                                  130

Pour clous aux planchers etc.                                                                 108

Pour un procès à l’Election au sujet de la taille                                    80

Pour les travaux aux deux glacières de la Com-

munauté                                                                                                      178,19

Pour voyages nécessaires à la Communauté et

argent envoyé à Paris et à Bordeaux pour

l’intérest de lad. Communauté                                                                   613,17

Pour un voyage du Procureur du Roy                                                       6

Pour intérêts deuts au Sr. Limousin                                                        24,15

Pour la poudre et autres choses distribuées aux

troupes bourgeoises au sujet d’un feu de joye fait

par ordre du Roy et de Mr. De Sourdis sur la prise

du fort de Kel contre les Alemans                                                           49,2,6

Pour le voyage fait à Bordeaux par les Maire,

Jurats, Procureur du Py et Prud’hommes affin d’y

remercier Mr. L’Intendant d’avoir fait accorder

en Cour à la Communauté la réunion des charges

de Police, lieutenant de Maire et assesseurs ; et

la confirmation des Privilèges de cette ville                                         133

Pour joindre à une somme fournie par des marchands

de cette ville, affin de faire solliciter à Paris un heu-

reux succès concernant lesd. privilèges                                                  54

Pour les nécessaires réparations à l’église

paroissiale                                                                                                     84

Pour l’affranchissement de maisons                                                        21,19

pour les réparations des chambres du Présidial                                  72,9

Pour payemens faits en partie des tailles de la   ville ;

pour les Regens du Collège ; pour l’orlogeur ; le

sonneur de cloche ; les Cordeliers et les Récolés,

le tout suivant l’usage, monte                                                              2 644

Pour le bois et chandèle fournis aux corps de

garde des troupes de cavalerie et d’infanterie

qui ont passé et séjourné en cette ville                                                 341,8

Pour bois et chandèle fournis et consommés à

l’hotel de ville pendant les scéances tenues aux

audiances de la maison de ville, tant pour les affaires

particulières de la Communauté que pour vaquer au

logement des troupes                                                                               290

Pour la poudre, flambeaux et mèche fournis pour

le feu de joye à la place publique la veille de la

St Jean, suivant l’usage                                                                             49,1

Pour le récurement de 249 brasses des fossés du

jardin de la ville                                                                                           49

Pour intérêts deuts au Sr. Limousin                                                        31

Pour intérêts deuts de plus aud. Limousin                                            30

Pour le Sr. Béquey par ordonnance de Mr.

L’intendant                                                                                                   100

Pour réparations de deux puits dans la Grande Rue                          37,8

Pour réparations et loyers des maisons qui ont

servi d’écuries et de logements pour le régiment

de Tarnand en quartiers dans la présente ville                                   160,8

Pour le pavé nécessaire                                                                            49,4

Pour réparations aux bans et tapisseries du palais                             61,4

Pour vins et bouteilles dont la distribution a été faite

aux Maires, Jurats, Procureur du Roy, Secrétaire,

ancien Maire, anciens Jurats et autres anciens

officiers de l’hotel de ville, suivant l’usage                                              90

Pour le Sr. Chapuis imprimeur des billets de

logement                                                                                                         8

Pour les menus, ports de lettres, vins aux

puissances                                                                                                  891,13,9

Pour chapeaux, bas, souliers etc. aux 4 valets de ville                        49,4

Pour deux expéditions du present compte                                             30

Pour soldats de recrue au régiment de la marine et ce

par ordre de Mr. L’Intendant                                                                     215

Pour voyage fait à Bordeaux par le secrétaire                                         9

Pour les matelots                                                                                         7,8___

Total de la dépense depuis le 25 juillet 1702

jusques à pareil jour de l’année 1703                                    12 484,11,5

 

Sauf erreur de calcul, car après avoir recalculé le compte dud.

trésorier, j’ay trouvé que la dépense montoit lad. somme de

12 484,11,5, mais par la déclaration des Maire et Jurats, Pro-

cureur du Roy et Prud’hommes, signée d’eux au bas dud. compte

lad. dépense montre disent-ils la somme de 12 430,4,6 et la

recette 12 807,5.

Mais je crois que ce sont eux qui se sont trompés dans leurs

calculs.

Le susd. compte fut rendu le 7e février 1704.

 

J’étais sorti de charge le 25 juillet 1703 et nous choisîmes pour nouveau maire le Sr. De Lesual-Quinand, décédé depuis. Le dit compte est signé des Srs. de Lesual, Trigand secrétaire, Cassaigne, Richon, Dumas, Lafon, David et Mathieu, anciens jurats, Prud’hommes et auditeurs des comptes de la dite communauté.

J’ai des duplicatas des deux comptes.

Dans le compte ci-dessus, ne sont pas compris les 9 000 livres des sels engagés au Sr. Fontémoing, et qui ont servi en partie au payement des offices supprimés.

Enfin, il paraît que les revenus de la communauté (se) montaient en tout (à) la somme de 21 907,5,9

R

En 1718, M. l’Intendant ayant ordonné de par le Roi aux officiers de l’hôtel de ville, de dresser un état bien fidèle des revenus de la communauté, année commune, et de me remettre ensuite le dit état afin que je lui envoyasse le dit état moi-même en qualité de son subdélégué, il fut satisfait et ci-après est la copie du dit état :

 

Etat du produit de tous les octrois tant anciens

que nouveaux de la ville de Libourne année

commune, depuis le 1er janvier 1712 jusques au dernier décembre 1717

 

Premièrement, elle jouit des droits de vinée, de papegay, de place marchande, d’annage, de comptage, de traite foraine, de prévoté du sel, d’ancrage, de cour au virat, de nomination des caverniers, du jardin de la ville, le tout étant deniers patrimoniaux.

Etat de la dépense que les Maire et Jurats,

de lad. ville de Libourne font annuellement

sur les Revenus en deniers Patrimoniaux.

 

Pour les gages du Maire, robe et chaperon le livrée 250L                                                 250L

pour les gages des quatre Jurats, robe et chaperon de livrée, 368L                                368L

Pour les gages du Procureur-Sindic créé en titre d’office en 1690,

robe et chaperon de livrée, il a été pris annuellement 318L                                             318L

Pour les gages du Secrétaire ; aussy créé en titre d’office par le

même édit, il a été pris annuellement 266L 10S                                                                  266L 10S

Pour les gages du Trésorier, 97L 10S                                                                                     97L 10S

Pour les flambeaux qui se distribuent aux Maire et Jurats, suivant

l’arrest du Conseil du 24e aoust 1697, 200L                                                                         200L

Pour les gages des quatre valets de ville 156L                                                                    156L

Pour les casaques des quatre valets de ville 200L                                                              200L

Pour les souliers, semelles et bas desd. Quatre valets de ville 74L 16S                           74L 16S

Plus, auxd. Valets de ville, la somme de 144L pour leur tenir lieu de

nourriture, qui est à raison de 2S par jour                                                                              144L

Plus au Prédicateur de l’Avant et Caresme                                                                          160L

Plus aux Cordeliers pour les offices et messes qui se disent à l’hotel

de ville 7L 10S                                                                                                                                 7L 10S

Plus, pour les charges locales, au fermier du Domaine, la somme 225L                      225L

Pour le repas qui se fait lors de l’élection des Jurats, 100L                                                100L

Pour la confirmation du Maire à Mgr le Grand Sénéchal, 67L 10S                                     67L 10S

Pour les gages du casernier, 72L                                                                                            72L

Pour les loyers des maisons servant de casernes en lad. ville, il a été

payé insques et compris l’année 1717, la somme de 340L annuellement                    340L 

Pour les dépenses nécessaires pour les poursuites des procès, voyages

et députations pour les affaires de la communauté, bois, chandelle qui

se consument tant dans l’hôtel de ville que pour le corps de garde quand

il y a des troupes à logées dans lad. ville, que pour les autres menues,

imprévues et inévitables, 2 000L                                                                                       2 000L

Enfin, la Communauté est chargée annuellement de plus de cinq mille

livres d’intérêts qu’elle doit tant à l’hôpital de lad. ville qu’aux Srs

anciens lieutenants de Maires et Jurats perpétuels et à divers autres

Bourgeois pour prests faits à lad. communauté à raison de l’affranchis-

sement du huitième denier.

 

Total de la dépense et charges, monte la somme de treize mille vingt-

neuf livres                                                                                                                            13 029L

Ainsy signés, Feuillade, Maire ; Dumas, Jurat ; Chaperon, Jurat, et

Batar, Syndic.

 

La présente copie est bien conforme à l’original à moy remis par les Sieurs Maire et Jurats le 16 may 1718, lequel original fut d’abord envoyé à M. l’Intendant.

 

J’ai aussi reçu les comptes des années 1705, 1706, 1707, 1708, 1709, 1710 et 1711, sans avoir pris un mémoire de la dépense desd. Années.

 

Pour le compte de l’année 1705  la recette monte à                                 18 203L 10

                                           1706                                                                   17 925L  6

                    1707                                                                                    17 822L 19

                    1708                                                                                    17 661L 10

                                           1709                                                                   18 062L 14

                    1710                                                                                    17 488L   5

                    1711                                                                                    18 042L 15

 

Copie d’une commission à moy donnée par Mr. L’Intendant au mois de septembre 1717 au sujet des nouvelles élections.

 

Guillaume-Urbain de Lamoignon, chevalier, comte de Launay-Courson, conseiller d’Etat, intendant de Justice, Police et Finances en la Généralité de Bordeaux.

Vu l’arrest du Conseil d’Etat du 28 aoust dernier, par lequel il est ordonné que Mrs les Intendants assisteront eux ou leurs subdélégués aux assemblées qui seront convoquées pour l’élection des officiers municipaux et tiendront la main à ce qu’elle se passent suivant l’usage pratique avant la création des offices suprimées par l’édit du mois de juin, et ne pouvant à cause de plusieurs affaires qui nous retiennent à Bordeaux être présent aux assemblées qui doivent se tenir incessamment dans plusieurs villes et communautés de la subdélégation de Libourne, pour la prochaine élection consulaire.

Nous, en vertu du pouvoir à nous donné par led. arrest, ordonnons que les d. assemblées seront faites devant le Sr. Proteau notre subdélégué à Libourne que nous avons commis pour y assister en notre lieu et place, luy enjoignons de tenir soigneusement la main à ce que l’élection prochaine des jurats et consuls desd. Villes et communautés se fasse suivant l’usage pratiqué avant la création desd. Offices supprimées comme il est prescrit par led. arrest du Conseil.

Fait à Bordeaux le 12 7bre 1717. Signé de Lamoignon, et plus bas, par Monseigneur Dupin.

 

A quoi je satisfis à Libourne, Saint Emilion et Castillon.

 

Copie d’une lettre à moy écrite par Mr l’Intendant au sujet d’un droit de bourgeoisie demandé par un gentilhomme habitant de la présente ville.

 

A Bordeaux, le 20ème Juillet 1721

Les Jurats de votre ville, Monsieur, m’ont rendu compte des raisons qu’ils ont pour refuser au Sr de Carles les lettres de Bourgeoisie qu’il leur demande ; Je ne puis m’empêcher d’approuver leurs raisons, et qu’ils soutiennent les privilèges de leurs habitans ; Il n’y auroit pas de justice d’accorder des lettres de Bourgeoisie aux gentilhommes qu’en se soumettant aux charges dont leur qualité les exempte ; et quelque soumission qu’ils fissent pour cela, il n’y auroit pas moyen de les faire contraindre lorsqu’ils ne voudroient pas contribuer ; cela donneroit toujours lieu à des discutions ; et il est plus sage, et plus prudent de les éviter en ne donnant point de lettres de Bourgeoisie.

 

Je suis, Monsieur, entièrement à vous.

 

Signé : Boucher

 

Titres des Privilèges des Bourgeois de lad. ville de Libourne, sur le contenu ci-après.

 

En 1314 - Par lettres patentes d’Edouard roy d’Angleterre, et duc de Guienne, il est ordonné que les Bourgeois de la ville de Libourne, présens et à venir et tous leurs biens seront francs et exempts de toutes coutumes et (maltotes?) dües à Sa Majesté et à Ses Successeurs et héritiers, entrant, sortant et séjournant dans lad. ville : Intrando excundo et morando in dictam villam.

En 1386 - Par lettres patentes de Richard d’Angleterre et duc de Guienne, celles d’Edouard sont expressément confirmées, après les avoir énoncées mot à mot.

En 1399 - Par lettres patentes de Henry quatrième, roy d’Angleterre et duc de Guienne, celles d’Edouard et de Richard sont confirmées.

En 1421 - Par lettres patentes de Henry cinquième, roy d’Angleterre et duc de Guienne, idem.

En 1451 - Le traité fait entre les comtes d’Angoulesme, de Pontièvre et de Dunois, lieutenans généraux des armées de Charles sept, roy de France, et les habitans de Libourne, porte que lesd. Habitans jouiront de tous leurs privilèges.

En 1451 - Les lettres patentes de Charles 7 confirment led. traité.

En 1498 - Par lettres patentes de Louis douze, lesd. Habitants sont confirmés dans tous leurs privilèges pour n’avoir épargné ny leurs biens ny leur vie pour le service de la commune.

En 1514 - Par lettres patentes de François premier lesd. Privilèges sont confirmés en général.

En 1547 - Par lettres de Henry second lesd. Privilèges sont confirmés en général.

En 1559 - Par lettres patentes de François second, idem.

En 1575 - Par lettres de Henry troisième, idem.

En 1597 - Par lettre d’Henry quatrième, idem.

En 1627 - Par lettres patentes de Louis 13, idem.

En 1671 - Par lettres patentes de Louis 14, de glorieuse mémoire, lesd. Privilèges sont confirmés en termes généraux et en la matière qui suit :

Avons confirmé et confirmons aux Maires et Jurats, bourgeois, manans et habitans de notre ville de Libourne, en considération de leur fidélité, obéissance et service tous et un chacuns leurs privilèges, franchises, libertés, immunités, dons et octroys à eux faits et accordés par nos prédécesseurs, soit du droit de vinée, [.....], droit de franc fief et nouveaux aquets, exemption du droit de comptablie des marchandises venant pour leur compte de la Mer ou autres quels qu’ils soient ; et généralement tout ce qu’ils ont accoutumé de jouir et user en conséquence de leurs d. privilèges ; pour du tout en jouir eux et leurs successeurs à l’avenir plènement et paisiblement tout ainsy qu’ils en ont bien düement jouy et usé, jouissent et usent encore du présent.

En 1554 - Les habitans de Libourne ayant été troublés dans la jouissance de leurs d. privilèges par les officiers de la comptablie de Bordeaux, qui prétendoient que lesd. Habitans n’étoient point exempts du droit d’issue de leurs marchandises, lesd. Habitans de Libourne furent maintenus dans leurs privilèges par appointement contradictoirement rendu par le Sénéchal de Guienne alors juge compétent de ces matières, duquel appointement lesd. Officiers de la comptablie n’osèrent réclamer.

Les pages 94 à 104 du manuscrit sont occupées par une copie de l’Edit de création d’une Sénéchaussée et Siège présidial en la ville de Libourne, du 15 juin 1640 (voir l’imprimé : Paris R. Baudry 1640 f & in 4° p. 3 à 10).

En 1685 - les officiers du Présidial de Nérac ayant voulu connoître des appelations de la sénéchaussée de Castelmoron au premier et second chef de l’édit, il fut rendu sur ce sujet un arrest du privé Conseil du Roy, dont copie cy-après :

Le Roy étant en son Conseil, faisant droit sur l’instance a ordonné que l’Edit de création du Présidial de Libourne du mois de may 1639 et l’arrest du Conseil de 16 juillet 1642 seront exécutés selon leur forme et teneur ; ce faisant, les officiers du Présidial de Libourne connoîtront des appellations du siège de Castelmoron au premier et second chef de l’Edit des Présidiaux, avec deffenses aux officiers de Présidial de Nérac et tous autres d’en prendre connoissance, et aux justiciables de s’y pourvoir à peine de nullité, cassation de procédures et de tous dépens, dommages et intérêts ; dépens compensés.

Fait au Conseil privé du Roy tenu à Paris le dernier jour de septembre 1689.

Signé Desnieux.

 

Concernant les charges d’avocat du Roy cy-devant exercées 30 années par mon père

et ensuite par moy 36 années, et présentement par mon fils.

 

Les provisions de la charge d’avocat du Roy pour François Proteau, mon cher père, furent expédiées de 30ème du mois d’aoust 1622, et fut reçu et installé l’année suivante ; son installation est du 3ème mars 1626.

En 1684 mon père me résigna sad. Charge d’avocat du Roy.

Mes provisions furent expédiées le 13ème du mois de may 1685. J’étois à Paris dans ce temps là.

A mon retour de Paris je me transportai à La Réolle où étoit alors le parlement, et y fus reçu en lad. charge d’avocat du Roy le 17ème du mois de décembre en lad. année 1685.

Je fus installé en notre Présidial le 8ème janvier 1686.

Je portay de Paris des lettres d’honneur en faveur de mon cher père, lesquelles ont été les premières qui ont été accordées à des officiers de ce Présidial depuis sa création. Copie en est en d’autre part.

 

Lettres d’honneur en faveur de mon père et d’autres en ma faveur.

Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, au Sénéchal de Libourne ou son lieutenant-général et gens tenans le Siège présidial aud. lieu, salut ! Prenant soin particulier de reconnoître les bons et agréables services qui nous ont été rendus et au public par aucuns de nos officiers en l’exercice de leurs charges par quelque marque d’honneur qui puisse exciter les autres à les imiter, Nous avons mis en considération ceux qui nous ont été rendus par notre ami et féal François Proteau, en l’exercice de l’officier de notre Conseiller Avocat pour nous en lad. sénéchaussée et siège présidial de Libourne, en l’exercice duquel il a été reçu dès le troisième mars mil six cents cinquante six, depuis lequel temps il nous a donné des marques de sa capacité fidélité et affection à notre service, dont il nous reste une entière satisfaction ; de laquelle désirant luy donner des marques, et ne pas priver le public de l’expérience qu’il s’est acquise pendant près de trante années qu’il a soigneusement employées au devoir de sa dit. Charge. Scavoir faisons que de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité Royale, nous avons permis et accordé, permettons et accordons par ces présentes signées de notre main aud. Proteau que nonobstant la résignation qu’il a faite de sond. Office en faveur de Mr Jean-François Proteau son fils, auyquel nous en avons accordé nos lettres de provision le tresième du présent mois, il puisse continuer de se dire, nommer et qualifier notre Conseiller Avocat pour nous en lad. Sénéchaussée et siège Présidial de Libourne ; Voulons et nous plaît qu’il y ayt entier, rang, scéance et voix de délibération tant en l’audiance qu’en, la chambre du conseil comme conseiller honoraire du jour de sa réception et sond. Office d’avocat pour nous, et qu’il jouisse des mêmes honneurs, prérogatives, précéminances et privilèges dont il a jouy jusques à présent et dont jouissent les autres conseillers honoraires dud. Présidial pourvu qu’il n’y en ait que deux led. Proteau compris, et sans qu’il puisse prétendre aucuns gages, droits ny émolumens dud. office. Si vous mandons que du contenu en ces présentes, vous fassiez jouir et voir led. Proteau pleinement et paisiblement sans souffrir luy.......

 

Le feuillet 109-110 du manuscrit manque ; il contenait la fin des lettres ci-dessus et les lettres d’honneur de Jean-François Proteau. Les originaux existent chez M. Emile Lemonnier.

 

Etat de tous les officiers dont notre siège Présidial étoit composé dans le temps de mon installation en la charge d’avocat du Poy, c’est à dire le 8ème janvier 1686 jour de mad. Installation.

 

Bérard, Président                                                                mort depuis

                Pipaud, Président                                                       

                Dumas l’oncle, lieutenant gal                                 

                Limousin le père, lieut. Criminel                            

Demay le père, lieut. Particulier                              

                Pouret le père, assesseur                                         

                Lhoste, dit Lagrave, doyen des Conseillers         

                Monpoüillan, conseiller                                            

                Péronin, conseiller                                                    

                Proteau le père, conseiller d’honneur                  

                Chaperon, conseiller                                              vivant

                Nosay,                                                               mort depuis

                Moyne le père d°                                                         

                Macé, avocat du Roy                                                 

                Dumonteil, procureur du Roy                                  

                Proteau le fils, avocat du Roy                                vivant

 

Etat de tous les officiers qui ont été reçus depuis moy.

 

Dumas, le neveu, lieutenant gal                      mort depuis

                Dumas, le fils dud. neveu, lieutenant gal          vivant

                Limousin le fils, lieutenant criminel                    mort depuis

                Demay le fils, lieutenant particulier                    vivant

                Bourret le fils, assesseur                                  mort depuis

                Belliquet, assesseur                                             vivant

                Vacher, conseiller                                                     

                Cases, conseiller                                                       

                Belliquet, conseiller                                            mort depuis

                Fondicheau, conseiller                                            

                Prinaud, conseiller                                                    

                Dumas, président et lieut. Gal.                            vivant

                Cases le père, conseiller                                  mort depuis

                Cases le fils,                                                          

                Moyne le fils cadet                                              vivant

                Moyne le fils troisième, conseiller                          

                Duran, conseiller                                                 mort depuis

                Dumay,                                                                 vivant

                Lafon,                                                                        

                Léglise,                                                                    

                Favereau, avocat du Roy                                           

                Mirambeau, procureur du Roy, vendit sa charge.  

                Bouyer, procureur du Roy                                          

                Proteau le petit-fils, avocat du Roy                           

                Moyne l’aîné, président installé le 18 aoust 1724. 

 

Etat des officiers ex(is)tants le 18è aoust 1724 et le 12è aoust 1727

Dumas, parent du neveu, président et

                 lieutenant-général                                                 vivant

                Limousin le fils, lieutenant criminel                     mort depuis

                Demay le fils, lieut. Particulier                                 

                Belliquet, assesseur                                                 

                Chaperon, doyen des conseillers                          

                Proteau le père, conseiller d’honneur                   

                Vacher, conseiller                                                      

                Cases                                                                            

                Moyne fils, le cadet, conseiller                                 

                Moyne fils, le troisième,                                             

                Lafon,                                                                            

                Léglise,                                                                        

                Favereau, avocat du Roy                                           

                Bouyer, Procureur du Roy                                          

                Proteau le petit-fils, avocat du Roy                           

                Moyne fils l’aîné, président                                         

 

Mes ouvertures du Palais

 

Etat des ouvertures que j’ay faites au Palais pendant que j’étois en charge d’Avocat du Roy

Nous ne les avons pas reproduites car trop longues... et très ennuyeuses

Nous vous communiquons cependant la conclusion en apthéose de la dernière :

 

Cette ouverture étant faite, le Père Cirille, gardien des Cordeliers vint me prier de la luy prêter pour la faire voir au Provincial qui venoit d’arriver ; mais je m’en deffandis d’abord par la raison que si elle étoit aussy bien consçue qu’il le prétendoit en seroit une espèce de vanité de ma part de la faire voir ; ou si elle étoit mal faite je méritoit bien qu’elle fut critiquée ; Enfin m’ayant redoublé ses prières j’y consentis pour ne point le fâcher, mais à condition qu’il me la rendroit bientôt après, ce qu’il me promit et me tint bien sa parole ; cependant luy et son Provincial me jouèrent un tour incognito qui fut d’en prendre vite une copie dans leur couvent, et de l’envoyer à Paris où elle fut mise dans le Mercure Galant du mois de décembre de lad. année 1697, dont je fus fâché dès que je le sçut, nonbstant l’approbation publique et trop complaisant de cette pièce là.

Parmi tous les compliments qui me furent envoyés au sujet de lad. ouverture, en voicy un trop flatteur :

 

                                Un bruit qui court à l’avanture

                                M’apprend qu’avec succès, chaque jour on pourra

                                Publier un nouveau Mercure

                                Où le nom de Proteau sera.

 

                                Per jou que sey bien soun veylet,

                                Dans ma petite connéchence,

                                Douty qu’y age en nat Parquet

                                Un homme (d’aquelle ?) science.

 

                                Sermonem sine laudetuum tot floribus ornas

                                Ut melius nunquam tulliüs ore suos.

                                Singularis admodum doctrinae virs Ciceronis alumus

                                D. dr. Proteau Liburnensis euriae Presidialis Patrons

                                Regis, aequo humilique mittit animus Joannes Moram.

Ma réponse :

                                O toy qui voulant faire honneur à ma harangue

                                T’exprimes en plus d’une langue

                                En vers, en prose, éloquemment,

                                Je ne profite point de ton doux compliment ;

                                Au lieu de tenir un langage

                                Qui me laissât quelqu’avantage

                                Tu parois préférer ton intérest au mien,

                                Et sous prétexte enfin de vanter mon ouvrage,

                                Cher amy, tu t’y prens si bien

                                Qu’on ne sçauroit penser qu’aux éloges du tien.

 

Après cette ouverture de lad. année 1697, étant toujours fort occupé dans les fonctions de subdélégué de Mrs les Intendants de La Bourdonnaye, de Lamoignon, de Courson et de Boucher, et de plus chargé de quantité de commissions de Mrs les Maréchaux de Montrenel et de Berwick, commandants généraux pour le Roy dans cette province, je ne fis plus les autres ouvertures du Palais qu’en fort peu de paroles, à quoy je m’étois même déterminé pour éviter la continuation de tant d’éloges beaucoup plus obligeans que je ne pouvois mériter ;

 

Résignation que j’ay faite à mon fils.

En 1721, ne songeant plus qu’à mon repos, ayant atteint l’âge de soixante quatre ans je résignay à mon fils mad. Charge d’avocat du Roy ; ses provisions luy furent expédiées le 13 du mois de juin de lad. année 1721, après quoy il fut reçu au Parlement le 22 avril 1722 et installé au Présidial le 5ème may suivant ;

Et comme j’avois exercé lad. charge pendant environ trente-six années ; il plût au Roy de m’accorder d’obligeantes lettres d’honneur le 27ème septembre de lad. année 1722.

L’année suivante, c’est-à-dire en 1723 Mr de Boucher, notre Intendant, me fit la grâce de me dégager des fatigues de la Subdélégation dont j’étais en exercice depuis nombre d’années, et outre la lettre qu’il me fit l’honneur de m’écrire sur ce sujet, il m’envoya même un obligeant certificat. ;

 

R

 

Le manuscrit continue (pp 195 à 222) par des copies des actes qui concernent l’établissement du Présidial de Libourne tels qu’ils sont mentionnés dans l’imprimé : Edict du Roy portant création d’une Sénéchaussée et siège Présidial en la ville de Libourne. Paris par René Baudry M.DCXL petit in folio, page 10 à 37.

Il se termine par ces mots à la suite du dernier acte :

Led. établissement fut fait le 11ème d’août de lad. année 1640 par Mr. De Rancé, Conseiller d’Etat et Commissaire à ce député.