Alliances Bonifas

 

 

 

Les DROZ

 

 

Ils sont issus d'une sœur de Jean-Jacques Bonifas, mariée à Castres avec un Droz, protestant. Celui-ci disparut avant la naissance de son second fils, Alexandre. Philippine Droz peina durement pour élever ses enfants. Ils vinrent à Bordeaux pour gagner leur vie, et Philippine les suivit, se rapprochant de son frère. Sa patronne (une Tarnaise) devenue veuve, Alexandre I acheta son commerce de parfumerie confiserie, rue Saint Rémi. Et en février 1844, à vingt jours d'intervalle, les deux frères Droz épousèrent leurs deux cousines Bonifas de Cadillac.

Le confiseur se lança dans la fabrication de liqueurs. En 1860, il dépose la marque "Crème de Cacao Chouva" qui le fera connaître. Les liqueurs Droz prospèrent grâce à une gamme complète de produits.

En 1872, les Alexandre I Droz marient leur fille Jeanne-Marguerite à Victor-Emile Gross, de nationalité suisse. Courtier en vins habitant 10 rue du Réservoir (aujourd'hui rue Albert-de-Mun).

Daniel Gross, de Charens en Dauphiné, bon huguenot, arrive à Genève le 6 août 1687, et quelques jours après à Neuchâtel, capitale d'une petite principauté enclavée dans les cantons suisses. Il s'y marie avec une huguenote. S'installe à Neuville, cité de la principauté, et en 1732 en devient bourgeois. Les Gross vont prospérer dans cette principauté si favorable aux huguenots qui ont la protection et l'aide du prince souverain de Neuchâtel qui n'est autre que le roi de Prusse.

Le gendre des Droz est de la cinquième génération des Gross nés en terre neuchâtelloise.

Ce mariage de 1872 réunit tous les Bonifas. Les grands-parents sont venus de Cadillac. Mais les parents Auschitzky sont là aussi. Charles ne peut que songer à son ascendance maternelle, les Fort, venus du Dauphiné comme les Gross et comme les Droz (vraisemblablement eux aussi passés par Genève avant d'arriver à Castres). Etranges destinées des Fort, des Droz, des Gross ! Le cosmopolitisme de Bordeaux au XIXe siècle en fait un point de rencontres fortes et privilégiées.

La fille aînée du couple Gross-Droz épousera Pierre Willm, pasteur à Gémozac (Chte-Mme). Leur fils Alexandre épousera une Bouffard. Il continuera les liqueurs Droz, après que son père ait pris la succession d'Alexandre Droz et transporté la fabrication chez lui, rue du Réservoir.

La famille Gross a éclaté, mais garde ses liens. Au décès de Valentine Gross, en 1909 (la femme du pasteur Willm), nous trouvons des Gross à Neuville, Neuchâtel, Berne, Lausanne et aux U.S.A. Un député au Grand Conseil de Suisse ; deux pasteurs Gross à Neuveville et Paris ; des médecins, dont l'un à Arbanats, et l'autre professeur à la Faculté de médecine d'Erlangen. L'éclatante vitalité de ces familles huguenotes a triomphé de la Révocation de l'Edit de Nantes.

La Maison Droz a disparu avec le petit-fils d'Emile Gross, Robert, décédé. Mais sa veuve, Hélène Choleski, est restée gardienne des lieux, rue Albert-de-Mun : Musée des Liqueurs Droz, souvenirs de famille, documents des Bonifas conservés avec piété. Qu'elle en soit remerciée. Son fils, Philippe, est pasteur à Montpellier.

La tradition des pasteurs Auschitzky, Fort, Bonifas et Gross se perpétue : la réussite d'Alexandre Droz à Bordeaux est exemplaire.

François PAUCIS.