Appendices Auschitzky

 

 

 

LE JUMELAGE

 

 

Quelques 170 ans plus tard..I

 

Il y avait six mois à peine que nous connaissions nos origines courlandaises que déjà Bordeaux et la Lettonie s'emparaient de notre famille.

Le Président Chaban-Delmas, ancien Premier Ministre, Député Maire de Bordeaux, écrivait le 17 décembre 1991 :

 

"Bordeaux est redevable aux Auschitzky d'une large part de son développement, de son rayonnement et de sa réputation",

 

Tandis que nous recevions une lettre, datée du 16 janvier 1992, postée du Ministère des Affaires Etrangères de Rhga, sur papier à en-tête de l'Ambassade de Lettonie à Paris, sur laquelle il est stipulé :

 

"Les contributions de grande valeur que vos ancêtres Courlandais ont apportées au développement de Bordeaux, ont trouvé un écho lointain lorsque le sénateur de Bordeaux, ancien Ministre, Monsieur Jacques Valade, a donné en 1990-1991 son soutien efficace à l'action des représentants de Lettonie, luttant pour l'indépendance de leur pays".

R

La Lettonie et sa capitale Rhga souhaitaient un jumelage avec une province et une grande ville française.

Après réflexions, le Gouvernement fixa son choix sur la Région Aquitaine et Bordeaux. Ceci étant principalement motivé par la présence et l'action de notre famille dans cette province.

R

Le 10 mai 1993, M. Edvins Inkens, Vice-Premier Ministre de Lettonie, M. Andris Teikmanis, Maire de Rhga, M. Rudolfs Stabovs, député du Conseil Municipal de Rhga, Vice-Maire de Rhga, S.Exc. Mme Aina Nagobads Abols, Ambassadeur de Lettonie en France, M. Guntars Abols, Conseillé du Ministre de la Culture, M. Romans Baumanis, Premier secrétaire d'Ambassade, étaient les hôtes de Bordeaux où ils furent accueillis par M. Jacques Valade, ancien Ministre, Sénateur de la Gironde, Président du Conseil Régional d'Aquitaine, assurant l'intérim du Président Chaban-Delmas, à l'époque, déjà gravement malade.

Etaient également présents M. Bernard Landouzy, Préfet de Région, MM. Martin et Dmitri Lavroff, adjoints au maire de Bordeaux, les membres du Conseil Régional, du Conseil Général, les représentants de la Chambre de Commerce, de la Chambre des Métiers, etc.

 

    Document émanant de l’Ambassade de Lettonie à Paris

fac-similé du programme des journées bordelaises

R

Nous avons profité de cette manifestation officielle pour inviter à Bordeaux, tous les membres de notre famille. C'était la première fois que nous nous retrouvions.

La réunion débuta par une messe à Saint-Louis. Elle a été suivie d'un déjeuner pris en commun dans un restaurant des Chartrons, quartier cher à notre cœur. Puis la famille s'est retrouvée cours de Verdun chez Christiane Ferrière.

 

François Paucis souhaitant la bienvenue aux descendants de Charles Auschitzky

 

En fin d'après midi, la famille était reçue d'une façon très chaleureuse, à l’Hôtel de Région, par les personnalités venues de Lettonie qui ont tenu à nous être présentés.

R

Allocution prononcée par Hubert Auschitzky, le 10 mai 1993, au Conseil Régional d'Aquitaine :

Excellence,

Monsieur le Vice-Premier Ministre,

Monsieur le Ministre,

Messieurs les Maire et Vice-Maire,

Mesdames, Messieurs

et Chers Cousins,

Ce matin en me rasant, je fredonnais une daïna1, pour moi la plus belle de toutes car elle conte l’histoire des Auschitzky. Cette daïna chante le bonheur familial et le travail bien fait, où les joies font oublier les peines. C'est l'épopée de nos ancêtres depuis l'époque indéterminée où un grand-père Aušickis est venu d'un pays germanique, sans doute de Prusse Orientale, avec les terribles Chevaliers teutoniques, faire souche en Courlande. C'était, peut-on imaginer, au XIIIe siècle.

Les années et des siècles obscures s'écoulent. Les Aušickis s'élèvent socialement. Ils sont travailleurs et intelligents... mais ils sont aussi opportunistes. Alors, pour plaire, ils ajoutent une terminaison russe à leur patronyme. Cela se passait au XVIIIe.

A cette époque, l'un d'eux devint amtmann de Pope, fief des von Behr, l'une des plus puissantes familles des fameux barons baltes. Il n'a pas dû y laisser un trop mauvais souvenir car je viens d'apprendre à l'instant par Monsieur le Député, Vice-Maire de Rhga, qu’une salle de l'école de Pope avait pris, ce matin même, le nom de "Salle Auschitzky" afin de marquer la mémoire de notre lointain ancêtre : n'est-ce pas émouvant ?

Son fils Friedrich, après ses études de théologie en Prusse et en Allemagne, est nommé pasteur d'Aizpute. Il épousera en 1796 la fille d'un pasteur luthérien, Marianne Fort, issue d'une famille huguenote originaire du Dauphiné à qui l'on doit notamment la fondation de l’école Française de Königsberg. Hélas, Friedrich mourut à 39 ans laissant neuf orphelins dont l'aîné, notre grand-père, n'a que 12 ans.

Nous ne connaissons que deux2 de ses enfants :

·       Ludwig-August, devenu à son tour pasteur luthérien en Courlande. Pasteur comme son père, son grand-père et plusieurs de ses oncles et grands-oncles maternels.

·       Carl-Ulrich, pour nous Charles, que nos amis de Lettonie célèbrent aujourd'hui.

Nous pensons qu'il s'est réfugié à Bordeaux, au début des années 1820, parce qu'il n'était pas d'accord avec le nouveau régime de son pays. Nous le pensons, nous ne l'affirmons pas.

Il se marie avec une bordelaise, Rose-Eugénie Sourget. C'était en 1829.

Et la Grande Aventure des Auschitzky de Bordeaux commence :

Pendant un siècle et demi, nous allons les retrouver aux premiers rangs de la vie régionale.

 

De dos : Odette Fieux et Annie Ferrière. Hubert Auschitzky prononçant son discours ; Edvins Inkens, Vice-Premier ministre de Lettonie ; Romans Baumanis, Premier Secrétaire de l’Ambassade de Lettonie3 , l’interprète ; Andris Teikmanis, Maire de Rhga ; S. Exc. Mme Aina Nagobads Abols, Ambassadeur de Lettonie en France, en Espagne et au Portugal ; Jacques Valade, Ancien Ministre, Sénateur de la Gironde, Président de la Région Aquitaine ; Tita Valade, son épouse, et Karine Bellocq.

Jean-Marie Bourgès ; une journaliste venue spécialement de Rhga pour couvrir... "l’événement" (à noter, pour la petite histoire, qu'elle ne parlait ni le français, ni l'anglais ou l'allemand. Simplement le russe et le letton. Mais Dieu qu'elle était jolie !) ; Edvins Inkens ; Rudolfs Stabovs, Député du Conseil Municipal, Vice-Maire de Rhga ; Romans Baumanis ; Andris Teikmanis. De dos, Suzon Boué.

De dos Annie Ferrière. Béatrice Déon ; Brigitte de Nombel ; Hubert Auschitzky présentant Tita Valade à Simone de Peyrelongue ; Christiane Ferrière ; Philippe Conqueret ; Marie-France Gilliéron ; Véronique Conqueret ; Claude Henry-Mérillon ; Annette Trabut-Cussac ; Nadia Brugerolle ; Chantal Auschitzky ; Jacqueline Ferrière ; Guy Ferrière ; Madeleine Amiet ; Karine Bellocq.

 

Un de nos parents4 fut membre de l'administration municipale de Bordeaux. Il fut adjoint délégué à la division de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts sous l'administration de MM Brochon et de Pelleport. Élu membre du Tribunal de Commerce, il y siégea de 1872 à 1884, puis il entra peu de temps après à la Chambre de Commerce. Nous les retrouvons aussi aux premiers rangs de la finance5 , fondant une banque et une compagnie d'assurances. Aux premiers rangs des arts, créant la Société Sainte-Cécile4 devenue le Conservatoire de Bordeaux ; co-fondateurs de l'Académie de Bordeaux3 ; menant des travaux importants aux Archives Municipales2 ; à la tête de la société des Amis des Arts de Bordeaux; du Cercle des Arts6 ; rédigeant le catalogue du Musée de Peinture7 avant d'en devenir conservateur8 ; assurant la direction de l'Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux8 Encore dans les premiers rangs des œuvres car ils créèrent notamment le Premier Bureau de Bienfaisance9 et la crèche de Saint-Louis9

Dans la descendance de Paul Auschitzky, qui fut un éblouissant homme d'affaires sur la côte birmane et qui était aussi là-bas, consul de France et de Belgique, je retrouve un ministre plénipotentiaire10 , un contrôleur du gouvernement chérifien11 , un auditeur à la Cour des Comptes12 , un président du Comité des Assureurs maritimes de Bordeaux13 et, jusqu'à ces derniers mois, jusqu'au moment où il fut admis à faire valoir ses droits à la retraite, notre ambassadeur de France à Moscou14 .

Dans la descendance d’Eugénie :

Les Alaux, cette extraordinaire famille d'artistes, qui depuis huit générations dominent en France le monde des arts. Une exposition "La Dynastie des Alaux" leur a été consacrée à Paris en 1991, dans le prestigieux cadre du Grand-Palais.

Paul Bonifas a été l'un des fondateurs du Syndicat des Négociants en Vins et Spiritueux de la Gironde ; conseiller du Commerce Extérieur de la France ; membre du comité directeur de la Foire de Bordeaux ; membre fondateur de l'Office du Maroc.

Sa fille Geneviève unira notre famille aux Ferrière, une longue dynastie de courtiers maritimes. Jean Ferrière a été maire de Bordeaux à la fin du XVIIIe.

Son autre fille épousera Antoine Trabut-Cussac dont le père était vice-président de la Chambre de commerce de Bordeaux. Il était le petit-fils du célèbre armateur Henri Bordes.

Louis, mon arrière grand-père, était avoué.

Parmi ses six enfants, je rappellerai Daniel Auschitzky, adorable Oncle Pépé, qui, avec sa barbichette poivre et sel, nous a tant fait rire au temps de notre insouciante jeunesse. Homme de Lettres, il était le biographe (et ami) de D’Annunzio et de Sarah Bernhardt. Il était un inconditionnel de Boulanger et c’est grâce à ses interventions que ce fameux général a pu être inhumé religieusement. Ses pièces de théâtre et opérettes seront jouées dans de grands théâtres parisiens. Ses livres ont aussi connu le succès.

Mon grand-père était un remarquable homme d'affaires, et son frère Abel un très brillant avocat.

Leurs descendants réussiront aussi, mais ils sont maintenant trop nombreux pour que je puisse les évoquer tous et en oublier certains ne serait pas courtois.

Les crises du XXe siècle font que trop d'entre eux quitteront Bordeaux. Dans une génération, ou deux, ou trois, l'œuvre si dense des Auschitzky rejoindra dans l'anonymat celle de ces grandes familles qui de génération en génération ont assuré le développement, le rayonnement et la réputation de Bordeaux.

Je ne voudrais pas terminer sans remercier nos nouveaux amis de Lettonie :

Son Excellence Madame Nagobads Abols, son ambassadeur en France, qui est la courtoisie personnifiée, avec laquelle j'entretiens des rapports que je me flatte de qualifier d'amicaux.

Messieurs Inkens, Teikmanis et Stabovs, que j'ai eu l'honneur d'accompagner tout au long de la journée.

Sans oublier mon Ami Imants Lancmanis, conservateur du magnifique palais de Rund@le, qui a tant fait pour retrouver nos véritables racines. François Paucis et moi, nous regrettons son absence, mais nous nous réjouissons à la pensée que nous ferons enfin sa connaissance, début juillet, à l'occasion de notre déplacement en Lettonie.

Excellence, Messieurs, au nom de ma famille, permettez-moi de vous exprimer la fierté et la joie que nous éprouvons de nous retrouver à vos côtés. Et de vous remercier encore : Cette magnifique réunion que vous avez provoquée marquera doublement nos mémoires car c'est aussi la première fois que nous réunissons notre famille depuis qu'elle s'est établie à Bordeaux !

Merci, enfin, Monsieur le Ministre, d'avoir eu la délicatesse de nous accueillir dans ce cadre prestigieux et déjà si chargé d'Histoire.

Nous avons tous deux beaucoup d'amis en commun. Ils m'avaient vanté vos qualités et votre affabilité. Je pourrai leur dire, maintenant que nous nous connaissons, combien je partage leur opinion.

R

 Le 2 juillet 1993, Le Gouvernement de Lettonie, recevait en visite officielle une délégation française composée notamment de M. François Léotard, Ministre des Armées (remplaçant M. Alain Juppé, Ministre des Affaires Etrangères, à Tokyo avec le Président de la République), M. Alain Madelin, Ministre chargé des P.M.E., du Commerce et de l'Artisanat, etc. La Région Aquitaine et la ville de Bordeaux étaient représentées par M. et Mme Jacques Valade ainsi que par M. Naud, Secrétaire Général du Conseil Régional d'Aquitaine. Notre famille, par Hubert et Maïten Auschitzky, et par leur fils Bertrand. Nous avons partiellement évoqué ce voyage, dans : "Le festival de chant" et "A la recherche de nos racines".

 

 



1 - Court poème letton comparable aux haïkus japonais. Les daïnas ont beaucoup impressionné - et intrigué - les milieux littéraires occidentaux lors de leur découverte au XIXe siècle.

2 - Depuis cette époque, nous avons retrouvé une de leurs sœurs : Pauline.

3 - Il est devenu, quelques mois après cette rencontre bordelaise, le directeur du Cabinet du Premier Ministre de Lettonie.

4 - Adrien Sourget.

5 - Alfred et Léopold Flinoy.

7 - Jean Paul I Alaux.

8 - Michel Alaux.

9 - Maurice Auschitzky.

10 - Robert Mérillon.

11 - Jean-Marie I Mérillon.

12 - Pierre Mérillon.

13 - Max Auschitzky.

14 - Jean-Marie II Mérillon.