Nos Maisons

 

 

 

 

LE COURS TOURNY

aujourd'hui 13, cours Georges-Clémenceau

 

 

Toute la partie ouest du cours de Tourny (côté impair) est construite de maisons neuves où résident, dans les années précédant la chute de la royauté, des personnalités bordelaises.

Le 47, un ancien hôtel, deviendra la propriété de Louis Auschitzky qui y fera exécuter d'im­portantes transformations avant de l'habiter.

                                                                                                                                           *

Mais faisons un bref retour en arrière pour évoquer le passage dans cet immeuble, en juin 1777, du frère de la reine Marie-Antoinette, l'empereur d'Autriche, Joseph II, qui voyage sous le nom de comte de Falkenstein et des­cend chez un hôtelier du cours, un certain Lacroix, qui s'empressa de baptiser son établissement "Hôtel de l'Empereur".

L'année précédente, ce même hôtel a manqué d'être fermé, un capitaine aide-major des Troupes bourgeoises y ayant mis en loterie un tonneau de son vin évalué à une somme exor­bitante, mais finalement les jurats n'ont pas sanctionné l'hôtelier et préféré révoquer le major affairiste.

A la Révolution, l'hôtel est touché par un in­cendie.

Le 8 décembre 1789, les jurats offrent un dîner aux trente-deux pompiers qui ont lutté contre le feu.

François-Louis Lonsing loge à l'hôtel de l'Empereur. Né à Bruxelles en 1739, cet artiste a longtemps vécu en Italie et à Lyon avant de s'installer à Bor­deaux où, dès son arri­vée en 1783, il est adopté comme portraitiste. On lui doit le por­trait du duc de Duras, celui de Victor Louis et de quel­ques acteurs et actrices du Grand-Théâtre, celui du libraire Bergeret, ceux de l'arma­teur Mareilhac et de sa femme représentés devant le château de La Louvière qu'ils vien­nent de faire construire à Léognan. Peintre besogneux, mais doté d'un certain talent, Lonsing s'est marié, lors de son sé­jour à Milan, à une Italienne, Agathe Ricci, qui le trompe sans vergogne, notamment avec l'architecte Péchade. Ce qui n'empêche pas les deux hommes d'avoir de cordiales relations. Un instant, Lonsing tentera sa chance à Paris, mais reviendra bien vite à Bordeaux ou, plus exactement, à Léognan, car les Mareilhac l'hébergent et le chargent de décorer leur château. C'est là qu'il tombe malade et meurt le 12 avril 1799. Le futur maire de Bordeaux qui s'était pris d'amitié pour lui le fera enterrer dans le cimetière de Léognan et recueillera son fils.

Juste à côté, au 15, se situe l'hôtel du colonel marquis de Canolle.

Dans le courant du mois de novembre 1783, un visiteur peu banal s'installe chez le marquis : Cagliostro en personne.

Ami et protégé du chevalier Rolland, qui ha­bite un peu plus loin, place Dauphine, Joseph Balsamo, aventurier italien qui se fait appeler - entre autre - comte de Cagliostro et sera peu après impliqué dans la ténébreuse affaire du "collier de la reine", se présente comme guérisseur, soi­gnant par le magnétisme et de mystérieux onguents délivrés à prix fort par un apothicaire avec lequel il partage de substantiels bénéfices.

Cagliostro reste près d'un an à Bordeaux mais doit quitter la ville en octobre 1784 car médecins et apothicaires ont pris ombrage de ses activités médicales.

L'hôtel du marquis de Canolle passera entre les mains de Nathaniel Johnston, petit-fils de Wil­liam Johnston qui, ar­rivé d'Écosse en 1743, a fondé une maison de vins léguée à son fils Nathaniel, lequel, épousant Anne Steward, aura trois enfants, dont l'un, également prénommé Nathaniel habitera l'hôtel du cours de Tourny et sera le voisin le plus proche et le meilleur ami de Louis.