Nos Maisons

 

 

 

LA  MAISON DU MÉDECIN

à Popen

 

Si l'on veut traiter de l'édification de Popen, on doit débuter par Angermünde, car Popen faisait partie, à l'origine de Angermünde, et ne devint un domaine autonome qu'à une date ultérieure.

L'histoire de la charge et du château de l'évêché de Pilten, à Angermünde, commence au milieu du XIIIe siècle. Vers cette époque l’ordre teutonique avait réussi à fonder ses premiers appuis et à consolider son pouvoir dans le nord de la Courlande, dans une région de vastes forêts, de marais et de tourbières.

Angermünde, cité pour la première fois entre 1242 et 1249 en tant que place forte, fait partie des forteresses les plus anciennes de cette région.

Le maître d'œuvre de cette installation fut le directeur de l’Ordre, Dietrich von Grüningen. Angermünde ne se trouvait qu'à une lieue de la mer, très proche du fleuve Anger, non loin de sa confluence avec l'Irbe. A la même époque, en 1249, naissait non loin de là Dondangen.

Lors du partage de la Courlande, en 1253, toute la partie nord, à l'exception de l'étroite bande côtière située à l'ouest, revint à l'archevêché de RÌga, c'est-à-dire, à l'évêché de Courlande, dont l'évêque résidait à Pilten.

Angermünde, qui revient ainsi à l'évêché de Courlande, est dirigé par un intendant mandaté par l'évêque. Angermünde fut également, de façon temporaire, le siège des évêques. Quelques documents authentiques relatant les faits datent de cette époque, tels que deux lettres de l'évêque Johann, adressées au directeur de l’ordre, datant de 1415 et du 2 août 1423. Un acte féodal portant sur une parcelle de terre de la paroisse de Windau, adressé à Moritz Blomberg, le vendredi suivant la Saint-Michel en 1540, provient de Angermünde.

Au XVIe siècle, Angermünde est mis en gage pour 4 000 thaler[1] à Georg von Fircks, mais n'est toujours pas restitué en 1562.

A cette époque, le duc Magnus était déjà propriétaire de l'évêché de Courlande et il se déclare prêt, à la demande de son conseiller Diedrich Behr, "à accorder à moindre coût" en cas de vente en toute exclusivité au fils de Behr, Johann, la charge héréditaire de Angermünde, avec les villages périphériques de Grob-Irben et de Pissen qui s'y rattachent.

Les frontières de la charge sont décrites dans le même document comme suit :

"Diedrich Behr, souvent mentionné, a veillé ici à ce qu'il n'y ait dans l'avenir aucune méprise au niveau de la frontière. C'est la raison pour laquelle il a été décidé que les frontières de la charge de Angermünde restent et soient conservées comme ce qui suit ci-après. La frontière part de la mer, entre Grob-Irben et Newdorff, traverse à angle droit l'axe Grob-Irben et Newdorff, et de là suit la direction vers les deux pierres dans la lande entre les deux chemins qui viennent de Ostendorff. Les pierres et cet endroit marquaient depuis toujours la frontière entre Dondangen et Angermünde. De là, la frontière suit la direction de Lœnszhorst, de telle sorte que tout le cours de l'Irbe reste du côté de Angermünde, jusqu'à l'endroit où le Krokewolke se jette dans le Lohne. Puis elle se poursuit vers Sorueliste, situé près de Wehrserppe, traverse le ruisseau Irbe, laissant de côté les anciennes aires de battage, en direction de notre maison et charge de Dondangen. Il faut suivre les anciennes frontières de Angermünde et de buse[2], jusqu'au lac de buse, traverser le ruisseau Anger jusqu'à un contrebas humide et marécageux, ou petit fleuve, longeant celui-ci à travers les contrées sauvages jusqu'à la frontière de l’Ordre de la région de Windau, selon les indications des documents, et enfin suivre jusqu'à Nebelmunde qui revient à la mer soltzen2".

Cette délimitation établie ici avec force détails concordait encore, dans tous les points essentiels, avec les frontières du domaine de Popen des temps modernes.

Johann Behr était ainsi en droit d'espérer obtenir Angermünde, mais quelques années devaient encore s'écouler avant qu'il en devienne propriétaire. Lorsque Georg von Fircks renonça finalement à l'argent prêté au duc Magnus et que le duc fut incapable de payer. Ce dernier céda le domaine au riche Otto von Grotthuss auf Ruhenthal pour un montant de gage élevé.

A la mort de Grotthuss, en 1577, le duc Magnus se vit dans l'obligation de vendre malgré tout Angermünde à Johann Behr qui en prit alors possession pour la somme de 16.000 thaler. L'acte d'achat a été établi le 8 septembre 1581 à Edwahlen. C'est alors qu'apparaît pour la première fois le nom de Popen, bien qu'il n'y ait eu à cette époque certainement aucune cour à proprement parler.

Etant donné que le château de Angermünde était de dimension réduite - Magnus le définit dans l'acte mentionné ci-dessus comme "notre petite maison et charge Angermünde" - il revient au fils de Johann, Werner, de faire construire les premières bâtisses.

Johann avait, par ailleurs, décidé dans son testament que sa veuve Margarethe, née von Grotthuss, recevrait Popen comme demeure de veuvage.

Le bâtiment le plus ancien de Popen était le "vieux pavillon de chasse". Il est difficile de vérifier si ce bâtiment a été utilisé comme maison d'habitation par Margarethe. On sait seulement qu'avant la prise de possession par Johann, les propriétaires de Angermünde ont utilisés occasionnellement cette bâtisse lors de chasses à Popen. Ce n'est qu'après la mort de Margarethe, en 1692, que Werner Behr semble avoir construit à Popen et y avoir habité.

On trouvait déjà à Popen, avant la prise de possession de la région par l’Ordre, un ancien château des Coures dont les remparts et la forteresse elle-même étaient, comme on a pu le constater, encore bien conservés. C'est à proximité directe de cette forteresse qu'a pris alors naissance la grande cour de Popen.

Angermünde est resté tel quel et n'a été gravement endommagé que pendant la guerre de Suède, au début du XVIIIe siècle, pour tomber ensuite en ruine. Il a été en 1710 en partie habité, mais fut définitivement abandonné entre 1720-1730.

Le chef de district, Ulrich Johann, né en 1688, décédé en 1763, commença la construction de la grande bâtisse encore en place de nos jours. C'est le cousin du président Ulrich Behr auf Schleck, né en 1669, décédé en 1749, qui se fit un nom avec l'importante extension de Schleck. Les deux bâtisses montrent de grandes ressemblances dans leurs dimensions et leurs éléments de base.

Dr Carl von Lorcq, déjà cité dans l'histoire de l'édification de Schleck, estimait que Popen pourrait avoir été conçu par Jean de Bodt et John von Collas, tout au moins dans ses ébauches, car le château de Popen avait une grande ressemblance avec Carwinden, en Prusse orientale. Ce dernier a été construit par les deux maîtres d'œuvre cités ci-dessus, entre 1713-1715, mais dans de moindres dimensions, Carwinden avait 4 + 3 + 4 étages, Popen en avait 5 + 3 + 5. Les deux avant-corps centraux sont fort semblables ; la construction de la toiture est la même, tout comme les quatre cheminées.

En 1840, le bâtiment principal est prolongé par une autre aile dans laquelle se trouvent principalement les salles d'intendance et les chambres d'hôtes. Mais la symétrie de toute la bâtisse est sensiblement troublée par cette aile. Les maisons des cavaliers datent également de cette époque, ainsi que l'écurie réservée aux calèches.

Le reste de la grande cour a connu une histoire semblable à celle de Schleck. Elle se trouve en dehors de la grande cour d'honneur. Les transformations de 1840 entraînent à l'intérieur du château une nouvelle répartition des pièces comme en témoignent deux enfilades qui se perdent à travers le principal corps de bâtiment.

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Samuel Auschitzky a très vraisemblablement habité la maison ci-dessous. Elle date du XVIIIe siècle. Après le château décrit ci-dessus, c’est certainement la plus belle demeure de Popen. C’était la résidence attitrée de l’amtmann donc, à l’époque, celle de notre aïeul. On l’appelle aujourd’hui : « La Maison du docteur » car elle fut ensuite destinée au Directeur-médecin chef de l’hôpital local. Nous l’avons vu, nous en avons fait le tour et nous l’avons photographié, mais nous n’avons pas eu l’autorisation d’y pénétrer.

 

 

                                                                                                                                                                         photo Bertrand Auschitzky

 

 

Les livres d’église précisent que dans cette maison sont nés les 4 aînés de Samuel Auschitzky :

 

                                1 - Ulrich-Niklas-Johann-Friedrich.              

                                2 - Charlotta-Veronica-Anna-Christina

                                3 - Catherina-Louisa-Maria.

                                4 - Friedrich-Ulrich-David, notre ancêtre.

 

Le prénom du père, qualifié « Amtmann Auschitzky » ou « amtsverwalter  Auschitzky » (le patronyme étant parfois orthographié de façon différente), n’est indiqué sur aucun des actes ci-dessus. Pas plus qu’il n’y est fait mention de la mère.

 

 

 



[1] - Un thaler valait environ trois mark.

[2] - Notre traducteur ignore le sens de ce mot écrit en vieil allemand (texte écrit au Moyen-âge).