Appendices Auschitzky

 

 

 

DEUXIÈME BRANCHE

PAUL-PIERRE-HENRI  AUSCHITZKY

 

 

 

Il est né le 21 octobre 1834 à Bordeaux, 24 rue Cornac, au domicile de ses parents Charles et Eugénie Sourget.

 

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Nous ignorons le niveau de ses études et nous ne comprenons pas la raison qui l'a poussé, dès l'âge de 19 ans, à s'expatrier.

Ses parents disposaient d'une fortune confortable permettant d'établir Eugénie, sa sœur aînée. Tandis que Louis a pu terminer son droit à Paris et acquérir un cabinet d'avoué payé 110 000 F de l'époque1. Pourquoi n'aurait-il pas été aidé lui aussi ?

Une brouille familiale ? Peu vraisemblable car :

 

·      Etant mineur au moment de son départ pour la Birmanie, il lui a fallu une autorisation parentale.

·      A son mariage, son père, sa mère, son frère, sa sœur et d'autres proches parents étaient présents à la signature du contrat et signent.

 

D'autres faits sont troublants :

 

·      Paul Auschitzky est connu au Ministère des Affaires Etrangères comme étant "Polonais d'origine". Ceci prouve, encore une fois, que son père, lui avait caché, comme sans doute à ses deux autres enfants et à ses amis bordelais, sa véritable nationalité.

·      Sur ce même document, il est déclaré "naturalisé Français". C'est une grossière erreur car il est né Français. Descendant, par sa grand-mère paternelle, Marianne Fort, d’huguenots français, il a bénéficié de la loi Marsanne de Fonjuliane, promulguée en 1790. Il en a été de même pour son père et sa sœur Eugénie. Tandis que Louis, pour des raisons que nous ignorons, également né à Bordeaux, a bénéficié de plein droit de l'Article 9 du Code Napoléon. Il lui a suffit, à sa majorité, de faire reconnaître sa qualité de Français en formulant sa demande.

·      Pourquoi, sur la quasi totalité des actes de la branche Mérillon, l'Y final d'Auschitzky est-il remplacé par un I ?

 

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Son passeport (Registre 52 n° 91), délivré à Bordeaux le 2 septembre 1853, mieux qu'une photo, nous en brosse le portrait :

 

                                                                           Taille : 1m 70.

                                                                           Sourcils : châtains.

                                                                           Bouche : moyenne.

                                                                           Visage : ovale.

                                                                           Cheveux : châtains.

                                                                           Yeux : châtains.

                                                                           Barbe : naissante.

                                                                           Teint : ordinaire.

                                                                           Front : découvert.

                                                                           Nez : long.

                                                                           Menton : Rond.

                                                                           Signes particuliers : néant.

 

Il indique aussi :

 

                                                                           Profession : Négociant, natif de Bordeaux.

                                                                           Résidence : 6, cours de Tournon.

                                                                           Age : 19 ans.

                                                                           Destination : Chandernagor.

                                                                           Raison : pour affaires.

 

 

Vie professionnelle

 

 

Elle a été brillante.

 

Nous savons donc qu’à 19 ans, il quitte Bordeaux et s'embarque pour Chandernagor, alors ville des Etablissements français de l'Inde. Le voyage, via le Cap de Bonne Espérance, dure plusieurs mois. Il a été recruté par la Maison Robert & Chabrol de Calcutta, que nous supposions d'origine bordelaise, mais nous ne l'avons pas trouvée dans les registres du commerce. Alors nous avons interrogé la Grande-Bretagne, qui l’ignore aussi.

 

Quelques mois plus tard, il fonde une Maison de commerce, filiale de Robert & Chabrol, à Akyab, en Arakan, district de la Basse-Birmanie anglaise, sur le golfe de Bengale.

 

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Découvrons ce pays :

 

Le Rakhine Yoma (chaîne de l’Arakan) sépare les États Rakhine et Chin de la plaine centrale de l’Ayeyarwady. Isolés du centre du pays, les habitants de ces régions ont de nombreux points communs avec les peuples d’Inde orientale et du Bangladesh.

 

 

Les Rakhine

 

 

Les Rakhine constituent-ils une ethnie ? La question est controversée. Sont-ils en fait des Birmans mêlés de sang indien, des Indiens ayant des caractères birmans, ou une race à part (comme le prétendent les insurgés Rohingya) ? Bien que les premiers habitants de la région aient appartenu à une tribu negrito à peau sombre, les Bilu, d’autres migrants arrivés plus tard de l’est du sous-continent indien fondèrent les premiers royaumes hindo-bouddhistes de Myanmar, avant la fin du premier millénaire de notre ère. Ces royaumes s’épanouirent avant les invasions des Tibéto-Birmans venus de nord et de l’est, au XIe et au XVIIIe siècle. La population actuelle peut fort bien être le produit de croisements entre ces trois groupes. Bilu, Bengali et Birman.

Dans les pays anglo-saxons, la région est connue sous le nom d’Arrachant, la traduction bengali-arabe-portugaise du terme local « Rakhine », lequel devient « Yakhine » en birman standard. La principale langue parlée dans l’État est un dialecte de birman. Certains groupes parlent également des dialectes dérivés du bengali. Le terme « Rakhine/Arakan » vient sans doute du pali « Rakkhapura » (Raksapura en sanskrit) qui signifie « terre des Ogres », une appellation que lui attribuèrent les missionnaires bouddhistes. Cette connotation manifestement péjorative s’appliquait aux aborigènes bilu (bilu signifiant « ogre » en birman) dont la peau sombre, les cheveux crépus et le mode de vie néolithique a pu suggérer pareille comparaison. Cette désignation pourrait également faire référence aux exploits sanguinaires des pirates et autres trafiquants d’esclaves qui opéraient sur la côte.

Le premier royaume rakhine, Dhanyawady, apparaît vers le Ier siècle de notre ère, peut-être même avant. Le célèbre bouddha Mahamuni du paya Mahamuni à Mandalay pourrait avoir été moulé sous le règne de Chandra Suriya (Sandrasuriya en Rakhine) vers 150. La population locale est persuadée qu’il a été moulé en VIe siècle avant notre ère, du vivant de Gautama Bouddha ! (Les historiens d’art sont unanimes à penser qu’il fallut attendre plusieurs siècles après la mort du Bouddha pour voir apparaître des statues de l’Éveillé).

A Dahanyawady succéda au IIIe siècle un royaume appelé « Wethali » (Vesali en pali, Waithali en dialecte rakhine). Il fut ravagé par l’invasion mongole de 957, et par les Birmans de Bagan à la fin du XIe siècle. L’emprise birmane resta forte jusqu’au XVe siècle quand le Rakhine passa sous l’influence du royaume musulman bengali de Gaur. Si la foi musulmane ne s’est pas implantée dans la région, les mathématiques et des sciences musulmanes furent assimilées par la culture locale au temps de la dynastie de plus en plus puissante de Mrauk U.

Aux XVIe et XVIIe siècles, les ports de la côte accueillaient des marchands arabes, centre asiatiques, danois, hollandais et portugais. La richesse provenant du commerce international permit à Mrauk U (Myohaung) de se libérer une fois encore de la tutelle birmane, et cette dynastie régna sur toute la bande côtière de Chittagong à Yangon, et même jusqu’à Bago qui fut conquise par le roi rakhine Razagyi en 1663. Durant cette période, les méfaits des trafiquants d’esclaves, des pirates et des despotes locaux ternirent la réputation du royaume. Les souverains rakhine mêlèrent l’astrologie brahmanique, la cosmologie bouddhiste et les mathématiques islamiques dans des rites de psalmodie et de sonneries de cloches appelés yadaya destinés à leur assurer l’invincibilité.

Le royaume fut repris par les Birmans en 1784, sous le roi Bodawpaya qui envoya le prince héritier à la tête d’une armée de 30 000 hommes s’emparer du pays et du bouddha Mahamuni, véritable talisman. Les Anglais annexèrent la région en 1824 à la suite des attaques des militaires birmans sur le Rakhine qui s’étaient réfugiés dans l’Inde britannique voisine.

De nos jours, les Rakhine récoltent les produits de la mer que leur fournit le troisième site de pêche du pays, après les côtes des divisions d’Ayeyarwady et de Taninthayi. Quatre grandes rivières alimentées par de copieuses précipitations, le Kaladan, le Lemyo, le Mayuet le Naff, irriguent les vastes et fertiles rizières des plaines, les 348 km du cours du Laladan et ses affluents, servent également de voies de communication avec les régions intérieures de l’État. Sur les hauteurs de l’arrière-pays, on produit aussi de l’opium.

Aujourd’hui le gouvernement birman nie l’existence d’une minorité rohingya, comptant 3 millions d’individus, qui se distinguent des Rakhine par leur religion musulmane. Beaucoup ont fui en Inde et au Bangladesh pour échapper à la persécution birmane.

 

 

Les Chin

 

 

L’État Chin, immédiatement au nord, est accidenté et peu peuplé. A l’instar des Rakhine, population et culture résultent d’un croisement d’influences indigène, bengali et indienne, mais la composante birmane y est beaucoup plus faible. Comme dans l’État précédent, le gouvernement s’est efforcé dans les années récentes de promouvoir la culture birmane aux dépens de la culture chin, provoquant l’exode de nombreux Chin vers le Bangladesh et l’Inde.

D’origine tibéto-birmane, les Chin se font appeler Zo-mi ou Lai-mi (qui signifient l’un et l’autre « peuple montagnard ») et possèdent la même culture, la même cuisine et la même langue que les Zo de l’État indien du Mizoram. Les étrangers désignent les différents sous-groupes d’après le nom du district où ils vivent : Tidam Chin, Falam Chin, Hakha Chin, etc.

Les Chin pratiquent depuis toujours la culture sur brûlis. Ce sont d’habiles chasseurs, et les sacrifices d’animaux jouent un rôle important dans les cérémonies animistes. La proportion d’animistes dans la population est la plus élevée de tous les États du Myanmar, mais tend à diminuer face à la poussée missionnaire du bouddhisme et du christianisme. Certains sont de religion Pau China Hau centrée sur le culte d’une divinité appelée Pasian. Cette religion a pris le nom d’un chef spirituel du district de Tidam qui vécut de 1859 à 1948. Hau est l’inventeur de l’écriture chin et le nationalisme chin lui doit beaucoup.

Les éléments les plus traditionnels des Zo et des Chin vivent au sud de l’État près de la frontière de l’État Rakhine. Les chrétiens du nord ont bombardé la région avec un projet appelé « Chrétienté chin dans un siècle unique » qui vise à convertir tous les Chin à la « seule vraie foi ». Face à eux, le gouvernement de Yangon a lancé ses propres missionnaires bouddhistes à la conquête de l’âme chin.

Le Front National chin, un mouvement nationaliste non violent actif de part et d’autre de la frontière, aspire à créer un « Chinland » indépendant, comprenant le Zoram oriental (l’actuel État Chin du Myanmar), le Zoram occidental (une partie du sud-est du Bangladesh, plus Tripura en Inde), le Zoram septentrional (Manipure en Inde), ensemble qui était unifié avant l’arrivée des Anglais.

 

 

Akyab

 

 

Aujourd’hui Sittwe (pour les Rakhine : Saitway). Ce port est situé à l’embouchure du Kaladan. Les îles du delta forment un large chenal abrité qui a servi de port pendant des siècles. Sittwe est habitée depuis au moins 2 000 ans, mais ses activités commerciales ne datent que de deux siècles et se sont vraiment développées sous l’occupation anglaise après 1826.

Pendant la période coloniale, le commerce international fut très actif le long de la côte. Chaque jour, deux gros cargos à vapeur faisaient la navette entre Calcutta et Akyab. Les anciens qui ont connu cette époque, à Akyab et à Mrauk U, se souvenaient avec nostalgie des énormes mangues indiennes et du halva crémeux du Bengale que déchargeaient ces navires. Chez les colons, le bruit courait qu’Akyab était infestée de paludisme et de choléra (Paul Auschitzky en est mort. Ce n’était donc pas qu’un bruit !). La région n’est pas plus marécageuse que d’autres plus au sud dans le delta. On notera en passant que l’écrivain écossais Hector Hugh Munro, qui signait ses œuvres sous le nom de Saki, est né ici en 1870.

Les Rakhine d’Akyab, tant bouddhistes que musulmans, ont apporté une tonalité spéciale à la culture birmane qui se manifeste dans le goût pour les nourritures plus épicées et les vêtements aux couleurs plus vives. Les femmes portent des chemisiers et des longyi roses, rouges ou orange, couleurs plutôt rares dans le reste de la Birmanie, sauf si elles sont portées avec des robes monastiques.

 

Payagyi

Ce temple dont le nom entier est Payagyi Atulamarazei Puilanchantha se trouve dans le centre-ville. Il consiste en un grand abri nu porté par des colonnes décorées de mosaïques de verre. Au centre, un grand bouddha assis dans le style rakhine, sans les « insignes royaux » (couronne et pectoral serti de joyaux) que l’on voit très souvent sur les statues rakhine. Le visage est doré et le corps en bronze. Il pèse 5 425 viss (8 680 kg).

 

Voisin du temple, le Kyaung Kyaoyok renferme deux stupa de style cinghalais et birman.

 

Musée bouddhique

Ce musée existait déjà à l’époque où notre ancêtre vivait à Akyab. Logé dans une bâtisse de style colonial dans l’enceinte du Kyaungtawgyi Mahakuthala (« grand monastère de Grand Mérite ») à trois pâtés de maisons à l’est du canal qui traverse la ville, ce modeste musée est le meilleur endroit du Myanmar pour voir des Bouffha rakhine. Gérée par les moines, la collection est un rare exemple d’effort de préservation du patrimoine, dans un pays où les bouddhas anciens sont volés, ou fréquemment vendus, pour se procurer des devises étrangères et aussi parce que les Birmans en général voient dans les vieux bouddhas des accumulations karmiques avec lesquelles ils ne préfèrent pas lutter.

La plupart font moins d’un mètre de haut et portent les atours royaux des bouddhas rakhine. Ils datent en majorité de la période Mrauk U est quelques-uns de la période Wethali. Ils sont faits en matériaux divers : bronze, argent, nickel, quartz et albâtre. Les bouddhas assis sur des piédestaux, eux-mêmes portés sur le dos d’éléphants formant un cercle, sont uniques en leur genre. Dans des vitrines, on verra de petites soucoupes remplies de cailloux blancs que l’on considère comme des reliques d’os du Bouddha.

Le reste de la collection réunit des bouddhas indiens et des divinités hindoues, des bouddha thaï et japonais, des pièces d’argent de la période Mrauk U, des pipes en terre, des tablettes votives en terre et des cartes astrologiques gravées.

 

Visite de la ville

Dans le centre-ville, une vieille tour de l’Horloge métallique, couronnée d’une girouette, fut érigée par les Hollandais au XVIIIe siècle.

Le tombeau de Babagyi, un saint musulman local qui vécut il y a deux cents ans à Akyab, se trouve dans le quartier de Bodawma à forte population bengalaise. Dans ce même quartier, sont situés la plus vieille mosquée et le plus vieux temple hindou de Sittwe.

 

Bord du fleuve

Comme dans toute ville côtière, l’animation est importante au bord de l’eau et, comme dans maintes villes colonisées par les Anglais, la rue longeant la rivière s’appelle The Strand.

The Point est une avancée à la confluence de la rivière Kaladan et de la baie du Bengale. Une grande terrasse recouvrant le terrain plat fait d’argile schisteuse et de grès permet de se rafraîchir dans la brise par les chaudes après-midi. Le phare qu’a connu notre ancêtre a été transformé en plate-forme d’observation.

Sur la façade maritime de la ville, à peu près au centre, se trouve un îlot où les pêcheurs amarrent leurs bateaux. A marée basse, ils reposent sur la vase et les pêcheurs se rassemblent sous des huttes, sur le rivage. Au nord s’étend le port proprement dit, aujourd’hui accessible aux navires de haute mer, y compris les pétroliers de Myanma Electric Power Entreprise et les cargos mixtes de Myanma Five Star Line.

 

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Grâce aux pluies très abondantes, surtout sur les rivages, que lui apportent les moussons, grâce aussi à son climat tropical, cette région est très fertile. Le riz en est la principale culture, mais le froment, la canne à sucre, le tabac, les graines oléagineuses, le coton y sont développés. Des forêts de tecks, d'arbres à huile et à essences, couvrent les pentes des montagnes et fournissent matière à une exploitation très active. Les plantations d'hévéas prirent à cette époque un grand essor.

A ce même moment, le commerce ne cesse de s'accroître. Rangoon (aujourd’hui : Yangon) devient un port considérable et se place juste après les ports de Calcutta et de Bombay.

On peut identifier sans hésitation ce district avec le royaume de Mien dont parle Marco Polo.

La Birmanie, unifiée au début du XVIIIe siècle par le roi conquérant Alompra, est demeurée depuis lors soumise à la dynastie de ce souverain, jusqu'au jour où, en 1885, les Anglais en achevèrent la conquête.

Dès 1824-1825, ils avaient occupé l'Arakan ; vingt-sept ans plus tard, en 1852, ils mirent la main sur tout le reste du littoral ; un quart de siècle encore, et ils s'emparent de Mandalay même, puis font reconnaître leur prise de possession par la Chine, suzeraine de la Birmanie. C'est à ses nouveaux maîtres que le pays doit sa mise en valeur et son outillage économique, sa remarquable prospérité et son essor.

 

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Revenons à notre ancêtre.

 

Si l'on se souvient que Paul Auschitzky est arrivé en Birmanie en 1843, on peut imaginer qu'au milieu de ces luttes sa vie n'a pas toujours été de tout repos.

Malgré ces aléas, il réussit à monter une affaire qui va prendre des proportions importantes. Il devient actionnaire majoritaire dans la S.A. des Moulins à Vapeur pour la Farine et la Décortication des Riz à Rotterdam. Il achète plusieurs immeubles en Birmanie. Il construit à Akyab, la cité des Bungalows dont il est le seul propriétaire.

 

Il devient l'un des Français les mieux considérés du pays, aussi le poste de consul de France à Akyab lui est attribué.

 

 

Paul Auschitzky vice-consul de France

 

 

Paul Auschitzky est nommé le 21 février 1859 agent consulaire. A ce titre, il dépend du consul général de France à Calcutta.

 

Un agent consulaire est nommé par le consul de la circonscription où il réside, après accord du ministère des Affaires étrangères. Il est le délégué du consul pour délivrer les actes administratifs soumis par la suite au visa du consul. Il peut expédier les navires, viser les pièces de bord, et doit prendre toutes dispositions pour préserver les biens et droits des français de sa circonscription. Il a enfin un rôle d'information important auprès du consul. Il peut éventuellement assurer d'autres attributions. En règle générale, un agent consulaire est un notable de sa ville de résidence, qui n'est pas forcément de la nationalité du pays dont il est l'agent consulaire. Il ne participe pas aux privilèges et immunités consulaires.

 

Une lecture de la correspondance commerciale et consulaire relative à ce poste, a permis de trouver les renseignements ci-après :

 

- ccc. Calcutta, vol 2, fol 232 à V. ; le consul de France à Calcutta informe le Département qu'il a nommé Paul Auschitzky agent consulaire (dépêche du 21 février 1859).

- ccc. Calcutta, vol 4, fol 325 V ; "... sur la côte birmane du golfe de Bengale, sont deux agences : celles d'Akyab et de Rangoon. M. Auschitzky, polonais d'origine, mais naturalisé français, réside à Akyab depuis la création de cette agence en 1859. Il y dirige une maison de commerce, succursale de la Maison Robert & Chabrol, de Calcutta. M. Auschitzky, dont, à juger la correspondance de mes prédécesseurs, les services sont très appréciés, a reçu l'année dernière une médaille d'or de 2ème classe, pour sa belle conduite dans le naufrage du navire "La Ville de Strasbourg".

En vertu d'une autorisation ministérielle, il exerce également les fonctions de consul de Belgique (rapport du 29 juillet 1867).

- ccc. Calcutta, vol 4, fol 438 : Minute d'une dépêche adressée par le Département au consul général de France à Calcutta : "Je ratifie également le choix que vous avez fait d'une part, de M. Achard pour remplir l'intérim de l'agence d'Akyab en l'absence de M. Paul Auschitzky, que le soin de ses affaires rappelle en Europe ..." (18 septembre 1868). Le Département avait été informé de ce départ par dépêche du 1er juin 1868.

- ccc. Calcutta, vol 5, fol 52 V : indication du récent décès de M. Paul Auschitzky au mois d'août 18692.

 

 

Paul Auschitzky consul de Belgique

 

 

Suite au retour en Europe de M. James Bulloch, le Consulat belge d'Akyab se trouvait sans titulaire. De Bordeaux, le 11 octobre 1865, Paul Auschitzky sollicite le poste qui lui sera attribué par arrêté royal.

 

A sa mort, il sera remplacé par Louis Achard, de Bordeaux, dont nous ignorons le lien de parenté avec les Roger Achard que nous connaissons.

Ces documents (...de bien médiocre qualité !) nous ont été communiqués par le Ministère des Affaires Etrangères de Belgique.

 

 

Le mariage

 

 

Paul Auschitzky a épousé à Bordeaux, le 27 août 1866 Jeanne Méaudre Lapouyade. Un contrat de mariage a été passé par-devant Me Isidore Antoine Thierrée et Me Antony, son collègue, notaires à Bordeaux.

 

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Cette même année le navire "La Ville de Strasbourg" sur lequel il était embarqué, fait naufrage. Il sauvera plusieurs passagers et sa belle conduite lui vaudra une médaille d'or de 2ème classe.

 

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Il aura deux enfants :

 

·      Jean, né le 10 juin 1867 à Akyab.

·      Marguerite, née le 16 décembre 1868 à Bordeaux.

 

 

La fin

 

 

Il s'éteint à Akyab le 5 avril 1969 terrassé par le choléra.

 

La fortune amassée par Paul Auschitzky en Birmanie est évaluée à 800 000 frs3 mais elle paraît avoir été mal gérée après sa mort.

 

Nous avons demandé au Ministère des Affaires Etrangères birman une expédition des actes du décès de Paul et de la naissance de Jean Auschitzky mais la quasi-totalité des actes d'avant 1945 ont été détruits pendant la guerre.

Nous avons prié l'Ambassadeur de France en poste à Rangoon d'aller recueillir des renseignements sur les biens que possédait Paul en Birmanie, notamment à Sittwe (nouvelle dénomination d'Akyab), ce qui lui a été impossible. En effet, seuls quelques sites sont ouverts aux diplomates et malheureusement Sittwe n'en fait pas partie.

 

Sa femme, Jeanne Méaudre de Lapouyade s’éteindra à Bordeaux le 13 mars 1943.

 

La descendance

 



1 - Soit 1 800 000 F 1991, peut-être plus.

2 -  Renseignements aimablement communiqués par le Ministère des Affaires Etrangères.

Enquête de M. Philippe Husson, ministre plénipotentiaire. Directeur des Archives et de la Documentation.

BJ/BJ - 1077 ARD. Paris, le 27 novembre 1990.

 

3 - 800 000 fr de 1869 = 15 000 000 F de 1992.