Appendices Auschitzky

 

 

 

ULRICH-NIKLAS-JOHANN-FRIEDRICH AUSCHITZKY

 

 

 

AUSCHITZKY, Friedrich-Ulrich-David (différence dans les prénoms. Les nôtres sont les bons), né à Popen, le 15 mars 1770, où son père était Amtmann (Registre paroissial de Popen), fit ses études de théologie de 1787 à 1790 à Königsberg et Göttingen et devint en 1796 pasteur à Hasenpoth et Jamaïken (Voz 25 avril, ord. le 13 juillet, introd. D. XIV. p. tr. le 21 septembre). Il se marie une première fois, en 1796, avec Maria1 Fort (décédée le 1er février 1803), fille d'un pasteur de Königsberg, puis il se remarie en septembre 1803 avec Charl. Benigna Kolb, de Libau, et mourut le 6 (18) septembre 1809.

 

÷

 

Nous allons expliciter ce texte extrait de « Die Evangelishen Kirchen und Prediger Kurland », de Th. Kall Meyer, en quatre sections principales :

 

1 - Etudes

2 - Famille

3 - Sacerdoce

4 - Hasenpoth

 

 

1 - Etudes

 

 

Friedrich avait la vocation, mais les pasteurs courlandais étaient - depuis des siècles - allemands ou germanisés. Ils faisaient leurs études de théologie en Allemagne.

Où notre aïeul a-t-il été formé ?

 

Koenigsberg

L’Université de Königsberg

A Königsberg.

Son université est florissante. A la fin du XVIIIe siècle près de 400 étudiants y suivent des cours. Sa bibliothèque renfermait plus de 60 000 volumes et de nombreux manuscrits, surtout de Luther.

Kant, que ses parents destinaient à la carrière de pasteur, y étudia la théologie de 1740 à 1745. Il fut attaché à l'Université, en qualité de privatdocent (répétiteur). Obtint bientôt la chaire de mathématique qu'il changea peu après contre celle de métaphysique, et devint dès lors le centre d'une école qui rayonna dans toute l'Allemagne. Il renonça à sa chaire, en 1793, lorsqu'il se sentit trop affaibli par l'âge. Il en fut temporairement recteur en 1786 et en 1788. Il semble certain que cet éminent Allemand ait été maître de notre ancêtre car les dates sont concordantes.

Dans les écrits de Georg Erler, la matricule de l’université de Königsberg (Publication de l’Association pour l’Histoire de la Prusse Est et Ouest), Band II (1657-1829), Leipzig 1911/12, on trouve dans la partie 602 l’inscription pour le semestre d’hiver de 1787 de Friedrich Ulrich David Auschitzky, Courlande (Kurländer).

 

A Göttingen.

C’est vers 953, dans un acte de l’empereur Othon Ier que Gutingi est mentionnée pour la première fois. Elle se voit octroyer les droits municipaux en 1210 et entre dans la Hanse en 1351. Ayant adhéré à la Ligue protestante de Smalkalde, la riche cité se voit refuser en 1536 le privilège impérial permettant d’édifier une université. Il ne sera accordé que deux cents ans plus tard, le 13 janvier 1733, et l’électeur Georg August de Hanovre (George II d’Angleterre) donnera son nom à l’université naissante (Georg-August-Universität). Inaugurée en 1737, l’université de Göttingen apparut à ses débuts, comme une institution aristocratique, fréquentée par les rejetons des hobereaux hanovriens, les fils de grandes familles allemandes, anglaises ou russes. Pépinière de juristes et de philologues, elle disposait aussi de maîtres-écuyers réputés, exerçant leur art dans un manège monumental. En quarante ans, l’université deviendra la plus fréquentée d’Europe.

L’archiviste de cette Université nous écrit le 23 mai 1995 que Friedrich y a été reçu le 28 octobre 1789 par M. von Götz von Selle comme venant de Königsberg pour des études théologiques. Son matricule précise : « Friedrich-Ulrich-David Auschitzky Curonus, theol. ex ac. Regiomont ». Son certificat de fin d’études (certificat qui n’était établi qu’exceptionnellement et en cas de demande expresse) n’a pas été retrouvé. Les Universitätsarchiv ne peuvent nous préciser la durée et le contenu de ses études car « les documents supplémentaires ne sont pas ici » (Mais alors, où ?).

 

Ces deux universités étaient, à l’époque, les plus réputées d’Europe. On peut imaginer que le coût des études de Friedrich a dû être considérable.

 

 

2 - famille

 

 

Friedrich s’est marié à Königsberg en 1796, avec Marianne Fort2, Malheureusement il a été impossible de retrouver la trace de ce premier mariage, comme aussi du décès de Marianne, car les registres paroissiaux d’Aizpute, pour les années précédant 1833, gardés aux Archives de Lettonie, qui y étaient encore avant la Deuxième Guerre mondiale, ont été volés. On pense qu’ils se trouveraient quelque part en Allemagne.

 

Les six enfants issus de ce premier mariage sont :

 

                                             Carl-Ulrich-Heinrich-Ewald

                                             Qui suit.

 

                                              Pauline-Johanna-Catharina

                                             Est née à le 27 mai 1798.

Elle y a été baptisée le 31 mai suivant.

Elle avait 5 ans au décès de sa mère et 11 ans seulement à la mort de son père.

Elle a été confiée à Carl Manteuffel, président du Conseil administratif de l’église d’Hasenpoth. C’est le personnage le plus influent et le plus riche du duché. Il est propriétaire des états de Kazdangen, Zilden, etc., en Courlande, mais il possède aussi d’autres propriétés en Pologne et en Russie (quelques 100 000 hectares nous apprendra son testament (à comparer avec le plus grand département de France, la Gironde, qui fait 99 999 km2).

Sa femme est Catharina-Charlotte von Behr, née le 8 janvier 1765, décédée le 29 juillet 1815. Elle est la marraine de Pauline, qui porte son prénom dans ceux qui lui ont été attribués à son baptême.

Ils l’adopteront.

 

August-Ludwig-Friedrich)

                                             Est né le 14 mai 1799,

Il alla en 1818-19, au lycée de Mittau3. Baccalauréat. Etudiant en théologie, de 1819 à 1822, à Dorpat. En 1825, il a été chez le pasteur à Lippaichen. Ordonné à Mittau le 12 avril. Intronisé le 26 juillet comme frère du Supérieur Richler. Mais en mai 1835 il est nommé à l'église de Gramsden, où en 1864 il prit le frère Shegmann comme adjoint. Il décède le 19 décembre 1867. Il était marié, depuis le 3 février 1826, avec Karol-Sophie Schaak, fille de Karl, marchand et bailli juridique. Elle mourut le 8 janvier 1828.

 

Nous avons retrouvé aux Archives nationales de Lettonie son testament. En voici la traduction :

Depuis un certain temps, je loue en mon propre nom un petit lopin de terre faisant partie du domaine de Gramsden pour mon chef domestique, Thomas Holmers, qui m’a servi loyalement et assidûment pendant des années et qui me devint infiniment attaché. J’avais loué ce lopin pour douze années et le profit, après les dépenses, est de 1 285 roubles et 15 kopeck. Selon les vœux de mon chef domestique, cet argent m’a été attribué, et chaque année je lui payais l’intérêt d’usage. Je reste en dette de toute cette somme de 1 285 roubles et 15 kopecks car je n’ai jamais eu d’argent. C’est donc mon devoir de laisser de ma propre volonté, à mon chef domestique, tous les biens qui resteront après ma mort : les livres, le bétail et les chevaux, les chariots et traîneaux, les assiettes et les plats, le mobilier, l’argenterie, les lits et leur literie, les fourrures et les vêtements, les réserves de grains, les droits sur la récolte de l’année en cours, et les droits venant des domaines appartenant au pasteur. Malheureusement, je ne suis pas certain que ce sera suffisant pour couvrir la somme de 1 285 roubles et 15 kopeck dont je suis endetté.

Maison pastorale de Gramden le 20 janvier 1864

August Auschitzky pasteur de Gramsden

NOTA. Ce document a été remis aux membres de la commission chargée d’établir la liste des affaires du pasteur Auschitzky, mort le 13 janvier 1868. Le Secrétaire de la Cour W. Tiling.

 

                                             Otto-Carl

                                             Né le 5 juillet 1800

                                             Baptisé le 14 juillet 1800.

 

                                             Dorothée-Gottlieb-Catherine-Hedwing-Zhanna

                                             Née le 23 octobre 1801

                                             Baptisée le 11 novembre 1801.

 

                                             Marianne-Suzanne

                                             Née le 1er février 1803

                                             Baptisée le 6 février 1803.

 

Nous n’avons rien d’autre sur Otto-Carl, Dorothée et Marianne.

 

Mais la malédiction ancestrale qui frappe les Fort poursuit son œuvre maléfique : Marianne décède en couche le 1er février 1803, laissant six orphelins, dont l’aîné, Carl-Ulrich, a six ans. Elle sera inhumée à Hasenpoth.

 

Tous ces enfants sont nés et ont été baptisés à Hasenpoth. Rappelons que leur père est Courlandais, leur mère est Prussienne et eux sont Russes, car nés dans une province russe, la Courlande ayant été annexée en 1795.

 

Friedrich se remarie huit mois plus tard, le 22 septembre 1803, à Libau, avec Benigna-Charlotte Kolb originaire de cette ville. Elle est la seconde fille de Eberhard Christopher Kolb, syndic de Libau. C’est un notable. Il est membre du Conseil des Anciens.

Elle est née à Libau en 1784.

Le mariage figure dans les registres de la Sainte Trinité à Libau.

 

De ce second lit naîtront :

 

                                             Wilhelma-Charlotte-Agnès

                                             Née le 2 septembre 1804

                                             Baptisée le 11 septembre 1804.

 

                                             Georg-Johen-Adolph

                                             Né le 9 septembre 1806

                                             Baptisé le 30 septembre 1806.

                                             Décédé à Libau le 27 novembre 1810,

                                             Inhumé le 1er décembre en l'église luthérienne  de la Sainte Trinité à Libau.

 

                                             Juliana-John-Emma-Mathilde

                                             Née le 3 août 1808

                                             Baptisée le 30 août 1808.

                                             Confirmée le 4 juin 1824 à Libau.

 

Ils sont également nés et ont été baptisés à Hasenpoth.

 

Après la mort de son mari, Benigna-Charlotte Auschitzky, née Kolb, retourne à Libau. Elle reste en rapport avec ses beaux enfants et sera la marraine de plusieurs enfants de Pauline. Elle meurt le 4 décembre 1871 à 8 heures dans la ville de Grombling, à l’âge de 87 ans et 5 mois. Enterrée le 9 décembre à 3 heures, à Libau, à l’endroit de sa naissance. Morte de faiblesse.

 

 

3 - Sacerdoce

 

 

Voici les textes qui ont été retrouvés aux Archives Historiques de Lettonie se rapportant à la nomination de notre aïeul à la tête de l’église d’Hasenpoth et de sa dépendance St. Petri.

 

Sentiment des propriétaires de la paroisse d’Hasenpoth qui sont remplis d’indignation au sujet de l’avis de von Fircks, propriétaire de l’état de Dunalka, qui a dit que l’élection du pasteur de la paroisse d’Hasenpoth était illégale car les députés de certains états étaient absents pour cet événement.

Dans le rapport des propriétaires de la paroisse d’Hasenpoth, il est dit que le candidat Auschitzky a obtenu 8 voix, et son rival Hille, 4 voix. Ainsi, il est clair que les votes des états qui n’avaient pas pris part à cette nomination n’auraient pas modifiés le résultat.

Les propriétaires des états de la paroisse d’Hasenpoth rejettent la protestation de von Fircks, propriétaire de l’état de Dunalka, et confirment que le candidat Auschitzky ayant eu la majorité des votes, le résultat de cette élection restait valide.

25 avril / 6 mai 1796

Les signataires sont les propriétaires de la paroisse d’Hasenpoth, dont Carl Mantteufel.

 

Au nom de la Vénérée Sainte Trinité,

Nous soussignés, représentants de la paroisse de Hasenpoth, nobles et membres de cette paroisse, reconnaissons et certifions ce qui suit :

Considérant que nous avons tous été requis et sommes venus ensembles pour désigner le nouveau pasteur en remplacement du pasteur de cette paroisse aujourd’hui décédé  - le très honoré superintendant David von Scheunevogel 4 - et en raison de la grande majorité des suffrages pour le poste du prochain gardien et pasteur de la paroisse de Hasenpoth en faveur de Ulrich Auschitzky, candidat élu de théologie sacrée (candidat de la Sainte Théologie).

En conséquence de quoi, par les présentes, nommons et annonçons, M. Ulrich Auschitzky, candidat de théologie sacrée, comme le seul gardien en pasteur de la paroisse courlandaise et allemande de l’église de Hasenpoth et rappelons que son devoir est de célébrer en service religieux, chaque dimanche et jour de fête, à notre paroisse de Hasenpoth et aussi le soir les deux premières fêtes de même que le jeudi, en langue allemande et courlandaise, et en outre chaque vendredi et troisième dimanche dans l’église de Jamaïquen, mais en courlandais seulement, aux trois grandes fêtes.

Son devoir sera de complaire à Dieu, honnêtement et décemment, et de veiller sans relâche à ce que les services courlandais commencent régulièrement à 9 heures, en fin d’automne et en hiver, et à 8 heures, en été, de manière à favoriser le développement de la Chrétienté dans la paroisse courlandaise.

Le devoir du pasteur est de participer chaque année à ce qu’on appelle « le voyage de prière », sans oublier d’annoncer ses pieuses intentions quatorze semaines au préalable afin de permettre aux propriétaires terriens de donner en temps voulu à leurs paysans des consignes pour se joindre à cette manifestation de prières. Après chaque voyage, le pasteur devra dresser la liste des personnes négligentes ou malveillantes en vue de prendre soin de ces gens au nom de Dieu, de les enseigner et de les convertir à une meilleure compréhension de la chrétienté et de la conduite chrétienne.

Nous sommes amenés à conclure que nous sommes pleinement assurés qu’un pasteur, tel que notre nouveau gardien de la paroisse, remplira ses devoirs honnêtement, vertueusement et décemment, et aussi sera à même, quand le moment sera venu, de répondre devant le Juge Suprême, à l’attente de notre Maître et plus Grand Gardien : Jésus-Christ, et qu’il rapportera à la paroisse courlandaise allemande qui lui est confiée la parole de Dieu pur et en vérité conformément au Formulaire apostolique de la Confession d’Augsbourg, parce que ce pasteur est voué de tout son cœur et de toute son âme à cette confession et le demeurera toujours.

Il œuvrera conformément au « Formulaire de Concorde » et de lui-même, vertueusement, administrera les Saints Sacrements, sera prêt jour et nuit si nécessaire, et quand il lui sera demandé, à visiter les malades, ceux qui souffrent et sont dans la peine et la misère, qui ont besoin d’aide et de consolation.

Il ne refusera jamais de venir en aide aux riches comme aux pauvres et, en bref, se conduira toujours comme le prescrivent l’église chrétienne et les écritures. Il s’efforcera de prévenir les querelles et les disputes, et par une vie décente et irréprochable, incitera et enseignera aux membres de la paroisse et à ceux et à celles qui l’écoutent à vivre pieusement, à toujours pratiquer les vertus chrétiennes, à se fortifier lui-même et sa paroisse dans le culte de Dieu, et à se préparer une vie éternelle.

Pour remplir ces devoirs, le pasteur est appelé et est nommé ici, et nous lui souhaitons de tout cœur l’aide de Dieu dans sa mission que ses serviteurs et travailleurs dévoués et remplis de foi avaient sollicité de Jésus Christ.

Nous espérons aussi qu’il ne se conduira jamais d’une manière indécente ou négligeant, ne désabonnera pas la haute fonction à laquelle il est aujourd’hui appelé et remplira toujours ses devoirs avec diligence, et nous lui confirmons notre dévouement et notre amour.

Nous lui donnons également le pastorat d’Hasenpoth pour libre usage et avec cela lui déclarons qu’il peut y vivre gratuitement, utiliser les revenus des terres du pastorat comme pasteur et dans la même mesure que tous les précédents pasteurs de la paroisse d’Hasenpoth, chaque année il bénéficiera du tribut sur le blé, de nourriture et aussi des subventions des Etats de la paroisse et de la ville d’Hasenpoth.

Ce document est relatif à la charge de pasteur et Nous, représentants des Etats de la paroisse, maîtres de la paroisse, représentants de la ville d’Hasenpoth, ou leurs substitut, ont signés et apposés leurs  sceaux.

Fait à Hasenpoth, le 25 avril 1796

Gustav V. Bagge, propriétaire héréditaire de Jamaïken.

                Ma main et mon sceau.

Edouard v. Buchholtz, propriétaire héréditaire de Langsehden.

Ma main et mon sceau.

Christoph v. Handring, propriétaire héréditaire de Alt Laschen.

Christoffer Korff (ou Norff), Ho [....] für Sillemecken?

Carl [..........] auf Tiesan und Vickurn.

Christoff Saß [....] auf Dserwen.

[....] von [....]

Georg Sigmund von Mirbach.

Casimir Benedictus von Stempel [....] auf Cosallen?.

 

En conformité avec l’Ordre de Sa Majesté.

Ordre du gouverneur de la Courlande au Super-intendant D. Ockel

En réponse à la demande du Super-intendant D. Ockel soumise au Conseil du gouvernement de la Courlande au sujet de la question de la vérification de la nomination du candidat Ulrich Auschitzky en tant que pasteur de la paroisse d’Hasenpoth, le Conseil du gouvernement de la Courlande annonce ce qui suit :

En accord avec le fait que dans la paroisse d’Hasenpoth une grande majorité des voix a nommé en tant que pasteur de la dite paroisse, le Conseil du gouvernement de Courlande a entériné cette nomination au Super-intendant D. Ockel et ordre a été donné pour examiner en temps voulu le candidat Auschitzky qui est prétendant pour être pasteur de la paroisse d’Hasenpoth. Si le candidat mentionné ci-dessus s’avère digne de ce poste, il est ordonné de le consacrer et de le conforter dans cette position.

Mittau, le 6 mai 1796

 

Très Honorables Messieurs, [.....],

Frères Paroissiens,

Mon vœux était que l’introduction de notre Pasteur Auschitzky se fasse au prochain printemps seulement, cependant le Surintendant Büttner m’a déjà écrit par trois fois et m’a instamment prié d’intervenir auprès de mes frères paroissiens afin de fixer l’introduction, en raison de son corps goutteux, au plus tard au 14ème dimanche après la Trinité, et par là livre expressément les instructions qui lui ont été données, de les réaliser le plus tôt possible et ensuite d’en présenter le rapport.

C’est pourquoi j’ai l’honneur, mes Chers Frères Paroissiens, de vous convoquer pour le prochain lundi 1er septembre à 9 heures du matin dans la maison pastorale de Hasenpoth pour nous mettre d’accord sur la date de l’introduction ainsi que sur les frais nécessaires.

Sallenen, le 28 août 1796.

Georg Sigmund von Mirbach

Président du Conseil Administratif de l’église de Hasenpoth.

 

L’église d’Hasenpoth5

 

Déjà dans les actes écrits sur la fondation de la ville d'Hasenpoth par le chanoine courlandais, le 1er mars 1378, Saint-Jean l’Évangéliste était prévu devant le château, ce qui devait être la cathédrale du district de Pilten. Elle devint église paroissiale par l'entremise du duc Magnus. Une cloche de la tour indique l'année 1589 et elle a été refondue, d'après une inscription, à partir de vieilles cloches détruites par les pillards de la guerre de Palesk. En 1623 l'église était entièrement délabrée et a du être reconstruite en grande partie en 1698 et 1699. En 1720 son toit tomba et toutes les stalles, la chaire et le porche furent écrasés, si bien qu'on a eu besoin de construire une nouvelle église. Tout d'abord en 1733 l'église fut érigée grâce au soutien religieux de Montowt de Bajen, avec la coopération de la ville d'Hasenpoth. La dernière construction a été terminée en 1860 et, en 1887, elle a été de fond en comble réparé. L'église comprenait encore, dans ses deux murs principaux, les vestiges de la cathédrale d'autrefois. La consécration pastorale a été sans doute instituée par le duc Magnus venant des domaines religieux d'Hasenpoth, cependant l'année de la fondation est inconnue.

 

L’église d’Hasenpoth

 

Archives Historiques de Lettonie photo n° 1967

vue du côté est

 

                                                                                                         Archives Historiques de Lettonie photo n° 1973                                 

Vue générale de l’église

 

                                                                                                          Archives Historiques de Lettonie photo n° 1967

Façade nord, avec le clocher et le portail d’entrée

 

                                                                                                       Archives Historiques de Lettonie photo n° 1973

vue sur l’autel, côté est

La dépendance, St. Petri.

 

L'église de St Pétri, située dans le voisinage du territoire de Jamaïken, appelée aussi église de Jamaïken, a du être construite en 1690 par des paysans du territoire de Jamaïken, aux frais d'Hasenpoth et de Rickurn. En 1792, sa nef a été construite en bois et ses tours en pierre. En 1862 elle a été entièrement restaurée mais tomba en ruines petit à petit, si bien que par mesure de police on a dû la fermer. Elle a été reconstruite par le baron Karl v. Manteuffel de Randangen, avec une tour élevée de style gothique et elle a été consacrée le 26 octobre 1908.

 

 

 

3 – Hasenpoth 6

 

 

La petite ville est sise très joliment sur le bord nord-ouest d'une colline qui, d'est en ouest, touche une plaine très étendue d'une région fertile, bien cultivée et harmonieusement bâtie. Cette plaine est irriguée par la rivière Tébéra qui forme des étangs près du château de Hasenpoth. De nombreux bois de chênes et de bouleaux ornent la colline. La rivière est bordée d'ormes. La beauté du paysage est encore relevée par les ruines du château construit en 1247 par le grand maître de Courlande Dietrich von Grüningen. Bien avant ce château s'élevait une célèbre cathédrale catholique bâtie par les évêques de Courlande. Puisque la cathédrale était plus ancienne que le château et peut-être parce que les habitants pacifiques préféraient se regrouper sous le gouvernement épiscopal plutôt que sous le sceptre ferré des Chevaliers Teutoniques qui régnaient fermement sur le château ainsi le village ne s'étendait pas, comme d'habitude au pied du château des Chevaliers, mais se lovait autour de la cathédrale antique.

 

                                                                                                    coll. Alain Gédovius

le château de Dietrich von Grüningen

 

En 1378, ce village a reçu le droit de cité par le décret de l’Evêque Otton qui lui accorde le territoire situé entre les rivières Tébéra et Lacha, jusqu'aux limites actuelles de la propriété Bojem. A cette époque, deux cloîtres de chanoines et de religieuses furent fondés.

Hasenpoth, grâce aux nombreux privilèges et libertés donnés par l'évêque et le chapitre de Courlande, commence à se développer rapidement, une vie nouvelle renaît. Le commerce et l'industrie fleurissent, la bourgeoisie croit en puissance, la ville s'agrandit à tel point qu'on dénombre sept grandes églises parmi lesquelles celle de Saint-Jean ( protestante) qui demeure encore de nos jours.

On retrouvait encore en 1825 les vestiges des six autres, comme le soutient Sonnta dans le livre que nous citons ci-après. Siemienow se trompe alors lorsqu'il dit que cette

 

Hasenpoth

                                                                                                                                                                        Archives Nationales de Lettonie. RÌga

Au centre, l’église dont Friedrich Auschitzky fut le pasteur de 1796 à 1809

 

Ville n'avait jamais eu la moindre importance (Dictionnaire géographique, tome I, p. 605) ; il ne savait certes pas que cette ville était l'une des plus importantes dans cette région à l'époque du Royaume de Pologne, comme en témoigne les "Volumina legum" (Constitutions et Lois du Royaume de Pologne) relatifs à la région de Pilten. Après la sécularisation de l'Ordre Teutonique en Courlande, l'archevêché de Courlande n'a pu garder son indépendance. En 1560, l'évêque Jean Münchhaussen a vendu toutes les régions de Pilten au roi du Danemark Frédéric II qui légua, peu de temps après, ses droits à son frère Magnus, duc de Holstein, ce qui plus tard eût de tragiques conséquences lors de la guerre du tsar Yvan le Terrible pour la conquête des territoires de Livonie.

Après la mort du duc Magnus, la région de Pilten, Hasenpoth y compris, fut achetée, en 1585, par Georges Frédéric, électeur du Brandebourg, pour 30 000 zlotys. Il devint alors vassal du Royaume de Pologne.

Après sa mort, sa veuve, en 1612, céda le reste du territoire du dominion de Pilten au Prince de Courlande, Wilhem Kettler, qui n'est pas pour autant devenu gouverneur, car un an auparavant, en 1611, ces territoires étaient devenus directement polonais. En effet, la République polonaise avait installé, à Hasenpoth, un préfet de Pilten qui gouvernait avec l'aide d'une assemblée régionale composée de nobles résidant dans cette région, (mis à part les membres du conseil municipal de Hasenpoth et de Pilten). Cette assemblée qui siégeait en permanence à Hasenpoth constituait l'unique tribunal pour les affaires civiles et criminelles dans la région de Pilten mais les appels étaient faits directement au roi de Pologne. La noblesse de Pilten tenait en main la juridiction civile et criminelle sur tout habitant se trouvant sur ces terres, sans appel possible. Mais, puisque la République des Aristocrates de Pilten était entourée de toutes parts par le duché de Courlande, rien d'étonnant qu'il y eût grand nombre de procès interminables.

La famille Kettler tentait de rattacher cette petite république à la Courlande. Le clergé catholique voulait le placer sous son ancien statut. En Pologne certains réclamaient une simple annexion au royaume de ce petit territoire informe et certains rois de Pologne pensaient en faire un domaine privé de la couronne. Grâce à ces tendances contradictoires, les nobles de Pilten jouissaient d'une totale indépendance au moment où en Pologne régnait l'anarchie des magnats. La noblesse de ce territoire préférait une union directe à la Pologne qui l'accablait peu, plutôt que la dépendance des princes de la Courlande. C'est seulement en période de danger que l'on acceptait la protection des princes. Durant la guerre avec la Suède lorsque les Suédois en 1658 occupaient le territoire, Hasenpoth et toute la noblesse de la région de Pilten, en accord avec la république de Pologne, se soumirent au pouvoir du prince Jacob Kettler pour jouir de sa neutralité. Mais cette union personnelle ne dura que pendant ce danger d'invasion. Prenant en compte la demande du prince Jacob Kettlercontre le désir du clergé, la république Polonaise donna son accord pour cette union avec la Courlande, suite au traité de Pilten. Mais, cette union ne fut que de courte durée car en 1717 Hasenpoth et la République des Aristocrates de Pilten passèrent aux polonais à l'exception de quelques domaines princiers. Cette situation était désirée par la noblesse de Pilten de plus en plus puissante qui ne voulait point de médiateur entre elle et le roi de Pologne. La noblesse choisissait ses propres représentants pour le collège des conseillers qui défendait ses intérêts. La noblesse avait le droit de convoquer ses propres diètes dont les lois votées étaient présentées au roi en pure formalité pour acceptation.

En 1796, Hasenpoth et la République de Pilten ainsi que la Courlande se mettent, de leur propre gré, sous la protection de la Russie. Hasenpoth demeure la ville la plus importante de la région de Pilten avec ses propres privilèges jusqu'en 1817. Après cette date, le territoire de Pilten perd définitivement sa constitution autonome. Hasenpoth devient un chef-lieu d'arrondissement incorporé à la Courlande. Autrefois, Hasenpoth avait le droit de cité à la manière de la ligue hanséatique et jouissait d'un commerce florissant jusqu'à l'époque où les bateaux purent pénétrer dans l'embouchure de la rivière Sakenhof (formée par les rivières Tébéra et Durba) qui se jetait dans la Baltique à 4 miles 1/2 de Hasenpoth. La fondation de la ville-port de Libau (Liepªja) changeait le centre d'intérêt commercial au détriment de Hasenpoth. Lors de la guerre avec la Suède, en 1656, la rivière Sakenhof, à la hauteur du château de Schlossberg fut bouchée par des pierres. Le traité d'Olive (Oliva en 1660) stipulait : « que le port de Hasenpoth ne devait point être utilisé ».Malgré toutes ses contraintes, le commerce d'Hasenpoth était en pleine prospérité à certaines époques. Sontag, dans son œuvre sur le passé de Hasenpoth, démontre que le nombre de foulards en coton vendu dépassait de plus de 12 000 unités la vente de ce même produit dans les villes de Lipawa et de Königsberg, du fait que les Juifs préféraient acheter cette marchandise à leurs coreligionnaires de Hasenpoth plutôt qu'ailleurs. Comme nous l'avons mentionné plus haut, à partir de 1817, le fameux commerce de Hasenpoth prend une direction différente à cause de l'abolition de la constitution autonome. Jusqu'à cette date, à Hasenpoth et dans la République de Pilten (comportant 5 400 km2 environ, comptant 2 villes, 113 domaines privés, 2 814 villages paysans) un tribunal autonome existait, appelé Mangericht ainsi qu'un conseil collégial, évoqué plus haut, comme l'instance la plus importante du territoire. Depuis 1817 cette région est divisée en arrondissements : Grobin, Windawa et Hasenpoth qui a seulement son Oberhauptmansgericht et Hauptmansgericht dépendant du pouvoir central de Mitawa. C'est pourquoi Hasenpoth ne diffère en rien des autres chefs-lieux de la Courlande.

En 1736, Hasenpoth était peuplé uniquement de chrétiens. En 1798, on dénombrait 74 maisons dont 11 appartenaient à la puissante noblesse de la région, 43 aux bourgeois allemands, 20 au juifs. En 1866, les juifs possédaient 152 maisons pour 2 600 habitants dont la moitié était constituée de juifs. En 1880, le nombre d'habitants atteint 3 000, la moitié étant des juifs qui, selon leur fortune s'occupaient uniquement du commerce facilité par le voisinage de Lipawa éloigné seulement de 5 miles.

 

 

                                                                                                coll. Alain Gédovius       

le château des Manteuffel (aujourd’hui transformé en école) où Pauline Auschitzky passa son enfance.

 

L'arrondissement de Hasenpoth s'élargit sur 46 et 3/10 de miles2. Au nord-ouest, il touche la Baltique. Ces terrains sont très bas et boueux. Par contre, le terrain de Hasenpoth vers Amboten monte à 320 pieds au-dessus du niveau de la mer. La partie sud de l'arrondissement qui va de Amboten jusqu'à la frontière de la gouvernance (département) de Kowno (Kaunus), est la plus élevée de toute la Courlande. Ici se trouve le lieu-dit "montagne moscovite" (en estonien "Krywu = Kawns") haut de 622 pieds. Ses parties sud sont composées généralement de grès rouges et de roches calcaires formés à l'époque dévonienne. Les calcaires se trouvant surtout aux bords de la rivières Windawa et à la hauteur de la propriété de Lenen, formant un canyon de 80 pieds de haut. La rivière principale de l'arrondissement est justement la Windawa.

Il faut encore citer la rivière Tébéra qui, en rejoignant un ruisseau Durba, se nomme Sakenhof jusqu'à la Baltique, longue de 4 miles 1/2, entre la Baltique et Hasenpoth dont elle formait autrefois le port. On ne trouve pas de lacs importants. Les forêts apparaissent dans la partie sud de l'arrondissement et occupent 24 % de toute sa surface. En 1780, on dénombrait 56 000 habitants, composés de 46 000 protestants, 7 504 catholiques, 696 orthodoxes, 1 800 juifs. L'arrondissements est divisé en 6 paroisses (Kirchspiele) : Hasenpoth, Sakenhaus, Neuhausen, Gramzden, Amboten et Alschwangen. Les propriétés agricoles sont tenues d'une manière exemplaire et en majorité suivent le progrès. Les plus importantes sont : Katjdagen qui appartient au majorat de la famille Manteuffel, Zierau, Dserwen et Rawen (famille Manteuffel), Amboten et Wangen (famille Saken), Nigranden (propriété de la famille Fircks) ainsi que les biens gouvernementaux de Hasenpoth, Neuhausen et Alschwangen. Une seule église catholique existe dans tout cet arrondissement à Lenen. Elle appartient au diaconat de la Courlande, diocèse de Samogitie.

                                                            Gustaw Manteuffel



1 - Erreur. Nous savons, par les actes qui nous ont été communiqués, qu’elle s’appelait Marianne.

2 - Le recensement du 18 septembre 1798, précise que Marianne, née à Königsberg, est Prussienne.

 

3 - En réalité, il s’agit de l’académie Petrina de Mittau. Nous avons retrouvé la liste des étudiants de ce collège pour les années 1775-1875 où son nom figure.

4 - Se traduit : « Oiseau de grange » !

 

5 - Etrait de « Die Evangelishen Kirchen und Prediger Kurlands », de Th. Kall Meyer. Texte aimablement communiqué par Imants Lancmanis.Traduit par le Gœthe Institut de Paris.

6 - Ce texte est extrait du « Dictionnaire du Royaume de Pologne ». Tome III. P 42 à 44. Il a été traduit du polonais par le professeur Prokofde la Société Historique et Littéraire Polonaise, à Paris.