Notre histoire

 

 

 

L’AMTMANN (ou AMTSERWALTER) SAMUEL AUSCHITZKY

 

 

C’est un notable. Au début de l’enquête, nous avions traduit amtmann par conseiller de la ville, magistrat ou bailli. Mais le petit bourg de Popen, aujourd’hui Pope, cinquante-six foyers à l’époque, était alors englobé dans un immense domaine2. Nous avons imaginé qu’il pouvait en être l’intendant. Aujourd’hui c’est une certitude car le titre complémentaire d’amtsverwalter, connu plus tard, signifie administrateur.

Nous ignorons le nom de sa femme, leurs dates et lieux de naissance et de décès. Pour le moment nous n’avons pas pu reconstituer leurs ascendances. Et son prénom Samuel, en fait, nécessiterait d’autres recherches.

Notre généalogiste a compulsé les archives historiques (malheureusement incomplètes) de Pope et de Krote mais elle n’y retrouve pas les documents mentionnant ses activités.

Alors, pour le moment, elle étudie, à RÌga, toutes les archives de la famille von Behr3: approximativement deux cents dossiers renfermant des milliers de pages écrites dans un vieil idiome en usage en Courlande aux siècles derniers. C’est un travail éreintant et malheureusement elle n’y a pas encore trouvé d’autres informations au sujet de Samuel Auschitzky, qui tout d’abord, fut administrateur du domaine de Popen (Pope), ensuite administrateur de Krothen (Krote).

Un fait intéressant cependant : dans la deuxième partie du XVIIIe  siècle, le domaine de Popen, aussi bien que le domaine de Krothen appartenaient au même propriétaire : le Piltenschen landrat Ulrich-Johann von Behr4. Le domaine de Krothen faisant partie de la paroisse de Nord-Durben (Ziemeldurbe).

En étudiant les registres de cette paroisse, notre généalogiste a trouvé, le 4 mai 1777, une information au sujet de la belle-fille de Samuel Auschitzky Anna Elisabeth Delicas, mais dans ce dit livre, l’entrée a été rayée. Ce document est très important, car c’est la première fois que nous retrouvons le prénom de notre aïeul, de plus il prouve qu’à cette date il était bien l’administrateur de Krothen, mais plus celui de Popen.

Nous savions, par d’autres documents, qu’il avait quitté Popen en 1775 où il avait été remplacé par un amtmann s’appelant Burkewitz. Cette fois-ci, nous en avons la certitude.

Nous ne savons pas ce qu’il advint ensuite de notre ancêtre, car en 1781 un autre amtmann a été nommé à Krothen. Nous ne savons pas s’il y est mort parce que nous n’avons pas retrouvé les registres paroissiaux des décès pour la période allant de 1770 à 1780.

 

÷

 

Les livres d’église précisent qu’il a eu au moins cinq enfants :

 

                              Ulrich-Niklas-Johann-Friedrich.

                              Né à Popen le 11 octobre 1764         

 

                              Charlotta-Veronica-Anna-Christina.

                              Née à Popen le 7 mai 1766

 

                              Catherina-Louisa-Maria.                    

                              Née à Popen le 14 avril 1768

 

                              Friedrich-Ulrich-David.

                              Qui suit.

 

                              Johann-Carl-Engelhard-Ferdinand.

                              Né à Durben le 8 mars 1779

 

A noter que le prénom du père, qualifié  ″Amtmann Auschitzky″ ou ″amtsverwalter  Auschitzky ″ (le patronyme étant parfois orthographié de façon différente), n’est indiqué sur aucun des actes ci-dessus. Pas plus qu’il n’y est fait mention de la mère.

 

 

Popen5

 

 

Si l'on veut traiter de l'édification de Popen, on doit commencer à Angermünde, car Popen faisait partie, à l'origine, de Angermünde, et ne devint un domaine autonome qu'à une date ultérieure.

L'histoire de la charge et du château de l'évêché de Pilten, à Angermünde, commence au milieu du XIIIe siècle. Vers cette époque l’Ordre Teutonique avait réussi à fonder ses premiers appuis et à consolider son pouvoir dans le nord de la Courlande, dans une région de vastes forêts, de marais et de tourbières.

Angermünde, cité pour la première fois entre 1242 et 1249 en tant que place forte, fait partie des forteresses les plus anciennes de cette région.

Le maître d'œuvre de cette installation fut le directeur de l’Ordre, Dietrich von Grüningen. Angermünde ne se trouvait qu'à une lieue de la mer, très proche du fleuve Anger, non loin de sa confluence avec l'Irbe. A la même époque, en 1249, naissait non loin de là Dondangen.

Lors du partage de la Courlande, en 1253, toute la partie nord, à l'exception de l'étroite bande côtière située à l'ouest, revint à l'archevêché de RÌga, c'est-à-dire, à l'évêché de Courlande, dont l'évêque résidait à Pilten.

Angermünde, qui revient ainsi à l'évêché de Courlande, est dirigé par un intendant mandaté par l'évêque. Angermünde fut également, de façon temporaire, le siège des évêques. Quelques documents authentiques relatant les faits datent de cette époque, tels que deux lettres de l'évêque Johann, adressées au directeur de l’Ordre, datant de 1415 et du 2 août 1423. Un acte féodal portant sur une parcelle de terre de la paroisse de Windau, adressé à Moritz Blomberg, le vendredi suivant la Saint-Michel en 1540, provient de Angermünde.

Au XVIe siècle, Angermünde est mis en gage pour 4 000 thaler6 à Georg von Fircks, mais n'est toujours pas restitué en 1562.

A cette époque, le duc Magnus était déjà propriétaire de l'évêché de Courlande et il se déclare prêt, à la demande de son conseiller Diedrich Behr, "à accorder à moindre coût" en cas de vente en toute exclusivité au fils de Behr, Johann, la charge héréditaire de Angermünde, avec les villages périphériques de Grob-Irben et de Pissen qui s'y rattachent.

Les frontières de la charge sont décrites dans le même document comme suit :

"Diedrich Behr, souvent mentionné, a veillé ici à ce qu'il n'y ait dans l'avenir aucune méprise au niveau de la frontière. C'est la raison pour laquelle il a été décidé que les frontières de la charge de Angermünde restent et soient conservées comme ce qui suit ci-après. La frontière part de la mer, entre Grob-Irben et Newdorff, traverse à angle droit l'axe Grob-Irben et Newdorff, et de là suit la direction vers les deux pierres dans la lande entre les deux chemins qui viennent de Ostendorff. Les pierres et cet endroit marquaient depuis toujours la frontière entre Dondangen et Angermünde. De là, la frontière suit la direction de Lœnszhorst, de telle sorte que tout le cours de l'Irbe reste du côté de Angermünde, jusqu'à l'endroit où le Krokewolke se jette dans le Lohne. Puis elle se poursuit vers Sorueliste, situé près de Wehrserppe, traverse le ruisseau Irbe, laissant de côté les anciennes aires de battage, en direction de notre maison et charge de Dondangen. Il faut suivre les anciennes frontières de Angermünde et de buse7, jusqu'au lac de buse, traverser le ruisseau Anger jusqu'à un contrebas humide et marécageux, ou petit fleuve, longeant celui-ci à travers les contrées sauvages jusqu'à la frontière de l’Ordre de la région de Windau, selon les indications des documents, et enfin suivre jusqu'à Nebelmunde qui revient à la mer soltzen7.

Cette délimitation établie ici avec force détails concordait encore, dans tous les points essentiels, avec les frontières du domaine de Popen des temps modernes.

Johann Behr était ainsi en droit d'espérer obtenir Angermünde, mais quelques années devaient encore s'écouler avant qu'il en devienne propriétaire. Lorsque Georg von Fircks renonça finalement à l'argent prêté au duc Magnus et que le duc fut incapable de payer. Ce dernier céda le domaine au riche Otto von Grotthuss auf Ruhenthal pour un montant de gage élevé.

A la mort de Grotthuss, en 1577, le duc Magnus se vit dans l'obligation de vendre malgré tout Angermünde à Johann Behr qui en prit alors possession pour la somme de

16 000 thaler. L'acte d'achat a été établi le 8 septembre 1581 à Edwahlen. C'est alors qu'apparaît pour la première fois le nom de Popen, bien qu'il n'y ait eu à cette époque certainement aucune cour à proprement parler.

Etant donné que le château de Angermünde était de dimension réduite - Magnus le définit dans l'acte mentionné ci-dessus comme "notre petite maison et charge Angermünde" - il revient au fils de Johann, Werner, de faire construire les premières bâtisses.

Johann avait, par ailleurs, décidé dans son testament que sa veuve Margarethe, née von Grotthuss*, recevrait Popen comme demeure de veuvage.

Le château des Behr a été transformé en école communale. L’une de ses classes porte le nom de Salle Auschitzky, en souvenir de notre ancêtre.

 

 

                                             Archives Nationales de Lettonie. RÌga

Le château au XIXe siècle. Le grand salon.

 

                                                              photo Bertrand Auschitzky

 

Le château au XXe siècle. La Salle Auschitzky (classe de mathématiques)

De gauche à droite : La directrice de l’école, Hubert Auschitzky, le maire de Pope et le professeur de mathématiques

 

Le bâtiment le plus ancien de Popen était le "vieux pavillon de chasse". Il est difficile de vérifier si ce bâtiment a été utilisé comme maison d'habitation par Margarethe. On sait seulement qu'avant la prise de possession par Johann, les propriétaires de Angermünde ont utilisés occasionnellement cette bâtisse lors de chasses à Popen. Ce n'est qu'après la mort de Margarethe, en 1692, que Werner Behr semble avoir construit à Popen et y avoir habité.

On trouvait déjà à Popen, avant la prise de possession de la région par l’Ordre, un ancien château des Coures dont les remparts et la forteresse elle-même étaient, comme on a pu le constater, encore bien conservés. C'est à proximité directe de cette forteresse qu'a pris alors naissance la grande cour de Popen.

Angermünde est resté tel quel et n'a été gravement endommagé que pendant la guerre de Suède, au début du XVIIIe siècle, pour tomber ensuite en ruine. Il a été en 1710 en partie habité, mais fut définitivement abandonné entre 1720-1730.

Le chef de district, Ulrich Johann, né en 1688, décédé en 1763, commença la construction de la grande bâtisse encore en place de nos jours. C'est le cousin du président Ulrich Behr auf Schleck, né en 1669, décédé en 1749, qui se fit un nom avec l'importante extension de Schleck. Les deux bâtisses montrent de grandes ressemblances dans leurs dimensions et leurs éléments de base.

Dr Carl von Lorcq, déjà cité dans l'histoire de l'édification de Schleck, estimait que Popen pourrait avoir été conçu par Jean de Bodt et John von Collas, tout au moins dans ses ébauches, car le château de Popen avait une grande ressemblance avec Carwinden, en Prusse orientale. Ce dernier a été construit par les deux maîtres d'œuvre cités ci-dessus, entre 1713-1715, mais dans de moindres dimensions, Carwinden avait 4 + 3 + 4 étages, Popen en avait 5 + 3 + 5. Les deux avant-corps centraux sont fort semblables ; la construction de la toiture est la même, tout comme les quatre cheminées.

En 1840, le bâtiment principal est prolongé par une autre aile dans laquelle se trouvent principalement les salles d'intendance et les chambres d'hôtes. Mais la symétrie de toute la bâtisse est sensiblement troublée par cette aile. Les maisons des cavaliers datent également de cette époque, ainsi que l'écurie réservée aux calèches.

Le reste de la grande cour a connu une histoire semblable à celle de Schleck. Elle se trouve en dehors de la grande cour d'honneur. Les transformations de 1840 entraînent à l'intérieur du château une nouvelle répartition des pièces comme en témoignent deux enfilades qui se perdent à travers le principal corps de bâtiment.

 

 

Krothen 9

 

 

Krothen (Krote) était autrefois un état.

Aujourd’hui, Krote est située dans le district de Liepªja, à 19 km à l’est de Grobina et à 11 km au sud-est de Durbe. Approximativement en 1920, quand les terres de Lettonie furent distribuées, la surface du domaine était de 2 980 hectares. 38 fermes lui étant rattaché.

 

·      En 1253, le nom de Krothen était déjà mentionné dans un accord de division du territoire de Carsa [qui deviendra la Courlande] entre l’Ordre Teutonique et l’évêque. Selon cet accord, Krothen sera la propriété de l’Ordre.

·      En 1357 Heyne Falken-Hagen reçoit en tant que vassal, des terres de chaque côté de la Wartage (= Krothen).

·      Puis, pendant plusieurs siècles, jusqu’en 1710, Krothen appartint aux von Trotta-Treyden.

·      De 1723 à 1758, Krothen fut la propriété de la famille von Nolde.

·      Mais le 24 juin 1758, Ulrich-Gerhard von Nolde la vendit pour 115 000 florins au Piltenschen landrat Ulrich-Johann von Behr, qui était le propriétaire des domaines de Popen (Pope), Anzen (Ance) et Angermunde (Engure).

·      Le 26 juin 1792, Ulrich-Johann von Behr vend Krothen pour 20 400 florins à Elisabeth von Sacken.

·       Au commencement du XXe siècle Krothen était la propriété des von Grotthuss.

 

Krothen dépendait de la paroisse de Nord-Durben (Ziemel-Durbe). L’église de Durben fut construite en 1651. Plus tard, elle fut agrandie et le clocher perdit sa flèche. Les plus grandes reconstructions datent de 1847 et 1872.



1 - « Le cancre de sable... ». S. de Bordellus. Marseille.

2 - Ce domaine de 35 000 hectares était la propriété des Berh.

3 - Dans la deuxième partie du XVIIIe siècle, pour se rapprocher des Baltes, certains nobles, dont les Behr, ont germanisé leur nom en le faisant précéder d’un von.

4 - C’est le parrain d’Ulrich-Niklas-Johann Auschitzky, baptisé le 12 octobre 1764.

5 - Extrait de « Edwahlen und die Behrsche Ecke in Kurland ». Verden-Aller, 1979. Traduction : Gœthe Institut Paris.

6 - Un thaler valait environ trois mark.

7 - Notre traducteur ignore le sens de ce mot écrit en vieil allemand (Moyen-âge).

9 - Texte aimablement communiqué par Mme Valda Kvaskova, de RÌga.