POUR ALLER DE BORDEAUX A ARCACHON
La route Bordeaux-La Teste
«
Eux, peut-être pas. Nous oui… Mais quelle expédition !
Nos parents disposaient de tous les véhicules hippomobiles nécessaires pour circuler à Bordeaux et dans sa banlieue immédiate, mais ils n’étaient pas assez fiables pour un aussi long trajet, d’où la nécessité d’emprunter les pataches ou les voitures de poste, puis, mais plus tard, le chemin de fer.
Dans les premières années du XIXe siècle, le cami
Bougès, qui relie
Les travaux d’une route destinée à remplacer le vieux cami
Bougès débutent après la chute de l’Empire : la voie est d’abord ouverte
mais non stabilisée, et, pendant plusieurs années, elle se réduit à un chemin
de sable à peine plus praticable que le précédent. L’empierrement commence
seulement en 1837 et se termine lorsque la construction d’une voie ferrée
parallèle permet d’acheminer facilement les matériaux. Commencée en 1816,
la route arrive à
Malgré l’amélioration de la route, le voyage de Bordeaux à
A Croix-d’Hins, le patron est à la fois coiffeur, vétérinaire
et bedeau. Il verse à ses clients un vin « aussi aigre et rocailleux
que le caractère des servantes ». Aux Argentières, le hameau se compose
de quelques cabanes misérables. On entre dans l’auberge par l’écurie, et l’on
ne peut se sustenter qu’avec du pain noir et de la piquette. Marcheprime,
situé à mi-parcours, est le relais de la patache de
Parvenus enfin au bourg de
D’autres préfèrent leurs jambes
Certains même, font ce long trajet à pied. André Rebsomen, dans son excellent ouvrage sur N.D. d’Arcachon, site le cas de cette brave et pieuse dame qui tenait le petit magasin d’objets de piété au pied de notre actuelle basilique :
De retour de Saint Jacques de Compostelle, elle perd son mari, un Espagnol, et craint de se trouver seule et désemparée sur le Bassin. Elle envisage alors de monter un magasin de piété à Verdelais en raison de la concurrence. Elle oriente ses pas vers Arcachon et sa chapelle et elle s’y rend à pied. Faisant escale aux Argentières (nous l’avons dit : près de Marcheprime), étape classique des voyageurs. Là, elle fait la connaissance de celui qui deviendra son mari ; né un 25 décembre, on avait appelé ce garçon "Bon Dieu". Ils s’aimèrent, se marièrent et Mme Bon Dieu tint le magasin de piété prévu. Mariée en 1830, elle s’éteignit en 1858. Notre aimable correspondant, M. André Mouls, ajoute : « J’ai connu une dame qui lui succéda vers 1950, qui s’appelait Mme Dieu ».
Le chemin de fer
Hameau de pêcheurs, Arcachon devint en quelques années, grâce à la liaison par chemin de fer avec Bordeaux (1857), un must thérapeutique et mondain. Luxueuses villas, parc à l’anglaise, attirent la riche clientèle médicale.
« L’idée de construire le chemin de fer germa dans l’esprit des bordelais dès que ce mode de locomotion vient à la connaissance du public. La première demande fut déposée par M. Godinet, notaire à Bordeaux en 1835 et la loi de concession à la compagnie promulguée le 17 juillet 1837 ».
La gare de Ségur est la première gare construite à Bordeaux (rue de Pessac) et l’une des premières lignes de chemins de fer français.
Départ donc de
« Je voyais un chemin de fer pour la première fois.
On monte en voiture sous une gare couverte, aussi simple que gracieuse, et
dans six ou sept quarts d’heure on descendra à
« On accourt de partout pour essayer ce nouveau mode de transport. Des guides à l’usage des voyageurs expliquent le fonctionnement des machines, recommandant de ne pas s’effaroucher du sifflet du locomoteur, assurant les voyageurs de troisième classe qu’ils arriveront aussi rapidement que ceux de première classe etc.
Le confort n’est pas cependant bien brillant au début, seules les premières sont fermées et les troisièmes classes de simples plates-formes mal suspendues. Dans un guide de 1845 on pouvait lire :
Les voitures de première classe sont bien suspendues, rembourrées de tout côté. Celles de seconde classe, beaucoup moins bien suspendues, ne sont pas rembourrées, les bancs seuls ont des coussins. La troisième classe n’a pas de coussin, les portières ne sont pas vitrées, ce qui occasionne un violent courant d’air, mais les wagons sont bien couverts et l’on est à l’abri de la pluie et des étincelles qui n’atteignent les voyageurs que par les côtés. » (R. Galy).
Mais les accidents de train accompagnent inévitablement le développement du chemin de fer et la ligue Bordeaux-Arcachon n'échappe pas à la règle, d'autant que dans les premières années d'exploitation jusqu'au début du XXe siècle, les trains circulaient sur une seule voie. Ils se croisaient dans les gares où existait une voie de garage, mais cela nécessitait une manœuvre délicate, et donc dangereuse.
Le 25 septembre 1898, le train de Bordeaux percute à pleine vitesse le train venant d'Arcachon, à la suite d'une erreur d'aiguillage. Il n'y a que des blessés légers, mais ce spectaculaire accident donne l'occasion à l'Avenir d'Arcachon de dresser un saisissant tableau des relations sociales de l'époque.
© "Avenir d'Arcachon". 2 octobre 1898.
Mais en octobre 1876, notre ancêtre Louis Auschitzky, va monter au Cap Ferret une importante exploitation ostréicole (elle est évoquée ailleurs) et sa pérégrination se poursuivra en pinasse à voile ou à la rame d'un bord à l'autre du Bassin, mais ceci est une autre histoire…
Doc. www.leonce.fr
Cette carte postale date d'avant 1908… Mais nous étions quelques trois quart de siècle plus tôt et à cette époque lointaine un document d'archive n'aurait pu être réalisé.