Appendices Auschitzky

 

 

 

 

 

 

 

LOINTAIN ET MYSTÉRIEUX DUCHÉ DE COURLANDE

Traduit en letton

Lauréat de Latvijas Contrãlais Valsts Vëtures Arhïvs, Prix Janis Rainis, décerné à Riga en 1993

 

 

 

 

AVANT-PROPOS

 

 

Apprendre que votre ancêtre polonais n'était pas Polonais mais Courlandais, ce fut un choc !

 

Certes j'avais entendu parler de la Courlande, mais j'en savais si peu !

 

Le passage des Varègues, les Chevaliers teutoniques, la puissance de la Hanse, les Biron, la négociation par le dernier duc de sa couronne avec la Grande Catherine, la duchesse de Courlande et ses superbes filles à travers les cours d'Europe, Dorothée partageant les éclats du prince de Talleyrand, son oncle, à Vienne, à Londres, et l'assistant dans son dernier marchandage pour quitter en évêque ce bas monde.

 

La Courlande ? Une nébuleuse où s'entremêlaient les Teutoniques et les Biron, la dernière duchesse de Courlande, Dorothée et Talleyrand... Un mélange aussi des parterres de Mittau, de Valençay... c'était déjà appréciable... mais dérisoire. Comment supporter plus longtemps d'en savoir si peu ? Pour briser cette ignorance, il fallait se mettre au travail.

 

Avant la fin de 1990 j'avais parcouru cinquante ouvrages et plus. Des notes précises se multipliaient. En janvier 1991 je mettais au propre, je complétais... et je groupais en chapitres.

 

Voilà l'histoire de cette petite étude, tout à fait inattendue pour moi.

 

Si l'un de vous voulait connaître l’histoire de la Courlande... qu'il cherche des ouvrages spécialisés en langue allemande, ou lettone, ou polonaise... qu'il sache qu'il ne va pas vraiment découvrir dans ces notes l’histoire de la Courlande !

 

Mes sources sont très limitées... je ne suis pas certain qu'il eut été possible de trouver d’autres ouvrages spécialisés traduits en français. La documentation de la Bibliothèque polonaise à Paris (quai d'Orléans) en contient peut-être, mais évidemment écrits en polonais.

 

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Alors que trouvera-t-on dans ces notes ? Quelques indications sur l’histoire de la Courlande... peu. De quoi donner l'envie de connaître cette histoire.

 

Ce très petit pays, né de la chute d'un Empire teutonique, a subi les hauts et les bas des Empires au milieu desquels il a vécu, et du plus grand d'entre eux qui l'annexa à deux reprises.

 

Ces notes permettront de situer la Courlande dans le temps, par rapport à la Pologne, à la Suède, à la Prusse et à la Russie. Selon les événements qui agitent ces pays ; les guerres où ils s'affrontent ; selon les compétitions dont elle est l'objet ; selon la valeur de la monnaie d'échange qu'elle représente pour certains princes. Et selon l'ambition de ces princes, la Courlande est ballottée d'un bord à l'autre ou change même de maître.

 

Ce sont de modestes observations sur les vagues qui agitent le petit bateau "Courlande", sur les vents qui soufflent. On parle parfois du "patron" de ce petit bateau, mais guère de l'histoire de l'équipage et de la vie à bord, ce qui est le fond et l'intérêt de l’histoire.

 

On ne peut dissocier l'histoire de la Courlande de celle des pays qui l'entourent, de la même façon, la vie à bord sur un petit navire dépend d'abord de la météo.

 

J'espère que ces notes pourront vous servir à connaître un peu la Courlande, elles sont une approche. Elles aideront, peut-être, à comprendre l'histoire propre de ce pays et de son peuple à celui qui aurait, un jour, la possibilité d'étudier cette histoire.

 

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Mes enfants, ne perdez jamais de vue que ce pays dépend de la germanité dont votre ancêtre Charles Auschitzky fut un représentant à Bordeaux. Ce Courlandais n'a aucune trace de culture française par sa mère Marianne Fort venue d'une famille d'huguenots. Il avait six ans quand elle est morte. Il est marqué par la culture balte qui procède, certes, de la culture allemande, mais s'en distingue aussi par plus de gentillesse, de souplesse, un esprit libéral et d'ouverture. Le chapitre sur "Les Barons Baltes" vous semblera, presque jusqu'à sa fin, étranger au propos de ces notes, mais il pourra, après lecture, vous fournir un éclairage sur l'identité balte, la culture balte.

 

Cet ouvrage contient de nombreuses interrogations. A chaque instant... on ne sait pas, on s'interroge. Dans sa recherche du fait historique, pour comprendre, l'historien fait des hypothèses... L'auteur émet des suppositions. Ce sont là autant de réflexions pour aider à pénétrer cette histoire touffue, étrange, inconnue, de la Courlande.

 

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Pour mener à bien un travail aussi difficile pour un Français que cette approche de l’histoire de la Courlande, il aurait fallu un professionnel doué. Nous l'avions dans notre famille : Jean-Paul Trabut-Cussac, notre cher Polo, authentique savant et possédant une belle plume. Il nous aurait laissé un ouvrage étincelant. Son érudition me manque. Il est très difficile pour moi d'avoir tenu la plume à sa place, mais je devais le faire pour lui.

 

Jean-Paul, Polo, ton souvenir nous a soutenus à travers nos recherches, et c'est à toi que je pense en reposant ma plume, inquiet de savoir ce que tu en aurais pensé.

 

Si je n'ai pas été trop défaillant, ces notes resteront en souvenir de toi.

 

 

Ambassade de Lettonie en France. Paris

 

Le duché de Courlande

 

 

PRÉSENTATION DU DUCHÉ

 

La Courlande, pour certains, n’était qu’un Duché imaginaire, pour d’autres un État quasi irréel dont le nom figurait dans un vieil atlas ou sur les timbres de collection d’un grand-père. Le mystère qui l’entoure la rend d’autant plus fascinante. Voici un pays qui avait sa propre langue, ses coutumes, ses costumes folkloriques au charme désuet, ses forêts et lacs de contes de fées où les mythes et légendes sont toujours bien vivants, et dont l’histoire est ignorée de la plupart.

 

Pourtant la Courlande moyenâgeuse était depuis des temps reculés connue comme terre d’oracles et de sorciers. Ainsi le recteur principal de Brême affirme que des gens « du monde entier » et surtout, paraît-il, les Espagnols et les Grecs, venaient s’y instruire aux sciences occultes païennes.

 

Au XVIe siècle encore, les voyageurs de retour de Courlande raconteront l’adoration des arbres et des forêts saintes appartenant aux villages, forêts dans lesquelles on ne peut chasser qu’une fois l’an. Après la chasse ont lieu les offrandes rituelles aux âmes défuntes, mentionnant que n’importe quelle Lettone peut se transformer en loup (ou tout autre animal).

 

Chacun de nous garde au cœur les images éclatantes de l’enfance. Mais les drames qui de tout temps ont endeuillé la Courlande nous ramènent à ce moment crucial de la vie, au temps ou l’aventure cesse d’être rêvée pour être vécue.

 

Nous allons dans les pages qui vont suivre tenter de vous raconter l’histoire de la Courlande, la vraie, celle qu’aimaient nos parents. J’y suis allé, je l’aime aussi.

 

Aujourd’hui, les paysages de Courlande ont gardé le charme mélancolique qui se retrouve à Saint-Pétersbourg ou à Stockholm. La géographie demeure, même si les noms ont changé. Le Popen de nos ancêtres est devenu Pope ; Hasenpoth se nomme Aizpute, Windau a été transformée en Ventspils, mais sa proche voisine Kaliningrad à toutes les chances de redevenir Königsberg.

 

L’emprunte germanique est demeurée profonde. Elle marque l’architecture des villes où se dressent des églises et des châteaux en brique rouge, inspirés de la « Marienkirche » de Lübeck. Mais il est difficile d’ignorer les dégâts infligés à la région toute entière par l’architecture soviétique - blocs de bâtiments gris, usines polluantes...

 

 

 

 

Cet ouvrage a été lu et corrigé, par des membres de l'Ambassade de Lettonie à Paris, sous la conduite de S. Exc. Mme Aina NAGOBADS-ABOLS, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Lettonie en France.

Puis il a été confié à M. Jean-Paul KAUFFMANN pour l’écriture de « COURLANDE » publié par Fayard en avril 2009.